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La justice sociale l’exige, l’économie en profite, supprimons la TVA !!

L’année 2015 débute les chapeaux de roue tout au moins pour votre blogueur pourfendeur des comportements nuisibles à notre futur et plus encore celui de nos enfants.

Je vous avais annoncé une nouvelle importante, et bien la voici : j’ai été nommé coordinateur de la campagne romande pour l’initiative des Vert’libéraux ayant le titre exact “Remplacer la taxe sur la valeur ajoutée par une taxe sur l’énergie” mais que nous présentons “pour une fiscalité écologique à la place de la TVA”. Les deux désignations sont globalement bien exactes puisque le but de cette initiative vise à supprimer la TVA et la remplacer par un impôt  rapportant à la Confédération exactement le même montant total,  et donc coûtant également la même chose aux citoyens, frappant les énergies non renouvelables. En passant, je signale à ceux de mes lecteurs qui n’ont pas trouvé le post “cadeau” mais non notifié introduisant cette question qu’ils peuvent le trouver ici (ouverture dans un nouvel onglet) : http://www.famillejospin.ch/ouvrirlesyeux/?p=632.

Cette initiative vise, en premier lieu, à un progrès réel sur les plans de l’environnement, que cela soit la question climatique ou celle de la pollution, ainsi que celle  de la transition énergétique.  Mais aujourd’hui, étrangement je souhaite vous parler en premier lieu des aspects sociaux et économiques de cette initiative. En effet, pour être acceptable par le Souverain, il est indispensable que toute solution proposée au minimum ne perturbe pas trop les équilibres économiques de notre société et idéalement les améliore sur quelques aspects.

Or notre initiative, en plus de défendre l’environnement comme peut-être jamais aucune solution, tout au moins solution réaliste, ne l’a proposé jusqu’à ce jour,  corrige clairement des défauts important de nature fiscale ou bureaucratique et améliore tout autant clairement des aspects sociaux.

Parlons un peu de cette TVA que notre ministre des finances E. W.-S, a voulu présenter comme si indispensable à notre pays. Elle possède en réalité de nombreux défauts, à un point tel, qu’il y a depuis longtemps des professeurs d’économie qui proposaient de la supprimer purement et simplement.  Le défaut le plus connu, et faisant d’ailleurs l’objet de nombreuses études, tourne de son anti-progressivité : moins vous gagnez, plus vous payez proportionnellement de TVA. En effet, une personne aisée sur le plan financier et donc une certaine capacité d’épargne payera proportionnellement moins qu’une autre restreinte au niveau de ses revenus et devant dépenser jusqu’à son dernier franc pour assurer son minimum vital.

Il ne s’agit pourtant que d’un défaut de peu d’importance, quand on considère l’influence néfaste que cette taxe induit sur le travail. En effet, le principe de la TVA veut que l’on récupère la taxe payée sur les marchandises acquises à des tiers mais rien sur le travail produit en interne de l’entreprise. Dès lors, si vous considérez deux entreprises vendant toutes deux un bien x à un prix de vente de CHF 200.– TTC mais dont l’une importe le bien préfabriqué de l’étranger pour CHF 100.– TTC et l’autre le fabrique pour également CHF 100.– de coût de main d’œuvre interne, celle ayant délocalisé la fabrication paye seulement CHF 8.– de taxe (exemple valable pour la Suisse), alors que l’autre ayant assumé son rôle social CHF 16.– !! Cet exemple, certes très simplifié mais bien réel, démontre clairement l’effet très pernicieux de la TVA. Plus elle est élevée, plus elle pousse à délocaliser dans des pays à faible coût de la main d’œuvre. Globalement, on peut clairement parler d’incitation à l’irresponsabilité sociale.

Sur un plan plus subtil, on peut démontrer que la TVA représente également un frein important à l’innovation. Je ne voudrais pas développer tout le raisonnement ici, mais globalement le principe est le suivant : pour un assujetti X l’investissement dans une amélioration de ses processus ne se justifie que s’il génère un retour sur investissement supérieur au taux de TVA en vigueur. Or l’innovation se développe le plus fréquemment par petits pas apportant chacun un avantage modeste. Si vous découragez la réalisation de ces “petits pas”, c’est tout le chemin de l’innovation que vous barricadez. L’innovation de rupture existe, cela reste vrai, mais elle est rare et la plupart des grandes avancées se bâtissent  très progressivement. Ne croyez pas au hasard, si notre petit pays, avec un taux de  TVA encore modéré (8%), innove proportionnellement infiniment plus que nos grands voisins avec des taux très largement supérieurs (autours de 20%).

La charge administrative générée par les processus d’auto-taxation liés à la TVA ne relève pas du subtil! La grosse majorité des assujettis de type PME le savent bien intuitivement qu’ils perdent leur temps à s’occuper de cette paperasserie au lieu de faire prospérer leurs petites structure. Un rapport établi en 2013 par PWC – Price Waterhouse Cooper – (voir page 10 pt 1.3.2), sur demande la Confédération nous apprend que cette charge administrative coûte 1.8 milliard à l’économie annuellement.  Il s’agit d’un montant réellement considérable pour ne pas dire énorme. Supprimer cette bureaucratie insidieuse équivaudrait à réaliser proportionnellement le plus grand programme de relance économique mondial et ceci sans que cela coûte un seul centime au citoyen. Pour vous donner une simple idée, le programme de relance des USA de 2009 faisant suite à la crise de 2008, considéré par la majorité des auteurs comme le plus grand programme de relance économique de tout les temps, s’élevait à 789 milliards de $ US pour une population d’environ 310 millions d’habitants. Ce programme prévoyait donc un montant de relance par millions d’habitants d’environ 2.5 milliards. L’allégement bureaucratique induit par notre initiative correspond à 0,225 milliards par million d’habitants. Oui, mais voilà cette somme se répète année après année à la différence du programme américain qui était à versement unique. Capitalisé à 5%, cela équivaut à un programme total de relance de 4.5 milliards par millions d’habitant, ceci sans même prendre en compte que les 789 milliards dont on parle sont allé s’ajouter au fardeau de la dette US tandis qu’encore une fois notre solution ne coûte pas un centime de plus aux citoyens!!

