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La justice sociale l’exige, l’économie en profite, supprimons la TVA !!

L’année 2015 débute les chapeaux de roue tout au moins pour votre blogueur pourfendeur des comportements nuisibles à notre futur et plus encore celui de nos enfants.

Je vous avais annoncé une nouvelle importante, et bien la voici : j’ai été nommé coordinateur de la campagne romande pour l’initiative des Vert’libéraux ayant le titre exact “Remplacer la taxe sur la valeur ajoutée par une taxe sur l’énergie” mais que nous présentons “pour une fiscalité écologique à la place de la TVA”. Les deux désignations sont globalement bien exactes puisque le but de cette initiative vise à supprimer la TVA et la remplacer par un impôt  rapportant à la Confédération exactement le même montant total,  et donc coûtant également la même chose aux citoyens, frappant les énergies non renouvelables. En passant, je signale à ceux de mes lecteurs qui n’ont pas trouvé le post “cadeau” mais non notifié introduisant cette question qu’ils peuvent le trouver ici (ouverture dans un nouvel onglet) : http://www.famillejospin.ch/ouvrirlesyeux/?p=632.

Cette initiative vise, en premier lieu, à un progrès réel sur les plans de l’environnement, que cela soit la question climatique ou celle de la pollution, ainsi que celle  de la transition énergétique.  Mais aujourd’hui, étrangement je souhaite vous parler en premier lieu des aspects sociaux et économiques de cette initiative. En effet, pour être acceptable par le Souverain, il est indispensable que toute solution proposée au minimum ne perturbe pas trop les équilibres économiques de notre société et idéalement les améliore sur quelques aspects.

Or notre initiative, en plus de défendre l’environnement comme peut-être jamais aucune solution, tout au moins solution réaliste, ne l’a proposé jusqu’à ce jour,  corrige clairement des défauts important de nature fiscale ou bureaucratique et améliore tout autant clairement des aspects sociaux.

Parlons un peu de cette TVA que notre ministre des finances E. W.-S, a voulu présenter comme si indispensable à notre pays. Elle possède en réalité de nombreux défauts, à un point tel, qu’il y a depuis longtemps des professeurs d’économie qui proposaient de la supprimer purement et simplement.  Le défaut le plus connu, et faisant d’ailleurs l’objet de nombreuses études, tourne de son anti-progressivité : moins vous gagnez, plus vous payez proportionnellement de TVA. En effet, une personne aisée sur le plan financier et donc une certaine capacité d’épargne payera proportionnellement moins qu’une autre restreinte au niveau de ses revenus et devant dépenser jusqu’à son dernier franc pour assurer son minimum vital.

Il ne s’agit pourtant que d’un défaut de peu d’importance, quand on considère l’influence néfaste que cette taxe induit sur le travail. En effet, le principe de la TVA veut que l’on récupère la taxe payée sur les marchandises acquises à des tiers mais rien sur le travail produit en interne de l’entreprise. Dès lors, si vous considérez deux entreprises vendant toutes deux un bien x à un prix de vente de CHF 200.– TTC mais dont l’une importe le bien préfabriqué de l’étranger pour CHF 100.– TTC et l’autre le fabrique pour également CHF 100.– de coût de main d’œuvre interne, celle ayant délocalisé la fabrication paye seulement CHF 8.– de taxe (exemple valable pour la Suisse), alors que l’autre ayant assumé son rôle social CHF 16.– !! Cet exemple, certes très simplifié mais bien réel, démontre clairement l’effet très pernicieux de la TVA. Plus elle est élevée, plus elle pousse à délocaliser dans des pays à faible coût de la main d’œuvre. Globalement, on peut clairement parler d’incitation à l’irresponsabilité sociale.

Sur un plan plus subtil, on peut démontrer que la TVA représente également un frein important à l’innovation. Je ne voudrais pas développer tout le raisonnement ici, mais globalement le principe est le suivant : pour un assujetti X l’investissement dans une amélioration de ses processus ne se justifie que s’il génère un retour sur investissement supérieur au taux de TVA en vigueur. Or l’innovation se développe le plus fréquemment par petits pas apportant chacun un avantage modeste. Si vous découragez la réalisation de ces “petits pas”, c’est tout le chemin de l’innovation que vous barricadez. L’innovation de rupture existe, cela reste vrai, mais elle est rare et la plupart des grandes avancées se bâtissent  très progressivement. Ne croyez pas au hasard, si notre petit pays, avec un taux de  TVA encore modéré (8%), innove proportionnellement infiniment plus que nos grands voisins avec des taux très largement supérieurs (autours de 20%).

La charge administrative générée par les processus d’auto-taxation liés à la TVA ne relève pas du subtil! La grosse majorité des assujettis de type PME le savent bien intuitivement qu’ils perdent leur temps à s’occuper de cette paperasserie au lieu de faire prospérer leurs petites structure. Un rapport établi en 2013 par PWC – Price Waterhouse Cooper – (voir page 10 pt 1.3.2), sur demande la Confédération nous apprend que cette charge administrative coûte 1.8 milliard à l’économie annuellement.  Il s’agit d’un montant réellement considérable pour ne pas dire énorme. Supprimer cette bureaucratie insidieuse équivaudrait à réaliser proportionnellement le plus grand programme de relance économique mondial et ceci sans que cela coûte un seul centime au citoyen. Pour vous donner une simple idée, le programme de relance des USA de 2009 faisant suite à la crise de 2008, considéré par la majorité des auteurs comme le plus grand programme de relance économique de tout les temps, s’élevait à 789 milliards de $ US pour une population d’environ 310 millions d’habitants. Ce programme prévoyait donc un montant de relance par millions d’habitants d’environ 2.5 milliards. L’allégement bureaucratique induit par notre initiative correspond à 0,225 milliards par million d’habitants. Oui, mais voilà cette somme se répète année après année à la différence du programme américain qui était à versement unique. Capitalisé à 5%, cela équivaut à un programme total de relance de 4.5 milliards par millions d’habitant, ceci sans même prendre en compte que les 789 milliards dont on parle sont allé s’ajouter au fardeau de la dette US tandis qu’encore une fois notre solution ne coûte pas un centime de plus aux citoyens!!

On peut enfin rappeler que plus le taux de TVA s’élève plus la part d’économie souterraine grandit. Un économiste me disait “pour chaque point en dessus de 10% jusqu’à 3% de black en plus“. Cela semble assez cohérent avec ce qui est vécu en Italie, Espagne ou sud de la France dont on estime la part de transactions non déclarées à 30% pour des taux de TVA de l’ordre de 20%

En bref, la TVA s’oppose à la justice fiscale en frappant davantage les revenus faibles, affaiblit la cohésion sociale en favorisant ceux qui délocalisent la part de travail, alourdit gravement la bureaucratie de notre pays, et enfin freine sournoisement l’innovation. Le discours comme quoi la TVA serait l’impôt indispensable et idéal ne tient tout simplement pas la route.

On peut maintenant légitimement se poser la question si notre initiative réalise un meilleur score que la TVA sur ces aspects. J’affirme sans la moindre hésitation que tel est bien le cas et d’une manière telle que cela ne souffre aucune discussion.

Sur le plan de la justice fiscale, point de miracle, notre solution frappe également proportionnellement plus les petits revenus puisqu’il s’agit d’une taxe sur la consommation, ciblée sur les énergies fossiles dans le cas d’espèce, mais sur la consommation tout de même. Toutefois, grande différence avec la TVA, le citoyen possède la possibilité de moduler sa taxation en fonction de son comportement, ce qui reste totalement exclus dans le cas de la TVA. Ainsi les études économiques ont montré que la famille type helvétique selon sa classe de revenu payait grosso modo la même chose avec notre solution en lieu et place de la TVA à +/-5%, mais qu’elle possédait un pouvoir de variabilité pouvant monter facilement +/-15% en fonction de ses choix. Concrètement, cela signifie que notre initiative corrige quelque peu l’anti-progressivité d’une taxe sur la consommation en offrant au citoyen-payeur une récompense directe s’il opte pour des comportements durables.

En ce qui concerne la cohésion sociale, on oubliera la photo-finish car faire disparaître une aussi forte incitation à délocaliser, ne peut qu’aller dans le bon sens!

Pour la question de la lourdeur bureaucratique, taxer les énergies fossiles se révèle sans commune mesure plus simple que toute l’incroyable machinerie liée à la TVA. Il suffit en effet de taxer les 4 vecteurs principaux, soit  pétrole et dérivés, gaz, uranium et enfin dans une moindre mesure pour notre pays charbon, lors du passage en douane. Cette opération ne nécessite aucun fonctionnaire supplémentaire puisque l’appareil douanier est déjà en place. La partie essentielle de la réponse a déjà été donnée quelques paragraphes plus haut. Nous trouvons face à une chance unique de revitaliser notre économie sans charger le bateau de la dette. On relèvera les études récentes du SECO s’inquiétant de la faible productivité suisse, ou d’un pays devenu presque mono-produit de la part croissante contributive au PIB des pharmas, ou encore de se préparer à une baisse de notre niveau de vie suite à la diminution prévisible et importante de la place financière helvétique. Ne pas profiter d’une telle opportunité relèverait donc de l’aveuglement le plus total et ceci que l’on soit sympathisant de gauche ou de droite.

En complément de ce qui vient d’être dit, on peut souligner encore que la mise en place d’un tel mécanisme encouragera inévitablement nos PME à innover dans le secteur dit des “cleantech”. Notre pays regorge de compétences et savoir-faire, qui permettront à nos entreprises d’exporter des solutions innovantes et donc de générer des profits sur des secteurs d’avenir.

Si vous avez écouté soigneusement le discours de notre Conseillère Fédérale E. W.-S, elle nous annonce une autre fiscalité écologie avec des taxes en plus,  bien sûr sans suppression d’aucun autre impôt, et avec une redistribution via le principe de l’arrosoir. La conséquence se voit déjà, un alourdissement de la bureaucratie complété par une solution totalement inopérante et demandant donc à être révisé vers le haut plusieurs fois. Il faut le dire clairement, seule la solution des Vert’libéraux permet d’atteindre réellement les buts recherchés au niveau environnemental sans alourdir encore notre appareil bureaucratique ou notre fiscalité.

Mon discours semble très affirmatif, mais voyez-vous, nous ne sommes pas seul à le dire, car le FMI – Fond Monétaire International – dans une étude publiée en juillet 2014 dit exactement cela : la seule et unique solution pour réaliser la nécessaire transition énergétique consiste à supprimer des taxes existantes et à en transférer le montant équivalent sur des aspects environnementaux dont notamment le CO2 (voir réf. ci-dessous).

Le plus souvent, et au minimum dans une optique de court-terme, les besoins de l’économie et ceux de la solidarité sociale s’opposent. Alors pour une fois, une fois exceptionnelle où une solution répondant aux attentes des uns et des autres se présente à nous, disons oui d’une seule voix à l’initiative des Vert’libéraux pour supprimer la TVA et la remplacer par une taxe sur les énergies non renouvelables.

Le 8 mars votons oui à l’investissons “Remplacer la taxe sur la valeur ajoutée par une taxe sur l’énergie“, et corrigeons des injustices fiscales, mettons un frein clair à une bureaucratie galopante, favorisons la compétitivité de nos entreprises, tout en protégeant l’environnement d’une manière incomparable !!

Laurent-David JOSPIN

Sources:
Wikipédia, Plan de relance économique des États-Unis de 2009, http://fr.wikipedia.org/wiki/Plan_de_relance_%C3%A9conomique_des_%C3%89tats-Unis_de_2009
PWC. Messung der Regulierungskosten im Bereich Steuern, 26 Septembre 2013
Fond Monétaire International, Getting Energy Prices Right: From Principles to Practice, Juillet 2014

ECOPOP ou la tentation de la fausse bonne solution

Récemment, j’ai eu l’occasion de participer comme orateur à des débats sur l’initiative connue sous le nom Ecopop, dont le titre complet réel est “Halte à la surpopulation – oui à la préservation durable des ressources naturelles“.

La dernière présentation dans le cadre du parti vert’libéral neuchâtelois était particulière à plus d’un titre. En premier lieu, car si je défendais la position de notre comité directeur national, pour cette fois exceptionnellement la responsabilité de présenter les arguments des initiants m’incombait également. Et d’une manière générale, même si je n’adhère pas du tout à la solution préconisée, il n’en reste que sur le constat de base posé par les initiants, je ne puis qu’admettre la pertinence des craintes soulevées.

