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Fermer la porte de l’éolien ouvre celle du gaz de schiste!

Plusieurs de mes connaissances se sont étonnées du fait que je m’engage pour la votation liée à la question éolienne agitant le lanterneau politique neuchâtelois. Plusieurs fois l’on m’a interpellé en exprimant une incompréhension globalement résumable en “pourquoi un vendeur de solaire voudrait favoriser une énergie concurrente?

Il s’agit d’une erreur essentielle que je souhaiterais corriger ici. Le solaire, l’éolien, le biogaz, les autres formes de biomasse, la géothermie quand elle est faisable sans risque, l’hydraulique sous toutes ses formes, ne sont pas, au grand jamais, des énergies concurrentes mais des partenaires se complétant et se renforçant les uns les autres.

Le solaire présente un cycle jour-nuit évident, dont beaucoup oublient qu’il colle assez bien au cycle de l’activité humaine et donc aux besoins en énergie. L’éolien offre fréquemment des puissantes productions en période de mauvais temps. La biomasse et l’hydraulique ne sont ni plus moins que nos batteries permettant le lissage des productions intermittentes. Et ainsi de suite, dès lors n’opposez pas des frères et sœurs ne souhaitant qu’une seule chose collaborer!

Peu de gens le savent, mais une combinaison photovoltaïque + éolien permet de produire de l’énergie pendant presque 90% du temps.

Pour l’exprimer autrement vouloir couvrir l’intégralité de nos besoins avec une seule source d’énergie renouvelable relève de l’impossible car la gestion de l’intermittence devient insoluble. Atteindre le même objectif avec deux sources différente au lieu d’une reste difficile et coûteux, mais peut s’envisager. Lorsqu’on passe à trois ou encore mieux quatre, les renouvelables s’intègrent en un tout cohérent sans difficulté supplémentaire, car rappelons-le, même le nucléaire pose de grandes difficultés pour gérer les variations de demande du réseau.

Mon engagement auprès du comité pro-éolien relève donc de la simple cohérence.

Une plongée dans la campagne liée à cette votation ne parle pas franchement en faveur du genre humain entre la désinformation, les mensonges et les insultes très largement en-dessous de la ceinture. Il m’est apparu souhaitable d’essayer de recadrer le débat et j’ai donc essayé de collecter l’ensemble des contre-vérités en circulation et d’offrir à chaque point la base de réponse permettant de s’y retrouver.

Le lien sur le résultat est à la fin de l’article, à diffuser le plus généreusement possible, merci d’avance.

Je trouve par contre important de souligner encore une fois ce que j’expliquais au journaliste du Temps à la fin de la conférence de presse: “fermer la porte de l’éolien ouvre celle des gaz de schiste“.

Notre économie, notre mode de vie, et enfin l’ensemble des prestations sociales offertes à la population exigent tous de l’énergie! Nous avons besoin des 20% que l’éolien peut nous offrir. Faire l’impasse ici nous conduira tout droit dans une situation d’urgence dans quelques années et l’autoroute du gaz schiste aura été soigneusement balayée avec toutes les conséquences désastreuses à la clefs déjà décrites dans ces pages.

En parallèle à ceci, il se rajoute un puissant malaise sur l’honnêteté des défenseurs de l’initiative “avenir des crêtes” lorsqu’ils affirment qu’il faut privilégier l’énergie solaire, car voyez-vous plusieurs de ces personnes appartiennent au groupe qui fait des pieds et des mains pour retarder mes projets de centrales photovoltaïques à La Chaux-de-Fonds.

Oui, la population doit savoir que l’éolien et le solaire ne s’opposent pas mais se renforcent, et que les affirmations contraires de nos adversaires relèvent de la même logique égoïste, court-termiste et mensongère nous amenant tout droit vers l’enfer. Il vous suffit de prendre connaissance des communiqués du GIEC sortant au moment même où j’écris ces lignes!

Laurent-David Jospin

Liens et sources :
Journal Le Temps, Pierre-Emmanuel Buss, “La centrale à gaz de Cornaux, un projet mort-né
Argumentaire rectificatif sur les contre-vérités en circulation: http://www.famillejospin.ch/ouvrirlesyeux/images/rectificatif%20pro%20%c3%a9olien%20.pdf
Site de l’association de défense du contre-projet du Conseil d’Etat: www.eole-ne.ch
Agence France Presse, communiqué du GIEC, “Climat: urgence à agir pour tenir le cap des 2°C, l’énergie au coeur du défi
Posts sur le gaz de schiste et leurs sources propres: http://www.famillejospin.ch/ouvrirlesyeux/?p=109, http://www.famillejospin.ch/ouvrirlesyeux/?p=93,

Il y en a qui ne manque pas de … … de gaz schiste

Monsieur Rex Tillerson que voilà une personnalité qui mérite d’être connue, et je m’en vais m’empresser de vous la faire découvrir!