On peut enfin rappeler que plus le taux de TVA s’élève plus la part d’économie souterraine grandit. Un économiste me disait “pour chaque point en dessus de 10% jusqu’à 3% de black en plus“. Cela semble assez cohérent avec ce qui est vécu en Italie, Espagne ou sud de la France dont on estime la part de transactions non déclarées à 30% pour des taux de TVA de l’ordre de 20%

En bref, la TVA s’oppose à la justice fiscale en frappant davantage les revenus faibles, affaiblit la cohésion sociale en favorisant ceux qui délocalisent la part de travail, alourdit gravement la bureaucratie de notre pays, et enfin freine sournoisement l’innovation. Le discours comme quoi la TVA serait l’impôt indispensable et idéal ne tient tout simplement pas la route.

On peut maintenant légitimement se poser la question si notre initiative réalise un meilleur score que la TVA sur ces aspects. J’affirme sans la moindre hésitation que tel est bien le cas et d’une manière telle que cela ne souffre aucune discussion.

Sur le plan de la justice fiscale, point de miracle, notre solution frappe également proportionnellement plus les petits revenus puisqu’il s’agit d’une taxe sur la consommation, ciblée sur les énergies fossiles dans le cas d’espèce, mais sur la consommation tout de même. Toutefois, grande différence avec la TVA, le citoyen possède la possibilité de moduler sa taxation en fonction de son comportement, ce qui reste totalement exclus dans le cas de la TVA. Ainsi les études économiques ont montré que la famille type helvétique selon sa classe de revenu payait grosso modo la même chose avec notre solution en lieu et place de la TVA à +/-5%, mais qu’elle possédait un pouvoir de variabilité pouvant monter facilement +/-15% en fonction de ses choix. Concrètement, cela signifie que notre initiative corrige quelque peu l’anti-progressivité d’une taxe sur la consommation en offrant au citoyen-payeur une récompense directe s’il opte pour des comportements durables.

En ce qui concerne la cohésion sociale, on oubliera la photo-finish car faire disparaître une aussi forte incitation à délocaliser, ne peut qu’aller dans le bon sens!

Pour la question de la lourdeur bureaucratique, taxer les énergies fossiles se révèle sans commune mesure plus simple que toute l’incroyable machinerie liée à la TVA. Il suffit en effet de taxer les 4 vecteurs principaux, soit  pétrole et dérivés, gaz, uranium et enfin dans une moindre mesure pour notre pays charbon, lors du passage en douane. Cette opération ne nécessite aucun fonctionnaire supplémentaire puisque l’appareil douanier est déjà en place. La partie essentielle de la réponse a déjà été donnée quelques paragraphes plus haut. Nous trouvons face à une chance unique de revitaliser notre économie sans charger le bateau de la dette. On relèvera les études récentes du SECO s’inquiétant de la faible productivité suisse, ou d’un pays devenu presque mono-produit de la part croissante contributive au PIB des pharmas, ou encore de se préparer à une baisse de notre niveau de vie suite à la diminution prévisible et importante de la place financière helvétique. Ne pas profiter d’une telle opportunité relèverait donc de l’aveuglement le plus total et ceci que l’on soit sympathisant de gauche ou de droite.

En complément de ce qui vient d’être dit, on peut souligner encore que la mise en place d’un tel mécanisme encouragera inévitablement nos PME à innover dans le secteur dit des “cleantech”. Notre pays regorge de compétences et savoir-faire, qui permettront à nos entreprises d’exporter des solutions innovantes et donc de générer des profits sur des secteurs d’avenir.

Si vous avez écouté soigneusement le discours de notre Conseillère Fédérale E. W.-S, elle nous annonce une autre fiscalité écologie avec des taxes en plus,  bien sûr sans suppression d’aucun autre impôt, et avec une redistribution via le principe de l’arrosoir. La conséquence se voit déjà, un alourdissement de la bureaucratie complété par une solution totalement inopérante et demandant donc à être révisé vers le haut plusieurs fois. Il faut le dire clairement, seule la solution des Vert’libéraux permet d’atteindre réellement les buts recherchés au niveau environnemental sans alourdir encore notre appareil bureaucratique ou notre fiscalité.

Mon discours semble très affirmatif, mais voyez-vous, nous ne sommes pas seul à le dire, car le FMI – Fond Monétaire International – dans une étude publiée en juillet 2014 dit exactement cela : la seule et unique solution pour réaliser la nécessaire transition énergétique consiste à supprimer des taxes existantes et à en transférer le montant équivalent sur des aspects environnementaux dont notamment le CO2 (voir réf. ci-dessous).

Le plus souvent, et au minimum dans une optique de court-terme, les besoins de l’économie et ceux de la solidarité sociale s’opposent. Alors pour une fois, une fois exceptionnelle où une solution répondant aux attentes des uns et des autres se présente à nous, disons oui d’une seule voix à l’initiative des Vert’libéraux pour supprimer la TVA et la remplacer par une taxe sur les énergies non renouvelables.

Le 8 mars votons oui à l’investissons “Remplacer la taxe sur la valeur ajoutée par une taxe sur l’énergie“, et corrigeons des injustices fiscales, mettons un frein clair à une bureaucratie galopante, favorisons la compétitivité de nos entreprises, tout en protégeant l’environnement d’une manière incomparable !!

Laurent-David JOSPIN

Sources:
Wikipédia, Plan de relance économique des États-Unis de 2009, http://fr.wikipedia.org/wiki/Plan_de_relance_%C3%A9conomique_des_%C3%89tats-Unis_de_2009
PWC. Messung der Regulierungskosten im Bereich Steuern, 26 Septembre 2013
Fond Monétaire International, Getting Energy Prices Right: From Principles to Practice, Juillet 2014

La bonne réponse à la chute des prix du pétrole : ne plus en dépendre!