L’exercice de vous faire revivre dans un post écrit une conférence pensée oralement accompagnée d’une présentation constituée essentiellement d’animation relève clairement de la gageure. Toutefois, en simplifiant la présentation et en restant à un niveau relativement superficiel du discours, j’espère pouvoir vous donner un aperçu satisfaisant. Donc, en clair vous ne voyez ici pas toutes les diapos, ni n’avez le discours complet, mais juste une sélection espérée la plus pertinente possible. Le texte lié à chaque image se trouve en dessous.

Sans exagérer dans l’auto-encensement , il me semblait pertinent de relever que j’ai une bonne légitimité à traiter ce sujet. Ma responsabilité de  co-dirigeant du groupe de travail sur la thématique “croissance économique infinie dans un monde fini”, ainsi que la très longue séance d’échanges à Zürich avec Monsieur Benno Büeler membre influent du comité d’initiative ont notamment contribué à me faire étudier le sujet comme très peu l’ont fait.

Voici l’image choc utilisée par ECOPOP pour soutenir leur argumentation, une pauvre petite planète écrasée par une empreinte environnementale humaine (footprint en anglais) visiblement très, voir trop, lourde.

Ce strip résume un des credo de l’association Ecopop : parler de contrôle de la population humaine est tabou et n’entre donc pas en ligne de compte. On peut d’ailleurs relever que le nom même de l’association ne dit pas autre chose, puisqu’il s’agit de la contraction d’écologie et population.

Voilà ce fameux texte d’initiative. Lors de la présentation orale,  je ne me gêne pas pour souligner ma déception de voir les initiants attaqués par des faux arguments. Je sais bien qu’en politique la forme l’emporte souvent sur le fond, mais c’est un jeu à double tranchant, car si la population s’en rend compte, alors l’entier de votre message est entièrement décrédibilisé. On pense ici essentiellement à la polémique liée à la partie de l’initiative voulant mettre à disposition des solutions de planning familial à ceux qui sont demandeurs et ne disposent pas d’un accès satisfaisant à de telles solutions.

Voici les arguments les plus volontiers mis en avant par le comité d’initiative. Il s’agit manifestement d’arguments vendeurs et qui vont toucher Madame et Monsieur tout le monde lorsqu’il n’y a plus de place assise dans le train, ou que l’on trouve pas de logement satisfaisant, ou qu’il n’y a plus de place dans les crèches, …. On peut relever que certains de ces arguments ont un caractère légèrement subjectif comme par ex. au sujet de la croissance de la population mondiale : est-il vraiment intrinsèquement mal que la population mondiale ait augmenté et ne devrait-on pas plutôt se réjouir de la baisse de la mortalité infantile et la prolongation de l’espérance de vie …

Cette série d’arguments, beaucoup plus pertinents de mon point de vue, apparaissent moins dans la propagande d’Ecopop. Scientifiquement parlant, on peut presque parler d’arguments “coup de poing”, mais manifestement ils restent moins accessibles au public. En conférence, je les détaille et explique un peu plus en fonction du type d’audience. Certains points pourraient faire l’objet d’un post spécifique à futur dans ce blog.  Mon affirmation comme quoi le constat posé me convainc se rapporte clairement à ce volet de la réflexion scientifique qui se cache derrière l’initiative Ecopop.

Pour introduire, la réflexion nous occupant principalement revenons-en à la base de la problématique. L’initiative rentre clairement en tension avec un concept omniprésent dans les paysages politiques et économiques de notre temps, soit cette fameuse croissance objet de tout les phantasmes et autres désirs inavouables. Il me semble difficile de trouver un exemplaire quotidien d’un grand média national dans lequel le concept n’est pas utilisé plus qu’une fois dans un article ou l’autre.

Oui, quand on parle de croissance, on parle en fait directement de nos équilibres sociétaux ou autrement dit de notre filet social, car tel qu’il est conçu actuellement, il ne peut être assumé que grâce à une croissance, et même une croissance relativement forte.

Autrement exprimé, on peut considérer que croissance signifie paix sociale. Le vrai problème tourne autours de notre dépendance à cette croissance. En pratique, une absence de croissance ou même une croissance modeste conduisent directement à une hausse du chômage et autres problèmes sociaux. Si l’on compare notre société au sens large à une PME quelconque, presque personne ne contestera que si celle-ci dépend impérativement d’une hausse continue de son chiffre d’affaire pour éviter de faire faillite, il s’agit manifestement d’une fuite en avant.

Partant de là, je vous  propose de nous intéresser à la réflexion mathématique sous-jacente à la vision de l’association Ecopop. Lorsque nous avions rencontré M. Benno Büeler avec notre groupe de travail Croissance, il avait bâti la majeure partie de sa réflexion sur la fameuse formule I=PAT connue depuis les années 70.  Cette formule décrit en terme généraux l’impact de l’humanité I sur l’environnement égal à un multiplication de 3 facteurs dont P pour la population, A affluence en langue anglaise soit plus ou moins le niveau de vie ou de consommation, et enfin T pour la technologie soit le niveau d’extraction ou sollicitation des ressources primaires par unité de richesse. Cette équation n’est pas contestable en elle-même, mais dis crûment on peut considérer qu’elle ne sert à rien car beaucoup trop synthétique pour générer des résultats exploitables.
L’équation présentée sous la ligne inférieure a déjà été traitée dans ce blog, il s’agit de la fameuse équation de M. Yoishi Kaya (voir Une équation prédit l’enfer sur terre, voulez-vous jeter un coup d’oeil? (série à suivre)). Paradoxalement, on peut admettre que celle-ci est un cas particulier de I=PAT. Dans I=PAT, le I est tellement vaste et recouvre des notions tellement complexes d’une part, et le facteur T tellement abstrait qu’il se révèle impossible de bâtir un raisonnement permettant de manière claire savoir simplement quoi faire avec des deux paramètres.  Et forcément dès lors, on arrive à une conclusion biaisée énonçant que la seule possibilité nous restant consiste à travailler sur la quantité de population.

Si l’on reprend le message d’Ecopop un peu plus en détail dans le cas concret examiné soit les émissions de CO2 et donc le réchauffement climatique, on découvre que les initiants posent le constat suivant dans l’optique d’une recherche de solution à ce problème existentiel :
– le passage aux renouvelables est un échec car il y a trop de freins variés,
– l’efficience énergétique est un leurre car la combinaison de l’accroissement du niveau + population conduit à ce que les maigres gains d’efficience sont plus que perdus au final,
– enfin il est observé que vouloir réduire le niveau de vie moyen est illusoire, et qu’au contraire on peut s’attendre à une hausse généralisée, car des populations entières de la planète n’aspirent qu’à une seule chose, soit nous rattraper sur ce plan également.

L’analyse d’Ecopop est partiellement correcte sur les facteurs Etot/PIB et PIB/POP, mais complètement fausse sur la considération du facteur POP. En effet, il est maintenant clair que si nous voulons sauver le climat de la planète, une réduction même importante des émissions de CO2 ne suffira pas. Un seul objectif s’impose maintenant à nous, soit le zéro émission! (à noter : le dernier rapport du GIEC paru le dimanche 2.11.2014 ne dit pas autre chose!) Dès lors imaginer pouvoir travailler avec le facteur POP signifierait en pratique la disparition de la race humaine, perspective peu réjouissante s’il en est!

Non, la solution se cache dans le facteur CO2/Etot et notre véritable objectif est bien de passer au 100% renouvelable le plus vite qu’il sera possible. On relèvera que les vert’libéraux sont le seul parti proposant une solution concrète et réaliste à ce  challenge au travers de notre initiative TE-TVA.

En trois diapos, j’aimerais rendre cette question la plus visuelle possible. Aujourd’hui notre économie fonctionne, majoritairement, sur le mode “je puise dans une ressource (le seau dans l’image) pour consommer respectivement faire fonctionner l’économie et je jette”. Quelques fois, une subtilité se glisse dans le raisonnement, comme par exemple lorsqu’on réutilise les cornets plastiques jetables des grandes surfaces pour alimenter des chauffages à distance. Il n’en reste que cela ne change rien au final, une ressource est consommée et définitivement perdue au bout de la chaine.

Il n’y pas besoin d’être grand druide aurait dit Astérix, pour comprendre que, tôt ou tard, la ressource aura tari. En conférence, je me permet quelques commentaires sur la signification de la présence des mouches au-dessus du seau, mais là je laisse tout cela à votre imagination.

Visuellement, quelque soit la ressource considérée, nous devons organiser le fonctionnement de notre société pour atteindre un mode circulaire dans laquelle la ressource retourne au stock initial. Dans le cas du CO2, cela signifie simplement passer au tout renouvelable. Le même raison peut et doit être posé pour toutes les ressources considérées.

Un peu contraint et forcé, je résume, à l’attention des assemblées, m’ayant sollicité quelques arguments clefs de nature nettement plus politique. Ces arguments ne sont certes pas faux en soit, mais je ne puis m’empêcher de les trouver un peu courts, quand sur l’autre plateau de la balance on considère un risque environnemental majeur pour la planète entière.

Toutefois, je ne me prive pas d’insister sur l’importance de réellement et rapidement mettre en place un mode de fonctionnement permettant d’adresser les problèmes soulevés par les initiants.

La situation montrée par les initiants, et manifestement gravement obérée, met en danger nos sociétés voir peut-être pire encore. Toutefois, la solution proposée se révèle illusoire car toute baisse de la population serait premièrement insuffisante pour obtenir le moindre résultat positif, mais aussi automatiquement compensée par une hausse de la consommation un peu à la manière de l’effet rebond que je décrivais mes posts sur l’équation de Kaya.
Le mécanisme sous-jacent à TE-TVA représente la vraie lumière au bout du tunnel. Ce mécanisme peut et doit s’imposer progressivement pour toutes les ressources non renouvelables que nous souhaitons exploiter, que cela soit le climat, les stocks de poissons dans les océans, la pureté de l’air que nous respirons, …

En espérant vous avoir apporté une contribution utile, et bien évidemment en restant très volontiers à votre disposition pour poursuivre le débat.

Arrivé à la fin de cette rédaction, en la faisant relire par des proches n’ayant assisté à aucune de mes prestations “live”, je suis rendu compte de la difficulté de trouver le niveau de détail juste pour une version écrite. Face à une assemblée, le conférencier voit les visages interrogatifs, souriants, dubitatifs, s’endormant, passionnés … On peut facilement s’adapter, rentrer dans des explications plus détaillées pour éclairer un point ou l’autre, ou au contraire accélérer si tout semble trop facile pour l’auditoire. Ici le statique impose sa loi, alors surtout n’hésitez pas à prendre contact pour débattre de tout aspect le méritant.

Laurent-David Jospin

L’obsolescence programmée entre escroquerie et crime contre l’humanité

Récemment, mon fils ainé a partagé avec moi des informations circulants sur des sites spécialisés informatiques, pour les intimes site de geek¹. Or voici, il semblerait qu’une marque de téléphonie mobile se prétendant très fruitée aurait intégré des mécanismes visant à diminuer les performances de la génération précédente ( génération n) en place dans le marché, quand la génération suivante (ou n+1) était mise en vente.

Techniquement parlant, il n’y a aucune difficulté majeure à réaliser un tel tour de passe de passe. Par contre,  bien évidemment sur les plans environnementaux et moraux, il en va tout autrement.

Peut-être qu’il y a un tiroir chez vous avec cet aspect ?

Pour l’aspect environnemental, on peut tergiverser en long et en large en argumentant sur le recyclage, mais les faits sont têtus. Chaque nouvelle génération de téléphone mobile crée un appel d’air sur le marché et le nombre de téléphones en circulation augmente (vous connaissez d’ailleurs certainement, tout comme moi, des personnes ayant 2 ou 3 voir 4! appareils). Et puis lors du recyclage, il reste toujours une perte qui, même si petite à l’unité, cumulée sur des centaines de millions d’unités au niveau planétaire finit par représenter une charge environnementale très significative. Et encore, je ne vous parle même pas de l’énergie grise investie dans l’appareil, qui elle passe complétement à la trappe lors de la destruction de l’appareil.

