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Mort aux à priori, vive l’innovation, vive la fiscalité écologique

En politique la mauvaise foi est de rigueur me dit on. Je n’aime pas cela, je ne souhaite pas jouer ce jeu là, mais apparemment je ne pourrai malheureusement pas changer quoique ce soit à cet aspect de la chose. Par contre, l’obscurantisme lui n’est tout simplement pas tolérable.

Regardez la campagne orchestrée par les opposants à notre initiative TE – TVA. Le discours revient sans cesse: supprimer la TVA? mais vous êtes fou, c’est impossible. Par contre ils sont dans l’incapacité absolue d’aligner 2 arguments qui tiennent la route pour soutenir ce point de vue.

On leur dit que le Fond Monétaire International préconise justement la substitution d’impôts existants et leurs remplacements par une fiscalité écologique : ils disent l’ignorer.

On montre chiffre à l’appui que la charge fiscale variera peu d’un ménage à l’autre. Ils le nient.

On explique que seule une action de grande envergure peut réellement contribuer à sauver le climat, ils nous répondent que d’autres mesures sont possibles mais sans dire lesquelles.

Tiens aujourd’hui, on se sentirait presque proche d’un célèbre personnage historique, comme celui-ci :

Désolé, mais l’obscurantisme ne permettra jamais à notre société d’avancer. Et aujourd’hui nous n’avons plus le temps d’attendre, la situation environnementale exige une action déterminante.

Votez OUI et faites voter OUI à l’initiative pour remplacer la TVA par une taxe sur les énergies fossiles afin de permettre à notre pays d’avancer vers la voie du progrès.

Laurent-David JOSPIN

La bonne réponse à la chute des prix du pétrole : ne plus en dépendre!

Il peut sembler très contradictoire de constater la baisse de prix d’une ressource, quelle qu’elle soit au demeurant, et que l’on conclue à ce qu’il serait préférable, justement du fait de cette baisse, d’en s’en passer le plus vite possible. Et pourtant, j’espère par ces quelques lignes pouvoir vous en convaincre. Nous allons rapidement constater le peu de crédibilité d’une action de la main du hasard, passer en revue quelques unes des cibles potentielles et enfin voir les risques encourus pour notre pays. Bien évidemment, je ne résisterai pas au plaisir de vous proposer une solution, d’ailleurs la seule crédible à ce jour.

Ces derniers mois, nous avons vécu une authentique dégringolade des prix du baril  du brut, presque divisés par deux, durant une chute apparemment totalement imprévisible. Tous ces événements, très rapides, se sont déroulés sans que l’on puisse les expliquer par un élément rationnel de manière certaine, même à posteriori. Les explications les plus sérieuses côtoient les plus audacieuses, et rien n’y fait, le paysage reste brumeux à souhait.

La simple explication de l’abondance de la ressource combiné aux lois du marché ne tient absolument pas la route. En effet, la “denrée” pétrole se produit et se consomme en flux quasi tendus, hors réserves stratégiques cela va de soi. Elle n’est certes pas inapte au stockage. Simplement, le coût d’un tel stockage conduit à une dévalorisation constante de la marchandise au fil du temps. Dès lors, une sur- ou sous-production de seulement quelques petits pour-cents peut conduire à des sauts de prix gigantesques.

Pour vous donner rapidement une idée de l’importance de l’effet de levier entre le différentiel production versus consommation et l’effet effectif sur les prix, vous pouvez prendre connaissance de l”explication donnée par le Dr. Thomas Chaize (lien : http://www.dani2989.com/matiere1/marginalcostoil0212fr.html), qui démontre qu’une infime variation de la demande peut conduire à une multiplication par 4 des prix. Dans le monde actuel, la demande ne se régule quasiment pas, ou seulement lors d’événements extraordinaires (embargo, quota, …). On peut par contre très facilement jouer sur l’offre, surtout s’il ne s’agit que de micros adaptation à la baisse.

A l’instant où j’écris ces lignes, le consensus table sur une consommation journalière mondiale de 92 millions de barils. La production cumulée OPEP + non OPEP s’afficherait à 94.5 millions de barils-jours. Le surplus réel se situe vraisemblablement un peu en dessous de la différence strictement mathématique peut-être à 2 millions de barils-jours.

En clair et en français, les producteurs se mettraient d’accord pour une petite baisse de peut-être 3-4% et ils toucheraient grosso mode le double d’argent, tout en préservant leurs réserves pour les ventes futures. Pour ma part, je n’arrive pas à croire qu’une mésentente puisse conduire à un tel non sens, absurde me semblerait bien faible comme qualificatif. Même les pires ennemis, lorsque leurs intérêts convergent, trouvent une solution, ce d’autant plus si les enjeux s’approchent ou dépassent la taille d’un budget national! A mon avis, il peut être considéré comme certain que la situation prévalant actuellement est intentionnelle et qu’un enjeu, vraisemblablement très important, se cache quelque part. Pour conclure sur cette question, on peut enfin rappeler que si le coût actuel du baril conduit à ce que certaines filières d’extraction ne soient plus rentables, c’est surtout toute une série de pays producteurs, dont des acteurs majeurs, qui ne sont, aux conditions actuelles, plus capables de boucler leurs budgets nationaux.

Je ne résiste pas au plaisir de citer la réflexion proposée par Monsieur Laurent Horvath sur son blog 2000watts.org, car appartenant aux plus solidement bâties et mieux étayées que l’on puisse trouver dans les cercles sensibles aux questions énergétiques, même si je sentais bien que quelque chose ne tournait pas rond  : pour faire court, LH développe le point de vue que l’Arabie Saoudite a pris subitement ombrage du rôle de plus en plus important comme producteur de pétrole des USA et qu’elle aurait donc décidé d’exécuter toute la filière des pétroles de schiste nord-américaine via une baisse de prix temporaire. L’idée étant que le prix de vente artificiellement abaissé à un niveau juste inférieur au prix de revient des pétroles de schiste devait rapidement tuer les entreprises s’étant engagées sur ce créneau, et que par la suite les prix pourraient remonter à un niveau normal. LH s’est trouvé renforcé dans son raisonnement initial, lorsque subitement l’Arabie saoudite a officiellement déclaré que sa cible était bel et bien les producteurs de gaz et pétrole de schiste.

Vraiment?  Et bien, permettez-moi d’en douter et pour de très bonnes raisons. (En passant et hors sujet, j’apprécie toujours beaucoup de lire le blog de M. Horvath car riche en informations et réflexions de qualité, donc merci de ne pas me prêter des mauvaises intentions ici).

En premier lieu, il est utile de rappeler ce qu’est vraiment l’Arabie saoudite, un colosse regorgeant de pétro-dollars certes, mais dont les pieds posent sur le sable au propre comme au figuré. Un peu plus de 90% des rentrées de devises du pays proviennent directement (85%) ou indirectement de la production pétrolière. Or cette manne pétrolière profite presque totalement à un cercle restreint d’élus : la famille princière comprise dans un sens très large. L’ensemble des bénéficiaires présente une belle unité apparente, mais il ne s’agit que de façade. Les équilibres du pouvoir restent précaires et une baisse durable des “royalties”  (au sens propre!) perçues ici pourrait conduire à une instabilité violente dans les plus hautes sphères.

L’autosuffisance alimentaire bien que présentée comme un but essentiel à moyen terme, reste manifestement du pur domaine des fantasmes, la compréhension locale de l’islam conduisant à ce que la quasi totalité de la population refuse les tâches considérées comme serviles ou impures, ce qui en cascade rend l’implantation d’une agriculture digne de ce nom totalement illusoire. Le pays est contraint d’importer quasiment le 100% de son approvisionnement alimentaire et pratiquement toute sa consommation au sens large. Toujours lié à cette considération sur les tâches serviles, la population est constituée de 30% d’émigrés qui réalisent en pratique 90% du travail effectif produit.

De l’autre coté, la population, majoritairement jeune, avec une part supérieure à 70% de moins de 30 ans, croît à un rythme de 3% l’an, et au minimum pour l’instant, avec infiniment peu d’espoir de grimper dans l’échelle sociale. Cette population subit un authentique lavage de cerveau en subissant un islam sectaire et indéfendable aux yeux de la très large majorité des musulmans actuels. Il plane un risque clair, que ce conditionnement se retourne contre ses auteurs, il suffirait qu’un leader charismatique émerge et canalise la frustration existentielle créée artificiellement dans l’esprit  de la population. L’image que j’aime à en donner est celle d’un baril de poudre placé en plein soleil. Il suffit d’arrêter l’arrosage à peine trop longtemps et boum, vous aurez le plaisir d’admirer une belle explosion (de loin de préférence!).

En bref, l’Arabie saoudite est à peu près autant dépendante de la manne pétrolière que nos démocraties occidentales de son pétrole. Si l’occident acquière sa paix sociale via une politique de redistribution soutenue par une croissance sans limite prévisible, le royaume wahhabite fait tourner la pompe à pétro-dollar pour obtenir le même résultat. La question de savoir laquelle des deux politiques percutera le mur en premier est loin d’être triviale et pourrait avoir des répercussions majeures sur le visage du monde de demain.

Et voilà que sur ce tableau déjà peu réjouissant en lui-même plane l’ombre du peak oil! Officiellement, le gouvernement saoudien nie toute fin prévisible à court terme. Mais voilà, d’anciens officiels du régime, comme le très respecté Cheik Yamani, lorsqu’ils peuvent récupérer leur liberté de parole, décrivent une situation bien moins rose. L’affirmation circule depuis quelques années déjà, que l’Arabie saoudite n’arrive à maintenir la production de son champ phare Ghawar (60% de la production du pays à lui seul), que grâce à des injections massives d’eau de mer pour augmenter la pression et ainsi soutirer les derniers barils récupérables. Les récentes fuites de câbles diplomatiques (wikileaks) laissaient même penser que d’ici 20 à 30 ans maximum la production pétrolière du royaume wahhabite débuterait un déclin marqué, si ce n’est son effondrement.

La baisse des prix actuels, grosso modo de 100 à 60US$  le baril, représente une perte sèche pour l’économie saoudienne de 400 millions de US$ par jour! Oui, vos yeux ne vous mentent pas, 40US$ de moins multiplié par une production journalière de 10 millions de barils (en arrondi) donnent bien ce chiffre exorbitant, qui devient presque surréaliste si considéré sur une année entière soit une perte de 146 milliards de US$.

Ceci étant rappelé, réfléchissons quelques instant si une manœuvre visant à ruiner la filière des pétroles de schiste aurait la moindre chance d’aboutir. Les mécanismes de l’économie de marché comprise dans un sens très libéral prévalent, en principe, aux USA. En principe seulement, car bien évidemment lorsque le gouvernement, à mes yeux largement pas autant démocratique qu’il le prétend, considère que x ou y activité relève de la sécurité nationale, il n’hésitera pas un seul instant à piétiner, avec un enthousiasme mal dissimulé, les mêmes principes considérés comme sacro-saints l’instant d’avant.

Le scénario, écrit d’avance, se déroulera grosso modo comme suit. Les acteurs les plus faibles feront effectivement faillite. Ils seront racheté pour 1 cent symbolique et la nouvelle entité pourra continuer à produire sans avoir à amortir les investissements initiaux. En terme économique, on dit qu’elle produira au coût marginal. Donc pour réellement impacter durablement la filière, il faudrait descendre les prix mondiaux en dessous du coût marginal de la filière pendant une durée suffisante pour mettre tout le monde à terre, y compris des majors disposant d’une activité globale sur la planète entière leur permettant ainsi de jouer entre les marchés. Si vraiment, l’Arabie saoudite souhaite obtenir ce résultat, elle doit donc inonder le marché durant une période de temps difficilement déterminable à l’avance, mais dont on sait avec certitude qu’elle sera longue. Le simple espoir que les prix puissent remonter dans un futur proche peut d’ailleurs suffire à maintenir la filière en vie dans un état de semi-coma mais avec un réveil toujours possible. Et puis, n’en doutez pas, Oncle Sam le “bienveillant” veille au grain. Il sait mieux que quiconque que dépendre de l’étranger pour une ressource aussi stratégique que l’énergie ne peut que vous mettre dans une situation de faiblesse et si vraiment cela devient nécessaire, il agira. La filière pourra donner l’impression de mourir, mais il ne s’agira que d’un sommeil trompeur, et tel le Phénix, elle renaîtra de ses cendres au moment précis où elle fera toute la différence entre un pays dépendant ou une nation autonome et partant libre de ses actions. (note hors sujet : je reste personnellement totalement opposé à l’exploitation aussi bien du gaz de schiste que du pétrole de schiste, mais l’analyse de ce post tourne autours des réflexions court-termistes politiques actuelles et non pas celles d’une vision durable et responsable pour les générations futures).

Permettez-moi dès lors de douter que les responsables saoudiens se lancent à corps perdu dans une telle quête vouée à l’échec, alors qu’elle signifie pour eux la quasi certitude d’une explosion sociale gravissime à la manière de celles d’autres pays proches comme la Libye ou Syrie.

Bon, poursuivons un peu la réflexion et si les pétroles de schiste ne sont pas dans le viseur, qui serait visé alors?

On pourrait penser bien sûr à l’Iran, qui suite à l’embargo le frappant, doit vendre avec des grosses difficultés son pétrole aux chinois et donc une perte financière significative à la clef. Les saoudiens (wahhabites soit une secte du sunnisme) et les perses (chiites) se haïssent notoirement pour des raisons à la fois culturelles et religieuses. Un Iran nucléaire serait effectivement complétement inacceptable aux yeux des Princes saoudiens. Le rapprochement entre les USA et le grand voisin perse a fortement déplu.