Il peut sembler très contradictoire de constater la baisse de prix d’une ressource, quelle qu’elle soit au demeurant, et que l’on conclue à ce qu’il serait préférable, justement du fait de cette baisse, d’en s’en passer le plus vite possible. Et pourtant, j’espère par ces quelques lignes pouvoir vous en convaincre. Nous allons rapidement constater le peu de crédibilité d’une action de la main du hasard, passer en revue quelques unes des cibles potentielles et enfin voir les risques encourus pour notre pays. Bien évidemment, je ne résisterai pas au plaisir de vous proposer une solution, d’ailleurs la seule crédible à ce jour.

Ces derniers mois, nous avons vécu une authentique dégringolade des prix du baril  du brut, presque divisés par deux, durant une chute apparemment totalement imprévisible. Tous ces événements, très rapides, se sont déroulés sans que l’on puisse les expliquer par un élément rationnel de manière certaine, même à posteriori. Les explications les plus sérieuses côtoient les plus audacieuses, et rien n’y fait, le paysage reste brumeux à souhait.

La simple explication de l’abondance de la ressource combiné aux lois du marché ne tient absolument pas la route. En effet, la “denrée” pétrole se produit et se consomme en flux quasi tendus, hors réserves stratégiques cela va de soi. Elle n’est certes pas inapte au stockage. Simplement, le coût d’un tel stockage conduit à une dévalorisation constante de la marchandise au fil du temps. Dès lors, une sur- ou sous-production de seulement quelques petits pour-cents peut conduire à des sauts de prix gigantesques.

Pour vous donner rapidement une idée de l’importance de l’effet de levier entre le différentiel production versus consommation et l’effet effectif sur les prix, vous pouvez prendre connaissance de l”explication donnée par le Dr. Thomas Chaize (lien : http://www.dani2989.com/matiere1/marginalcostoil0212fr.html), qui démontre qu’une infime variation de la demande peut conduire à une multiplication par 4 des prix. Dans le monde actuel, la demande ne se régule quasiment pas, ou seulement lors d’événements extraordinaires (embargo, quota, …). On peut par contre très facilement jouer sur l’offre, surtout s’il ne s’agit que de micros adaptation à la baisse.

A l’instant où j’écris ces lignes, le consensus table sur une consommation journalière mondiale de 92 millions de barils. La production cumulée OPEP + non OPEP s’afficherait à 94.5 millions de barils-jours. Le surplus réel se situe vraisemblablement un peu en dessous de la différence strictement mathématique peut-être à 2 millions de barils-jours.

En clair et en français, les producteurs se mettraient d’accord pour une petite baisse de peut-être 3-4% et ils toucheraient grosso mode le double d’argent, tout en préservant leurs réserves pour les ventes futures. Pour ma part, je n’arrive pas à croire qu’une mésentente puisse conduire à un tel non sens, absurde me semblerait bien faible comme qualificatif. Même les pires ennemis, lorsque leurs intérêts convergent, trouvent une solution, ce d’autant plus si les enjeux s’approchent ou dépassent la taille d’un budget national! A mon avis, il peut être considéré comme certain que la situation prévalant actuellement est intentionnelle et qu’un enjeu, vraisemblablement très important, se cache quelque part. Pour conclure sur cette question, on peut enfin rappeler que si le coût actuel du baril conduit à ce que certaines filières d’extraction ne soient plus rentables, c’est surtout toute une série de pays producteurs, dont des acteurs majeurs, qui ne sont, aux conditions actuelles, plus capables de boucler leurs budgets nationaux.

Je ne résiste pas au plaisir de citer la réflexion proposée par Monsieur Laurent Horvath sur son blog 2000watts.org, car appartenant aux plus solidement bâties et mieux étayées que l’on puisse trouver dans les cercles sensibles aux questions énergétiques, même si je sentais bien que quelque chose ne tournait pas rond  : pour faire court, LH développe le point de vue que l’Arabie Saoudite a pris subitement ombrage du rôle de plus en plus important comme producteur de pétrole des USA et qu’elle aurait donc décidé d’exécuter toute la filière des pétroles de schiste nord-américaine via une baisse de prix temporaire. L’idée étant que le prix de vente artificiellement abaissé à un niveau juste inférieur au prix de revient des pétroles de schiste devait rapidement tuer les entreprises s’étant engagées sur ce créneau, et que par la suite les prix pourraient remonter à un niveau normal. LH s’est trouvé renforcé dans son raisonnement initial, lorsque subitement l’Arabie saoudite a officiellement déclaré que sa cible était bel et bien les producteurs de gaz et pétrole de schiste.

Vraiment?  Et bien, permettez-moi d’en douter et pour de très bonnes raisons. (En passant et hors sujet, j’apprécie toujours beaucoup de lire le blog de M. Horvath car riche en informations et réflexions de qualité, donc merci de ne pas me prêter des mauvaises intentions ici).

En premier lieu, il est utile de rappeler ce qu’est vraiment l’Arabie saoudite, un colosse regorgeant de pétro-dollars certes, mais dont les pieds posent sur le sable au propre comme au figuré. Un peu plus de 90% des rentrées de devises du pays proviennent directement (85%) ou indirectement de la production pétrolière. Or cette manne pétrolière profite presque totalement à un cercle restreint d’élus : la famille princière comprise dans un sens très large. L’ensemble des bénéficiaires présente une belle unité apparente, mais il ne s’agit que de façade. Les équilibres du pouvoir restent précaires et une baisse durable des “royalties”  (au sens propre!) perçues ici pourrait conduire à une instabilité violente dans les plus hautes sphères.