Mais dans un cimetière de déchets électroniques cela devient ça !!!

Sur le plan moral, voir même juridique, on constate, pour rester simple, que le fabricant vend un produit en promettant une qualité (la performance de l’appareil vendu), tout en mettant en place un mécanisme à l’insu de l’utilisateur visant à s’assurer que la dite qualité pourra lui être enlevée dès que le fabricant le jugera favorable à la marche de ses affaires. Si un tel comportement ne relève pas de la tromperie, je me demande bien ce qui pourrait être considéré comme tel.

Il me semble que je les entend d’ici toutes ces voix grommellantes “ouais ouais bien sûr, mais il faut bien donner du travail aux gens …” argumentant donc que cette obsolescence programmée aurait des vertus sociales.

Je voudrais affirmer ici que le contraire est vrai. Sur le plan social également, l’obsolescence accélérée conduit à une obération du plus grand nombre. Si on en reste à l’exemple du téléphone mobile, on sait aujourd’hui que la part de main d’œuvre est presque insignifiante par rapport au prix de vente de l’objet. Ainsi le montant total reversé en salaire sera de toute façon très largement inférieur au prélèvement devenu, par acte de force, obligatoire dans le revenu disponible des ménages.

On peut aussi l’exprimer en rappelant le principe physique énonçant que toute machine physique possède obligatoirement une perte. Plus la machine réalise de cycle, plus il aura été nécessaire d’injecter d’énergie dans le système. Transposé dans le monde économique, cela signifie plus il y a de cycles réalisés, plus on épuise la planète au détriment des générations futures.

Finalement, cela reste très intuitif, plus les fabricants trouvent des “combinazione”, légales, morales, ou non, pour nous contraindre à l’acte de renouvellement de nos achats plus nous nous appauvrissons.

L’obsolescence programmée est donc un crime contre l’environnement et donc en fin de compte un crime contre l’humanité, une escroquerie patentée, mais aussi un acte profondément anti-social, car s’il touche toutes les catégories de consommateurs, c’est bien les plus défavorisés qui en souffrent le plus.

Laurent-David Jospin

¹ : site de férus d’informatique s’échangeant des informations que les constructeurs cherchent à dissimuler ou au minimum ne donnent pas publiques spontanément.

Quand le mieux est l’ennemi du bien, ou les relations inattendues entre la méthanisation et la biodiversité

La perte de bio-diversité des prairies de nos enfances (voir le post du 11.8.2013  Le coût de la perte de bio-diversité ) puise principalement sa cause dans le sur-engraissement des terres agricoles, lui-même généré par la quantité disproportionnée de bétails dans nos fermes. Le cycle et son déséquilibre peuvent se résumer en :
– nos terres ne sont pas suffisantes pour nourrir notre bétail,
– nous importons des fourrages et autres aliments (comme du soja du Brésil par ex.) pour réussir à alimenter en quantité suffisantes les animaux,
– en retour ceux-ci nous gratifient de plus de déjections que nos terres devraient normalement recevoir dans un cycle équilibré,
– et au final ne survivent plus que quelques espèces de plantes adaptées à de telles conditions.

Sur ce, avec ma biologiste préférée nous avons imaginé une solution simple et pragmatique en combinant nos compétences respectives. L’idée consisterait à récupérer un maximum possible de cette production, l’introduire dans une fosse de méthanisation, récupérer en sortie d’une part le biogaz et le digestat, bien évidemment il ne faut surtout pas épandre ce dernier car sinon le problème redevient le même, mais le sécher naturellement dans un four solaire et pouvoir ainsi le conditionner de façon à pouvoir l’exporter dans des zones de la planète nécessitants un tel apport de nutriments pour l’agriculture.

Concrètement, nous proposons une solution sous la  forme d’une “cuve” réalisée avec une matière très comparable à un liner de piscine le tout connecté à un générateur (ou plusieurs selon les cas) ressemblant à s’y méprendre à ceux que l’on peut acquérir dans les brico-centres mais acceptant un mélange méthane / CO2 variable donc typiquement du bio-gaz. On parle ici de puissances relativement faibles pour du biogaz, de l’ordre de 50 à 100 kW.

Si l’on détaille les caractéristiques de base de la proposition, on découvre des coûts d’investissement très bas car la solution est maintenue intentionnellement la plus simple possible, un prix de revient complet des kWh raisonnable de moins de 15 cts, une hygiénisiation de la masse fournie (partielle, il est vrai), et la création d’un digestat pouvant être caractérisé d’engrais directement épandable (ce que nous ne souhaitons surtout pas localement dans le cas d’espèce). Avec cette solution, et selon les exploitations considérées, on peut soustraire jusqu’à 50% du sur-engraissement des pâturages du domaine. Comme il s’agit bien d’une installation allégée de tout superflu, elle se limite au traitement de la bio-masse générée par le domaine lui-même. On évite ainsi également une valse pénible de camions devenant amener de loin à la ronde des matières destinées à alimenter un digesteur de taille industrielle.

Génial, allez-vous me dire, faisons le de suite. Et bien, c’est là qu’il y a “une bulle dans le gaz” selon l’expression consacrée d’un de mes anciens professeurs de mathématique, car voyez-vous c’est INTERDIT¹ !

En premier lieu, le législateur vous dira qu’un système aussi simple ne garantit pas que du méthane produit ne finisse pas dans l’atmosphère. C’est parfaitement exact puisqu’il est équipé d’une simple valve de surpression pour éviter tout risque d’explosion. Toutefois, et c’est bien là le coté absurde de la chose, lorsque les déjections du bétail sont simplement épandues, le méthane en question finit intégralement dans l’atmosphère et personne n’y trouve rien à redire. On sait d’ailleurs que la production très importante de viande contribue de manière sensible au réchauffement climatique.

Ensuite, vous entendrez qu’un tel système possède un rendement insuffisant, car il manque la partie valorisation de la chaleur produite dans le générateur. Peu importe qu’il utilise une source fossile ou renouvelable, la loi assimile un générateur électrique fonctionnant sur le principe du moteur à explosion à un couple chaleur-force et exige la valorisation du sous-produit chaleur dès lors que la puissance dépasse une valeur à peine supérieure au générateur du brico-centre (soit environ 2 kW). Dans le cas, d’une source fossile une telle exigence relève de la pure logique, car ainsi on évite le gaspillage pour protéger l’environnement. Par contre, dans la variante proposée ici, on obtient exactement l’inverse de l’effet recherché. En interdisant de facto de bruler le méthane pour faire de l’électricité, on garantit donc que celui-ci finira dans l’atmosphère et qu’il contribuera au réchauffement climatique jusqu’à 50* plus que le CO2 généré lors de la combustion du dit biogaz (voir post Gaz de schiste et ça continue… paragraphe bon pour le réchauffement climatique?).

Sur la question de la perte de bio-diversité découlant en cascade de ce sur-engraissement, on doit rappeler son importance y compris pour l’économie agricole. Une riche bio-diversité assure une régulation naturelle des rongeurs et autres ravageurs, une meilleure pollinisation par les insectes, un processus plus efficace de formation des sols fertiles (humus et phénomènes associés), ainsi qu’une réduction de l’érosion des mêmes sols.

Nous constatons donc que des lois destinées à protéger l’environnement ne prévoyaient pas le présent cas de figure et conduisent à un résultat déplorable manifestement contraire aux intentions du législateur.

Lorsque les lois et autres règlements administratifs ci-dessus ont été édictés, le concept même de la méthanisation ou biogaz en mode individuel ne circulait que dans quelques cercles d’initiés assez avant-gardistes. Il ne semble donc pas que l’on puisse reprocher ici cette erreur maintenant devenue évidente. Pour ma part, je ne me permettrais pas de critiquer ceux qui étaient à l’origine de ces lois, ils devaient  certainement sincèrement penser bien faire. Par contre, on ne pourrait tolérer qu’elles ne puissent pas être corrigées rapidement et sans lourdeur excessive.

Mes premières démarches avec diverses administrations ne laissent malheureusement pas entrevoir une ouverture telle que nous pourrions la souhaiter. La meilleure réponse entendue à ce jour correspond plus ou moins à du “évidemment, vous avez parfaitement raison et c’est hautement regrettable, mais la loi étant ce qu’elle est …“.

Le mot regrettable ne correspond pas précisément aux qualificatifs dont j’aimerais faire usage devant une telle situation kafkaïenne. La maison des fous d’Astérix, vous connaissez?

Notre situation environnementale s’est à ce point péjorée que nous ne pouvons plus nous permettre de tel errements. Ceux qui me connaissent un peu plus personnellement savent que je ne suis pas homme à me laisser abattre trop facilement. Une image valant mieux que milles mots, je vous résume mon état d’esprit ainsi :

Avec divers intéressés, nous nous attelons à une réflexion sur la méthode la plus efficace (surtout la plus rapide) pour adapter le cadre juridico-administratif nous créant ce problème absurde. Il va de soit que toute bonne idée de mes chers lecteurs sera saluée comme il se doit!

Laurent-David JOSPIN

note(s) ¹ : pour rappel, les informations présentées ici sont valides pour la Suisse et à la date de rédaction du Post. Toutefois, et selon les informations en ma possession, des problèmes assez similaires existent dans la plupart des pays européens.

PS : encore désolé pour le faux-départ de ce message, on espère que vous aurez été satisfaits par un texte à la hauteur de votre attente.

Quand le mieux est l’ennemi du bien, ou les relations inattendues entre la méthanisation et la biodiversité

 

Un bonjour gêné à mes chers lecteurs, l’annonce de la publication est prématurée. Le Post est en cours de rédaction et devrait être disponible vers le milieu de la semaine prochaine.

Rédigeant en écoutant un concert en duo de James Brown et Luciano Pavaroti (si,si…), l’enthousiasme a peut-être tourné la tête de ma souris, sinon je reste perplexe et sans autre explication à vous fournir.

La perte de bio-diversité des prairies de nos enfances (voir le post du …) puise principalement sa cause dans le sur-engraissement généré par la quantité disproportionnée de bétails dans nos exploitations agricoles. Le cycle et son déséquilibre peuvent se résumer en :
– nos terres ne sont pas suffisantes pour nourrir notre bétails,
– nous importons des fourrages et autres aliments (comme du soja du Brésil par ex.) pour réussir à alimenter en quantité suffisantes les animaux,
– en retour ceux-ci nous gratifient de plus de déjections que nos terres devraient normalement recevoir dans un cycle équilibré,
– et au final ne survivent plus que quelques espèces de plantes adaptées à de telles conditions.

…………………………….. suite prochainement, encore désolé

 

Un premier pas lucide et courageux qui en appelle d’autres

Ce dimanche, le peuple neuchâtelois a renvoyé les autoproclamés éolo-sceptiques à leurs études. Le score ne souffre aucune discussion et il me plaît de rappeler qu’en 2010 déjà des états généraux de l’énergie avaient été initiés par le Conseiller d’Etat alors en fonction.

En page 28 du document intitulé “opinion des Neuchâtelois sur les questions énergétiques“, on découvrait que 64% des sondés souhaitaient que l’on développe “beaucoup”, selon les termes du sondage, l’énergie éolienne.

 

Ne trouvez-vous pas cela vraiment étonnamment proche des 65% d’acceptation du contre-projet du Grand Conseil atteints ce dimanche?

Il n’y a pas de hasard ici la population neuchâteloise appelle de ses vœux une sortie ordonnée des énergies fossiles, nucléaires compris, et est prête, de manière tout à fait consciente, à mettre en œuvre une politique permettant la concrétisation de ce but. Si on devait exprimer un regret aujourd’hui, c’est bien pour ces 4 années perdues (2014-2010) à confirmer quelque chose que l’on savait donc déjà politiquement parlant, et que, sur le plan scientifique, on sait être dramatiquement urgent.

Aujourd’hui ce premier pas se mesure à l’étalon d’un pourcentage un peu abstrait soit les 20% de production indigène potentiellement atteignables grâce aux parcs prévus.

Ne réfléchissez pas plus longtemps pour le second pas, vous le lisez dans la même page 28 du sondage ci-dessus. En premier choix, les neuchâtelois à 79% plébiscitaient l’énergie solaire comme source prioritaire d’énergie renouvelable.