Toutefois, les stratèges saoudiens le savent, depuis des dizaines  d’années de sanction, l’Iran a développé une faculté de résilience très élevée. On pourrait même dire que le pays des mollahs fonctionne à l’extrême opposée du royaume wahhabite. L’Iran a appris à pratiquement tout produire par elle-même et vouloir faire plier ce pays  sans avoir un soutien réellement convergent du reste de la communauté internationale semble peu crédible. Dire que les princes de Ryad souhaitent diminuer l’influence de Téhéran sur le Golfe persique relève du pléonasme. Mais la cible semble néanmoins trop évidente et trop élevée également. Je ne puis exclure cette possibilité, mais comme la douleur infligée à l’émetteur dépassera largement les conséquences réelles chez le receveur, il me semble sincèrement que nous pouvons mettre cette piste quelque peu de coté.

On peut également penser à la Russie comme cible potentielle. Le conflit ukrainien a conduit à une politique de sanctions visant (ou plus exactement souhaitant viser) la garde rapprochée de Vladimir Poutine et donc l’industrie pétrolière du pays. Les USA notamment pourraient trouver un intérêt fort à ce que les prix du brut s’effondrent pendant quelques temps pour mettre à genou le Tsar sauvage. Par contre, je vois mal quel intérêt l’Arabie saoudite pourrait y trouver pour son compte à elle? Si réellement, cette option venait à être la bonne, nous pouvons tous être certains que les USA ont promis une compensation à la hauteur des sacrifices complétée par un juteux bénéfice à Ryad. Pour ma part, je ne vois qu’une seule chose qui, dans l’ordre de grandeur, pourrait remplir un tel rôle : l’attribution d’un morceau de territoire laissant entrevoir des perspectives importantes en terme de ressources exploitables, ce qui ne serait pas illogique, puisque nous pouvons légitimement soupçonner la fin de la domination pétrolière de l’Arabie Saoudite selon les explications données plus tôt. On rentre ici, bien évidemment, dans le machiavélisme pur, puisque les USA ne sont propriétaires de rien dans la région du Golfe et qu’ils ont/auraient forcément fait une telle promesse à l’insu du légitime propriétaire. Ne souriez pas, ils ne se sont pas gênés de le faire par le passé et je crains qu’ils le refassent à futur. Les victimes potentielles pourraient se trouver du coté de l’Irak après un éclatement provoqué, voire de la Syrie, ou une combinaison plus complexe impliquant ces pays et d’autres. Les faucons de l’administration Bush avaient re-dessiné un nouveau moyen-orient à l’insu des personnes concernées, il y a déjà quelques années de cela. Une tentation de cette nature expliquerait bien des choses. Les USA aiment à jouer aux apprentis-sorciers et semblent n’être jamais capables d’en tirer des leçons salutaires après moult tragédies pour les populations locales et échec global de leur politique.

La première de ces cartes représente la réalité actuelle, la deuxième la vision idéalisée par l’armée américaine en 2006. La tentation de forcer la création d’un tel nouveau paysage a été à ce point présente que la nouvelle carte a même été enseignée dans les écoles d’officiers de l’OTAN sous supervision américaine.

Daech ou autrement dit l’Etat Islamique pourrait également être une cible de choix. Et paradoxalement, cela donnerait une bonne explication à l’affirmation faite par les saoudiens eux-mêmes qu’ils viseraient la filière “schiste &co”. Il faut savoir que Daech a été financé, au minimum initialement, par des princes wahhabites divers (qatari ou saoudien), et qu’une part importante de ces mêmes princes adhèrent sans le moindre problème au projet de société prôné par Daech, même si pour des raisons de respectabilité extérieure ils font semblant de s’en distancier (note : ce sont les mêmes princes qui avaient financé Al-Qaida). On pourrait imaginer ici que les intérêts américains et saoudiens aient subitement convergé. Les américains ne trouvent pas en Daech la marionnette malléable et obéissante qu’ils auraient souhaitée (tiens vous vous rappelez, Ben Laden travaillait initialement POUR la CIA!), tandis que Ryad a subitement pris peur que ce Frankenstein à la sauce islamique ne se retourne contre son créateur. Mais voilà jamais au grand jamais, les saoudiens ne pourront publiquement annoncer à leur population qu’ils sont entrés en guerre totale contre Daech, car la sympathie générée par ce mouvement dans la population, jeune et sans espoir pour rappel, saoudienne pourrait induire directement une guerre civile. Au contraire, laisser croire que l’on s’attaque au Grand Satan américain ne peut que générer une adhésion du public. Je n’oserai pas affirmer de manière péremptoire que ce scénario est la vérité sans aucun doute possible, mais si je devais parier cent sous sur la question, je les placerais en priorité sur ce cheval plutôt qu’un autre.

D’autres scénarios peuvent être envisagés et même étayés. Une seule chose demeure, les misérables populations liées à cette gigantesque partie d’échec planétaire ne sont pas prêtes d’arrêter de souffrir! Il est indubitable que les marchés des ressources fossiles sont devenus un immense champ de bataille avec des enjeux dépassant de très loin l’influence d’un seul pays, même plutôt économiquement fort comme notre bonne Helvétie.

En ce qui concerne notre pays, nous courons des risques divers dont à signaler plus particulièrement :
– de prendre des décisions majeures ou réaliser des investissements stratégiques inappropriés suite à des conditions artificielles temporaires,
– de subir des perturbations économiques graves dues à des fluctuations imprévisibles et de grande ampleur des coûts de l’énergie,
– être impliqués à notre corps défendant dans des conflits géo-stratégiques mondiaux sur lesquels nous n’avons en réalité aucun intérêt ni influence,
– devoir accepter des accords internationaux contre nos désirs réels de par notre dépendance de l’étranger.

Assurer l’indépendance énergétique de notre patrie correspond à assurer son indépendance et sa sécurité tout court, peut-être bien autant qu’avoir une armée apte à défendre le territoire national.

Aujourd’hui la transition énergétique, souhaitée pour d’autres raisons, reste du domaine des vœux pieux. Les mesurettes proposées, nous le savons déjà, ne conduiront qu’à une augmentation de quelques pour-cents des énergies renouvelables, qui sont ici en premier lieu des énergies indigènes!

Le 8 mars prochain, le souverain helvétique votera sur l’initiative des Vert’libéraux connue sous le nom de TE-TVA ou par son titre récrit récemment “une fiscalité écologique à la place de la TVA”. En disant OUI à cette initiative, vous agirez pour
* la protection du climat
* une diminution de la pollution de l’air
* simplifier la bureaucratie de notre pays
* une sortie effective et raisonnablement proche du nucléaire
* mais aussi pour assurer l’indépendance de notre patrie !!

Ce sujet va passablement m’occuper sur le premier trimestre 2015, et il ne se passera pas longtemps avant que je vous en reparle.

Laurent-David JOSPIN

Sources :
Al Huffington Post Maghreb, Et si le Moyen-Orient ressemblait à ça? La carte du Moyen-Orient idéal pour l’armée américaine en 2006, 25/10/2013, http://www.huffpostmaghreb.com/2013/10/25/moyen-orient-armee-americ_n_4157849.html
Express be, “L’OPEP ne réduira pas sa production de pétrole, même si les cours tombent à 20 dollars le baril“, 24 décembre 2014
Ken Farsalas, The Oberweis Report, “No speculation on Oil Reality“, 29.07.2008
The Guardian, “Wikileaks cables: Saudi Arabia cannot pump enough oil to keep a lid on prices“, February 8 2011
L’observatoire de la liberté religieuse, “http://www.liberte-religieuse.org/arabie-saoudite/

ECOPOP ou la tentation de la fausse bonne solution

Récemment, j’ai eu l’occasion de participer comme orateur à des débats sur l’initiative connue sous le nom Ecopop, dont le titre complet réel est “Halte à la surpopulation – oui à la préservation durable des ressources naturelles“.

La dernière présentation dans le cadre du parti vert’libéral neuchâtelois était particulière à plus d’un titre. En premier lieu, car si je défendais la position de notre comité directeur national, pour cette fois exceptionnellement la responsabilité de présenter les arguments des initiants m’incombait également. Et d’une manière générale, même si je n’adhère pas du tout à la solution préconisée, il n’en reste que sur le constat de base posé par les initiants, je ne puis qu’admettre la pertinence des craintes soulevées.

L’exercice de vous faire revivre dans un post écrit une conférence pensée oralement accompagnée d’une présentation constituée essentiellement d’animation relève clairement de la gageure. Toutefois, en simplifiant la présentation et en restant à un niveau relativement superficiel du discours, j’espère pouvoir vous donner un aperçu satisfaisant. Donc, en clair vous ne voyez ici pas toutes les diapos, ni n’avez le discours complet, mais juste une sélection espérée la plus pertinente possible. Le texte lié à chaque image se trouve en dessous.

Sans exagérer dans l’auto-encensement , il me semblait pertinent de relever que j’ai une bonne légitimité à traiter ce sujet. Ma responsabilité de  co-dirigeant du groupe de travail sur la thématique “croissance économique infinie dans un monde fini”, ainsi que la très longue séance d’échanges à Zürich avec Monsieur Benno Büeler membre influent du comité d’initiative ont notamment contribué à me faire étudier le sujet comme très peu l’ont fait.

Voici l’image choc utilisée par ECOPOP pour soutenir leur argumentation, une pauvre petite planète écrasée par une empreinte environnementale humaine (footprint en anglais) visiblement très, voir trop, lourde.

Ce strip résume un des credo de l’association Ecopop : parler de contrôle de la population humaine est tabou et n’entre donc pas en ligne de compte. On peut d’ailleurs relever que le nom même de l’association ne dit pas autre chose, puisqu’il s’agit de la contraction d’écologie et population.

Voilà ce fameux texte d’initiative. Lors de la présentation orale,  je ne me gêne pas pour souligner ma déception de voir les initiants attaqués par des faux arguments. Je sais bien qu’en politique la forme l’emporte souvent sur le fond, mais c’est un jeu à double tranchant, car si la population s’en rend compte, alors l’entier de votre message est entièrement décrédibilisé. On pense ici essentiellement à la polémique liée à la partie de l’initiative voulant mettre à disposition des solutions de planning familial à ceux qui sont demandeurs et ne disposent pas d’un accès satisfaisant à de telles solutions.

Voici les arguments les plus volontiers mis en avant par le comité d’initiative. Il s’agit manifestement d’arguments vendeurs et qui vont toucher Madame et Monsieur tout le monde lorsqu’il n’y a plus de place assise dans le train, ou que l’on trouve pas de logement satisfaisant, ou qu’il n’y a plus de place dans les crèches, …. On peut relever que certains de ces arguments ont un caractère légèrement subjectif comme par ex. au sujet de la croissance de la population mondiale : est-il vraiment intrinsèquement mal que la population mondiale ait augmenté et ne devrait-on pas plutôt se réjouir de la baisse de la mortalité infantile et la prolongation de l’espérance de vie …

Cette série d’arguments, beaucoup plus pertinents de mon point de vue, apparaissent moins dans la propagande d’Ecopop. Scientifiquement parlant, on peut presque parler d’arguments “coup de poing”, mais manifestement ils restent moins accessibles au public. En conférence, je les détaille et explique un peu plus en fonction du type d’audience. Certains points pourraient faire l’objet d’un post spécifique à futur dans ce blog.  Mon affirmation comme quoi le constat posé me convainc se rapporte clairement à ce volet de la réflexion scientifique qui se cache derrière l’initiative Ecopop.

Pour introduire, la réflexion nous occupant principalement revenons-en à la base de la problématique. L’initiative rentre clairement en tension avec un concept omniprésent dans les paysages politiques et économiques de notre temps, soit cette fameuse croissance objet de tout les phantasmes et autres désirs inavouables. Il me semble difficile de trouver un exemplaire quotidien d’un grand média national dans lequel le concept n’est pas utilisé plus qu’une fois dans un article ou l’autre.

Oui, quand on parle de croissance, on parle en fait directement de nos équilibres sociétaux ou autrement dit de notre filet social, car tel qu’il est conçu actuellement, il ne peut être assumé que grâce à une croissance, et même une croissance relativement forte.

Autrement exprimé, on peut considérer que croissance signifie paix sociale. Le vrai problème tourne autours de notre dépendance à cette croissance. En pratique, une absence de croissance ou même une croissance modeste conduisent directement à une hausse du chômage et autres problèmes sociaux. Si l’on compare notre société au sens large à une PME quelconque, presque personne ne contestera que si celle-ci dépend impérativement d’une hausse continue de son chiffre d’affaire pour éviter de faire faillite, il s’agit manifestement d’une fuite en avant.

Partant de là, je vous  propose de nous intéresser à la réflexion mathématique sous-jacente à la vision de l’association Ecopop. Lorsque nous avions rencontré M. Benno Büeler avec notre groupe de travail Croissance, il avait bâti la majeure partie de sa réflexion sur la fameuse formule I=PAT connue depuis les années 70.  Cette formule décrit en terme généraux l’impact de l’humanité I sur l’environnement égal à un multiplication de 3 facteurs dont P pour la population, A affluence en langue anglaise soit plus ou moins le niveau de vie ou de consommation, et enfin T pour la technologie soit le niveau d’extraction ou sollicitation des ressources primaires par unité de richesse. Cette équation n’est pas contestable en elle-même, mais dis crûment on peut considérer qu’elle ne sert à rien car beaucoup trop synthétique pour générer des résultats exploitables.
L’équation présentée sous la ligne inférieure a déjà été traitée dans ce blog, il s’agit de la fameuse équation de M. Yoishi Kaya (voir Une équation prédit l’enfer sur terre, voulez-vous jeter un coup d’oeil? (série à suivre)). Paradoxalement, on peut admettre que celle-ci est un cas particulier de I=PAT. Dans I=PAT, le I est tellement vaste et recouvre des notions tellement complexes d’une part, et le facteur T tellement abstrait qu’il se révèle impossible de bâtir un raisonnement permettant de manière claire savoir simplement quoi faire avec des deux paramètres.  Et forcément dès lors, on arrive à une conclusion biaisée énonçant que la seule possibilité nous restant consiste à travailler sur la quantité de population.