Ce brave Rex, portant si bien son nom, roi du gaz de schiste aux USA car CEO d’EXXON, est assurément un saint, car il n’hésite pas à payer de sa personne, critiquant le gouvernement américain à la moindre tentative de limiter la liberté fondamentale des majors de l’énergie de détruire sous-sol et santé des habitants sans devoir en assumer les conséquences.

Un sain? Que dis-je le missionnaire du coup de force par forage horizontal, l’évangéliste des pétroles non-conventionnels, l’apôtre du tout tout de suite et tant pis pour les générations futures, le prophète du fracking et des pollutions à long terme.

Ce phare dans un monde perdu dans ses errements n’a pas hésité à affirmer haut et fort que le gouvernement américain devenait un problème en souhaitant, même si peu, réguler l’industrie du gaz de schiste sur le plan environnemental. Les larmes m’en viennent aux yeux d’une telle preuve de courage et lucidité en faveur de l’avenir de nos enfants.

D’ailleurs voyez-vous, il n’a pas manqué de prouver son infinie cohérence en attaquant un permis de construire pour un réservoir destiné à de la fracturation hydraulique un peu trop près de sa magnifique propriété. Car enfin, c’est bien évident on va exploiter le gaz de schiste chez les pauvres pour les aider, il n’y a donc surtout aucun besoin de le faire chez les riches…. soyons logiques, enfin quoi!

Très cher Rex Tillerson nous t’aimons tellement. Puisses-tu ne jamais disparaître comme ton illustre cousin Rex Tyranosaurus!

Laurent David Jospin

Sources :
The Wall Street Journal, Daniel Gilbert, 20 février 2014, “Exxon CEO Joins Suit Citing Fracking Concerns
Blog Dallas Observer,  “http://blogs.dallasobserver.com/unfairpark/2014/02/wsj_exxon_ceo_lawsuit_fracking.php

You know what? I’m hhhaaaaaappy!

Disait Droopy dans les Tex Avery de ma jeunesse. Cela reflète assez bien mon état d’esprit du jour.
Le 25 juin dans mon post “Gaz de Schiste bis repetita”, il a été, un peu trop discrètement apparemment, suggéré aux députés Vert’libéraux de proposer un moratoire sur les forages. Apprendre que La Conseillère Fédérale Doris Leuthard vient d’écrire aux opposants au forage de Noiraigue, en recommandant notamment d’attendre et également en soulignant que le but n’est pas plus de fossile mais bien de passer au renouvelable, m’a réchauffé le cœur.
J’en reste totalement convaincu, un simple moratoire de 5-10 ans et l’on ne se posera très certainement plus la question, car d’une part le retour d’expérience sur les autres exploitations gazières se sera suffisamment étoffé, mais d’autre part, nous aurons également atteint un tel niveau de conséquences liées au réchauffement climatique, que l’incongruité d’un tel projet éclatera au grand jour.

Laurent-David Jospin

Sources : L’Express du 17.08.2013, site web de la RTS

Gaz de schiste et ça continue…

Mon dernier post sur les gaz de schiste m’a valu une avalanche de réactions, commentaires et autres questions, jusqu’à et compris un téléphone très énervé au bureau (si,si!). Pour ce dernier, la clarté du discours étant inversement proportionnelle à l’énervement, je n’ai pas vraiment réussi à en tirer la substantifique moelle, mais en toute sincérité cela ne me dérange pas plus que cela.

Globalement, il m’est clairement apparu que tout n’est visiblement pas clair, si j’ose ainsi m’exprimer. Cela mérite dès lors un petit complément.

Pour les résumer sommairement les thèmes évoqués par mes interpellants tombaient essentiellement dans les catégories suivantes :

  • Le gaz de schiste est bon pour lutter contre le réchauffement climatique
  • Le gaz de schiste est bon pour l’économie
  • Le gaz de schiste nous permettrait de garantir notre indépendance énergétique
  • Les techniques d’extraction sont aujourd’hui sûres

 Bon pour le réchauffement climatique??

En apparence seulement, car un problème vient se greffer sur l’équation de base. Les pro gaz de schiste mettent en avant que 1 kWh généré par du méthane (composé principal des gaz dit naturel y compris le gaz de schiste) génère nettement moins de CO2 que le même kWh généré par exemple lors de la combustion de charbon.