Nous devons maintenant cesser de tergiverser et le plus vite possible lever une bonne fois pour toutes les obstacles artificiels mis en travers de l’énergie solaire par des défenseurs auto-proclamés du patrimoine qui sont en réalité surtout des fossoyeurs de notre environnement et de celui de nos descendants.

Avec le solaire libéré, nous pouvons avancer de 30% supplémentaires. Les deux pas mis bout à bout, nous aurons donc déjà fait la moitié du chemin. Pour ma part je préférerai voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide, en conservant bien sûr la ferme volonté de finir de le remplir avec les très nombreuses sources d’énergies vertes à notre disposition.

Laurent-David JOSPIN

Sources :
Rapport M.I.S. Trend, novembre 2010, “opinion des Neuchâtelois sur les questions énergétiques
©AFP / 13 avril 2014, “Climat: urgence à agir pour tenir le cap des 2°C, l’énergie au coeur du défi

Fermer la porte de l’éolien ouvre celle du gaz de schiste!

Plusieurs de mes connaissances se sont étonnées du fait que je m’engage pour la votation liée à la question éolienne agitant le lanterneau politique neuchâtelois. Plusieurs fois l’on m’a interpellé en exprimant une incompréhension globalement résumable en “pourquoi un vendeur de solaire voudrait favoriser une énergie concurrente?

Il s’agit d’une erreur essentielle que je souhaiterais corriger ici. Le solaire, l’éolien, le biogaz, les autres formes de biomasse, la géothermie quand elle est faisable sans risque, l’hydraulique sous toutes ses formes, ne sont pas, au grand jamais, des énergies concurrentes mais des partenaires se complétant et se renforçant les uns les autres.

Le solaire présente un cycle jour-nuit évident, dont beaucoup oublient qu’il colle assez bien au cycle de l’activité humaine et donc aux besoins en énergie. L’éolien offre fréquemment des puissantes productions en période de mauvais temps. La biomasse et l’hydraulique ne sont ni plus moins que nos batteries permettant le lissage des productions intermittentes. Et ainsi de suite, dès lors n’opposez pas des frères et sœurs ne souhaitant qu’une seule chose collaborer!

Peu de gens le savent, mais une combinaison photovoltaïque + éolien permet de produire de l’énergie pendant presque 90% du temps.

Pour l’exprimer autrement vouloir couvrir l’intégralité de nos besoins avec une seule source d’énergie renouvelable relève de l’impossible car la gestion de l’intermittence devient insoluble. Atteindre le même objectif avec deux sources différente au lieu d’une reste difficile et coûteux, mais peut s’envisager. Lorsqu’on passe à trois ou encore mieux quatre, les renouvelables s’intègrent en un tout cohérent sans difficulté supplémentaire, car rappelons-le, même le nucléaire pose de grandes difficultés pour gérer les variations de demande du réseau.

Mon engagement auprès du comité pro-éolien relève donc de la simple cohérence.

Une plongée dans la campagne liée à cette votation ne parle pas franchement en faveur du genre humain entre la désinformation, les mensonges et les insultes très largement en-dessous de la ceinture. Il m’est apparu souhaitable d’essayer de recadrer le débat et j’ai donc essayé de collecter l’ensemble des contre-vérités en circulation et d’offrir à chaque point la base de réponse permettant de s’y retrouver.

Le lien sur le résultat est à la fin de l’article, à diffuser le plus généreusement possible, merci d’avance.

Je trouve par contre important de souligner encore une fois ce que j’expliquais au journaliste du Temps à la fin de la conférence de presse: “fermer la porte de l’éolien ouvre celle des gaz de schiste“.

Notre économie, notre mode de vie, et enfin l’ensemble des prestations sociales offertes à la population exigent tous de l’énergie! Nous avons besoin des 20% que l’éolien peut nous offrir. Faire l’impasse ici nous conduira tout droit dans une situation d’urgence dans quelques années et l’autoroute du gaz schiste aura été soigneusement balayée avec toutes les conséquences désastreuses à la clefs déjà décrites dans ces pages.

En parallèle à ceci, il se rajoute un puissant malaise sur l’honnêteté des défenseurs de l’initiative “avenir des crêtes” lorsqu’ils affirment qu’il faut privilégier l’énergie solaire, car voyez-vous plusieurs de ces personnes appartiennent au groupe qui fait des pieds et des mains pour retarder mes projets de centrales photovoltaïques à La Chaux-de-Fonds.

Oui, la population doit savoir que l’éolien et le solaire ne s’opposent pas mais se renforcent, et que les affirmations contraires de nos adversaires relèvent de la même logique égoïste, court-termiste et mensongère nous amenant tout droit vers l’enfer. Il vous suffit de prendre connaissance des communiqués du GIEC sortant au moment même où j’écris ces lignes!

Laurent-David Jospin

Liens et sources :
Journal Le Temps, Pierre-Emmanuel Buss, “La centrale à gaz de Cornaux, un projet mort-né
Argumentaire rectificatif sur les contre-vérités en circulation: http://www.famillejospin.ch/ouvrirlesyeux/images/rectificatif%20pro%20%c3%a9olien%20.pdf
Site de l’association de défense du contre-projet du Conseil d’Etat: www.eole-ne.ch
Agence France Presse, communiqué du GIEC, “Climat: urgence à agir pour tenir le cap des 2°C, l’énergie au coeur du défi
Posts sur le gaz de schiste et leurs sources propres: http://www.famillejospin.ch/ouvrirlesyeux/?p=109, http://www.famillejospin.ch/ouvrirlesyeux/?p=93,

Je déteste que l’on change les règles au cours du jeu mais …

… Pour cette fois exceptionnellement, ma conviction me pousse à dire haut et fort que cela était justifié. La Suisse vient de se faire condamner à Strasbourg devant la CEDH (Cours Européenne des Droits de l’Homme) pour une triste histoire liée à l’amiante.

Bien évidemment, le fait que mon pays se fasse condamner ne m’enchante guère, mais néanmoins la décision des Juges de Strasbourg est manifestement emprise d’un sens la vraie justice.

En droit, il existe une notion de prescription pour permettre à un éventuel auteur d’une infraction d’échapper à toute sanction s’il n’est pas poursuivi dans un délai donné propre à chaque infraction. Il ne s’agit pas ici d’un “cadeau” que l’on fait au criminel mais d’un mécanisme mis en place pour permettre à notre société de fonctionner le mieux, ou le moins mal possible selon votre ressenti, et ne pas être perturbée en permanence par des histoires surgissant d’un trop lointain passé.

L’idée sous-jacente de ne pas poursuivre des actes n’ayant plus aucune incidence sur la vie actuelle détermine directement la durée de la prescription. Un crime d’une portée sans limite au regard de la durée d’une vie humaine devient donc logiquement imprescriptible, On pense ici tout de suite aux génocides et autres crimes contre l’humanité.

Dans le cas de l’amiante, la durée de la prescription en droit suisse est, pour l’instant, de 10 ans. Or voilà l’intervalle de temps entre l’atteinte à la personne (crime) et l’apparition des symptômes ne relève d’aucune logique simple mais peut atteindre des délais de plusieurs dizaines d’années.

Dans le cas qui nous occupe, la personne a déclaré un cancer de la plèvre globalement 30 ans après l’exposition à l’amiante. Sur cette base, le Tribunal Fédéral a eu une lecture du sens de la prescription étroite et a refusé le droit à un procès en dédommagement pour la famille lésée en argumentant que la démarche dépassait très largement le délai prévu par la loi de 10 ans.

L’analyse de la  CEDH se base-elle sur l’impossibilité pratique des victimes à obtenir réparation puisque la plupart des cancers générés par une exposition à l’amiante se déclarent bien au-delà de ces fameux 10 ans.

Cette évolution du droit mérite d’être relevée. Ne serait-ce que 10 ans plutôt un tel jugement restait du domaine des pures illusions.

Sur ce, il semblerait que le Parlement envisage une modification de la loi dans le sens d’un démarrage de la prescription au moment de l’apparition des symptômes et non plus de l’exposition à l’amiante.

Une telle évolution de la loi me semble être de la plus élémentaire justice! Et on doit aussi en tirer un parallèle en toute cohérence avec les industries générant des pollutions environnementales dont les conséquences se font attendre sur le long voir très long terme (chimie, gaz de schiste, nucléaire, … ) .

Si aujourd’hui, nous passons une loi disant que la responsabilité économique des industries polluantes ne s’éteint qu’après que les conséquences aient pleinement déployées leurs effets d’une part et que d’autre part les ayants-droits (actionnaires et assimilés) de l’industrie concernée se substituent obligatoirement en cas d’insolvabilité du pollueur (faillite ou assimilé), dès demain plus aucune caisse de pension n’investira dans des business irrespectueux de l’environnement, ni aucune banque ne leur prêtera d’argent, et la grande majorité de leur sous-traitants hésiteront fortement à continuer toute relation d’affaires.

Oui, en une seule loi nous pouvons changer radicalement les comportements courts-termistes  de l’industrie et de la finance! Ma conviction est que même sans la mise en place d’une loi comme évoquée, le mécanisme vécu dans le cas de l’amiante se répétera à futur, car scientifiquement parlant aujourd’hui plus personne ne peut dire “nous ne savions pas“. Simplement, si nous voulons induire un changement et éviter toutes les conséquences qu’il est encore possible d’éviter, nous ne pouvons faire l’économie d’inclure dans notre ordre juridique dès aujourd’hui un mécanisme responsabilisant les auteurs des grandes pollutions dont les conséquences se développent quelques fois bien au-delà de la vie des entreprises concernées.

Et puis passer cette loi, appelée de mes vœux, présenterait un avantage évident : dans 20 ans nous n’aurons pas besoin de changer une fois de plus les règles du jeu au cours de la partie …

Laurent David Jospin

Source : site web Radio Télévision Suisse Romande “http://www.rts.ch/info/suisse/5680225-la-famille-d-une-victime-de-l-amiante-obtient-gain-de-cause-a-strasbourg.html

Il y en a qui ne manque pas de … … de gaz schiste

Monsieur Rex Tillerson que voilà une personnalité qui mérite d’être connue, et je m’en vais m’empresser de vous la faire découvrir!

Ce brave Rex, portant si bien son nom, roi du gaz de schiste aux USA car CEO d’EXXON, est assurément un saint, car il n’hésite pas à payer de sa personne, critiquant le gouvernement américain à la moindre tentative de limiter la liberté fondamentale des majors de l’énergie de détruire sous-sol et santé des habitants sans devoir en assumer les conséquences.

Un sain? Que dis-je le missionnaire du coup de force par forage horizontal, l’évangéliste des pétroles non-conventionnels, l’apôtre du tout tout de suite et tant pis pour les générations futures, le prophète du fracking et des pollutions à long terme.

Ce phare dans un monde perdu dans ses errements n’a pas hésité à affirmer haut et fort que le gouvernement américain devenait un problème en souhaitant, même si peu, réguler l’industrie du gaz de schiste sur le plan environnemental. Les larmes m’en viennent aux yeux d’une telle preuve de courage et lucidité en faveur de l’avenir de nos enfants.

D’ailleurs voyez-vous, il n’a pas manqué de prouver son infinie cohérence en attaquant un permis de construire pour un réservoir destiné à de la fracturation hydraulique un peu trop près de sa magnifique propriété. Car enfin, c’est bien évident on va exploiter le gaz de schiste chez les pauvres pour les aider, il n’y a donc surtout aucun besoin de le faire chez les riches…. soyons logiques, enfin quoi!

Très cher Rex Tillerson nous t’aimons tellement. Puisses-tu ne jamais disparaître comme ton illustre cousin Rex Tyranosaurus!

Laurent David Jospin

Sources :
The Wall Street Journal, Daniel Gilbert, 20 février 2014, “Exxon CEO Joins Suit Citing Fracking Concerns
Blog Dallas Observer,  “http://blogs.dallasobserver.com/unfairpark/2014/02/wsj_exxon_ceo_lawsuit_fracking.php

Plus cher cela coûtera …. conclusion sur l’équation de Kaya

Avec ce post nous terminons notre voyage ayant comme fil rouge l’équation de Kaya.
Vous trouvez l’introduction ici :Une équation prédit l’enfer sur terre, voulez-vous jeter un coup d’oeil? (série à suivre)
La présentation générale de l’équation et sa justification :Une équation prédit l’enfer sur terre, mais que dit-elle au juste?
Le décryptage réalisé par un “climato-convaincu” : une équation prédit l’enfer sur terre? Comment changer?
Et enfin l’analyse à destination du “climato-sceptique” : Une équation prédit l’enfer sur terre? Et si le réchauffement climatique n’existait pas?