Si l’on reprend le message d’Ecopop un peu plus en détail dans le cas concret examiné soit les émissions de CO2 et donc le réchauffement climatique, on découvre que les initiants posent le constat suivant dans l’optique d’une recherche de solution à ce problème existentiel :
– le passage aux renouvelables est un échec car il y a trop de freins variés,
– l’efficience énergétique est un leurre car la combinaison de l’accroissement du niveau + population conduit à ce que les maigres gains d’efficience sont plus que perdus au final,
– enfin il est observé que vouloir réduire le niveau de vie moyen est illusoire, et qu’au contraire on peut s’attendre à une hausse généralisée, car des populations entières de la planète n’aspirent qu’à une seule chose, soit nous rattraper sur ce plan également.

L’analyse d’Ecopop est partiellement correcte sur les facteurs Etot/PIB et PIB/POP, mais complètement fausse sur la considération du facteur POP. En effet, il est maintenant clair que si nous voulons sauver le climat de la planète, une réduction même importante des émissions de CO2 ne suffira pas. Un seul objectif s’impose maintenant à nous, soit le zéro émission! (à noter : le dernier rapport du GIEC paru le dimanche 2.11.2014 ne dit pas autre chose!) Dès lors imaginer pouvoir travailler avec le facteur POP signifierait en pratique la disparition de la race humaine, perspective peu réjouissante s’il en est!

Non, la solution se cache dans le facteur CO2/Etot et notre véritable objectif est bien de passer au 100% renouvelable le plus vite qu’il sera possible. On relèvera que les vert’libéraux sont le seul parti proposant une solution concrète et réaliste à ce  challenge au travers de notre initiative TE-TVA.

En trois diapos, j’aimerais rendre cette question la plus visuelle possible. Aujourd’hui notre économie fonctionne, majoritairement, sur le mode “je puise dans une ressource (le seau dans l’image) pour consommer respectivement faire fonctionner l’économie et je jette”. Quelques fois, une subtilité se glisse dans le raisonnement, comme par exemple lorsqu’on réutilise les cornets plastiques jetables des grandes surfaces pour alimenter des chauffages à distance. Il n’en reste que cela ne change rien au final, une ressource est consommée et définitivement perdue au bout de la chaine.

Il n’y pas besoin d’être grand druide aurait dit Astérix, pour comprendre que, tôt ou tard, la ressource aura tari. En conférence, je me permet quelques commentaires sur la signification de la présence des mouches au-dessus du seau, mais là je laisse tout cela à votre imagination.

Visuellement, quelque soit la ressource considérée, nous devons organiser le fonctionnement de notre société pour atteindre un mode circulaire dans laquelle la ressource retourne au stock initial. Dans le cas du CO2, cela signifie simplement passer au tout renouvelable. Le même raison peut et doit être posé pour toutes les ressources considérées.

Un peu contraint et forcé, je résume, à l’attention des assemblées, m’ayant sollicité quelques arguments clefs de nature nettement plus politique. Ces arguments ne sont certes pas faux en soit, mais je ne puis m’empêcher de les trouver un peu courts, quand sur l’autre plateau de la balance on considère un risque environnemental majeur pour la planète entière.

Toutefois, je ne me prive pas d’insister sur l’importance de réellement et rapidement mettre en place un mode de fonctionnement permettant d’adresser les problèmes soulevés par les initiants.

La situation montrée par les initiants, et manifestement gravement obérée, met en danger nos sociétés voir peut-être pire encore. Toutefois, la solution proposée se révèle illusoire car toute baisse de la population serait premièrement insuffisante pour obtenir le moindre résultat positif, mais aussi automatiquement compensée par une hausse de la consommation un peu à la manière de l’effet rebond que je décrivais mes posts sur l’équation de Kaya.
Le mécanisme sous-jacent à TE-TVA représente la vraie lumière au bout du tunnel. Ce mécanisme peut et doit s’imposer progressivement pour toutes les ressources non renouvelables que nous souhaitons exploiter, que cela soit le climat, les stocks de poissons dans les océans, la pureté de l’air que nous respirons, …

En espérant vous avoir apporté une contribution utile, et bien évidemment en restant très volontiers à votre disposition pour poursuivre le débat.

Arrivé à la fin de cette rédaction, en la faisant relire par des proches n’ayant assisté à aucune de mes prestations “live”, je suis rendu compte de la difficulté de trouver le niveau de détail juste pour une version écrite. Face à une assemblée, le conférencier voit les visages interrogatifs, souriants, dubitatifs, s’endormant, passionnés … On peut facilement s’adapter, rentrer dans des explications plus détaillées pour éclairer un point ou l’autre, ou au contraire accélérer si tout semble trop facile pour l’auditoire. Ici le statique impose sa loi, alors surtout n’hésitez pas à prendre contact pour débattre de tout aspect le méritant.

Laurent-David Jospin

Un premier pas lucide et courageux qui en appelle d’autres

Ce dimanche, le peuple neuchâtelois a renvoyé les autoproclamés éolo-sceptiques à leurs études. Le score ne souffre aucune discussion et il me plaît de rappeler qu’en 2010 déjà des états généraux de l’énergie avaient été initiés par le Conseiller d’Etat alors en fonction.

En page 28 du document intitulé “opinion des Neuchâtelois sur les questions énergétiques“, on découvrait que 64% des sondés souhaitaient que l’on développe “beaucoup”, selon les termes du sondage, l’énergie éolienne.

 

Ne trouvez-vous pas cela vraiment étonnamment proche des 65% d’acceptation du contre-projet du Grand Conseil atteints ce dimanche?

Il n’y a pas de hasard ici la population neuchâteloise appelle de ses vœux une sortie ordonnée des énergies fossiles, nucléaires compris, et est prête, de manière tout à fait consciente, à mettre en œuvre une politique permettant la concrétisation de ce but. Si on devait exprimer un regret aujourd’hui, c’est bien pour ces 4 années perdues (2014-2010) à confirmer quelque chose que l’on savait donc déjà politiquement parlant, et que, sur le plan scientifique, on sait être dramatiquement urgent.

Aujourd’hui ce premier pas se mesure à l’étalon d’un pourcentage un peu abstrait soit les 20% de production indigène potentiellement atteignables grâce aux parcs prévus.

Ne réfléchissez pas plus longtemps pour le second pas, vous le lisez dans la même page 28 du sondage ci-dessus. En premier choix, les neuchâtelois à 79% plébiscitaient l’énergie solaire comme source prioritaire d’énergie renouvelable.

Nous devons maintenant cesser de tergiverser et le plus vite possible lever une bonne fois pour toutes les obstacles artificiels mis en travers de l’énergie solaire par des défenseurs auto-proclamés du patrimoine qui sont en réalité surtout des fossoyeurs de notre environnement et de celui de nos descendants.

Avec le solaire libéré, nous pouvons avancer de 30% supplémentaires. Les deux pas mis bout à bout, nous aurons donc déjà fait la moitié du chemin. Pour ma part je préférerai voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide, en conservant bien sûr la ferme volonté de finir de le remplir avec les très nombreuses sources d’énergies vertes à notre disposition.

Laurent-David JOSPIN

Sources :
Rapport M.I.S. Trend, novembre 2010, “opinion des Neuchâtelois sur les questions énergétiques
©AFP / 13 avril 2014, “Climat: urgence à agir pour tenir le cap des 2°C, l’énergie au coeur du défi

Une fois pour toute, non le nucléaire ne peut pas être une solution!

Les débats liés à la votation sur l’éolien dans le canton de Neuchâtel ont fait ressortir du bois quelques personnes voulant, ouvertement ou sournoisement, un retournement de la décision de sortir du nucléaire avec presque toujours les trois mêmes arguments :
– Les renouvelables sont trop chers
– On n’arrive pas à gérer l’intermittence
– Il n’y aura pas assez d’énergie pour tous

De manière regrettable, ces personnes refusent, à l’encontre du bon sens, cette sortie du nucléaire et cherchent, en torpillant toute autre alternative (le solaire hier, l’éolien aujourd’hui, et qui sait la bio-masse demain?), à nous mettre dans une impasse énergétique pour contraindre la population à un choix qu’elle ne souhaite manifestement pas.

Mes convictions sont connues et je ne céderai pas à la tentation de refaire tout le débat pro et anti nucléaire.

Un seul argument, indépendamment des questions des déchets laissés aux générations futures, du démontage impossible des centrales en fin de vie, des coûts sous-évalués, des problèmes sanitaires, …. permet de démontrer une fois pour toute que le nucléaire ne nous garantit certainement pas, d’avoir assez d’énergie, et encore moins de l’avoir bon marché.

Nous avons actuellement sur la planète 435 centrales nucléaires en fonctionnement ainsi que 72 en construction effective. Il y a également un certain nombre de projets à des stades plus ou moins avancés. La notion même de projet ne permet pas d’en déterminer le nombre exact, toutefois les experts de la branche reconnaissent qu’environ 100 projets sont crédibles et soutenus par une volonté réelle d’aboutir à relativement court terme. Théoriquement, nous pourrions donc atteindre 600 réacteurs nucléaires sur la planète. (note : les chiffres ci-dessus sont vrais à la date de rédaction, pour avoir des chiffres exacts lors de votre lecture, il faut consulter les sources mentionnées en fin de post).

En 2012, 54’610 tonnes d’uranium ont été produites, et très étrangement presque 70’000 tonnes consommées. Cette anomalie dure, de plus, depuis de très nombreuses années (au minimum 2005 et très vraisemblablement depuis 1991 selon certaines sources). Bien évidement, la différence est comblée par l’utilisation de stocks disponibles. Et c’est là que la chose se corse, car on parle ici de stocks militaires déclassifiés relativement limités. Un stock aussi profond soit-il,  ne pourra jamais rivaliser avec une corne d’abondance, et un jour, “l’entrepôt” sera vide.

Or ce jour est déjà là, depuis ce printemps 2014, dans le cadre de l’accord UHE-UFE, autrement appelé mégatonne contre mégawatt, sur 20 ans signé en 1994 entre les USA et la Russie, cette dernière a cessé d’envoyer de l’uranium à usage civil provenant du recyclage de son uranium militaire excédentaire.

En imaginant donc que nous montions à ces 600 réacteurs nucléaires au plan mondial, nous aurions une consommation annuelle approchant 100’000 tonnes (prenant en compte que la mise en première charge d’un réacteur nucléaire est 3 fois plus importante que la consommation annuelle, et également que les nouveaux réacteurs potentiels auraient des puissances moyennes supérieures à celles du parc installé).

On en vient donc rapidement à la seule vraie question : sera-t-il possible de doubler la production mondiale pour satisfaire la demande dans un délai de quelques courtes années? Je me permet d’en douter fortement pour ne pas dire plus.

Les pro-nucléaires ont beau jeu de nous dire qu’il y a encore de l’uranium pour x centaines d’années sur la planète. La réalité de base est tout autre, car personne ne veut une mine chez soi! Un regard sur le cas d’Arlit au Nigeria donne un éclairage particulièrement brutal sur la question. Les poussières radioactives dégagées par l’exploitation de la mine tuent (par des cancers des voies aériennes prioritairement) à des dizaines si ce n’est des centaines de km à la ronde. En réalité l’exploitation d’Arlit est imposée aux populations locales par un pouvoir central tout sauf démocratique. Sans cette contrainte, vous pouvez très certainement oublier cette mine faisant partie des plus productives au monde.

D’autres aspects rentrent en ligne de compte, comme par exemple le taux de concentration dans la source considérée. On nous dit souvent qu’il suffit de s’adresser aux vendeurs de phosphates, car il y a de l’uranium dans cette ressource hautement exploitée actuellement pour les besoins de l’agriculture intensive. Oui, mais voilà, en imposant à l’ensemble des producteurs mondiaux de phosphate les équipements nécessaires pour concentrer cet uranium (avec pas mal de difficultés et coûts à la clef), on arrive péniblement à 3’100 tonnes par année, soit même pas 10% de la quantité supplémentaire recherchée.

Ces problèmes de concentration touchent aussi des mines classiques potentielles qui ne sont absolument pas rentables compte tenu du besoin énorme en énergie pour réaliser une concentration à 5% d’U235 nécessaire pour la plupart des réacteurs civils.

En conclusion, la loi de l’offre et la demande s’appliquant avec force ici conduira tout naturellement à une explosion des coûts du “carburant” uranium, qui compte aujourd’hui pour environ 5% du coût officiel du kWh généré par une centrale nucléaire. Comme une centrale existante représente en premier lieu un montant initial d’investissement bloqué colossal (ordre de grandeur 6 mia d’EUR et + pour les EPR actuellement en construction), l’exploitant sera prêt à payer son combustible presque n’importe quel prix, pourvu qu’il ne soit pas obligé de mettre à l’arrêt son équipement.

Si l’on prend en compte un coût potentiel de l’uranium à 1000 US$/kg au lieu des 40 actuels, et sans même inclure les coûts liés à une réparation du problème sanitaire généré sur les lieux de production, on peut s’attendre jusqu’à un triplement du coût de l’énergie produite.

On constate dès lors clairement que, dans les années à venir, le nucléaire ne nous garantit ni de l’énergie en quantité ni même un prix bas.

Les personnes croyant qu’en sabotant tout ce qu’elles peuvent du coté des ENR, elles permettront un retour en force du nucléaire, sont tout simplement de dangereux irresponsables!

Le peuple neuchâtelois a la chance de pouvoir montrer la voie, je veux croire qu’il saura prendre cette opportunité. Nous avons urgemment besoin des 20% que les éoliennes peuvent nous offrir pour aller en direction de notre autonomie énergétique. Non à l’initiative “Avenir des crêtes”, Oui au contre-projet du Grand Conseil!

Laurent David Jospin

Sources :
Agence internationale de l’énergie nucléaire, www.iaea.org/pris/
Commissariat à l’Energie Atomique, http://www.cea.fr/content/download/4853/28969/file/clefs55_p017_022_Capus.pdf
International Physicians for the Prevention of Nuclear War, http://www.ippnw-students.org/Japan/Arlit.pdf

Fermer la porte de l’éolien ouvre celle du gaz de schiste!