L’autosuffisance alimentaire bien que présentée comme un but essentiel à moyen terme, reste manifestement du pur domaine des fantasmes, la compréhension locale de l’islam conduisant à ce que la quasi totalité de la population refuse les tâches considérées comme serviles ou impures, ce qui en cascade rend l’implantation d’une agriculture digne de ce nom totalement illusoire. Le pays est contraint d’importer quasiment le 100% de son approvisionnement alimentaire et pratiquement toute sa consommation au sens large. Toujours lié à cette considération sur les tâches serviles, la population est constituée de 30% d’émigrés qui réalisent en pratique 90% du travail effectif produit.

De l’autre coté, la population, majoritairement jeune, avec une part supérieure à 70% de moins de 30 ans, croît à un rythme de 3% l’an, et au minimum pour l’instant, avec infiniment peu d’espoir de grimper dans l’échelle sociale. Cette population subit un authentique lavage de cerveau en subissant un islam sectaire et indéfendable aux yeux de la très large majorité des musulmans actuels. Il plane un risque clair, que ce conditionnement se retourne contre ses auteurs, il suffirait qu’un leader charismatique émerge et canalise la frustration existentielle créée artificiellement dans l’esprit  de la population. L’image que j’aime à en donner est celle d’un baril de poudre placé en plein soleil. Il suffit d’arrêter l’arrosage à peine trop longtemps et boum, vous aurez le plaisir d’admirer une belle explosion (de loin de préférence!).

En bref, l’Arabie saoudite est à peu près autant dépendante de la manne pétrolière que nos démocraties occidentales de son pétrole. Si l’occident acquière sa paix sociale via une politique de redistribution soutenue par une croissance sans limite prévisible, le royaume wahhabite fait tourner la pompe à pétro-dollar pour obtenir le même résultat. La question de savoir laquelle des deux politiques percutera le mur en premier est loin d’être triviale et pourrait avoir des répercussions majeures sur le visage du monde de demain.

Et voilà que sur ce tableau déjà peu réjouissant en lui-même plane l’ombre du peak oil! Officiellement, le gouvernement saoudien nie toute fin prévisible à court terme. Mais voilà, d’anciens officiels du régime, comme le très respecté Cheik Yamani, lorsqu’ils peuvent récupérer leur liberté de parole, décrivent une situation bien moins rose. L’affirmation circule depuis quelques années déjà, que l’Arabie saoudite n’arrive à maintenir la production de son champ phare Ghawar (60% de la production du pays à lui seul), que grâce à des injections massives d’eau de mer pour augmenter la pression et ainsi soutirer les derniers barils récupérables. Les récentes fuites de câbles diplomatiques (wikileaks) laissaient même penser que d’ici 20 à 30 ans maximum la production pétrolière du royaume wahhabite débuterait un déclin marqué, si ce n’est son effondrement.

La baisse des prix actuels, grosso modo de 100 à 60US$  le baril, représente une perte sèche pour l’économie saoudienne de 400 millions de US$ par jour! Oui, vos yeux ne vous mentent pas, 40US$ de moins multiplié par une production journalière de 10 millions de barils (en arrondi) donnent bien ce chiffre exorbitant, qui devient presque surréaliste si considéré sur une année entière soit une perte de 146 milliards de US$.

Ceci étant rappelé, réfléchissons quelques instant si une manœuvre visant à ruiner la filière des pétroles de schiste aurait la moindre chance d’aboutir. Les mécanismes de l’économie de marché comprise dans un sens très libéral prévalent, en principe, aux USA. En principe seulement, car bien évidemment lorsque le gouvernement, à mes yeux largement pas autant démocratique qu’il le prétend, considère que x ou y activité relève de la sécurité nationale, il n’hésitera pas un seul instant à piétiner, avec un enthousiasme mal dissimulé, les mêmes principes considérés comme sacro-saints l’instant d’avant.

Le scénario, écrit d’avance, se déroulera grosso modo comme suit. Les acteurs les plus faibles feront effectivement faillite. Ils seront racheté pour 1 cent symbolique et la nouvelle entité pourra continuer à produire sans avoir à amortir les investissements initiaux. En terme économique, on dit qu’elle produira au coût marginal. Donc pour réellement impacter durablement la filière, il faudrait descendre les prix mondiaux en dessous du coût marginal de la filière pendant une durée suffisante pour mettre tout le monde à terre, y compris des majors disposant d’une activité globale sur la planète entière leur permettant ainsi de jouer entre les marchés. Si vraiment, l’Arabie saoudite souhaite obtenir ce résultat, elle doit donc inonder le marché durant une période de temps difficilement déterminable à l’avance, mais dont on sait avec certitude qu’elle sera longue. Le simple espoir que les prix puissent remonter dans un futur proche peut d’ailleurs suffire à maintenir la filière en vie dans un état de semi-coma mais avec un réveil toujours possible. Et puis, n’en doutez pas, Oncle Sam le “bienveillant” veille au grain. Il sait mieux que quiconque que dépendre de l’étranger pour une ressource aussi stratégique que l’énergie ne peut que vous mettre dans une situation de faiblesse et si vraiment cela devient nécessaire, il agira. La filière pourra donner l’impression de mourir, mais il ne s’agira que d’un sommeil trompeur, et tel le Phénix, elle renaîtra de ses cendres au moment précis où elle fera toute la différence entre un pays dépendant ou une nation autonome et partant libre de ses actions. (note hors sujet : je reste personnellement totalement opposé à l’exploitation aussi bien du gaz de schiste que du pétrole de schiste, mais l’analyse de ce post tourne autours des réflexions court-termistes politiques actuelles et non pas celles d’une vision durable et responsable pour les générations futures).

Permettez-moi dès lors de douter que les responsables saoudiens se lancent à corps perdu dans une telle quête vouée à l’échec, alors qu’elle signifie pour eux la quasi certitude d’une explosion sociale gravissime à la manière de celles d’autres pays proches comme la Libye ou Syrie.