Il convient d’être humble même si l’ensemble de ces 4 posts + ce dernier arrive à un total de 8000 mots, cette analyse reste à un niveau global d’ensemble et non de détails. L’équation de Kaya a été la source d’un nombre plus que conséquent de publications. Pour ceux qui le souhaitent, il est possible d’approfondir la réflexion à volonté. Une seule chose demeure, la tendance générale que j’ai essayé de vous transmettre le plus fidèlement possible se confirme dans toutes les analyses!

Cette remarque liminaire posée, rappelons-nous ce que conclut le “climato-convaincu” de l’équation de Kaya. Si nous souhaitons réellement éviter une catastrophe climatique de grande ampleur, dont les conséquences ne seront vraisemblablement pas supportables au sens premier du terme, nous devons organiser un transfert de notre mode de consommation énergétique vers le tout renouvelable à marche forcée pour avoir une économie quasiment décarbonnée aux alentours de 2050.

Le “climato-sceptique” découvre lui avec un faux étonnement que les stocks d’énergie non renouvelable sont par définition finis et qu’il faudra bien, un jour ou l’autre, être en mesure de s’en passer, l’expression “être en mesure” prenant ici un sens particulièrement aigu si l’on souhaite éviter une régression majeure de notre civilisation.

Le naïf écoutant les points de vue de l’un et l’autre ne comprend dès lors pas pourquoi le “climato-sceptique”, tout en gardant sa conviction erronée, personne n’est parfait que diable, n’accepte pas la transition énergétique proposée par le “climato-convaincu”. Car même si elle n’est pas nécessaire climatiquement parlant, elle permet d’éviter le risque de récession économique gigantesque découlant d’un tarissement progressif des sources d’énergies fossiles.

Nous touchons ici au nœud crucial de toute la problématique. Aujourd’hui, lorsque nous consommons de l’énergie fossile ne nous payons pas les coûts induits (pollution, réchauffement, destruction des milieux naturels, …) et indubitablement le fait de disposer abondamment d’une énergie, que l’on pourrait quasiment assimiler à de l’énergie gratuite au vu du rapport entre prix payé et coût effectif, représente le meilleur stimulant de l’économie que l’on puisse imaginer. Vous pouvez toujours essayer de faire tourner la planche à billets, si la population ne dispose pas de plus d’énergie, elle ne peut pas consommer plus!

Il existe plusieurs espèces de “climato-sceptiques”. Point de catalogage ici, celui qui nous intéresse ici affirme haut et fort l’impossibilité de réaliser la transition énergétique, car il ne manque pas de mettre en avant toutes les difficultés, notamment économiques, que nous rencontrerons si subitement nous devons payer le vrai prix de l’énergie.

L’argument massue est toujours le même : si nos entreprises doivent payer leur énergie x fois plus cher, elles perdront toute compétitivité et il en découlera de graves problèmes économiques.

On peut ici rappeler sur la croisée des courbes entre le fossile et les renouvelables. Durant les années 1990 à 2002, le baril de pétrole coûtait environ 22 US$ en prix moyen. Comme un baril permet de générer environ 800 kWh d’électricité (énergie primaire * efficience proche de 50%), le kWh électrique généré depuis une centrale au fioul possédait un coût “matière” d’environ 3 cts. Comme il faut exploiter, entretenir et amortir la centrale elle-même, il ne semble pas déraisonnable d’annoncer un prix total de l’époque par kWh d’environ 8 cts. A cette époque, un kWh d’origine solaire coûtait au-delà  de CHF 1.–! Aujourd’hui en 2013/2014, le baril de pétrole coûte globalement 100 US$, poussant dès lors le coût total du kWh sur base fioul à plus de 15 cts. Allant en sens contraire, l’évolution du solaire permet aujourd’hui de générer des kWh à moins de 20 cts!

Certaines prévisions pour l’horizon 2025 laissent penser que le baril de pétrole devrait se situer vers les 250 US$ (Reuters) conduisant à un coût du kWh comme ci-dessus vers les 35 cts, alors que dans le même temps on espère une baisse du solaire conduisant le kWh solaire vers les 10 cts. Il est exact que d’autres prévisions sont moins pessimistes comme par exemple celle de l’AIE qui envisage un baril à 128 US$ pour la même période. Cette différence de prévision est logique, car les pronostiqueurs sont tout sauf neutres. On le voit de la manière la plus évidente en étudiant les prévisions de l’OPEP elle-même qui ont toujours été dépassées. Au final, cela importe peu car quels que soient les scénarios retenus, la baisse des renouvelables conduit à ce qu’ils deviennent les plus compétitifs dans tous les cas à brève échéance.

L’élément le plus fort et le moins manipulable reste simplement la différence entre la demande et l’offre. En 2035, les prévisions les plus basses annoncent une demande à hauteur de 100 millions de barils par jour. La production escomptée se situe vers les 65 millions de barils par jour. Aujourd’hui, la configuration serait plutôt demande 90 millions contre production 80-85 millions. Le gap qui va donc au minimum être multiplié par 4, ne peut que conduire à une explosion des prix selon la loi de l’offre et la demande.

Dès lors il apparaît clairement que de ne pas réaliser la transition énergétique n’est pas une économie mais un report de charge avec intérêts en sus cela va de soit.

Plus tardivement nous nous attaquerons à ce problème, plus cher cela coûtera. Comprenez-moi bien, plus cher cela coûtera en terme économique bien sûr, mais aussi plus cher cela coûtera en terme de souffrance et de vies humaines. La vraie conclusion de l’équation de Kaya est ici : repousser la transition énergétique ne fait qu’augmenter son coût, et si l’on attend trop les conséquences dépasseront notre capacité de “payement” avec au final un possible effondrement de notre civilisation telle que nous la connaissons.

Et ici il ne s’agit pas de politique mais d’une simple conséquence mathématiquement et froidement inéluctable!

Laurent-David JOSPIN

Sources :
Agence Internationale de l’Energie, “World Energy Outlook 2013
ainsi que celles des posts précédent traitant de l’équation de Kaya

Une équation prédit l’enfer sur terre? Et si le réchauffement climatique n’existait pas?

Ce post est la suite de notre série sur l’équation de Kaya. Nous prolongeons ici la réflexion entamée dans le post une équation prédit l’enfer sur terre? Comment changer?  par la vision contrarienne imaginant que le réchauffement climatique n’existe tout simplement pas ou ne pose aucun problème réel.

Peu importe que cette posture soit consciente et explicite, ou implicite de par notre attitude de laisser aller, cela ne change rien à la réflexion qui suit.

Il va de soi que je ne crois pas une seconde que nous puissions réellement faire l’impasse sur le réchauffement climatique, mais encore une fois le résultat de la réflexion qui suit pourrait surprendre plus d’un.

L’augmentation de CO2 dans l’atmosphère provient en premier lieu de la combustion soit de tout type combustible fossile, soit de bois dans une quantité dépassant celle générée par la croissance naturelle de la forêt (en terme exact, on dit que le prélèvement dépasse le taux de renouvellement).

Bref, l’augmentation du CO2 provient de la consommation d’un non-renouvelable, car même le bois de la forêt cesse d’être une ressource renouvelable si l’on prélève plus que le taux de croissance naturelle. Donc, si le stock est non renouvelable, il est par définition fini.

Dès lors, et c’est là la grande surprise, même si vous êtes climato-sceptique et que vous ne souhaitez absolument pas vous soucier du taux de vos émissions de CO2, un jour vous les verrez diminuer, que vous le vouliez ou non, et ce précisément lorsque les stocks disponibles de fossile ne suffiront plus pour répondre à la demande dans la même quantité que précédemment.

Très concrètement, et pour prendre l’exemple du pétrole, le graphique présente à priori un aspect dit de “courbe en cloche”, comme celui-ci qui montre que la production augmente de manière quasi continue puis passe par un maximum pour entamer une descente inexorable (note : les courbes des découvertes et de production effective ont exactement le même aspect mis à part un décalage temporel d’environ 30 ans) :

La date exacte du “peak oil” ainsi que celles des autres échéances sont sujets à débat, mais il demeure admis dans les milieux les plus compétents que ces échéances ne pourront être évitées et que pour certaines la date butoir est relativement proche (de l’ordre d’une génération). Les dernières prévisions à ce sujet de l’AIE (Agence Internationale de l’Energie) sont inquiétantes pour nos économies. Il en ressort notamment que les réserves dans les schistes ont été sur-évaluées (pressenti dans le post du 2 juillet 2013 Gaz de schiste et ça continue…  vers la fin du paragraphe sur l’indépendance énergétique) et que l’augmentation de la consommation effective fortement soutenue par une demande non encore satisfaite conduit à un épuisement plus rapide que prévu aussi bien du stock que de la capacité de production instantanée. En clair, on peut s’attendre à ce que dès 2025 on vive dans un monde sous-doté en pétrole (au vu des souhaits actuels de l’économie et non des considérations climatiques naturellement). La vision alternative consiste à dire que la courbe est lissée par l’addition de nombreuses courbes régionales ayant toutes un sommet décalé. On parle ici d’un plateau de production  plutôt que d’un sommet clairement défini. Monsieur Sadad Al-Husseini ancien responsable de l’exploration de la compagnie nationale saoudienne partisan d’une telle vision estime que le plateau, agrémenté de quelques ondulations non significatives, a démarré aux alentours de 2005 et perdurera jusque vers 2020 suivie d’une forte diminution de la production.

Vous allez me dire, mais c’est très bien alors, car de cette façon tôt ou tard, nous allons arrêter d’émettre du CO2 et tout le monde sera content. L’erreur se situe ici, car si la baisse provient d’une baisse de la disponibilité en énergie et non d’une baisse de la quantité de CO2 par unité d’énergie, les autres facteurs ne restent pas silencieux, bien au contraire.

En premier lieu, le facteur Etot/PIB, représentant peu ou prou la capacité d’innovation, aura tendance à se figer, car en période de pénurie de ressources le peu disponible sera affecté prioritairement à la production de biens essentiels plutôt qu’à la recherche. Tiens, comme la nourriture par exemple, dont on oublie trop souvent qu’elle dépend aujourd’hui presque totalement de la disponibilité d’énergie bon marché.

Dans une phase initiale, le facteur PIB/POP va diminuer car la population restera stable, mais le PIB lui diminuera inexorablement en suivant la courbe descendante des ressources fossiles. L’environnement économique correspondra alors à une récession majeure sans espoir de relance puisque notre moteur essentiel réel, soit l’énergie abondante, aura de plus en plus tendance à se raréfier.

Assez vite toutefois, des émeutes massives puis des guerres civiles éclateront. Rappelez-vous c’était le peuple affamé qui avait pris la Bastille. A ce stade, l’effondrement structurel de nos sociétés ne sera plus qu’une question d’années. L’histoire nous montre comment des grands empires, imaginés indestructibles, se sont quasiment auto-anéantis en l’espace d’une génération. Et donc le facteur POP sera amené au tapis par des famines, épidémies et autres guerres. Rappelez-vous dans la première partie de la démonstration, je vous parlais de “l’option génocide”, et bien si nous n’y prenons pas sérieusement garde, le ou plutôt les génocides viendront spontanément sans même avoir eu besoin d’un carton d’invitation. On ne parle pas ici d’un conflit majeur opposant deux blocs se comportant de manière dite “civilisée” (soit en respectant plus ou moins les lois de la guerre), mais d’une multitude de conflits officiels ou non entre des populations désespérées luttant pour leur survie au jour le jour, comme par exemple la guerre en Irak dont la seule vraie origine est le désir de l’Oncle Sam de contrôler une ressource qu’il jugeait stratégique. Si vous pensez que je noircis le tableau, permettez-moi de vous détromper, car, mis à part le cas de l’Irak, les prémices sont déjà visibles aujourd’hui! Ce n’est pas moi qui le dis, mais Monsieur Ban Ki Moon secrétaire général des Nations Unies en personne. Bien évidemment, cela touche les populations déjà les plus fragilisées qui soient, et dans des régions qui nous semblent tellement mais alors tellement lointaines!!! Mais ne vous y trompez pas, ce que vous pouvez voir là-bas, nous pend assez également au bout du nez simplement avec un décalage temporel plus ou moins important selon les cas!