Plusieurs de mes connaissances se sont étonnées du fait que je m’engage pour la votation liée à la question éolienne agitant le lanterneau politique neuchâtelois. Plusieurs fois l’on m’a interpellé en exprimant une incompréhension globalement résumable en “pourquoi un vendeur de solaire voudrait favoriser une énergie concurrente?

Il s’agit d’une erreur essentielle que je souhaiterais corriger ici. Le solaire, l’éolien, le biogaz, les autres formes de biomasse, la géothermie quand elle est faisable sans risque, l’hydraulique sous toutes ses formes, ne sont pas, au grand jamais, des énergies concurrentes mais des partenaires se complétant et se renforçant les uns les autres.

Le solaire présente un cycle jour-nuit évident, dont beaucoup oublient qu’il colle assez bien au cycle de l’activité humaine et donc aux besoins en énergie. L’éolien offre fréquemment des puissantes productions en période de mauvais temps. La biomasse et l’hydraulique ne sont ni plus moins que nos batteries permettant le lissage des productions intermittentes. Et ainsi de suite, dès lors n’opposez pas des frères et sœurs ne souhaitant qu’une seule chose collaborer!

Peu de gens le savent, mais une combinaison photovoltaïque + éolien permet de produire de l’énergie pendant presque 90% du temps.

Pour l’exprimer autrement vouloir couvrir l’intégralité de nos besoins avec une seule source d’énergie renouvelable relève de l’impossible car la gestion de l’intermittence devient insoluble. Atteindre le même objectif avec deux sources différente au lieu d’une reste difficile et coûteux, mais peut s’envisager. Lorsqu’on passe à trois ou encore mieux quatre, les renouvelables s’intègrent en un tout cohérent sans difficulté supplémentaire, car rappelons-le, même le nucléaire pose de grandes difficultés pour gérer les variations de demande du réseau.

Mon engagement auprès du comité pro-éolien relève donc de la simple cohérence.

Une plongée dans la campagne liée à cette votation ne parle pas franchement en faveur du genre humain entre la désinformation, les mensonges et les insultes très largement en-dessous de la ceinture. Il m’est apparu souhaitable d’essayer de recadrer le débat et j’ai donc essayé de collecter l’ensemble des contre-vérités en circulation et d’offrir à chaque point la base de réponse permettant de s’y retrouver.

Le lien sur le résultat est à la fin de l’article, à diffuser le plus généreusement possible, merci d’avance.

Je trouve par contre important de souligner encore une fois ce que j’expliquais au journaliste du Temps à la fin de la conférence de presse: “fermer la porte de l’éolien ouvre celle des gaz de schiste“.

Notre économie, notre mode de vie, et enfin l’ensemble des prestations sociales offertes à la population exigent tous de l’énergie! Nous avons besoin des 20% que l’éolien peut nous offrir. Faire l’impasse ici nous conduira tout droit dans une situation d’urgence dans quelques années et l’autoroute du gaz schiste aura été soigneusement balayée avec toutes les conséquences désastreuses à la clefs déjà décrites dans ces pages.

En parallèle à ceci, il se rajoute un puissant malaise sur l’honnêteté des défenseurs de l’initiative “avenir des crêtes” lorsqu’ils affirment qu’il faut privilégier l’énergie solaire, car voyez-vous plusieurs de ces personnes appartiennent au groupe qui fait des pieds et des mains pour retarder mes projets de centrales photovoltaïques à La Chaux-de-Fonds.

Oui, la population doit savoir que l’éolien et le solaire ne s’opposent pas mais se renforcent, et que les affirmations contraires de nos adversaires relèvent de la même logique égoïste, court-termiste et mensongère nous amenant tout droit vers l’enfer. Il vous suffit de prendre connaissance des communiqués du GIEC sortant au moment même où j’écris ces lignes!

Laurent-David Jospin

Liens et sources :
Journal Le Temps, Pierre-Emmanuel Buss, “La centrale à gaz de Cornaux, un projet mort-né
Argumentaire rectificatif sur les contre-vérités en circulation: http://www.famillejospin.ch/ouvrirlesyeux/images/rectificatif%20pro%20%c3%a9olien%20.pdf
Site de l’association de défense du contre-projet du Conseil d’Etat: www.eole-ne.ch
Agence France Presse, communiqué du GIEC, “Climat: urgence à agir pour tenir le cap des 2°C, l’énergie au coeur du défi
Posts sur le gaz de schiste et leurs sources propres: http://www.famillejospin.ch/ouvrirlesyeux/?p=109, http://www.famillejospin.ch/ouvrirlesyeux/?p=93,

Il y en a qui ne manque pas de … … de gaz schiste

Monsieur Rex Tillerson que voilà une personnalité qui mérite d’être connue, et je m’en vais m’empresser de vous la faire découvrir!

Ce brave Rex, portant si bien son nom, roi du gaz de schiste aux USA car CEO d’EXXON, est assurément un saint, car il n’hésite pas à payer de sa personne, critiquant le gouvernement américain à la moindre tentative de limiter la liberté fondamentale des majors de l’énergie de détruire sous-sol et santé des habitants sans devoir en assumer les conséquences.

Un sain? Que dis-je le missionnaire du coup de force par forage horizontal, l’évangéliste des pétroles non-conventionnels, l’apôtre du tout tout de suite et tant pis pour les générations futures, le prophète du fracking et des pollutions à long terme.

Ce phare dans un monde perdu dans ses errements n’a pas hésité à affirmer haut et fort que le gouvernement américain devenait un problème en souhaitant, même si peu, réguler l’industrie du gaz de schiste sur le plan environnemental. Les larmes m’en viennent aux yeux d’une telle preuve de courage et lucidité en faveur de l’avenir de nos enfants.

D’ailleurs voyez-vous, il n’a pas manqué de prouver son infinie cohérence en attaquant un permis de construire pour un réservoir destiné à de la fracturation hydraulique un peu trop près de sa magnifique propriété. Car enfin, c’est bien évident on va exploiter le gaz de schiste chez les pauvres pour les aider, il n’y a donc surtout aucun besoin de le faire chez les riches…. soyons logiques, enfin quoi!

Très cher Rex Tillerson nous t’aimons tellement. Puisses-tu ne jamais disparaître comme ton illustre cousin Rex Tyranosaurus!

Laurent David Jospin

Sources :
The Wall Street Journal, Daniel Gilbert, 20 février 2014, “Exxon CEO Joins Suit Citing Fracking Concerns
Blog Dallas Observer,  “http://blogs.dallasobserver.com/unfairpark/2014/02/wsj_exxon_ceo_lawsuit_fracking.php

Plus cher cela coûtera …. conclusion sur l’équation de Kaya

Avec ce post nous terminons notre voyage ayant comme fil rouge l’équation de Kaya.
Vous trouvez l’introduction ici :Une équation prédit l’enfer sur terre, voulez-vous jeter un coup d’oeil? (série à suivre)
La présentation générale de l’équation et sa justification :Une équation prédit l’enfer sur terre, mais que dit-elle au juste?
Le décryptage réalisé par un “climato-convaincu” : une équation prédit l’enfer sur terre? Comment changer?
Et enfin l’analyse à destination du “climato-sceptique” : Une équation prédit l’enfer sur terre? Et si le réchauffement climatique n’existait pas?

Il convient d’être humble même si l’ensemble de ces 4 posts + ce dernier arrive à un total de 8000 mots, cette analyse reste à un niveau global d’ensemble et non de détails. L’équation de Kaya a été la source d’un nombre plus que conséquent de publications. Pour ceux qui le souhaitent, il est possible d’approfondir la réflexion à volonté. Une seule chose demeure, la tendance générale que j’ai essayé de vous transmettre le plus fidèlement possible se confirme dans toutes les analyses!

Cette remarque liminaire posée, rappelons-nous ce que conclut le “climato-convaincu” de l’équation de Kaya. Si nous souhaitons réellement éviter une catastrophe climatique de grande ampleur, dont les conséquences ne seront vraisemblablement pas supportables au sens premier du terme, nous devons organiser un transfert de notre mode de consommation énergétique vers le tout renouvelable à marche forcée pour avoir une économie quasiment décarbonnée aux alentours de 2050.

Le “climato-sceptique” découvre lui avec un faux étonnement que les stocks d’énergie non renouvelable sont par définition finis et qu’il faudra bien, un jour ou l’autre, être en mesure de s’en passer, l’expression “être en mesure” prenant ici un sens particulièrement aigu si l’on souhaite éviter une régression majeure de notre civilisation.

Le naïf écoutant les points de vue de l’un et l’autre ne comprend dès lors pas pourquoi le “climato-sceptique”, tout en gardant sa conviction erronée, personne n’est parfait que diable, n’accepte pas la transition énergétique proposée par le “climato-convaincu”. Car même si elle n’est pas nécessaire climatiquement parlant, elle permet d’éviter le risque de récession économique gigantesque découlant d’un tarissement progressif des sources d’énergies fossiles.

Nous touchons ici au nœud crucial de toute la problématique. Aujourd’hui, lorsque nous consommons de l’énergie fossile ne nous payons pas les coûts induits (pollution, réchauffement, destruction des milieux naturels, …) et indubitablement le fait de disposer abondamment d’une énergie, que l’on pourrait quasiment assimiler à de l’énergie gratuite au vu du rapport entre prix payé et coût effectif, représente le meilleur stimulant de l’économie que l’on puisse imaginer. Vous pouvez toujours essayer de faire tourner la planche à billets, si la population ne dispose pas de plus d’énergie, elle ne peut pas consommer plus!

Il existe plusieurs espèces de “climato-sceptiques”. Point de catalogage ici, celui qui nous intéresse ici affirme haut et fort l’impossibilité de réaliser la transition énergétique, car il ne manque pas de mettre en avant toutes les difficultés, notamment économiques, que nous rencontrerons si subitement nous devons payer le vrai prix de l’énergie.

L’argument massue est toujours le même : si nos entreprises doivent payer leur énergie x fois plus cher, elles perdront toute compétitivité et il en découlera de graves problèmes économiques.

On peut ici rappeler sur la croisée des courbes entre le fossile et les renouvelables. Durant les années 1990 à 2002, le baril de pétrole coûtait environ 22 US$ en prix moyen. Comme un baril permet de générer environ 800 kWh d’électricité (énergie primaire * efficience proche de 50%), le kWh électrique généré depuis une centrale au fioul possédait un coût “matière” d’environ 3 cts. Comme il faut exploiter, entretenir et amortir la centrale elle-même, il ne semble pas déraisonnable d’annoncer un prix total de l’époque par kWh d’environ 8 cts. A cette époque, un kWh d’origine solaire coûtait au-delà  de CHF 1.–! Aujourd’hui en 2013/2014, le baril de pétrole coûte globalement 100 US$, poussant dès lors le coût total du kWh sur base fioul à plus de 15 cts. Allant en sens contraire, l’évolution du solaire permet aujourd’hui de générer des kWh à moins de 20 cts!

Certaines prévisions pour l’horizon 2025 laissent penser que le baril de pétrole devrait se situer vers les 250 US$ (Reuters) conduisant à un coût du kWh comme ci-dessus vers les 35 cts, alors que dans le même temps on espère une baisse du solaire conduisant le kWh solaire vers les 10 cts. Il est exact que d’autres prévisions sont moins pessimistes comme par exemple celle de l’AIE qui envisage un baril à 128 US$ pour la même période. Cette différence de prévision est logique, car les pronostiqueurs sont tout sauf neutres. On le voit de la manière la plus évidente en étudiant les prévisions de l’OPEP elle-même qui ont toujours été dépassées. Au final, cela importe peu car quels que soient les scénarios retenus, la baisse des renouvelables conduit à ce qu’ils deviennent les plus compétitifs dans tous les cas à brève échéance.

L’élément le plus fort et le moins manipulable reste simplement la différence entre la demande et l’offre. En 2035, les prévisions les plus basses annoncent une demande à hauteur de 100 millions de barils par jour. La production escomptée se situe vers les 65 millions de barils par jour. Aujourd’hui, la configuration serait plutôt demande 90 millions contre production 80-85 millions. Le gap qui va donc au minimum être multiplié par 4, ne peut que conduire à une explosion des prix selon la loi de l’offre et la demande.

Dès lors il apparaît clairement que de ne pas réaliser la transition énergétique n’est pas une économie mais un report de charge avec intérêts en sus cela va de soit.

Plus tardivement nous nous attaquerons à ce problème, plus cher cela coûtera. Comprenez-moi bien, plus cher cela coûtera en terme économique bien sûr, mais aussi plus cher cela coûtera en terme de souffrance et de vies humaines. La vraie conclusion de l’équation de Kaya est ici : repousser la transition énergétique ne fait qu’augmenter son coût, et si l’on attend trop les conséquences dépasseront notre capacité de “payement” avec au final un possible effondrement de notre civilisation telle que nous la connaissons.

Et ici il ne s’agit pas de politique mais d’une simple conséquence mathématiquement et froidement inéluctable!

Laurent-David JOSPIN

Sources :
Agence Internationale de l’Energie, “World Energy Outlook 2013
ainsi que celles des posts précédent traitant de l’équation de Kaya

Pourquoi il ne faut pas intégrer le photovoltaïque, mais alors définitivement pas!

Non, non je n’ai pas mis de côté la conclusion finale sur l’équation de Kaya, il se trouve juste que j’aimerais bien donner un peu de punch à la fin de série et qu’en conséquence, je prends mon temps.

Par ailleurs, l’actualité me pousse à m’intéresser à un sujet sensible sans aucun délai.

Comme beaucoup le savent, les services d’urbanisme exigent souvent que les installations solaires photovoltaïques soient intégrées dans la toiture même, et j’avais déjà mentionné par le passé qu’il s’agit d’une hérésie (voir post du 8 juin 2013 Comment tuer …). Note : les réflexions qui suivent concernent spécifiquement le solaire photovoltaïque et non pas le solaire thermique pour lequel la réflexion se révèle plus complexe, car il y a des plus et des moins.