Bon, poursuivons un peu la réflexion et si les pétroles de schiste ne sont pas dans le viseur, qui serait visé alors?

On pourrait penser bien sûr à l’Iran, qui suite à l’embargo le frappant, doit vendre avec des grosses difficultés son pétrole aux chinois et donc une perte financière significative à la clef. Les saoudiens (wahhabites soit une secte du sunnisme) et les perses (chiites) se haïssent notoirement pour des raisons à la fois culturelles et religieuses. Un Iran nucléaire serait effectivement complétement inacceptable aux yeux des Princes saoudiens. Le rapprochement entre les USA et le grand voisin perse a fortement déplu.

Toutefois, les stratèges saoudiens le savent, depuis des dizaines  d’années de sanction, l’Iran a développé une faculté de résilience très élevée. On pourrait même dire que le pays des mollahs fonctionne à l’extrême opposée du royaume wahhabite. L’Iran a appris à pratiquement tout produire par elle-même et vouloir faire plier ce pays  sans avoir un soutien réellement convergent du reste de la communauté internationale semble peu crédible. Dire que les princes de Ryad souhaitent diminuer l’influence de Téhéran sur le Golfe persique relève du pléonasme. Mais la cible semble néanmoins trop évidente et trop élevée également. Je ne puis exclure cette possibilité, mais comme la douleur infligée à l’émetteur dépassera largement les conséquences réelles chez le receveur, il me semble sincèrement que nous pouvons mettre cette piste quelque peu de coté.

On peut également penser à la Russie comme cible potentielle. Le conflit ukrainien a conduit à une politique de sanctions visant (ou plus exactement souhaitant viser) la garde rapprochée de Vladimir Poutine et donc l’industrie pétrolière du pays. Les USA notamment pourraient trouver un intérêt fort à ce que les prix du brut s’effondrent pendant quelques temps pour mettre à genou le Tsar sauvage. Par contre, je vois mal quel intérêt l’Arabie saoudite pourrait y trouver pour son compte à elle? Si réellement, cette option venait à être la bonne, nous pouvons tous être certains que les USA ont promis une compensation à la hauteur des sacrifices complétée par un juteux bénéfice à Ryad. Pour ma part, je ne vois qu’une seule chose qui, dans l’ordre de grandeur, pourrait remplir un tel rôle : l’attribution d’un morceau de territoire laissant entrevoir des perspectives importantes en terme de ressources exploitables, ce qui ne serait pas illogique, puisque nous pouvons légitimement soupçonner la fin de la domination pétrolière de l’Arabie Saoudite selon les explications données plus tôt. On rentre ici, bien évidemment, dans le machiavélisme pur, puisque les USA ne sont propriétaires de rien dans la région du Golfe et qu’ils ont/auraient forcément fait une telle promesse à l’insu du légitime propriétaire. Ne souriez pas, ils ne se sont pas gênés de le faire par le passé et je crains qu’ils le refassent à futur. Les victimes potentielles pourraient se trouver du coté de l’Irak après un éclatement provoqué, voire de la Syrie, ou une combinaison plus complexe impliquant ces pays et d’autres. Les faucons de l’administration Bush avaient re-dessiné un nouveau moyen-orient à l’insu des personnes concernées, il y a déjà quelques années de cela. Une tentation de cette nature expliquerait bien des choses. Les USA aiment à jouer aux apprentis-sorciers et semblent n’être jamais capables d’en tirer des leçons salutaires après moult tragédies pour les populations locales et échec global de leur politique.

La première de ces cartes représente la réalité actuelle, la deuxième la vision idéalisée par l’armée américaine en 2006. La tentation de forcer la création d’un tel nouveau paysage a été à ce point présente que la nouvelle carte a même été enseignée dans les écoles d’officiers de l’OTAN sous supervision américaine.

Daech ou autrement dit l’Etat Islamique pourrait également être une cible de choix. Et paradoxalement, cela donnerait une bonne explication à l’affirmation faite par les saoudiens eux-mêmes qu’ils viseraient la filière “schiste &co”. Il faut savoir que Daech a été financé, au minimum initialement, par des princes wahhabites divers (qatari ou saoudien), et qu’une part importante de ces mêmes princes adhèrent sans le moindre problème au projet de société prôné par Daech, même si pour des raisons de respectabilité extérieure ils font semblant de s’en distancier (note : ce sont les mêmes princes qui avaient financé Al-Qaida). On pourrait imaginer ici que les intérêts américains et saoudiens aient subitement convergé. Les américains ne trouvent pas en Daech la marionnette malléable et obéissante qu’ils auraient souhaitée (tiens vous vous rappelez, Ben Laden travaillait initialement POUR la CIA!), tandis que Ryad a subitement pris peur que ce Frankenstein à la sauce islamique ne se retourne contre son créateur. Mais voilà jamais au grand jamais, les saoudiens ne pourront publiquement annoncer à leur population qu’ils sont entrés en guerre totale contre Daech, car la sympathie générée par ce mouvement dans la population, jeune et sans espoir pour rappel, saoudienne pourrait induire directement une guerre civile. Au contraire, laisser croire que l’on s’attaque au Grand Satan américain ne peut que générer une adhésion du public. Je n’oserai pas affirmer de manière péremptoire que ce scénario est la vérité sans aucun doute possible, mais si je devais parier cent sous sur la question, je les placerais en priorité sur ce cheval plutôt qu’un autre.

D’autres scénarios peuvent être envisagés et même étayés. Une seule chose demeure, les misérables populations liées à cette gigantesque partie d’échec planétaire ne sont pas prêtes d’arrêter de souffrir! Il est indubitable que les marchés des ressources fossiles sont devenus un immense champ de bataille avec des enjeux dépassant de très loin l’influence d’un seul pays, même plutôt économiquement fort comme notre bonne Helvétie.