Cette affirmation est vraie à priori, mais elle ne prend pas en compte en tout premier lieu les fuites de méthane lors de la récolte du gaz. Or le méthane possède un pouvoir GES (gaz à effet de serre) entre 25 et 50 fois supérieur (selon la période de temps observée) à celui du CO2. Il en découle que si seulement 3% du gaz produit est perdu en fuite, le bilan GES est au mieux neutre, au pire nettement plus mauvais. Les données disponibles sur diverses sources internet (commencez par Wikipedia anglais Shale gases et suivez les liens de la bibliographie) indiquent des taux de perte entre 5% et 15%. Et donc un bilan GES réellement mauvais.

Il se rajoute à ceci que nous n’avons parlé que de la période en “exploitation”. Il y a encore une vie pour les gaz après la vie du puits. Lorsqu’un puits est foré, le taux de récupération des gaz est initialement très élevé. Après 6/12 mois, l’efficience du puits commence de s’effondrer et il faut aller forer un peu plus loin à brève échéance. Oui, mais voilà, la roche a été fracturée et elle est donc devenue en quelque sorte “poreuse” et les gaz continuent de migrer insidieusement et des quantités très appréciables de gaz finissent par être relâchées au fil du temps.

La conclusion est sans appel, les gaz de schiste n’apportent aucune amélioration à notre problème de réchauffement climatique bien au contraire.

Bon pour l’économie??

En apparence peut-être, mais cela dépend de l’échelle de temps observée. Si l’on se décide à prendre en compte a) les conséquences du réchauffement climatique (voir mon post l’aveu), b) la mise en péril des ressources aquifères  (voir plus bas), et c) les dommages au paysage infiniment supérieur à de l’éolien ou du photovoltaïque par ex. ainsi qu’à l’environnement proche par un trafic de camions de très haute intensité, il est manifeste que cette affirmation n’est plus vraie.  Pour faire écho au point c), la vue google d’une zone exploitation au Texas est éloquente.

Dans un petit pays comme la Suisse, où le territoire possède une très haute valeur dû à sa rareté, un tel type d’exploitation ne pourra jamais être considéré comme rentable, car la perte de valeur paysagère se multiplie par le nombre des années.

En réalité la production de gaz de schiste n’est intéressante que pour les primo exploitants. Pour tout ceux qui viendront après, il ne restera plus qu’une charge et personne en face pour l’assumer.

Bon pour l’indépendance énergétique??

Dans une vision court-termiste peut-être, mais à nouveau ceci n’est vrai que si l’on occulte les aspects négatifs dans la balance comptable. Deux aspects principaux doivent être examinés :

A. Les dommages générés par l’exploitation du gaz de schiste nécessiteront des réparations. Qui dit réparation, dit transformation. Et voilà toute re-transformation nécessitera de l’énergie. On citera ici comme exemple, le fait que dans des régions entières, les compagnies gazières doivent venir livrer de l’eau potable aux habitants qui disposent pourtant de puits et autres forages, mais dont l’eau est devenue impropre à la consommation. Sur le long terme, j’estime plus que probable que l’énergie récupérée lors de l’exploitation sera reperdue dans de telles nécessités de réparation.

B. En ce qui me concerne, je suis hautement favorable à l’indépendance énergétique et je prépare un post sur cette question exclusive. Mais alors, pourrait-on faire autrement? OUI et encore OUI! Notre pays regorge de sources d’énergie les plus variées qui peuvent très bien se combiner entre elles pour obtenir un pays complètement autonome et renouvelable. La base hydraulique installée couvre environ 60% de nos besoins en électricité. Il sera difficile de réaliser encore beaucoup de grands barrages, mais il existe une ressource extrêmement importante via de l’hydraulique souterrain. Le photovoltaïque pourrait, à terme, nous assurer à lui seul 50% et plus de la consommation électrique du pays. Il suffirait de mettre en place une politique volontariste à ce sujet. Le solaire thermique peut diminuer nos besoins en chauffage d’environ 50%. La génération de biogaz ainsi que d’autres utilisations de la biomasse offrent un gisement considérable, d’un ordre de grandeur de 20 à 30% des besoins du pays. Et puis bien sûr, il y a l’éolien. Géré de manière responsable, notamment en se tenant à une distance suffisante des habitations, il y a de nouveau ici une opportunité équivalente à une tranche de nucléaire moderne. Et au final, cerise sur le gâteau, l’efficience énergétique devrait nous permettre d’économiser facilement 30% de notre consommation totale sans perte de prestation (certains auteurs vont jusqu’à 50%, pour ma part je considère plus conservateur d’en rester à un raisonnable 30%). OUI à une vraie indépendance énergétique, pas un simulacre qui nous laissera dans une situation pire qu’initialement lorsque les réserves convoitées se tariront. A ce sujet, on peut signaler que de nombreux scientifiques jugent les réserves estimées comme exagérées avec à la clef de potentielles grosses désillusions.

Techniques d’extraction sûres??