Aujourd’hui, la question revient sur le devant de la scène, car les motions solaires préparées avec mon collègue vert’libéral Giovanni Tarantino vont être discutées au Grand Conseil Neuchâtelois.

Notre motion, sans aucun doute la plus importante, visant à limiter les possibilités de nuisance arbitraire des monuments hystériques et associés sur des bâtiments de moindre importance doit être défendue avec énergie (si j’ose le dire ainsi) et une des questions liées, mis à la part la taille de l’installation admissible, sera justement celle du besoin d’intégrer les panneaux dans la toiture ou non.

En six points, j’aimerais vous démontrer une fois pour toute qu’il ne faut définitivement pas intégrer les centrales solaires photovoltaïques sur des toits pentus. Il me semble utile ici de rappeler que la transition énergétique portée par notre Conseillère Fédérale Doris Leuthard ne se limite pas à une réaction émotionnelle dictée par un événement extraordinaire (Fukushima), mais au contraire correspond à une nécessité extrêmement urgente de décarboner notre consommation énergétique. Le réchauffement climatique tue déjà aujourd’hui, et il tuera encore bien plus demain. Opposer des critères parfaitement subjectifs, beau contre pas beau, et dans tout les cas de faible importance, à une réalité objective scientifiquement prouvée et d’une gravité extrême relève, à mon sens, effectivement de l’hystérie. On peut même parler ici de crime contre l’humanité. A ce sujet, on peut citer le rapport des services secrets américains sur les risques environnementaux prédisant à peu de chose près l’enfer sur terre d’ici quelques dizaines d’années au plus. Il est donc essentiel que les installations solaires réalisées offrent la vraie performance attendue de manière à obtenir la contribution maximum possible pour lutter contre ce défi sans commune mesure menaçant l’humanité tout entière.

Pour rendre palpable, ce dont nous allons parler dans ce post, à ceux de mes lecteurs qui ne sont pas trop versés dans les détails techniques de l’énergie solaire, il existe deux méthodes principales pour installer des panneaux solaires sur une toiture pentue couverte de tuiles.  La solution la plus simple consiste à glisser sous certaines tuiles des crochets venant se fixer dans la poutraison, serpentant dans l’épaisseur entre deux tuiles et dépassant à l’air libre de quelques centimètres pour permettre d’accrocher soit directement des modules solaires soit un lattage en aluminium pour plusieurs modules solaires. Ainsi la toiture préexistante est toujours présente sous les modules solaires. Concrètement, cela donne quelque chose comme ceci :ou encore Dans l’autre méthode, on déconstruit complètement la toiture sur une surface légèrement plus grande que celle des panneaux photovoltaïques prévus, on ré-installe une nouvelle étanchéité devant venir se joindre par un jeu de garnitures du genre bitume dessous et métallique dessus sur la partie de toiture conservée, et on fixe les panneaux solaires dans l’espace ainsi créé avec une finition voulant donner l’impression d’une continuité de la toiture. Il est à noter qu’ainsi l’espace sous les modules solaires est clos. Deux images pour vous rendre l’ensemble plus palpable, la première en phase de préparation, la deuxième pour un exemple de résultat final :

Aspect premier le coût

Intégrer dans la toiture coûte plus cher c’est évident, mais combien au juste? La bonne réponse est trop aujourd’hui et encore nettement plus demain.

A l’instant où j’écris ces lignes, 1 kWp sur une installation moyenne dans une configuration normale coûte environ CHF 2’500.–, l’intégration en sus coûte environ 150.–/m2 soit globalement CHF 1’000.–, puisque 1kWp nécessite entre 6 et 7 m2, pour donc un surcoût de 40% calculé depuis le prix de départ normal sans intégration.

A futur, nous (à comprendre la branche photovoltaïque) espérons pouvoir diminuer le coût du kWp à environ CHF 1’500.– (horizon 2020). Le coût de l’intégration aura pendant ce temps augmenté, car on ne parle pas ici d’une technologie qui s’améliore encore mais simplement du renchérissement des coûts liés aux matériaux de construction ainsi que de la main d’œuvre associée. Considérer une augmentation de 20% sur cette position semble plutôt conservateur qu’autre chose, dès lors ces CHF 1’200.– (les 1000.– actuels + 20%) représenteront un surcoût de 80% de ces CHF 1’500.–, ce qui est complètement insupportable au sens premier du terme.

Aspect second la production énergétique

Non seulement, une installation intégrée coûte nettement plus cher, mais en plus elle produit moins ! Comment est-ce possible ?

Pour le comprendre, il suffit de se remémorer ses cours d’électricité et de la notion de résistance variable à la température. Le photovoltaïque extrait l’énergie des photons et non de la chaleur, d’où son nom d’ailleurs. Une hausse de la température induit une baisse de l’efficience de la conversion (en général -0.5% par °C supplémentaire). On parle ici d’effet Joule. Un module solaire à une température 20°C plus élevée va donc produire 10% d’énergie en moins que le même module toutes autres conditions restant identiques.

Or voilà, une installation intégrée souffre d’une ventilation totalement insuffisante. Une étude conduite en 2001 par le National Institute of Standards and Technology sur la question de température de modules intégrés ou non intégrés montrait montrait une perte de 10% de production. Plus récemment, l’EU a géré un projet de recherche sur cette question précise en 2007 et est arrivée à la conclusion que l’intégration conduisait à une perte de production moyenne de 15%.

Pour ma part, je retiens ce chiffre en attirant l’attention sur ceci : plus les modules photovoltaïques deviennent performants plus ils sont sensibles à cet effet. L’étude de 2007 a été réalisée sur des produits de 2005-2006 donc avec une efficience d’environ 12 à 14%. Aujourd’hui nous exploitons usuellement des modules à 16-18%, et en 2020 nous devrions être dans la plage 22-25% . Je ne serais pas étonné si cette perte de production venait à atteindre une valeur proportionnelle à l’accroissement d’efficience soit grosso modo 25% ! L’évaluation sommaire proposée  ici apparaît en tout cas cohérente avec l’évolution constatée entre les deux études mentionnées ci-dessus.

Aspect N°3 La durée de vie

Récemment le Fraunhofer Institut a publié une étude dans laquelle il est affirmé que les installations solaires déployées actuellement peuvent espérer avoir une durée de vie d’environ 40 ans. Cette augmentation de la longévité a été gagnée essentiellement par une amélioration de la qualité des soudures et également celle du laminage.

Parallèlement à la question de la perte de rendement ci-dessus, la question thermique va aussi nous embêter ici. En effet, si le module atteint régulièrement des températures 30, 40 voir 50°C plus élevées, l’effort mécanique dû à la dilatation augmentera également en proportion. Il s’agit d’une question d’usure par fatigue des matériaux, une fois ça va, deux fois ça va, mais 365 fois par an *quelques dizaines d’années bonjour les ruptures internes.

Les ingénieurs de l’usine livrant les panneaux solaires de notre entreprise nous ont indiqué avoir estimé une réduction de vie pouvant effectivement atteindre les 50% d’une durée normale pour les modules intégrés par opposition aux modules en pose classique. En clair, cela signifie qu’une installation intégrée risque fort de pouvoir être exploitée de manière satisfaisante sur seulement 20 ans au lieu des 40 ans qui auraient été possibles normalement.

Aspect N°4 L’énergie grise

Intégrer une installation photovoltaïque nécessite une énergie grise supplémentaire considérable. On pense ici aux matériaux de construction nécessaires ainsi qu’aux travaux supplémentaires commençant par la déconstruction de la toiture existante, la création d’une nouvelle étanchéité, la jonction entre le nouvel ensemble et la partie de toiture conservée, et enfin à la fin de vie de l’installation s’il faut replanifier un ensemble complet.

Il me semble franchement absurde de vouloir parler de soutien aux énergies renouvelables, si on commence par imposer des dépenses conséquentes d’énergie justement sans que cela n’apporte aucun avantage bien au contraire.

On peut aussi l’exprimer autrement. Sous nos latitudes, une installation photovoltaïque usuelle et normalement optimisée compense l’énergie grise nécessaire à sa production, au transport, à la pose, et enfin au recyclage en fin de vie en 4 ans en moyenne. J’estime que l’intégration double ce besoin en énergie grise. Dès lors, une installation normale produira durant 40-4 ans = 36 environ 9* (9*4=36) l’investissement d’énergie initial en énergie utile et réellement disponible pour nos besoins et non pas seulement ce qui est nécessaire pour refaire des modules solaires. Le même calcul pour la variante intégrée est nettement moins flatteur, car 20-8 ans = 12 conduit à seulement 1.5* (8*1.5=12) l’énergie investie, cela se passe de commentaire!!

Aspect N°5 Maintenance et évolutivité

La maintenance d’une installation photovoltaïque est en général faible. Toutefois, après quelques années, et surtout dans le cadre d’une installation intégrée, on ne peut exclure la nécessité de devoir changer un module ou l’autre, ne serait-ce que suite à un dommage dû aux forces de la nature (genre grêle ou un coup de foudre). La branche photovoltaïque est plutôt conservatrice, mais des évolutions apparaissent tout de même au fil des années. S’arranger sur une installation en pose décollée est chose aisée, mais sur une installation intégrée avec des dimensions fixées une fois pour toute (aussi bien sur largeur et longueur qu’épaisseur), sans même parler de la fonction étanchéité, n’est tout simplement pas possible.

La même question se posera de manière encore plus criante lorsqu’il faudra faire évoluer toute l’installation. 20 ans après, on peut garantir que les nouveaux modules ne s’adapteront plus et il faudra faire une reprise complète avec une répétition de coûts absurdes.

Ou alors, de nombreux propriétaires laisseront tout simplement “tomber” et l’installation sera laissée en place même si devenue presque totalement inefficace et ils referont une autre installation. De toute évidence, on nous annonce un magnifique patchwork!

Aspect N°6 La réversibilité

Pour moi, l’absurdité totale se constate ici. Les services d’urbanisme insistant pour des installations intégrées n’ont tout simplement rien compris ! Une installation classique en fin de vie peut être démontée de manière aisée (sous-entendu avec des coûts modestes) et on retrouve la toiture d’origine intacte!

Si vous relisez le paragraphe ci-dessus, je n’ai pas besoin de vous expliquer encore une fois que la même constatation ne s’applique mais alors pas du tout au cas des installations intégrées. Une seule chose mérite d’être encore dite ici, en imaginant une installation intégrée démontée dans 20 ans, mon expérience de professionnel de l’immobilier me fait douter sincèrement qu’il sera possible alors de retrouver les mêmes tuiles pour reconstituer une toiture uniforme.

Factuellement, une installation décollée garantit infiniment mieux la protection du patrimoine, si réellement celle-ci est souhaitable!!!

Au final, le vrai problème tourne autour de la faisabilité de la transition énergétique. Je ne voudrais pas rentrer dans une démonstration trop complexe ici, mais en résumé succinct les grandes choses n’étant que la somme des petites, si chaque immeuble voit sa production d’énergie renouvelable amputée d’un quasi 50% en additionnant les facteurs qui précèdent, et beaucoup plus encore si nous prenons en considération le souhait des mêmes services d’urbanisme de limiter drastiquement la taille des installations permises, il est manifeste que la transition, souhaitée par la population et indispensable pour donner une chance à notre planète, ne sera tout simplement pas possible.

Il semble utile d’ici de rappeler les grandes lignes de notre objectif. Nous devons en premier lieu compenser les 45% d’énergie électrique apportées dans le réseau par les sources non-renouvelables, mais également transférer la consommation de fuel domestique ou gaz pour le chauffage de nos habitations, passer à l’électro-mobilité, et enfin assurer à nos industries l’énergie dont notre économie a besoin.

Idéalement chaque immeuble devrait couvrir au minimum ses besoins soit en consommation électrique de ses habitants, ou alternativement couvrir totalement ses besoins énergétiques en terme de chauffage partant de l’idée que les autres besoins seraient couverts par des sources centralisées (barrages, éoliennes, …). Si ce minimum n’est pas atteint, il n’y a même pas besoin de faire des calculs, nous sommes dans une impasse.

Mon collègue Giovanni aura la lourde tâche de défendre les motions que nous avons préparés ensemble, du fond du cœur mes vœux l’accompagnent! Pour le bien des générations futures, forza Giovanni!!

Laurent-david JOSPIN

Sources:
National Institute of Standards and Technology, Mark W. Davis, A. Hunter Fanney and Brian P. Dougherty, “Prediction of Building Integrated Photovoltaic Cell Temperatures
Projet EU IP Performance SP6, Berrie van Kampen et auteurs associés, “Actual temperature of Building Integrated PV Modules
National Intelligence Council, “Global Trends 2030

Une équation prédit l’enfer sur terre? Et si le réchauffement climatique n’existait pas?

Ce post est la suite de notre série sur l’équation de Kaya. Nous prolongeons ici la réflexion entamée dans le post une équation prédit l’enfer sur terre? Comment changer?  par la vision contrarienne imaginant que le réchauffement climatique n’existe tout simplement pas ou ne pose aucun problème réel.

Peu importe que cette posture soit consciente et explicite, ou implicite de par notre attitude de laisser aller, cela ne change rien à la réflexion qui suit.

Il va de soi que je ne crois pas une seconde que nous puissions réellement faire l’impasse sur le réchauffement climatique, mais encore une fois le résultat de la réflexion qui suit pourrait surprendre plus d’un.

L’augmentation de CO2 dans l’atmosphère provient en premier lieu de la combustion soit de tout type combustible fossile, soit de bois dans une quantité dépassant celle générée par la croissance naturelle de la forêt (en terme exact, on dit que le prélèvement dépasse le taux de renouvellement).

Bref, l’augmentation du CO2 provient de la consommation d’un non-renouvelable, car même le bois de la forêt cesse d’être une ressource renouvelable si l’on prélève plus que le taux de croissance naturelle. Donc, si le stock est non renouvelable, il est par définition fini.