Faux me direz-vous, car il sera alors temps de passer aux énergies renouvelables. J’ai effectivement entendu ce discours dans la bouche d’un ami climato-sceptique. Ce raisonnement ne tient malheureusement pas la route, car lorsque la courbe descendante aura été entamée, nous n’aurons alors plus les moyens de réaliser la transition énergétique. Cela découle notamment des facteurs Etot/PIB et PIB/POP qui seront amenés au tapis par le manque d’énergie et ne permettront plus d’envisager autres choses que de la simple survie. Passer aux énergies renouvelables représente dans le court terme un effort ou autrement dit un investissement, et il faut être en mesure de le faire, aussi bien en termes économiques, sociaux, que de ressources à disposition..

Le DOE (Department of Energy) américain ne dit pas autre chose quand il annonce qu’il faut compter au minimum 20 années pour se préparer au peak oil, et qu’il invite le gouvernement américain à agir de toute urgence. Citation : ” sans une atténuation appropriée, les coûts économiques, sociaux et politiques seront sans précédent“. Si on quitte mentalement le niveau “pays” et qu’on monte au niveau “planète”, il est manifeste que ces 20 années ne seront pas suffisantes.

Nous en resterons là comme conclusion de cette analyse climato-sceptique en nous permettant de rappeler que toute cette réflexion a été menée en imaginant que le réchauffement climatique ne pose aucun problème et que donc il ne se rajoute pas des complications supplémentaires générées par exemple par des dommages insupportables de très grande ampleur.

Dans notre prochain post nous conclurons ces discussions sur l’équation de Kaya en regardant si une réconciliation des deux points de vue climato-sceptiques contre “climato-convaincus” n’est pas possible.

Laurent JOSPIN

Sources :
US Department of Energy (DOE), “peaking of World Oil Production : Impacts, Mitigation, and Risk Management
Journal Le Monde 16.11.2007, “la production d’or noir n’augmentera plus, selon l’ex n°2 du pétrole saoudien
Organisation de Coopération et de Développement Économique (OCDE), mars 2013, “Le baril de pétrole à 270 US$ en 2020
Annuaire suisse de politique de développement, Claude Serfati, 2006, “Économies de guerre et ressources naturelles : les visages de la mondialisation
Le Grand Soir, 28 mars 2006, Michael Klare, “Les prochaines guerres auront pour enjeu les ressources naturelles
Et avec la collaboration d’Amanda pour le dessin

une équation prédit l’enfer sur terre? Comment changer?

Ce post est  la suite notre série sur l’équation de Kaya “Une équation prédit l’enfer sur terre, mais que dit-elle au juste?“.

Aujourd’hui, nous cherchons à répondre à la question suivante : Si vous n’appartenez pas à la catégorie des climato-sceptiques et que conséquemment vous souhaitez réduire les émissions carbone de l’humanité, comment allez-vous vous y prendre?

Il convient en premier lieu de déterminer votre objectif en terme quantitatif! En effet, il ne suffit pas de réduire un peu le CO2 pour avoir un effet suffisant. Les dernières prévisions des climatologues peuvent se résumer en deux points principaux. Premièrement, même si l’on stoppe toute émission de CO2, le réchauffement va se poursuivre encore plusieurs centaines d’années avant que l’environnement ait pu re-capturer tout le carbone en excès. Deuxièmement, le réchauffement apparent récent est anormalement faible, toute une série de facteurs se sont conjugués (dont le cycle solaire faible dont je vous parlais dans mon post du 19 juillet J’enlève et il y a plus ???), il est impossible de prédire précisément quand ce freinage va disparaître, mais deux choses demeurent, soit que l’on parle ici de dizaines d’années tout au plus, et qu’une fois le “frein” enlevé, nous devons nous attendre à un véritable emballement.

Donc, si nous voulons rester cohérents, il ne s’agit pas de diminuer quelque peu le côté CO2 de l’équation, mais bien de l’approcher le plus possible de zéro (oui 0=0!). Et pour mettre la formule à zéro qui est une suite de multiplication, il “suffit” de tirer un facteur vers zéro sans qu’un autre facteur diverge vers l’infini.

Dans une approche plus modérée, le consensus des climatologues décrit une nécessité de diminuer d’au minimum un facteur 3 nos émissions d’ici 2050. Il semble utile ici de rappeler que ce consensus date d’avant l’étude de l’EPFZ conjointe avec l’université de Princeton et que régulièrement les prévisions sont révisées vers le pire. La réflexion qui suit sera imaginée sur soit aller franchement vers le zéro ou alternativement diviser par 5 (substitution au facteur 3 ci-avant et déterminé insuffisant) nos émissions totales, ce qui, dans l’état de la technique et de l’économie mondiale, revient pratiquement au même.

Pour une fois, changeons nos habitudes et lisons de droite à gauche l’autre côté de l’équation. Donc si nous voulons faire tendre vers 0 le terme CO2, nous avons comme première possibilité de faire tendre vers 0 également la population mondiale. Je ne sais pas pour vous, mais pour moi cette perspective n’est pas du tout réjouissante, mais alors pas du tout.

Ils sont fous ces humains, aurait dit Obélix!Ils sont fous ces humains, aurait dit Obélix!

En poussant un peu plus la réflexion sur cet aspect précis, nous avons deux sous-options à disposition. On peut envisager d’introduire un contrôle strict des naissances pour réduire la population en quelques générations avec à la clef une conséquence vraisemblablement insupportable sur la pyramide des âges et donc notre système de prévoyance vieillesse, sans même parler des horreurs générées par un tel contrôle politisé des naissances.

L’autre variante consisterait à s’organiser un petit génocide de derrière les fagots pour ridiculiser Hitler, Staline, Pol Pot, et quelques autres abominables que j’oublie, une bonne fois pour toute. Cette solution présenterait un avantage d’efficacité évident, mais encore une fois je ferai tout ce qui est dans la mesure de mes modestes moyens pour éviter l’ouverture des portes de l’enfer. Je sais bien qu’envisager une telle option n’est pas drôle du tout, et je m’excuse auprès des lecteurs choqués, mais vous comprendrez en lisant la réflexion symétrique pour les climato-sceptiques que cela n’est pas anodin du tout.

En clair, il nous faut admettre que la population mondiale ne va pas baisser. Au contraire les prévisions des démographes nous annonçant une population mondiale en croissance jusque vers 10 milliards d’individus environ avant stabilisation doivent être prises en compte dans notre équation. Le corollaire est que comme résultat intermédiaire, nous n’avons pas une baisse du total de la formule et donc du C02,  mais au contraire une hausse d’environ 40% (nouveau CO2 = ancien CO2 divisé par 7 milliard d’habitants mais multiplié par 10 milliards de nouveaux habitants 7 + 40% de 7 ==> 10).

Passons maintenant au terme PIB/POP. Pour mettre ce terme à zéro, le PIB doit tendre vers zéro également. Donc en clair et français, le niveau de vie moyen de la planète devrait s’effondrer pour s’approcher autant que possible du “à peu près rien”. Soyons clairs, personne ne souhaite cela, et même si un “despote éclairé” cherchait à imposer une telle évolution, tout le monde sait que cela générerait des émeutes puis une guerre civile totale.

A l’heure actuelle, les économistes, de gauche comme de droite, affirment tous qu’une croissance est nécessaire pour maintenir nos équilibres sociétaux.  A nouveau, nous n’avons rien réussi à perdre mais sommes de nouveau en train de “gagner”, ce qui pour une fois ne nous arrange pas du tout.

Ensuite, nous pouvons travailler sur la quantité d’énergie nécessaire pour générer chaque unité de PIB. Sur cet aspect précis, il y a matière à gagner quelque chose, cela s’appelle l’efficience énergétique. Malheureusement, il y a une limite à ce qui est possible ici. L’expérience des années passées nous montre qu’il a été possible d’obtenir une réduction d’environ 30% en à peu près 40 ans.

Nous pouvons essayer une prévision très optimiste, mais alors vraiment très optimiste, en disant que nous allons réussir l’exploit de diminuer ce facteur du même ordre de grandeur que l’évolution spécifique du passage des ampoules à filament à celles à basse consommation soit un facteur 5 en ordre de grandeur. Non seulement, cette prévision, transcrite sur l’ensemble de toute la technique, est à ce point si optimiste qu’elle en devient peu crédible, surtout si l’on prend en compte qu’usuellement les premiers gains d’efficacité sont les plus faciles à obtenir, mais quoiqu’il en soit, il se rajoute un méchant effet pervers qui va bien nous embêter.

En effet, plus une technologie devient efficiente plus elle a tendance à se démocratiser. Dès lors chaque unité individuelle consomme effectivement moins voir beaucoup moins, mais comme il y en a de plus en plus, la multiplication de l’un par l’autre ne représente pas une diminution mais une augmentation! On pourrait citer l’exemple des téléphones portables en faisant la comparaison avec la valise de 1990 contre le smartphone de 2013. La consommation doit bien avoir été divisée par un facteur 20 (à l’œil), mais comme de l’autre côté le nombre de téléphones portables a augmenté d’un facteur 1000 (au bas mot) /20 * 1000 représente toujours une consommation supplémentaire d’un facteur 50!!!

Dès lors, il est difficilement contestable que ce facteur Etot/PIB ne nous offrira aucun secours non plus, ou alors si faible qu’il en sera presque négligeable.

Au final, il nous reste donc que le facteur CO2 / Etot pour réussir à tirer l’ensemble de notre équation vers zéro. En première lecture, on ne voit pas d’impossibilité absolue à tirer rapidement en bas ce dernier facteur de notre formule. Simplement, si l’on met en relation l’importance de l’effort à fournir pour réellement limiter au moins les dégâts les plus graves, avec la réalité de l’évolution des ENR (énergies renouvelables) sur le terrain, on se rend très vite compte que nous faisons complètement fausse route à l’heure actuelle.

Si comme imaginé plus haut, nous devrions viser, en ordre de grandeur, de diviser par 5 nos émissions d’ici 50 ans maximum, et de nous approcher de zéro d’ici 2100 pour être crédible dans une démarche visant à sauver le climat de la planète voir la planète tout simplement; et comme au vu des explications données ci-dessus, il faut s’attendre à une péjoration cumulée des autres facteurs d’environ 2*, il faudrait donc, pour obtenir notre diviseur final de 5,  en réalité diminuer notre ratio carbone/kWh d’un facteur 10 d’ici 2050. En clair et français, en partant de la supposition qu’il restera quelques domaines offrant des facteurs de résistance importants pour des raisons techniques ou autres, cela signifie que nous devons planifier de passer au quasiment tout renouvelable d’ici 40 ans au maximum.

La réalité du terrain diverge malheureusement très fortement de cet objectif. Des freins immenses et de toutes natures existent encore aux renouvelables d’un côté,  de l’autre des groupes de pression cherchent, par exemple, à faire passer le gaz de schiste comme une solution pour défendre le climat (si, si !!),

Dès lors, sans une prise de conscience réelle, rapide et de grande ampleur, nous pouvons sans risque de nous tromper annoncer des catastrophes climatiques toujours plus graves avec toujours plus de morts et dévastations à la clef. Selon la banque mondiale les pertes dues aux catastrophes naturelles ont quadruplé en 30 ans, alors bien que les effets du réchauffement actuel ne sont qu’un pâle avant-goût de ce qui nous attend!

Dans notre prochain post, nous poursuivrons la réflexion en posant comme postulat que le réchauffement climatique n’existe pas ou ne représente pas un problème.

Laurent-David JOSPIN

Sources :
Science & Vie, janvier 2014 N° 1156, “on sait quand le climat basculera dans l’inconnu
Science & Vie, Décembre 2013 N° 1155, “Réchauffement, mais où est-il donc passé?
Nature Climate Change, Swiss Federal Institute of Technology Zürich + Princeton University, “continued global warming after CO2 emissions stoppage
ETHZ, 25.11.2013, Fabio Bergamin, “Underestimated future climate change?
Banque Mondiale, Novembre 2013, rapport dans le cadre de la conférence sur le climat à Varsovie.
ainsi qu’un emprunt à Astérix et les jeux olympiques dans le cadre du droit de citation

Une équation prédit l’enfer sur terre, mais que dit-elle au juste?