En ce qui concerne notre pays, nous courons des risques divers dont à signaler plus particulièrement :
– de prendre des décisions majeures ou réaliser des investissements stratégiques inappropriés suite à des conditions artificielles temporaires,
– de subir des perturbations économiques graves dues à des fluctuations imprévisibles et de grande ampleur des coûts de l’énergie,
– être impliqués à notre corps défendant dans des conflits géo-stratégiques mondiaux sur lesquels nous n’avons en réalité aucun intérêt ni influence,
– devoir accepter des accords internationaux contre nos désirs réels de par notre dépendance de l’étranger.

Assurer l’indépendance énergétique de notre patrie correspond à assurer son indépendance et sa sécurité tout court, peut-être bien autant qu’avoir une armée apte à défendre le territoire national.

Aujourd’hui la transition énergétique, souhaitée pour d’autres raisons, reste du domaine des vœux pieux. Les mesurettes proposées, nous le savons déjà, ne conduiront qu’à une augmentation de quelques pour-cents des énergies renouvelables, qui sont ici en premier lieu des énergies indigènes!

Le 8 mars prochain, le souverain helvétique votera sur l’initiative des Vert’libéraux connue sous le nom de TE-TVA ou par son titre récrit récemment “une fiscalité écologique à la place de la TVA”. En disant OUI à cette initiative, vous agirez pour
* la protection du climat
* une diminution de la pollution de l’air
* simplifier la bureaucratie de notre pays
* une sortie effective et raisonnablement proche du nucléaire
* mais aussi pour assurer l’indépendance de notre patrie !!

Ce sujet va passablement m’occuper sur le premier trimestre 2015, et il ne se passera pas longtemps avant que je vous en reparle.

Laurent-David JOSPIN

Sources :
Al Huffington Post Maghreb, Et si le Moyen-Orient ressemblait à ça? La carte du Moyen-Orient idéal pour l’armée américaine en 2006, 25/10/2013, http://www.huffpostmaghreb.com/2013/10/25/moyen-orient-armee-americ_n_4157849.html
Express be, “L’OPEP ne réduira pas sa production de pétrole, même si les cours tombent à 20 dollars le baril“, 24 décembre 2014
Ken Farsalas, The Oberweis Report, “No speculation on Oil Reality“, 29.07.2008
The Guardian, “Wikileaks cables: Saudi Arabia cannot pump enough oil to keep a lid on prices“, February 8 2011
L’observatoire de la liberté religieuse, “http://www.liberte-religieuse.org/arabie-saoudite/

ECOPOP ou la tentation de la fausse bonne solution

Récemment, j’ai eu l’occasion de participer comme orateur à des débats sur l’initiative connue sous le nom Ecopop, dont le titre complet réel est “Halte à la surpopulation – oui à la préservation durable des ressources naturelles“.

La dernière présentation dans le cadre du parti vert’libéral neuchâtelois était particulière à plus d’un titre. En premier lieu, car si je défendais la position de notre comité directeur national, pour cette fois exceptionnellement la responsabilité de présenter les arguments des initiants m’incombait également. Et d’une manière générale, même si je n’adhère pas du tout à la solution préconisée, il n’en reste que sur le constat de base posé par les initiants, je ne puis qu’admettre la pertinence des craintes soulevées.

L’exercice de vous faire revivre dans un post écrit une conférence pensée oralement accompagnée d’une présentation constituée essentiellement d’animation relève clairement de la gageure. Toutefois, en simplifiant la présentation et en restant à un niveau relativement superficiel du discours, j’espère pouvoir vous donner un aperçu satisfaisant. Donc, en clair vous ne voyez ici pas toutes les diapos, ni n’avez le discours complet, mais juste une sélection espérée la plus pertinente possible. Le texte lié à chaque image se trouve en dessous.

Sans exagérer dans l’auto-encensement , il me semblait pertinent de relever que j’ai une bonne légitimité à traiter ce sujet. Ma responsabilité de  co-dirigeant du groupe de travail sur la thématique “croissance économique infinie dans un monde fini”, ainsi que la très longue séance d’échanges à Zürich avec Monsieur Benno Büeler membre influent du comité d’initiative ont notamment contribué à me faire étudier le sujet comme très peu l’ont fait.

Voici l’image choc utilisée par ECOPOP pour soutenir leur argumentation, une pauvre petite planète écrasée par une empreinte environnementale humaine (footprint en anglais) visiblement très, voir trop, lourde.

Ce strip résume un des credo de l’association Ecopop : parler de contrôle de la population humaine est tabou et n’entre donc pas en ligne de compte. On peut d’ailleurs relever que le nom même de l’association ne dit pas autre chose, puisqu’il s’agit de la contraction d’écologie et population.

Voilà ce fameux texte d’initiative. Lors de la présentation orale,  je ne me gêne pas pour souligner ma déception de voir les initiants attaqués par des faux arguments. Je sais bien qu’en politique la forme l’emporte souvent sur le fond, mais c’est un jeu à double tranchant, car si la population s’en rend compte, alors l’entier de votre message est entièrement décrédibilisé. On pense ici essentiellement à la polémique liée à la partie de l’initiative voulant mettre à disposition des solutions de planning familial à ceux qui sont demandeurs et ne disposent pas d’un accès satisfaisant à de telles solutions.

Voici les arguments les plus volontiers mis en avant par le comité d’initiative. Il s’agit manifestement d’arguments vendeurs et qui vont toucher Madame et Monsieur tout le monde lorsqu’il n’y a plus de place assise dans le train, ou que l’on trouve pas de logement satisfaisant, ou qu’il n’y a plus de place dans les crèches, …. On peut relever que certains de ces arguments ont un caractère légèrement subjectif comme par ex. au sujet de la croissance de la population mondiale : est-il vraiment intrinsèquement mal que la population mondiale ait augmenté et ne devrait-on pas plutôt se réjouir de la baisse de la mortalité infantile et la prolongation de l’espérance de vie …

Cette série d’arguments, beaucoup plus pertinents de mon point de vue, apparaissent moins dans la propagande d’Ecopop. Scientifiquement parlant, on peut presque parler d’arguments “coup de poing”, mais manifestement ils restent moins accessibles au public. En conférence, je les détaille et explique un peu plus en fonction du type d’audience. Certains points pourraient faire l’objet d’un post spécifique à futur dans ce blog.  Mon affirmation comme quoi le constat posé me convainc se rapporte clairement à ce volet de la réflexion scientifique qui se cache derrière l’initiative Ecopop.