Dès lors, et c’est là la grande surprise, même si vous êtes climato-sceptique et que vous ne souhaitez absolument pas vous soucier du taux de vos émissions de CO2, un jour vous les verrez diminuer, que vous le vouliez ou non, et ce précisément lorsque les stocks disponibles de fossile ne suffiront plus pour répondre à la demande dans la même quantité que précédemment.

Très concrètement, et pour prendre l’exemple du pétrole, le graphique présente à priori un aspect dit de “courbe en cloche”, comme celui-ci qui montre que la production augmente de manière quasi continue puis passe par un maximum pour entamer une descente inexorable (note : les courbes des découvertes et de production effective ont exactement le même aspect mis à part un décalage temporel d’environ 30 ans) :

La date exacte du “peak oil” ainsi que celles des autres échéances sont sujets à débat, mais il demeure admis dans les milieux les plus compétents que ces échéances ne pourront être évitées et que pour certaines la date butoir est relativement proche (de l’ordre d’une génération). Les dernières prévisions à ce sujet de l’AIE (Agence Internationale de l’Energie) sont inquiétantes pour nos économies. Il en ressort notamment que les réserves dans les schistes ont été sur-évaluées (pressenti dans le post du 2 juillet 2013 Gaz de schiste et ça continue…  vers la fin du paragraphe sur l’indépendance énergétique) et que l’augmentation de la consommation effective fortement soutenue par une demande non encore satisfaite conduit à un épuisement plus rapide que prévu aussi bien du stock que de la capacité de production instantanée. En clair, on peut s’attendre à ce que dès 2025 on vive dans un monde sous-doté en pétrole (au vu des souhaits actuels de l’économie et non des considérations climatiques naturellement). La vision alternative consiste à dire que la courbe est lissée par l’addition de nombreuses courbes régionales ayant toutes un sommet décalé. On parle ici d’un plateau de production  plutôt que d’un sommet clairement défini. Monsieur Sadad Al-Husseini ancien responsable de l’exploration de la compagnie nationale saoudienne partisan d’une telle vision estime que le plateau, agrémenté de quelques ondulations non significatives, a démarré aux alentours de 2005 et perdurera jusque vers 2020 suivie d’une forte diminution de la production.

Vous allez me dire, mais c’est très bien alors, car de cette façon tôt ou tard, nous allons arrêter d’émettre du CO2 et tout le monde sera content. L’erreur se situe ici, car si la baisse provient d’une baisse de la disponibilité en énergie et non d’une baisse de la quantité de CO2 par unité d’énergie, les autres facteurs ne restent pas silencieux, bien au contraire.

En premier lieu, le facteur Etot/PIB, représentant peu ou prou la capacité d’innovation, aura tendance à se figer, car en période de pénurie de ressources le peu disponible sera affecté prioritairement à la production de biens essentiels plutôt qu’à la recherche. Tiens, comme la nourriture par exemple, dont on oublie trop souvent qu’elle dépend aujourd’hui presque totalement de la disponibilité d’énergie bon marché.

Dans une phase initiale, le facteur PIB/POP va diminuer car la population restera stable, mais le PIB lui diminuera inexorablement en suivant la courbe descendante des ressources fossiles. L’environnement économique correspondra alors à une récession majeure sans espoir de relance puisque notre moteur essentiel réel, soit l’énergie abondante, aura de plus en plus tendance à se raréfier.

Assez vite toutefois, des émeutes massives puis des guerres civiles éclateront. Rappelez-vous c’était le peuple affamé qui avait pris la Bastille. A ce stade, l’effondrement structurel de nos sociétés ne sera plus qu’une question d’années. L’histoire nous montre comment des grands empires, imaginés indestructibles, se sont quasiment auto-anéantis en l’espace d’une génération. Et donc le facteur POP sera amené au tapis par des famines, épidémies et autres guerres. Rappelez-vous dans la première partie de la démonstration, je vous parlais de “l’option génocide”, et bien si nous n’y prenons pas sérieusement garde, le ou plutôt les génocides viendront spontanément sans même avoir eu besoin d’un carton d’invitation. On ne parle pas ici d’un conflit majeur opposant deux blocs se comportant de manière dite “civilisée” (soit en respectant plus ou moins les lois de la guerre), mais d’une multitude de conflits officiels ou non entre des populations désespérées luttant pour leur survie au jour le jour, comme par exemple la guerre en Irak dont la seule vraie origine est le désir de l’Oncle Sam de contrôler une ressource qu’il jugeait stratégique. Si vous pensez que je noircis le tableau, permettez-moi de vous détromper, car, mis à part le cas de l’Irak, les prémices sont déjà visibles aujourd’hui! Ce n’est pas moi qui le dis, mais Monsieur Ban Ki Moon secrétaire général des Nations Unies en personne. Bien évidemment, cela touche les populations déjà les plus fragilisées qui soient, et dans des régions qui nous semblent tellement mais alors tellement lointaines!!! Mais ne vous y trompez pas, ce que vous pouvez voir là-bas, nous pend assez également au bout du nez simplement avec un décalage temporel plus ou moins important selon les cas!

Faux me direz-vous, car il sera alors temps de passer aux énergies renouvelables. J’ai effectivement entendu ce discours dans la bouche d’un ami climato-sceptique. Ce raisonnement ne tient malheureusement pas la route, car lorsque la courbe descendante aura été entamée, nous n’aurons alors plus les moyens de réaliser la transition énergétique. Cela découle notamment des facteurs Etot/PIB et PIB/POP qui seront amenés au tapis par le manque d’énergie et ne permettront plus d’envisager autres choses que de la simple survie. Passer aux énergies renouvelables représente dans le court terme un effort ou autrement dit un investissement, et il faut être en mesure de le faire, aussi bien en termes économiques, sociaux, que de ressources à disposition..

Le DOE (Department of Energy) américain ne dit pas autre chose quand il annonce qu’il faut compter au minimum 20 années pour se préparer au peak oil, et qu’il invite le gouvernement américain à agir de toute urgence. Citation : ” sans une atténuation appropriée, les coûts économiques, sociaux et politiques seront sans précédent“. Si on quitte mentalement le niveau “pays” et qu’on monte au niveau “planète”, il est manifeste que ces 20 années ne seront pas suffisantes.

Nous en resterons là comme conclusion de cette analyse climato-sceptique en nous permettant de rappeler que toute cette réflexion a été menée en imaginant que le réchauffement climatique ne pose aucun problème et que donc il ne se rajoute pas des complications supplémentaires générées par exemple par des dommages insupportables de très grande ampleur.

Dans notre prochain post nous conclurons ces discussions sur l’équation de Kaya en regardant si une réconciliation des deux points de vue climato-sceptiques contre “climato-convaincus” n’est pas possible.

Laurent JOSPIN

Sources :
US Department of Energy (DOE), “peaking of World Oil Production : Impacts, Mitigation, and Risk Management
Journal Le Monde 16.11.2007, “la production d’or noir n’augmentera plus, selon l’ex n°2 du pétrole saoudien
Organisation de Coopération et de Développement Économique (OCDE), mars 2013, “Le baril de pétrole à 270 US$ en 2020
Annuaire suisse de politique de développement, Claude Serfati, 2006, “Économies de guerre et ressources naturelles : les visages de la mondialisation
Le Grand Soir, 28 mars 2006, Michael Klare, “Les prochaines guerres auront pour enjeu les ressources naturelles
Et avec la collaboration d’Amanda pour le dessin

une équation prédit l’enfer sur terre? Comment changer?

Ce post est  la suite notre série sur l’équation de Kaya “Une équation prédit l’enfer sur terre, mais que dit-elle au juste?“.

Aujourd’hui, nous cherchons à répondre à la question suivante : Si vous n’appartenez pas à la catégorie des climato-sceptiques et que conséquemment vous souhaitez réduire les émissions carbone de l’humanité, comment allez-vous vous y prendre?

Il convient en premier lieu de déterminer votre objectif en terme quantitatif! En effet, il ne suffit pas de réduire un peu le CO2 pour avoir un effet suffisant. Les dernières prévisions des climatologues peuvent se résumer en deux points principaux. Premièrement, même si l’on stoppe toute émission de CO2, le réchauffement va se poursuivre encore plusieurs centaines d’années avant que l’environnement ait pu re-capturer tout le carbone en excès. Deuxièmement, le réchauffement apparent récent est anormalement faible, toute une série de facteurs se sont conjugués (dont le cycle solaire faible dont je vous parlais dans mon post du 19 juillet J’enlève et il y a plus ???), il est impossible de prédire précisément quand ce freinage va disparaître, mais deux choses demeurent, soit que l’on parle ici de dizaines d’années tout au plus, et qu’une fois le “frein” enlevé, nous devons nous attendre à un véritable emballement.

Donc, si nous voulons rester cohérents, il ne s’agit pas de diminuer quelque peu le côté CO2 de l’équation, mais bien de l’approcher le plus possible de zéro (oui 0=0!). Et pour mettre la formule à zéro qui est une suite de multiplication, il “suffit” de tirer un facteur vers zéro sans qu’un autre facteur diverge vers l’infini.

Dans une approche plus modérée, le consensus des climatologues décrit une nécessité de diminuer d’au minimum un facteur 3 nos émissions d’ici 2050. Il semble utile ici de rappeler que ce consensus date d’avant l’étude de l’EPFZ conjointe avec l’université de Princeton et que régulièrement les prévisions sont révisées vers le pire. La réflexion qui suit sera imaginée sur soit aller franchement vers le zéro ou alternativement diviser par 5 (substitution au facteur 3 ci-avant et déterminé insuffisant) nos émissions totales, ce qui, dans l’état de la technique et de l’économie mondiale, revient pratiquement au même.

Pour une fois, changeons nos habitudes et lisons de droite à gauche l’autre côté de l’équation. Donc si nous voulons faire tendre vers 0 le terme CO2, nous avons comme première possibilité de faire tendre vers 0 également la population mondiale. Je ne sais pas pour vous, mais pour moi cette perspective n’est pas du tout réjouissante, mais alors pas du tout.

Ils sont fous ces humains, aurait dit Obélix!Ils sont fous ces humains, aurait dit Obélix!

En poussant un peu plus la réflexion sur cet aspect précis, nous avons deux sous-options à disposition. On peut envisager d’introduire un contrôle strict des naissances pour réduire la population en quelques générations avec à la clef une conséquence vraisemblablement insupportable sur la pyramide des âges et donc notre système de prévoyance vieillesse, sans même parler des horreurs générées par un tel contrôle politisé des naissances.

L’autre variante consisterait à s’organiser un petit génocide de derrière les fagots pour ridiculiser Hitler, Staline, Pol Pot, et quelques autres abominables que j’oublie, une bonne fois pour toute. Cette solution présenterait un avantage d’efficacité évident, mais encore une fois je ferai tout ce qui est dans la mesure de mes modestes moyens pour éviter l’ouverture des portes de l’enfer. Je sais bien qu’envisager une telle option n’est pas drôle du tout, et je m’excuse auprès des lecteurs choqués, mais vous comprendrez en lisant la réflexion symétrique pour les climato-sceptiques que cela n’est pas anodin du tout.

En clair, il nous faut admettre que la population mondiale ne va pas baisser. Au contraire les prévisions des démographes nous annonçant une population mondiale en croissance jusque vers 10 milliards d’individus environ avant stabilisation doivent être prises en compte dans notre équation. Le corollaire est que comme résultat intermédiaire, nous n’avons pas une baisse du total de la formule et donc du C02,  mais au contraire une hausse d’environ 40% (nouveau CO2 = ancien CO2 divisé par 7 milliard d’habitants mais multiplié par 10 milliards de nouveaux habitants 7 + 40% de 7 ==> 10).

Passons maintenant au terme PIB/POP. Pour mettre ce terme à zéro, le PIB doit tendre vers zéro également. Donc en clair et français, le niveau de vie moyen de la planète devrait s’effondrer pour s’approcher autant que possible du “à peu près rien”. Soyons clairs, personne ne souhaite cela, et même si un “despote éclairé” cherchait à imposer une telle évolution, tout le monde sait que cela générerait des émeutes puis une guerre civile totale.

A l’heure actuelle, les économistes, de gauche comme de droite, affirment tous qu’une croissance est nécessaire pour maintenir nos équilibres sociétaux.  A nouveau, nous n’avons rien réussi à perdre mais sommes de nouveau en train de “gagner”, ce qui pour une fois ne nous arrange pas du tout.

Ensuite, nous pouvons travailler sur la quantité d’énergie nécessaire pour générer chaque unité de PIB. Sur cet aspect précis, il y a matière à gagner quelque chose, cela s’appelle l’efficience énergétique. Malheureusement, il y a une limite à ce qui est possible ici. L’expérience des années passées nous montre qu’il a été possible d’obtenir une réduction d’environ 30% en à peu près 40 ans.

Nous pouvons essayer une prévision très optimiste, mais alors vraiment très optimiste, en disant que nous allons réussir l’exploit de diminuer ce facteur du même ordre de grandeur que l’évolution spécifique du passage des ampoules à filament à celles à basse consommation soit un facteur 5 en ordre de grandeur. Non seulement, cette prévision, transcrite sur l’ensemble de toute la technique, est à ce point si optimiste qu’elle en devient peu crédible, surtout si l’on prend en compte qu’usuellement les premiers gains d’efficacité sont les plus faciles à obtenir, mais quoiqu’il en soit, il se rajoute un méchant effet pervers qui va bien nous embêter.

En effet, plus une technologie devient efficiente plus elle a tendance à se démocratiser. Dès lors chaque unité individuelle consomme effectivement moins voir beaucoup moins, mais comme il y en a de plus en plus, la multiplication de l’un par l’autre ne représente pas une diminution mais une augmentation! On pourrait citer l’exemple des téléphones portables en faisant la comparaison avec la valise de 1990 contre le smartphone de 2013. La consommation doit bien avoir été divisée par un facteur 20 (à l’œil), mais comme de l’autre côté le nombre de téléphones portables a augmenté d’un facteur 1000 (au bas mot) /20 * 1000 représente toujours une consommation supplémentaire d’un facteur 50!!!