Ce post est une suite au post Une équation prédit l’enfer sur terre, voulez-vous jeter un coup d’oeil? (série à suivre) du 9 décembre 2013

Ceci étant rappelé, que découvrons-nous dans cette fameuse équation? Que le CO2 émis par l’humanité est égal à une multiplication de facteurs dont :

En premier lieu la quantité de CO2 par quantité d’énergie consommée. Cette valeur dépend notamment du type d’énergie mise en œuvre, le charbon représentant la source la plus émettrice, les renouvelables les sources les moins émettrices (note : le renouvelable généré à partir d’équipements fabriqués sur base d’énergie fossile contient encore du CO2 implicite de par son énergie grise, le renouvelable de deuxième cycle partant d’énergie elle-même déjà renouvelable pour la fabrication des équipements nécessaires n’en contient plus du tout.). On reste dans le très intuitif ici, plus mes sources d’énergies sont émettrices plus je vais en émettre toutes choses restant égales par ailleurs.

Symétriquement, on prend aussi en compte, la quantité d’énergie nécessaire par unité de PIB. On peut assimiler, de manière très simplifiée, le PIB total de la planète au revenu disponible à partager entre tous ses habitants. Une économie très peu efficiente va nécessiter beaucoup d’énergie pour chaque création de richesse, alors qu’à l’inverse une haute efficacité énergétique permettra de limiter ce besoin en énergie pour le même résultat final (on peut prendre comme exemple la comparaison des situations avant et après l’introduction de la redevance poids lourd, à l’initial il était fréquent que des camions réalisent des courses à vide, une fois la RPLP mise en place cette pratique avait complétement disparu alors que la quantité de marchandise transportée n’avait pas baissé).

En toute logique, il faut considérer également le rapport du PIB total à la population totale (soit plus ou moins le revenu disponible pour chaque habitant de la planète), étant donné que, toujours toutes choses restant égales par ailleurs, si le PIB par tête augmente, on obtiendra une augmentation du PIB total et donc une augmentation de la production de CO2. On peut relever ici qu’il s’agit d’une relation éminemment politique objet de tout les débats ou projet de société. Si on descend du niveau planète au niveau pays, on peut observer la très forte corrélation entre cette valeur, qui ne représente ni plus ni moins que le niveau de vie d’un pays, et l’importance des émissions de CO2 (note : la corrélation n’est évidemment pas parfaite car certains pays en phase de rattrapage polluent proportionnellement plus que leurs niveaux de vie réels car ils souffrent d’équipements désuets ou sur-utilisent des sources très polluantes comme le charbon, mais la relation reste globalement vraie et dans tous les cas vraie toutes choses restant …..).

Au final, il reste bien sûr la population totale, car plus nous sommes, plus nous aurons tendance à polluer. A nouveau toutes choses restant égales par ailleurs, plus de population doit représenter une émission totale de CO2 supérieure.

On constatera enfin, que peu ou prou, cette équation met en relation les valeurs les plus fréquemment mentionnées dans les analyses politiques, démographiques, ou encore économiques.

Tout ceci étant posé, nous attaquerons dans notre prochain post l’analyse du point de vue du “climato-convaincu” avec un post “une équation prédit l’enfer sur terre? Comment changer?“.

Laurent-David JOSPIN

Une équation prédit l’enfer sur terre, voulez-vous jeter un coup d’oeil? (série à suivre)

Bien disséquée, j’affirme que cette équation annonce potentiellement un effondrement brutal de la population et donc des milliards de morts, si les décisions nécessaires ne sont pas prises maintenant.

Le but de cette série sera de vous démontrer que peu importe que vous soyez convaincu de l’urgence d’agir contre le réchauffement climatique ou au contraire climato-sceptique, il faut dans les deux cas, de toute urgence, décarbonner notre société.

Pour que l’ensemble soit pertinent, il nous faudra descendre à un niveau de détails conduisant à ce que la longueur du message dépasse nettement ce que la forme de communication par post dans un blog autorise pour rester lisible. Tout tourne autour de notre dépendance à l’énergie, de l’impact de notre sur-consommation sur les équilibres planétaires, ainsi que des conséquences d’une baisse de la disponibilité de cette énergie même de peu d’importance.

Entrée en matière, présentation de cette fameuse équation

Pour ceux qui la connaissent, vous avez reconnu l’équation dite de Kaya, ici présentée dans sa forme simplifiée, Monsieur Yoichi Kaya étant un distingué scientifique japonais étudiant les questions énergétiques.

On peut en premier lieu s’interroger si cette formule est bien correcte mathématiquement. Sans vouloir prétendre créer un cours de mathématique, on constate néanmoins de manière instantanée que les termes suivants se simplifient

Car si je multiplie et divise par le même chiffre, je puis tout aussi bien ne rien faire mathématiquement parlant, toutefois écrire bêtement, après simplification, que

n’apporte pas grand chose mis à part que tout le monde devrait être d’accord sur le fait que la quantité de CO2 totale émise par l’humanité est égale à la quantité de C02 totale émise par l’humanité. Nous en resterons donc à la première égalité présentée, que nous savons maintenant être vraie, car elle nous permet de mettre en évidence différents facteurs clefs  influant  directement la production totale de CO2 par l’humanité et ainsi de les discuter, respectivement de clarifier dans quelle mesure nous pouvons les manipuler pour obtenir ce que nous souhaitons de l’autre coté de l’égalité.

Le fil rouge de notre discussion, au long des posts qui suivront, passera en revue chacun des facteurs constitutifs de l’équation dans une logique “nous voulons lutter contre le réchauffement climatique“, puis réalisera en réflexion miroir la dissection de l’option “le réchauffement climatique ne nous pose pas de problème particulier“. Au final, la réconciliation des deux points de vue conduira à une vraie surprise pour beaucoup.

A suivre dans un prochain post “Une équation prédit l’enfer sur terre, mais que dit-elle au juste?

Laurent-David JOSPIN

Source : Gilbert M. MASTERS & Ela P. WENDELL, Introduction to Environmental Engineering and Science (third Edition), Prentice Hall, pages 531 et ss.

C’est l’heure on ferme! Et n’oubliez pas l’addition, ni la marche en sortant!

Bien sûr que nous pouvons nous réjouir, mais il faut garder la tête froide, car les enchaînements ultérieurs seront aussi important que ….

Ah oui, dans mon excitation, j’ai oublié de vous dire de quoi je souhaitais vous parler, de la fermeture de notre antédiluvienne centrale nucléaire de Mühleberg, bien sûr!

Entre la franche satisfaction d’une décision pleine de bon sens, même si un peu tardive, d’un coté et de l’autre les inquiétudes face tout à la fois au démantèlement à planifier ainsi qu’aux divers groupes de pression cherchant à s’opposer aux renouvelables, mon cœur balance sur ce qu’il faut retenir de cette décision historique.

Alors comme pour un grand festin, prenons un peu de tout dans le bon ordre.

L’apéro s’est bien présenté, nous avons beaucoup bu sans trop nous soucier ni du coûts des bouteilles et encore moins de la solide gueule de bois à venir. Lorsque nous avons consommé les kWh de la centrale de Mühleberg, nous avons fait semblant de sortir l’argent “des bouteilles” de notre porte-monnaie, mais aujourd’hui presque plus personne ne fait semblant d’y croire et il est notoire que l’on commence seulement maintenant de tipper l’addition.

Pour le plat de résistance, et comme dans l’intervalle nous sommes devenus dépendants à cette consommation effrénée, la tentation a surgi de faire payer les autres, par exemple en allant chercher ces kWh qui nous manquaient si fort chez les autres. Tiens, chez les allemands par exemple avec leurs nombreuses centrales à charbon sous-exploitées. Très mauvaise idée! Si nous persistons dans cette voie, nous allons commencer une nouvelle addition ailleurs, qui n’allégera surtout pas notre première note.

Au puis au dessert, au lieu de se rabattre sur des fruits (quelque chose de sain, pour changer), une pelée d’inconscients cherche par tout les moyens à nous en empêcher et implicitement donc tente de nous faire retomber dans notre vice.

Arrêter de s’enivrer était et reste la seule bonne décision, mais oui, maintenant nous devons de toute urgence mettre en place une ligne claire, un peu comme pour un sevrage, et il faut donc
– re-planifier la vie de fin des réacteurs ainsi que le traitement des déchets d’une manière crédible et responsable pour les générations futures (payer l’addition donc);
– ainsi que lever les obstacles artificiels de toute nature dressés contre les énergies renouvelables (attention la marche!).

Ne pas payer son addition au restaurant vous crée de gros problèmes. Si vous manquez la marche en sortant, cela peut faire très mal. Alors puisque nous avons pris une bonne résolution, ne nous arrêtons pas en si bon chemin!

Laurent-David JOSPIN

Réalité des coûts? Oui! mais comment faire la transition?

Le nœud du triple problème géo-politique, énergétique, mais surtout environnemental est résumé dans ces trois petits mots “réalité des coûts”.

Dans les faits, les énergies fossiles, nucléaire compris, ou une chimie outrancière, ou encore une agriculture intensive, …  n’ont un avantage concurrentiel apparent contre le durable, que grâce au fait qu’elles n’assument pas les coûts induits (pollution, déchets persistants, problèmes de santé publique, épuisement des sols, ….) . Aujourd’hui, presque plus personne de sérieux ne nie cette réalité de base.

Ainsi des taxes ciblant spécifiquement cet aspect semblent être la panacée, surtout, si bien pensées, le produit des dites taxes est affecté autant que possible à la “réparation” du coût induit visé et non pas versé à un pot général. Malheureusement, les tentatives d’instaurer de telles solutions font faces à des résistances si fortes qu’il est illusoire d’espérer pouvoir avancer suffisamment vite pour sauver notre planète, car, est-il nécessaire de le rappeler, nous faisons face à une urgence extrême. Les manifestations de ce samedi 26 octobre en Bretagne contre une taxe ciblant les poids lourds avec à la clef un blessé grave sont une preuve parmi d’autres de ce déplorable état de fait.

Mais alors pourquoi, puisque “tout” le monde reconnait l’importance et l’urgence d’agir???

Tout simplement, car nos États occidentaux sont devenus dépendants à la dépense publique et lorsqu’une telle taxe est introduite, il n’y a la plupart du temps aucun dégrèvement ailleurs. Dès lors, et c’est ma foi compréhensible, la population se révolte et s’oppose frontalement au nouveau prélèvement.

La façon dont l’opposition se manifeste peut prendre des formes les plus variées et inattendues. Ma meilleure moitié aime beaucoup jardiner, et espérait beaucoup pouvoir trouver du terreau auprès du centre ad hoc de la Commune. Elle a renoncé, comme d’autres que nous connaissons, tant il était (est?) bourré de déchets plastiques et autres. Visiblement, certaines personnes n’ont pas accepté pleinement notre taxe au sac poubelle et font du sabotage en utilisant les bennes de compostage comme substitut de poubelle.

J’aime bien rappeler que lorsque notre ville a introduit la taxe déchet (ancêtre de la taxe au sac), elle aurait dû baisser les impôts en proportion puisque cette tâche sortait du budget communal. A l’époque, il nous a été sorti l’argument que normalement la Commune aurait du augmenter les impôts vu sa situation financière et que donc ne pas les augmenter correspondait en réalité à une baisse. Brillant, vraiment! Malheureusement, avec ce genre d’argument à la noix, on “fabrique” à la pelle des climato-sceptiques et autres défenseurs d’une consommation débridée et irresponsable.

Oui les faits sont têtus, pour pouvoir amener la création d’un monde durable nous devrons baisser les impôts courants pour pouvoir transférer la charge fiscale vers un ensemble de taxes ne visant plus en priorité la création de richesse mais bien plus la façon dont elles ont été obtenues vis-à-vis de l’environnement.

Laurent Jospin

Réf. : site de la Radio Télévision Suisse Romande 27.10.2013 “http://www.rts.ch/info/monde/5325727-une-taxe-controversee-cause-de-violents-heurts-en-bretagne.html
Revue Flash de l’EPFL, éd. 17.04.13, interview Raymond Bradley “Même si l’heure est sombre, il reste des possibilités d’agir

Et la souris accoucha d’une montagne

Et plus étonnant encore, on peut souligner que cet accouchement est passé inaperçu, enfin presque.