Pour introduire, la réflexion nous occupant principalement revenons-en à la base de la problématique. L’initiative rentre clairement en tension avec un concept omniprésent dans les paysages politiques et économiques de notre temps, soit cette fameuse croissance objet de tout les phantasmes et autres désirs inavouables. Il me semble difficile de trouver un exemplaire quotidien d’un grand média national dans lequel le concept n’est pas utilisé plus qu’une fois dans un article ou l’autre.

Oui, quand on parle de croissance, on parle en fait directement de nos équilibres sociétaux ou autrement dit de notre filet social, car tel qu’il est conçu actuellement, il ne peut être assumé que grâce à une croissance, et même une croissance relativement forte.

Autrement exprimé, on peut considérer que croissance signifie paix sociale. Le vrai problème tourne autours de notre dépendance à cette croissance. En pratique, une absence de croissance ou même une croissance modeste conduisent directement à une hausse du chômage et autres problèmes sociaux. Si l’on compare notre société au sens large à une PME quelconque, presque personne ne contestera que si celle-ci dépend impérativement d’une hausse continue de son chiffre d’affaire pour éviter de faire faillite, il s’agit manifestement d’une fuite en avant.

Partant de là, je vous  propose de nous intéresser à la réflexion mathématique sous-jacente à la vision de l’association Ecopop. Lorsque nous avions rencontré M. Benno Büeler avec notre groupe de travail Croissance, il avait bâti la majeure partie de sa réflexion sur la fameuse formule I=PAT connue depuis les années 70.  Cette formule décrit en terme généraux l’impact de l’humanité I sur l’environnement égal à un multiplication de 3 facteurs dont P pour la population, A affluence en langue anglaise soit plus ou moins le niveau de vie ou de consommation, et enfin T pour la technologie soit le niveau d’extraction ou sollicitation des ressources primaires par unité de richesse. Cette équation n’est pas contestable en elle-même, mais dis crûment on peut considérer qu’elle ne sert à rien car beaucoup trop synthétique pour générer des résultats exploitables.
L’équation présentée sous la ligne inférieure a déjà été traitée dans ce blog, il s’agit de la fameuse équation de M. Yoishi Kaya (voir Une équation prédit l’enfer sur terre, voulez-vous jeter un coup d’oeil? (série à suivre)). Paradoxalement, on peut admettre que celle-ci est un cas particulier de I=PAT. Dans I=PAT, le I est tellement vaste et recouvre des notions tellement complexes d’une part, et le facteur T tellement abstrait qu’il se révèle impossible de bâtir un raisonnement permettant de manière claire savoir simplement quoi faire avec des deux paramètres.  Et forcément dès lors, on arrive à une conclusion biaisée énonçant que la seule possibilité nous restant consiste à travailler sur la quantité de population.

Si l’on reprend le message d’Ecopop un peu plus en détail dans le cas concret examiné soit les émissions de CO2 et donc le réchauffement climatique, on découvre que les initiants posent le constat suivant dans l’optique d’une recherche de solution à ce problème existentiel :
– le passage aux renouvelables est un échec car il y a trop de freins variés,
– l’efficience énergétique est un leurre car la combinaison de l’accroissement du niveau + population conduit à ce que les maigres gains d’efficience sont plus que perdus au final,
– enfin il est observé que vouloir réduire le niveau de vie moyen est illusoire, et qu’au contraire on peut s’attendre à une hausse généralisée, car des populations entières de la planète n’aspirent qu’à une seule chose, soit nous rattraper sur ce plan également.

L’analyse d’Ecopop est partiellement correcte sur les facteurs Etot/PIB et PIB/POP, mais complètement fausse sur la considération du facteur POP. En effet, il est maintenant clair que si nous voulons sauver le climat de la planète, une réduction même importante des émissions de CO2 ne suffira pas. Un seul objectif s’impose maintenant à nous, soit le zéro émission! (à noter : le dernier rapport du GIEC paru le dimanche 2.11.2014 ne dit pas autre chose!) Dès lors imaginer pouvoir travailler avec le facteur POP signifierait en pratique la disparition de la race humaine, perspective peu réjouissante s’il en est!

Non, la solution se cache dans le facteur CO2/Etot et notre véritable objectif est bien de passer au 100% renouvelable le plus vite qu’il sera possible. On relèvera que les vert’libéraux sont le seul parti proposant une solution concrète et réaliste à ce  challenge au travers de notre initiative TE-TVA.

En trois diapos, j’aimerais rendre cette question la plus visuelle possible. Aujourd’hui notre économie fonctionne, majoritairement, sur le mode “je puise dans une ressource (le seau dans l’image) pour consommer respectivement faire fonctionner l’économie et je jette”. Quelques fois, une subtilité se glisse dans le raisonnement, comme par exemple lorsqu’on réutilise les cornets plastiques jetables des grandes surfaces pour alimenter des chauffages à distance. Il n’en reste que cela ne change rien au final, une ressource est consommée et définitivement perdue au bout de la chaine.

Il n’y pas besoin d’être grand druide aurait dit Astérix, pour comprendre que, tôt ou tard, la ressource aura tari. En conférence, je me permet quelques commentaires sur la signification de la présence des mouches au-dessus du seau, mais là je laisse tout cela à votre imagination.