Dès lors, il est difficilement contestable que ce facteur Etot/PIB ne nous offrira aucun secours non plus, ou alors si faible qu’il en sera presque négligeable.

Au final, il nous reste donc que le facteur CO2 / Etot pour réussir à tirer l’ensemble de notre équation vers zéro. En première lecture, on ne voit pas d’impossibilité absolue à tirer rapidement en bas ce dernier facteur de notre formule. Simplement, si l’on met en relation l’importance de l’effort à fournir pour réellement limiter au moins les dégâts les plus graves, avec la réalité de l’évolution des ENR (énergies renouvelables) sur le terrain, on se rend très vite compte que nous faisons complètement fausse route à l’heure actuelle.

Si comme imaginé plus haut, nous devrions viser, en ordre de grandeur, de diviser par 5 nos émissions d’ici 50 ans maximum, et de nous approcher de zéro d’ici 2100 pour être crédible dans une démarche visant à sauver le climat de la planète voir la planète tout simplement; et comme au vu des explications données ci-dessus, il faut s’attendre à une péjoration cumulée des autres facteurs d’environ 2*, il faudrait donc, pour obtenir notre diviseur final de 5,  en réalité diminuer notre ratio carbone/kWh d’un facteur 10 d’ici 2050. En clair et français, en partant de la supposition qu’il restera quelques domaines offrant des facteurs de résistance importants pour des raisons techniques ou autres, cela signifie que nous devons planifier de passer au quasiment tout renouvelable d’ici 40 ans au maximum.

La réalité du terrain diverge malheureusement très fortement de cet objectif. Des freins immenses et de toutes natures existent encore aux renouvelables d’un côté,  de l’autre des groupes de pression cherchent, par exemple, à faire passer le gaz de schiste comme une solution pour défendre le climat (si, si !!),

Dès lors, sans une prise de conscience réelle, rapide et de grande ampleur, nous pouvons sans risque de nous tromper annoncer des catastrophes climatiques toujours plus graves avec toujours plus de morts et dévastations à la clef. Selon la banque mondiale les pertes dues aux catastrophes naturelles ont quadruplé en 30 ans, alors bien que les effets du réchauffement actuel ne sont qu’un pâle avant-goût de ce qui nous attend!

Dans notre prochain post, nous poursuivrons la réflexion en posant comme postulat que le réchauffement climatique n’existe pas ou ne représente pas un problème.

Laurent-David JOSPIN

Sources :
Science & Vie, janvier 2014 N° 1156, “on sait quand le climat basculera dans l’inconnu
Science & Vie, Décembre 2013 N° 1155, “Réchauffement, mais où est-il donc passé?
Nature Climate Change, Swiss Federal Institute of Technology Zürich + Princeton University, “continued global warming after CO2 emissions stoppage
ETHZ, 25.11.2013, Fabio Bergamin, “Underestimated future climate change?
Banque Mondiale, Novembre 2013, rapport dans le cadre de la conférence sur le climat à Varsovie.
ainsi qu’un emprunt à Astérix et les jeux olympiques dans le cadre du droit de citation

Une équation prédit l’enfer sur terre, mais que dit-elle au juste?

Ce post est une suite au post Une équation prédit l’enfer sur terre, voulez-vous jeter un coup d’oeil? (série à suivre) du 9 décembre 2013

Ceci étant rappelé, que découvrons-nous dans cette fameuse équation? Que le CO2 émis par l’humanité est égal à une multiplication de facteurs dont :

En premier lieu la quantité de CO2 par quantité d’énergie consommée. Cette valeur dépend notamment du type d’énergie mise en œuvre, le charbon représentant la source la plus émettrice, les renouvelables les sources les moins émettrices (note : le renouvelable généré à partir d’équipements fabriqués sur base d’énergie fossile contient encore du CO2 implicite de par son énergie grise, le renouvelable de deuxième cycle partant d’énergie elle-même déjà renouvelable pour la fabrication des équipements nécessaires n’en contient plus du tout.). On reste dans le très intuitif ici, plus mes sources d’énergies sont émettrices plus je vais en émettre toutes choses restant égales par ailleurs.

Symétriquement, on prend aussi en compte, la quantité d’énergie nécessaire par unité de PIB. On peut assimiler, de manière très simplifiée, le PIB total de la planète au revenu disponible à partager entre tous ses habitants. Une économie très peu efficiente va nécessiter beaucoup d’énergie pour chaque création de richesse, alors qu’à l’inverse une haute efficacité énergétique permettra de limiter ce besoin en énergie pour le même résultat final (on peut prendre comme exemple la comparaison des situations avant et après l’introduction de la redevance poids lourd, à l’initial il était fréquent que des camions réalisent des courses à vide, une fois la RPLP mise en place cette pratique avait complétement disparu alors que la quantité de marchandise transportée n’avait pas baissé).

En toute logique, il faut considérer également le rapport du PIB total à la population totale (soit plus ou moins le revenu disponible pour chaque habitant de la planète), étant donné que, toujours toutes choses restant égales par ailleurs, si le PIB par tête augmente, on obtiendra une augmentation du PIB total et donc une augmentation de la production de CO2. On peut relever ici qu’il s’agit d’une relation éminemment politique objet de tout les débats ou projet de société. Si on descend du niveau planète au niveau pays, on peut observer la très forte corrélation entre cette valeur, qui ne représente ni plus ni moins que le niveau de vie d’un pays, et l’importance des émissions de CO2 (note : la corrélation n’est évidemment pas parfaite car certains pays en phase de rattrapage polluent proportionnellement plus que leurs niveaux de vie réels car ils souffrent d’équipements désuets ou sur-utilisent des sources très polluantes comme le charbon, mais la relation reste globalement vraie et dans tous les cas vraie toutes choses restant …..).

Au final, il reste bien sûr la population totale, car plus nous sommes, plus nous aurons tendance à polluer. A nouveau toutes choses restant égales par ailleurs, plus de population doit représenter une émission totale de CO2 supérieure.

On constatera enfin, que peu ou prou, cette équation met en relation les valeurs les plus fréquemment mentionnées dans les analyses politiques, démographiques, ou encore économiques.

Tout ceci étant posé, nous attaquerons dans notre prochain post l’analyse du point de vue du “climato-convaincu” avec un post “une équation prédit l’enfer sur terre? Comment changer?“.

Laurent-David JOSPIN

Une équation prédit l’enfer sur terre, voulez-vous jeter un coup d’oeil? (série à suivre)

Bien disséquée, j’affirme que cette équation annonce potentiellement un effondrement brutal de la population et donc des milliards de morts, si les décisions nécessaires ne sont pas prises maintenant.

Le but de cette série sera de vous démontrer que peu importe que vous soyez convaincu de l’urgence d’agir contre le réchauffement climatique ou au contraire climato-sceptique, il faut dans les deux cas, de toute urgence, décarbonner notre société.

Pour que l’ensemble soit pertinent, il nous faudra descendre à un niveau de détails conduisant à ce que la longueur du message dépasse nettement ce que la forme de communication par post dans un blog autorise pour rester lisible. Tout tourne autour de notre dépendance à l’énergie, de l’impact de notre sur-consommation sur les équilibres planétaires, ainsi que des conséquences d’une baisse de la disponibilité de cette énergie même de peu d’importance.

Entrée en matière, présentation de cette fameuse équation

Pour ceux qui la connaissent, vous avez reconnu l’équation dite de Kaya, ici présentée dans sa forme simplifiée, Monsieur Yoichi Kaya étant un distingué scientifique japonais étudiant les questions énergétiques.

On peut en premier lieu s’interroger si cette formule est bien correcte mathématiquement. Sans vouloir prétendre créer un cours de mathématique, on constate néanmoins de manière instantanée que les termes suivants se simplifient

Car si je multiplie et divise par le même chiffre, je puis tout aussi bien ne rien faire mathématiquement parlant, toutefois écrire bêtement, après simplification, que

n’apporte pas grand chose mis à part que tout le monde devrait être d’accord sur le fait que la quantité de CO2 totale émise par l’humanité est égale à la quantité de C02 totale émise par l’humanité. Nous en resterons donc à la première égalité présentée, que nous savons maintenant être vraie, car elle nous permet de mettre en évidence différents facteurs clefs  influant  directement la production totale de CO2 par l’humanité et ainsi de les discuter, respectivement de clarifier dans quelle mesure nous pouvons les manipuler pour obtenir ce que nous souhaitons de l’autre coté de l’égalité.

Le fil rouge de notre discussion, au long des posts qui suivront, passera en revue chacun des facteurs constitutifs de l’équation dans une logique “nous voulons lutter contre le réchauffement climatique“, puis réalisera en réflexion miroir la dissection de l’option “le réchauffement climatique ne nous pose pas de problème particulier“. Au final, la réconciliation des deux points de vue conduira à une vraie surprise pour beaucoup.

A suivre dans un prochain post “Une équation prédit l’enfer sur terre, mais que dit-elle au juste?

Laurent-David JOSPIN

Source : Gilbert M. MASTERS & Ela P. WENDELL, Introduction to Environmental Engineering and Science (third Edition), Prentice Hall, pages 531 et ss.

Réduire les subventions aux énergies renouvelables? Très bonne idée!

Mais non, je n’ai pas tourné ma veste! Il faut juste attraper le problème par le bon bout. Un article de la Frankfurter Rundschau sous le titre Dramatisches Missverhältnis va éclairer nos lanternes.

Au niveau mondial, le subventionnement annuel des énergies fossiles vient d’atteindre 523’000’000’000 US$ (oui, bien 523 milliards soit plus de 7 fois le budget total de la Confédération Suisse), et soit surtout 6 fois plus que le montant correspondant subventionnant les énergies renouvelables.

En 2009, le G20 s’était engagé à réduire de toute urgence toutes les subventions aux énergies fossiles. De toute évidence, cette décision est restée lettre morte.

L’absurde le dispute au pathétique! Car, l’annonce de l’Agence Internationale de l’Energie tombe quasiment en même temps qu’un rapport du très respecté Fraunhofer Institut  démontrant que le solaire et l’éolien sont déjà compétitifs dès aujourd’hui et le seront encore plus à futur.

 

Pour ceux dont les bronches ne sont pas encore complètement saturées, je vous offre volontiers un peu de rab, du moment que vous le gardez chez vous, cela va de soit :

 

 

Le constat est limpide, si nous arrêtons de subventionner les énergies fossiles, le cercle vertueux des énergies renouvelables s’enclenchera de lui-même.

Par contre, je vous avoue mon inquiétude, par exemple, quant aux recherches sur l’enfouissement du CO2 ou des idées du même acabit. Les fanatiques du charbon, n’arrivant pas à imaginer faire autre chose, nous parlent du charbon “propre” via cette technologie ou d’autres. Certes, mais ils “oublient” de nous parler des coûts de l’enfouissement qui va, en ordre de grandeur, tripler le coût de l’énergie produite. Le danger se cache précisément là! Si on les laisse faire, une fois que l’argent aura été dépensé, il faudra bien le justifier en maintenant la filière coûte que coûte. Et un jour on découvrira que le subventionnement aux énergies fossiles a encore doublé, ou pire, tarissant d’autant plus les moyens à disposition pour les renouvelables.

Espérons que les citoyens de notre planète se réveillent et exigent un changement de vision de leurs diverses autorités élues! Ou alors, peut-être au contraire, qu’il ne faut plus espérer que cette prise de conscience démarre au niveau de nos élites éclairées, et que la solution passe par une prise en charge au niveau des individus se déconnectant du réseau et se rendant le plus autonome possible.

Sur le thème de l’énergie renouvelable, l’Allemagne a très souvent montré la voie au niveau mondial. Or l’on constate justement que depuis plusieurs mois tout les fournisseurs à la pointe de la branche de ce pays déplacent le centre de gravité de leurs assortiments vers l’auto-consommation. Dans ce cas, je ne pourrai pas croire au hasard!

Pas de problème, supprimons les subventions aux énergies renouvelables, mais alors en toute cohérence faisons simultanément de même avec les subventions,  apparentes ou cachées, au fossile! Ainsi du jour au lendemain, le renouvelable augmentera sa compétitivité face au fossile de plus de 400 milliards US$ par an sur le plan mondial. Croyez-moi, on verra très vite la différence!

Laurent Jospin

Source : site du Fraunhofer Institut,  ise.fraunhofer.de, “Stromgestehungskosten erneuerbare Energien Studie November 2013

C’est l’heure on ferme! Et n’oubliez pas l’addition, ni la marche en sortant!

Bien sûr que nous pouvons nous réjouir, mais il faut garder la tête froide, car les enchaînements ultérieurs seront aussi important que ….

Ah oui, dans mon excitation, j’ai oublié de vous dire de quoi je souhaitais vous parler, de la fermeture de notre antédiluvienne centrale nucléaire de Mühleberg, bien sûr!

Entre la franche satisfaction d’une décision pleine de bon sens, même si un peu tardive, d’un coté et de l’autre les inquiétudes face tout à la fois au démantèlement à planifier ainsi qu’aux divers groupes de pression cherchant à s’opposer aux renouvelables, mon cœur balance sur ce qu’il faut retenir de cette décision historique.

Alors comme pour un grand festin, prenons un peu de tout dans le bon ordre.

L’apéro s’est bien présenté, nous avons beaucoup bu sans trop nous soucier ni du coûts des bouteilles et encore moins de la solide gueule de bois à venir. Lorsque nous avons consommé les kWh de la centrale de Mühleberg, nous avons fait semblant de sortir l’argent “des bouteilles” de notre porte-monnaie, mais aujourd’hui presque plus personne ne fait semblant d’y croire et il est notoire que l’on commence seulement maintenant de tipper l’addition.