Grotesque!! Je pourrais bien sûr vous décrire par le menu tout la procédure de la fracturation hydraulique avec les quantités monstrueuses d’eau gaspillée, la cohorte de produits chimiques tous plus nocifs les uns que les autres injectés dans le sous-sol, les boues radioactives ressortant du puits avec le gaz,  et ainsi de suite; mais je ferai beaucoup plus simple par une simple démonstration logique. Si cette technologie était sûre comme prétendument, au grand jamais les compagnies pétrolières n’investiraient tout ce qu’elles investissent pour trouver de toute urgence une technique alternative!

Pour ceux qui souhaiteraient étudier le processus plus en détails, je vous propose le rapport sur les gaz et huiles de schiste établi à l’attention de l’assemblée nationale française sous http://www.assemblee-nationale.fr/13/rap-info/i3517.asp cela vous donnera une bonne première idée.

Sur un autre plan, il faut insister sur le fait que la question de la sécurité ne s’arrête pas à la vie du puits en exploitation, mais que le sous-sol rendu ainsi “instable” ou “poreux” reste un challenge pour un nombre d’années totalement inconnu. Le recul sur la filière est actuellement presque inexistant. Dans mon post précédent je mentionne le rapport de la Duke University qui établit clairement l’existence d’une contamination. SI vous cherchez sur Internet, vous verrez que cette université avait publié de très nombreux rapports par le passé, tous éminemment favorables à la filière gaz de schiste. C’est donc bien le temps écoulé qui a fait ressortir le problème.

Non, cette technologie n’est pas sûre dans l’état actuel de la technique, et très vraisemblablement elle ne peut pas l’être pour une raison fondamentale liée au fait que déstabiliser un sous-sol stable depuis des millions d’années implique des conséquences allant au delà de notre capacité de contrôle.

Au final, et indépendamment des points évoqués ci-dessus, rechercher à tout prix du fossile et encore du fossile, équivaut à nier la réalité et la gravité du réchauffement climatique. Pour vous donner une idée de la question allez sur le site de l’Agence Internationale de l’Énergie et téléchargez le dernier rapport sur l’évolution prévisible du climat : http://www.iea.org/publications/freepublications/publication/name,38764,en.html. Sur ce, nous avons réunis nos forces avec mon fils pour essayer de vous résumer le devenir du dernier climato-sceptique :

Si vous ne voulez pas le suivre sur son chemin infernal, ne lui laissez pas le pouvoir !!!!

Laurent-David JOSPIN

Gaz de schiste bis repetita

A 2 jours d’intervalle, j’ai découvert d’un côté un article de l’université de Duke en Caroline du nord, confirmant ce que l’on soupçonnait depuis longtemps, à savoir que la fracturation hydraulique crée des contaminations de nos nappes phréatiques, et de l’autre une annonce sur le site de la RTS comme quoi la société Celtique Energie voulait convaincre à nouveau du bien-fondé de ses forages exploratoires dans le Val-de-Travers.

Bon essayons de réfléchir calmement, nous avons d’une part la certitude qu’une chose est une grosse bêtise, et de l’autre des gens qui essayent à tout prix de la faire quand même, que devons-nous en conclure? En fait, c’est tellement absurde, que je ne sais pas si on peut en tirer une conclusion qui mérite d’être énoncée mis à part peut-être qu’il faudrait les jeter en prison à titre préventif.

On peut toutefois rappeler quelques vérités simples :

  • la fracturation hydraulique a pour but dans un raisonnement simplifié de rendre poreuses des roches qui ne l’étaient pas. Logiquement, il en découle des migrations et des contaminations intercouches géologiques.
  • Les promoteurs du gaz de schiste peuvent nous donner toutes les garanties qu’ils veulent, si un jour on découvre un problème, il sera premièrement irréparable, et deuxièmement vous pouvez être certain que les dits promoteurs n’assumeront pas les conséquences, car elles ne sont tout simplement pas assumables.
  • Et de toute façon, il est complètement fou de mettre une pareille énergie à chercher encore des carburants fossiles puisque nous savons que le taux de CO2 grimpe plus vite que prévu et que les conséquences font de même.

Alors, je vais me permettre d’envoyer une petite grande prière à mes chers collègues députés Vert’libéraux : S’il vous plaît, prenez 2 minutes pour rédiger une interpellation urgente et exigez un moratoire de quelques années!! Cela sera certainement suffisant, car dans l’intervalle les conséquences auront pleinement “fleuri” et la bonne décision tombera sous le sens.

Laurent-David Jospin

PS : l’article est trouvable via les mots clefs “gaz de schiste contamination eau” en français et “shale gas water University Duke” ou “higher levels of stray gases found in drinking water” en anglais.