Visuellement, quelque soit la ressource considérée, nous devons organiser le fonctionnement de notre société pour atteindre un mode circulaire dans laquelle la ressource retourne au stock initial. Dans le cas du CO2, cela signifie simplement passer au tout renouvelable. Le même raison peut et doit être posé pour toutes les ressources considérées.

Un peu contraint et forcé, je résume, à l’attention des assemblées, m’ayant sollicité quelques arguments clefs de nature nettement plus politique. Ces arguments ne sont certes pas faux en soit, mais je ne puis m’empêcher de les trouver un peu courts, quand sur l’autre plateau de la balance on considère un risque environnemental majeur pour la planète entière.

Toutefois, je ne me prive pas d’insister sur l’importance de réellement et rapidement mettre en place un mode de fonctionnement permettant d’adresser les problèmes soulevés par les initiants.

La situation montrée par les initiants, et manifestement gravement obérée, met en danger nos sociétés voir peut-être pire encore. Toutefois, la solution proposée se révèle illusoire car toute baisse de la population serait premièrement insuffisante pour obtenir le moindre résultat positif, mais aussi automatiquement compensée par une hausse de la consommation un peu à la manière de l’effet rebond que je décrivais mes posts sur l’équation de Kaya.
Le mécanisme sous-jacent à TE-TVA représente la vraie lumière au bout du tunnel. Ce mécanisme peut et doit s’imposer progressivement pour toutes les ressources non renouvelables que nous souhaitons exploiter, que cela soit le climat, les stocks de poissons dans les océans, la pureté de l’air que nous respirons, …

En espérant vous avoir apporté une contribution utile, et bien évidemment en restant très volontiers à votre disposition pour poursuivre le débat.

Arrivé à la fin de cette rédaction, en la faisant relire par des proches n’ayant assisté à aucune de mes prestations “live”, je suis rendu compte de la difficulté de trouver le niveau de détail juste pour une version écrite. Face à une assemblée, le conférencier voit les visages interrogatifs, souriants, dubitatifs, s’endormant, passionnés … On peut facilement s’adapter, rentrer dans des explications plus détaillées pour éclairer un point ou l’autre, ou au contraire accélérer si tout semble trop facile pour l’auditoire. Ici le statique impose sa loi, alors surtout n’hésitez pas à prendre contact pour débattre de tout aspect le méritant.

Laurent-David Jospin

L’obsolescence programmée entre escroquerie et crime contre l’humanité

Récemment, mon fils ainé a partagé avec moi des informations circulants sur des sites spécialisés informatiques, pour les intimes site de geek¹. Or voici, il semblerait qu’une marque de téléphonie mobile se prétendant très fruitée aurait intégré des mécanismes visant à diminuer les performances de la génération précédente ( génération n) en place dans le marché, quand la génération suivante (ou n+1) était mise en vente.

Techniquement parlant, il n’y a aucune difficulté majeure à réaliser un tel tour de passe de passe. Par contre,  bien évidemment sur les plans environnementaux et moraux, il en va tout autrement.

Peut-être qu’il y a un tiroir chez vous avec cet aspect ?

Pour l’aspect environnemental, on peut tergiverser en long et en large en argumentant sur le recyclage, mais les faits sont têtus. Chaque nouvelle génération de téléphone mobile crée un appel d’air sur le marché et le nombre de téléphones en circulation augmente (vous connaissez d’ailleurs certainement, tout comme moi, des personnes ayant 2 ou 3 voir 4! appareils). Et puis lors du recyclage, il reste toujours une perte qui, même si petite à l’unité, cumulée sur des centaines de millions d’unités au niveau planétaire finit par représenter une charge environnementale très significative. Et encore, je ne vous parle même pas de l’énergie grise investie dans l’appareil, qui elle passe complétement à la trappe lors de la destruction de l’appareil.

Mais dans un cimetière de déchets électroniques cela devient ça !!!

Sur le plan moral, voir même juridique, on constate, pour rester simple, que le fabricant vend un produit en promettant une qualité (la performance de l’appareil vendu), tout en mettant en place un mécanisme à l’insu de l’utilisateur visant à s’assurer que la dite qualité pourra lui être enlevée dès que le fabricant le jugera favorable à la marche de ses affaires. Si un tel comportement ne relève pas de la tromperie, je me demande bien ce qui pourrait être considéré comme tel.

Il me semble que je les entend d’ici toutes ces voix grommellantes “ouais ouais bien sûr, mais il faut bien donner du travail aux gens …” argumentant donc que cette obsolescence programmée aurait des vertus sociales.

Je voudrais affirmer ici que le contraire est vrai. Sur le plan social également, l’obsolescence accélérée conduit à une obération du plus grand nombre. Si on en reste à l’exemple du téléphone mobile, on sait aujourd’hui que la part de main d’œuvre est presque insignifiante par rapport au prix de vente de l’objet. Ainsi le montant total reversé en salaire sera de toute façon très largement inférieur au prélèvement devenu, par acte de force, obligatoire dans le revenu disponible des ménages.

On peut aussi l’exprimer en rappelant le principe physique énonçant que toute machine physique possède obligatoirement une perte. Plus la machine réalise de cycle, plus il aura été nécessaire d’injecter d’énergie dans le système. Transposé dans le monde économique, cela signifie plus il y a de cycles réalisés, plus on épuise la planète au détriment des générations futures.

Finalement, cela reste très intuitif, plus les fabricants trouvent des “combinazione”, légales, morales, ou non, pour nous contraindre à l’acte de renouvellement de nos achats plus nous nous appauvrissons.

L’obsolescence programmée est donc un crime contre l’environnement et donc en fin de compte un crime contre l’humanité, une escroquerie patentée, mais aussi un acte profondément anti-social, car s’il touche toutes les catégories de consommateurs, c’est bien les plus défavorisés qui en souffrent le plus.

Laurent-David Jospin

¹ : site de férus d’informatique s’échangeant des informations que les constructeurs cherchent à dissimuler ou au minimum ne donnent pas publiques spontanément.