Ne pas exporter ses problèmes…

Affirmation : Le début de l’écologie bien comprise consiste à ne pas exporter ses problèmes chez les autres mais à les traiter chez soi.

Prenons un exemple concret et simple : nous ne voulons pas d’éolienne chez nous, donc nous trouvons comme solution “géniale” d’aller les mettre chez les autres. Si on veut bien y réfléchir un peu, nous proposons à d’autres d’accepter ce que nous considérons comme inacceptable chez nous (bravo pour le message implicite!), puis nous imposons à des habitants les plus divers sur environ 2000 km la présence de lignes électriques  THT (concrètement des pylônes presque du même ordre de grandeur que les éoliennes que nous ne voulons pas chez nous).

N’en doutez pas, un jour cela se paye, même cher le plus vraisemblablement! Dans ce cas, essayez d’imaginer la faiblesse de nos diplomates lorsqu’il y aura quelque chose d’un peu sensible à négocier dans un domaine même sans aucun lien avec le sujet!!

Un autre exemple mérite notre attention. Lorsque nous consommons, à l’excès, du pétrole sous n’importe laquelle de ses formes, nous exportons nos problèmes de société (soit notre besoin immodéré, voir incontrôlé, d’énergie pour soutenir notre croissance, elle-même indispensable pour palier à nos problèmes politiques et sociétaux)  vers d’autres pays qui sont ensuite dévastés soit environnementalement soit socialement voir les deux tant qu’à faire. (voir par exemple La malédiction de l’or noir sur Arte).

D’ailleurs d’une manière générale, lorsque nous contribuons au réchauffement climatique, nous exportons un problème (le même que ci-dessus) en le diluant sur l’ensemble de la planète. Donc un pays qui se contenterait de brûler son énergie fossile chez lui sans exporter un goutte d’or noir aurait malgré tout un comportement contraire à la règle énoncée ici.

Il en va de même lorsque nous soutenons une sur-consommation localement tout en pillant les ressources de pays tiers généralement pauvres.

Je ne suis surtout pas contre le commerce mondial, et j’avoue à titre personnel apprécier assez souvent déguster quelques fruits tropicaux divers (en hiver aussi d’ailleurs). Toutefois, mon plaisir est double si je puis être certain de payer un prix garantissant un traitement équitable du producteur local ET également un respect identique des normes environnementales à celles que je souhaite voir appliquées ici chez nous, y compris cela va de soit la compensation carbone nécessaire au transport. Bien évidemment, dans ces conditions le prix de la mangue monte quelque peu. Mais il s’agit bien du prix de la durabilité, car dans le cas contraire tôt ou tard les conséquences fâcheuses sauront se manifester envers le consommateur irresponsable, qui, au final, la trouvera bien amère sa fameuse mangue!

Les conséquences peuvent prendre des formes multiples, comme par exemple celle d’une misère locale insoutenable, mais qui soutient très bien la germination spontanée du terrorisme (et hop un petit IED – Improved Explosive Device – chez ces consommateurs de mangue irrespectueux). Ou alors à l’autre bout de la gamme des conséquences, nous découvrons avec un faux étonnement les conséquences du réchauffement climatique, ou encore de la déforestation galopante au niveau de la planète, etc.

En réalité, c’est tout simple et cela fonctionne comme en économie financière la plus basique, ce qui ne se paye pas aujourd’hui, se paye plus tard, avec de copieux intérêts et frais en plus, cela va de soit!!

Les grandes choses étant finalement que la somme des petites, il en va de même pour notre société : si nous choisissons l’attitude responsable et assumons donc des coûts un peu plus élevés aujourd’hui, nous découvrirons demain que “ne pas exporter ses problèmes mais les traiter chez soi” ne devait pas être assimilé à de la dépense supplémentaire mais bien de l’investissement, qui dès lors nous offrira un rendement bien réel à futur comme tout investissement qui mérite son titre!

Laurent-David JOSPIN

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