La souris c’est notre belle Helvétie, qui malgré toute l’affection que je lui porte, reste un pays de taille souriceau à l’échelle de la planète.

La montagne, Hans Rudolf Herren Président de la fondation Biovision, a reçu récemment le prix Nobel alternatif pour son engagement contre la faim et la pauvreté.

L’action de Biovision consiste, pour son aspect le plus fondamental, à permettre aux populations locales de se ré-approprier leur agriculture avec des techniques adaptées localement et surtout durables.

Les principes appliqués relèvent parfaitement de la logique du faire avec la nature plutôt que contre elle. Toutefois, il se rajoute ici une difficulté supplémentaire, honte de l’humanité!, de par les dégâts à rattraper découlant d’une exploitation agricole inadaptée, par exemple par le choix des espèces car destinées à alimenter les marchés mondiaux sans considération de la chaine vivante locale, soit par une destruction plus ou moins lente du substrat vivant, détruit par la chimie mise en œuvre pour privilégier du profit à court terme.

Il est recherché des solutions locales, faisant appels à des espèces indigènes et adaptées à la nature des sols, en exploitant les possibilités de fertilisations et de luttes contre les nuisibles disponibles dans le cadre d’un cycle fermé et auto-suffisant pour assurer sa durabilité.

Il en découle au final moins de frais  pour les paysans, car l’on supprime les herbicides, pesticides, et autres “m…..cide”  en tout genre, donc également une meilleure santé des populations locales, et, oh merveille, assez de nourriture pour tous, alors que cela avait été perdu/détruit par nos solutions soit-disant modernes. Et il faut souligner que dans certains cas, la remontée représente un challenge peu aisé pour le moins, pour vous donner une idée parmi d’autre de la situation créée par nos soit disantes merveilles de la science, vous pouvez regarder l’émission Mise au Point sur la Radio Télévision Suisse (www.rts.ch) du 2 décembre 2012 “les OGM qui tuent“.

Biovision apprend aux paysans locaux à être maître de leur destin, sans plus dépendre des grandes industries chimiques et/ou agro-alimentaire. En peu de mots, ils regagnent leurs dignités et redeviennent capable de vivre tout simplement.

L’air de rien, les démarches, concepts et solutions mis en œuvre pourraient  se révéler un savoir essentiel pour assurer notre capacité à nourrir décemment tout les habitants de la Terre. Un jour peut être, c’est nous même qui devront appeler au secours les successeurs de Monsieur Herren pour ré-apprendre à vivre de notre terre.

Hans Rudolf Herren appartient à la classe des vrais géants, que dis-je à la classe des montagnes vivantes. Il réalise un travail d’une portée exceptionnelle permettant de redonner de l’espoir à des régions entières. D’une manière discrète, sans aucune recherche de la notoriété médiatique pour elle-même, des solutions agronomiques douces sont recréées solutionnant des désastres épouvantables générés le plus souvent par certains de nos industriels occidentaux voulant imposer une agriculture abreuvée d’engrais de synthèse, pesticides, et autres OGM.

Si vous avez un peu de temps, je vous encourage à faire un passage sur le site de Biovision ( http://www.biovision.ch/nc/fr/home/ ), et s’il vous arrive de donner un peu d’argent à une œuvre sociale ou l’autre, vous pourriez penser à les mettre dans votre liste de favoris.

Notre pays peut être légitimement fier d’avoir donné naissance à une personnalité d’une telle grandeur!

Bref, vous l’aurez compris, j’aimerai tirer un grand coup de chapeau à cette organisation et son père fondateur agissant avec modestie mais réalisant un travail, oh combien, essentiel à la bonne santé de notre planète et de ses habitants.

Laurent-David JOSPIN

Ne pas exporter ses problèmes…

Affirmation : Le début de l’écologie bien comprise consiste à ne pas exporter ses problèmes chez les autres mais à les traiter chez soi.

Prenons un exemple concret et simple : nous ne voulons pas d’éolienne chez nous, donc nous trouvons comme solution “géniale” d’aller les mettre chez les autres. Si on veut bien y réfléchir un peu, nous proposons à d’autres d’accepter ce que nous considérons comme inacceptable chez nous (bravo pour le message implicite!), puis nous imposons à des habitants les plus divers sur environ 2000 km la présence de lignes électriques  THT (concrètement des pylônes presque du même ordre de grandeur que les éoliennes que nous ne voulons pas chez nous).

N’en doutez pas, un jour cela se paye, même cher le plus vraisemblablement! Dans ce cas, essayez d’imaginer la faiblesse de nos diplomates lorsqu’il y aura quelque chose d’un peu sensible à négocier dans un domaine même sans aucun lien avec le sujet!!

Un autre exemple mérite notre attention. Lorsque nous consommons, à l’excès, du pétrole sous n’importe laquelle de ses formes, nous exportons nos problèmes de société (soit notre besoin immodéré, voir incontrôlé, d’énergie pour soutenir notre croissance, elle-même indispensable pour palier à nos problèmes politiques et sociétaux)  vers d’autres pays qui sont ensuite dévastés soit environnementalement soit socialement voir les deux tant qu’à faire. (voir par exemple La malédiction de l’or noir sur Arte).

D’ailleurs d’une manière générale, lorsque nous contribuons au réchauffement climatique, nous exportons un problème (le même que ci-dessus) en le diluant sur l’ensemble de la planète. Donc un pays qui se contenterait de brûler son énergie fossile chez lui sans exporter un goutte d’or noir aurait malgré tout un comportement contraire à la règle énoncée ici.

Il en va de même lorsque nous soutenons une sur-consommation localement tout en pillant les ressources de pays tiers généralement pauvres.

Je ne suis surtout pas contre le commerce mondial, et j’avoue à titre personnel apprécier assez souvent déguster quelques fruits tropicaux divers (en hiver aussi d’ailleurs). Toutefois, mon plaisir est double si je puis être certain de payer un prix garantissant un traitement équitable du producteur local ET également un respect identique des normes environnementales à celles que je souhaite voir appliquées ici chez nous, y compris cela va de soit la compensation carbone nécessaire au transport. Bien évidemment, dans ces conditions le prix de la mangue monte quelque peu. Mais il s’agit bien du prix de la durabilité, car dans le cas contraire tôt ou tard les conséquences fâcheuses sauront se manifester envers le consommateur irresponsable, qui, au final, la trouvera bien amère sa fameuse mangue!

Les conséquences peuvent prendre des formes multiples, comme par exemple celle d’une misère locale insoutenable, mais qui soutient très bien la germination spontanée du terrorisme (et hop un petit IED – Improved Explosive Device – chez ces consommateurs de mangue irrespectueux). Ou alors à l’autre bout de la gamme des conséquences, nous découvrons avec un faux étonnement les conséquences du réchauffement climatique, ou encore de la déforestation galopante au niveau de la planète, etc.

En réalité, c’est tout simple et cela fonctionne comme en économie financière la plus basique, ce qui ne se paye pas aujourd’hui, se paye plus tard, avec de copieux intérêts et frais en plus, cela va de soit!!

Les grandes choses étant finalement que la somme des petites, il en va de même pour notre société : si nous choisissons l’attitude responsable et assumons donc des coûts un peu plus élevés aujourd’hui, nous découvrirons demain que “ne pas exporter ses problèmes mais les traiter chez soi” ne devait pas être assimilé à de la dépense supplémentaire mais bien de l’investissement, qui dès lors nous offrira un rendement bien réel à futur comme tout investissement qui mérite son titre!

Laurent-David JOSPIN

L’eau? Retour vers le futur!

Si vous vous promenez régulièrement au bord du Doubs, vous savez combien cette rivière peut être versatile dans des espaces de temps en fin de compte relativement courts (on peut le voir sur un trimestre), un jour débordante au point de menacer la route et la voie de chemin de fer reliant Le Locle à Morteau, un autre sèche à en permettre de passer à pied d’un bord à l’autre.  L’absence (ou quasi absence) de réservoir tampon explique ce comportement dépendant presque exclusivement des précipitations.

Un réservoir pour nos rivières? Quel réservoir?

On pourrait penser à un lac bien sûr, mais le réservoir le plus efficace pour alimenter de manière stable une rivière reste un glacier.

Et pour se mettre en appétit : un emprunt à mon fils, si l’image vous plaît vous pouvez aller sur www.famillejospin.ch/laurentvalentin/

Il faut prendre conscience de cette caractéristique essentielle, car elle va se rappeler à notre bon souvenir d’ici peu!! Oui, car nos glaciers alpins sont en train de fondre, et même très rapidement.

Selon les prévisions actuelles, mais dont j’aime à rappeler que régulièrement elles sont révisées vers le pire, on doit s’attendre à la disparition des glaciers d’ici 2050. Dès lors, avoir de l’eau en suffisance pour notre population, augmentée à plus de 10’000’000 d’habitants selon les prévisions de l’OFS, pourrait bien devenir un vrai challenge ou un cauchemar selon.

Le total des précipitations annuelles restera lui suffisant, mais tout comme dans le cas du Doubs dans notre Jura calcaire, cette eau ne restera pas bien longtemps, nous laissant dans une situation de stress hydrique pendant toutes les périodes sèches. Une des conséquences attendues du réchauffement climatique étant justement un climat beaucoup moins stable avec des épisodes extrêmes nettement plus fréquents, les deux problèmes vont se combiner et s’amplifier.

Il convient de se préparer à cette nouvelle situation dès maintenant, car cela demandera du temps.

Au temps passés, les romains avaient trouvé une solution à ce problème : les aiguiers taillés à même la roche calcaire pour drainer et récupérer les eaux de pluie. De cette façon, ils ont pu prospérer dans des régions qui sinon auraient été délicates pour une présence humaine permanente.

Et voici de quoi on parle.

Nous serions bien avisés d’imaginer re-créer un même genre réservoirs tampons, par exemple en prévoyant des barrages, typiquement là où les glaciers nous auront laissé de la place. Certes, cela coûtera quelque chose, mais avoir un approvisionnement non garanti en eau nous coûterait bien plus encore.

Dans les années 1960 et 70, la mode voulaient que l’on encadre les rivières “tout béton, car c’est plus propre”. Cette caractéristique artificielle, entre autres conséquences fâcheuses, accélère l’écoulement de l’eau. Aujourd’hui, nous commençons à renaturer nos cours surtout pour la faune et l’esthétique. Demain, nous le ferons pour améliorer la capacité de stockage naturel d’eau de notre territoire.

Ici aussi, plus vite nous nous attellerons à la tâche mieux cela vaudra. Par ailleurs, l’investissement s’amortit directement en dommages évités lors des grosses crues, car c’est bien là le but, les zones natures en bordure de rivière fonctionnent comme des éponges, très efficaces au demeurant.

Dans les deux cas, cela ressemble beaucoup à ce fameux film des années 80, ou le jeune héros doit retourner dans le passé pour résoudre les problèmes de l’avenir. Intéressant cela, est-ce que par hasard, nous n’aurions pas tout fait juste dans le passé???

Laurent-David Jospin

You know what? I’m hhhaaaaaappy!

Disait Droopy dans les Tex Avery de ma jeunesse. Cela reflète assez bien mon état d’esprit du jour.
Le 25 juin dans mon post “Gaz de Schiste bis repetita”, il a été, un peu trop discrètement apparemment, suggéré aux députés Vert’libéraux de proposer un moratoire sur les forages. Apprendre que La Conseillère Fédérale Doris Leuthard vient d’écrire aux opposants au forage de Noiraigue, en recommandant notamment d’attendre et également en soulignant que le but n’est pas plus de fossile mais bien de passer au renouvelable, m’a réchauffé le cœur.
J’en reste totalement convaincu, un simple moratoire de 5-10 ans et l’on ne se posera très certainement plus la question, car d’une part le retour d’expérience sur les autres exploitations gazières se sera suffisamment étoffé, mais d’autre part, nous aurons également atteint un tel niveau de conséquences liées au réchauffement climatique, que l’incongruité d’un tel projet éclatera au grand jour.

Laurent-David Jospin

Sources : L’Express du 17.08.2013, site web de la RTS