Pour le plat de résistance, et comme dans l’intervalle nous sommes devenus dépendants à cette consommation effrénée, la tentation a surgi de faire payer les autres, par exemple en allant chercher ces kWh qui nous manquaient si fort chez les autres. Tiens, chez les allemands par exemple avec leurs nombreuses centrales à charbon sous-exploitées. Très mauvaise idée! Si nous persistons dans cette voie, nous allons commencer une nouvelle addition ailleurs, qui n’allégera surtout pas notre première note.

Au puis au dessert, au lieu de se rabattre sur des fruits (quelque chose de sain, pour changer), une pelée d’inconscients cherche par tout les moyens à nous en empêcher et implicitement donc tente de nous faire retomber dans notre vice.

Arrêter de s’enivrer était et reste la seule bonne décision, mais oui, maintenant nous devons de toute urgence mettre en place une ligne claire, un peu comme pour un sevrage, et il faut donc
– re-planifier la vie de fin des réacteurs ainsi que le traitement des déchets d’une manière crédible et responsable pour les générations futures (payer l’addition donc);
– ainsi que lever les obstacles artificiels de toute nature dressés contre les énergies renouvelables (attention la marche!).

Ne pas payer son addition au restaurant vous crée de gros problèmes. Si vous manquez la marche en sortant, cela peut faire très mal. Alors puisque nous avons pris une bonne résolution, ne nous arrêtons pas en si bon chemin!

Laurent-David JOSPIN

Réalité des coûts? Oui! mais comment faire la transition?

Le nœud du triple problème géo-politique, énergétique, mais surtout environnemental est résumé dans ces trois petits mots “réalité des coûts”.

Dans les faits, les énergies fossiles, nucléaire compris, ou une chimie outrancière, ou encore une agriculture intensive, …  n’ont un avantage concurrentiel apparent contre le durable, que grâce au fait qu’elles n’assument pas les coûts induits (pollution, déchets persistants, problèmes de santé publique, épuisement des sols, ….) . Aujourd’hui, presque plus personne de sérieux ne nie cette réalité de base.

Ainsi des taxes ciblant spécifiquement cet aspect semblent être la panacée, surtout, si bien pensées, le produit des dites taxes est affecté autant que possible à la “réparation” du coût induit visé et non pas versé à un pot général. Malheureusement, les tentatives d’instaurer de telles solutions font faces à des résistances si fortes qu’il est illusoire d’espérer pouvoir avancer suffisamment vite pour sauver notre planète, car, est-il nécessaire de le rappeler, nous faisons face à une urgence extrême. Les manifestations de ce samedi 26 octobre en Bretagne contre une taxe ciblant les poids lourds avec à la clef un blessé grave sont une preuve parmi d’autres de ce déplorable état de fait.

Mais alors pourquoi, puisque “tout” le monde reconnait l’importance et l’urgence d’agir???

Tout simplement, car nos États occidentaux sont devenus dépendants à la dépense publique et lorsqu’une telle taxe est introduite, il n’y a la plupart du temps aucun dégrèvement ailleurs. Dès lors, et c’est ma foi compréhensible, la population se révolte et s’oppose frontalement au nouveau prélèvement.

La façon dont l’opposition se manifeste peut prendre des formes les plus variées et inattendues. Ma meilleure moitié aime beaucoup jardiner, et espérait beaucoup pouvoir trouver du terreau auprès du centre ad hoc de la Commune. Elle a renoncé, comme d’autres que nous connaissons, tant il était (est?) bourré de déchets plastiques et autres. Visiblement, certaines personnes n’ont pas accepté pleinement notre taxe au sac poubelle et font du sabotage en utilisant les bennes de compostage comme substitut de poubelle.

J’aime bien rappeler que lorsque notre ville a introduit la taxe déchet (ancêtre de la taxe au sac), elle aurait dû baisser les impôts en proportion puisque cette tâche sortait du budget communal. A l’époque, il nous a été sorti l’argument que normalement la Commune aurait du augmenter les impôts vu sa situation financière et que donc ne pas les augmenter correspondait en réalité à une baisse. Brillant, vraiment! Malheureusement, avec ce genre d’argument à la noix, on “fabrique” à la pelle des climato-sceptiques et autres défenseurs d’une consommation débridée et irresponsable.

Oui les faits sont têtus, pour pouvoir amener la création d’un monde durable nous devrons baisser les impôts courants pour pouvoir transférer la charge fiscale vers un ensemble de taxes ne visant plus en priorité la création de richesse mais bien plus la façon dont elles ont été obtenues vis-à-vis de l’environnement.

Laurent Jospin

Réf. : site de la Radio Télévision Suisse Romande 27.10.2013 “http://www.rts.ch/info/monde/5325727-une-taxe-controversee-cause-de-violents-heurts-en-bretagne.html
Revue Flash de l’EPFL, éd. 17.04.13, interview Raymond Bradley “Même si l’heure est sombre, il reste des possibilités d’agir

You know what? I’m hhhaaaaaappy!

Disait Droopy dans les Tex Avery de ma jeunesse. Cela reflète assez bien mon état d’esprit du jour.
Le 25 juin dans mon post “Gaz de Schiste bis repetita”, il a été, un peu trop discrètement apparemment, suggéré aux députés Vert’libéraux de proposer un moratoire sur les forages. Apprendre que La Conseillère Fédérale Doris Leuthard vient d’écrire aux opposants au forage de Noiraigue, en recommandant notamment d’attendre et également en soulignant que le but n’est pas plus de fossile mais bien de passer au renouvelable, m’a réchauffé le cœur.
J’en reste totalement convaincu, un simple moratoire de 5-10 ans et l’on ne se posera très certainement plus la question, car d’une part le retour d’expérience sur les autres exploitations gazières se sera suffisamment étoffé, mais d’autre part, nous aurons également atteint un tel niveau de conséquences liées au réchauffement climatique, que l’incongruité d’un tel projet éclatera au grand jour.

Laurent-David Jospin

Sources : L’Express du 17.08.2013, site web de la RTS

Aucun lien … mais ….

Le 3 juillet, 2 communiqués de presses ont plus particulièrement attiré mon attention.

Le premier intitulé “La décennie 2001-2010 marquée par des conditions climatiques extrêmes” peut être trouvé par exemple sur le site de la Radio Télévision Suisse Romande. Rien de nouveau sous le soleil me direz-vous. Exact, mais au moins si l’information vient à être relayé de manière plus large, cela ne peut que favoriser la nécessaire prise de conscience.

Le deuxième “Combustibles rendus plus cher par les émissions excessives de CO2” décrit le mécanisme politique mis en place en Suisse pour inciter de manière forte à diminuer notre consommation de combustibles fossiles et notamment l’augmentation destinée à rendre ces produits moins compétitif sur le marché. On y découvre également, que, oh grande surprise, nous n’avons pas réussi à diminuer autant que souhaité nos émissions.

Forcément, si le moindre projet d’énergie renouvelable se heurte à certains fonctionnaires incapables de se projeter un minimum dans l’avenir et abusant de leur position privilégiée pour tout refuser; nous allons avoir des difficultés insurmontables pour la réaliser cette transition énergétique!

Il n’y a bien sûr aucun lien de cause à effet entre ces deux communiqués… encore que… Et bien si, le voilà justement le nœud du problème : Presque plus personne de sérieux ne nie la réalité du réchauffement climatique aujourd’hui, mais, de manière incompréhensible, un nombre très élevé de personnes, assez souvent bien placées comme les responsables évoqués ci-dessus, agissent exactement comme si cela n’existait pas, ou n’avait aucune conséquence vraiment importante. Un peu comme si, il ne s’agissait que d’une vue de l’esprit, n’impactant pas le monde réel.

C’est le pas mental à réaliser par l’humanité, évoluer d’une compréhension intellectuelle de la menace devant nous, à une volonté d’agir réelle et concrète.

Nous n’avons pas réellement le choix, plus tard nous agirons, pires seront les conséquences et plus élevés les coûts! Alors allons y franchement avec courage et lucidité, votons les lois nécessaires dès maintenant pour déblayer la route des énergies renouvelables, et protégeons tout ce qui peut encore l’être de notre climat au plus grand bénéfice des générations futures!

Laurent Jospin

Gaz de schiste et ça continue…

Mon dernier post sur les gaz de schiste m’a valu une avalanche de réactions, commentaires et autres questions, jusqu’à et compris un téléphone très énervé au bureau (si,si!). Pour ce dernier, la clarté du discours étant inversement proportionnelle à l’énervement, je n’ai pas vraiment réussi à en tirer la substantifique moelle, mais en toute sincérité cela ne me dérange pas plus que cela.

Globalement, il m’est clairement apparu que tout n’est visiblement pas clair, si j’ose ainsi m’exprimer. Cela mérite dès lors un petit complément.

Pour les résumer sommairement les thèmes évoqués par mes interpellants tombaient essentiellement dans les catégories suivantes :

  • Le gaz de schiste est bon pour lutter contre le réchauffement climatique
  • Le gaz de schiste est bon pour l’économie
  • Le gaz de schiste nous permettrait de garantir notre indépendance énergétique
  • Les techniques d’extraction sont aujourd’hui sûres

 Bon pour le réchauffement climatique??

En apparence seulement, car un problème vient se greffer sur l’équation de base. Les pro gaz de schiste mettent en avant que 1 kWh généré par du méthane (composé principal des gaz dit naturel y compris le gaz de schiste) génère nettement moins de CO2 que le même kWh généré par exemple lors de la combustion de charbon.

Cette affirmation est vraie à priori, mais elle ne prend pas en compte en tout premier lieu les fuites de méthane lors de la récolte du gaz. Or le méthane possède un pouvoir GES (gaz à effet de serre) entre 25 et 50 fois supérieur (selon la période de temps observée) à celui du CO2. Il en découle que si seulement 3% du gaz produit est perdu en fuite, le bilan GES est au mieux neutre, au pire nettement plus mauvais. Les données disponibles sur diverses sources internet (commencez par Wikipedia anglais Shale gases et suivez les liens de la bibliographie) indiquent des taux de perte entre 5% et 15%. Et donc un bilan GES réellement mauvais.

Il se rajoute à ceci que nous n’avons parlé que de la période en “exploitation”. Il y a encore une vie pour les gaz après la vie du puits. Lorsqu’un puits est foré, le taux de récupération des gaz est initialement très élevé. Après 6/12 mois, l’efficience du puits commence de s’effondrer et il faut aller forer un peu plus loin à brève échéance. Oui, mais voilà, la roche a été fracturée et elle est donc devenue en quelque sorte “poreuse” et les gaz continuent de migrer insidieusement et des quantités très appréciables de gaz finissent par être relâchées au fil du temps.

La conclusion est sans appel, les gaz de schiste n’apportent aucune amélioration à notre problème de réchauffement climatique bien au contraire.

Bon pour l’économie??

En apparence peut-être, mais cela dépend de l’échelle de temps observée. Si l’on se décide à prendre en compte a) les conséquences du réchauffement climatique (voir mon post l’aveu), b) la mise en péril des ressources aquifères  (voir plus bas), et c) les dommages au paysage infiniment supérieur à de l’éolien ou du photovoltaïque par ex. ainsi qu’à l’environnement proche par un trafic de camions de très haute intensité, il est manifeste que cette affirmation n’est plus vraie.  Pour faire écho au point c), la vue google d’une zone exploitation au Texas est éloquente.

Dans un petit pays comme la Suisse, où le territoire possède une très haute valeur dû à sa rareté, un tel type d’exploitation ne pourra jamais être considéré comme rentable, car la perte de valeur paysagère se multiplie par le nombre des années.

En réalité la production de gaz de schiste n’est intéressante que pour les primo exploitants. Pour tout ceux qui viendront après, il ne restera plus qu’une charge et personne en face pour l’assumer.

Bon pour l’indépendance énergétique??

Dans une vision court-termiste peut-être, mais à nouveau ceci n’est vrai que si l’on occulte les aspects négatifs dans la balance comptable. Deux aspects principaux doivent être examinés :

A. Les dommages générés par l’exploitation du gaz de schiste nécessiteront des réparations. Qui dit réparation, dit transformation. Et voilà toute re-transformation nécessitera de l’énergie. On citera ici comme exemple, le fait que dans des régions entières, les compagnies gazières doivent venir livrer de l’eau potable aux habitants qui disposent pourtant de puits et autres forages, mais dont l’eau est devenue impropre à la consommation. Sur le long terme, j’estime plus que probable que l’énergie récupérée lors de l’exploitation sera reperdue dans de telles nécessités de réparation.

B. En ce qui me concerne, je suis hautement favorable à l’indépendance énergétique et je prépare un post sur cette question exclusive. Mais alors, pourrait-on faire autrement? OUI et encore OUI! Notre pays regorge de sources d’énergie les plus variées qui peuvent très bien se combiner entre elles pour obtenir un pays complètement autonome et renouvelable. La base hydraulique installée couvre environ 60% de nos besoins en électricité. Il sera difficile de réaliser encore beaucoup de grands barrages, mais il existe une ressource extrêmement importante via de l’hydraulique souterrain. Le photovoltaïque pourrait, à terme, nous assurer à lui seul 50% et plus de la consommation électrique du pays. Il suffirait de mettre en place une politique volontariste à ce sujet. Le solaire thermique peut diminuer nos besoins en chauffage d’environ 50%. La génération de biogaz ainsi que d’autres utilisations de la biomasse offrent un gisement considérable, d’un ordre de grandeur de 20 à 30% des besoins du pays. Et puis bien sûr, il y a l’éolien. Géré de manière responsable, notamment en se tenant à une distance suffisante des habitations, il y a de nouveau ici une opportunité équivalente à une tranche de nucléaire moderne. Et au final, cerise sur le gâteau, l’efficience énergétique devrait nous permettre d’économiser facilement 30% de notre consommation totale sans perte de prestation (certains auteurs vont jusqu’à 50%, pour ma part je considère plus conservateur d’en rester à un raisonnable 30%). OUI à une vraie indépendance énergétique, pas un simulacre qui nous laissera dans une situation pire qu’initialement lorsque les réserves convoitées se tariront. A ce sujet, on peut signaler que de nombreux scientifiques jugent les réserves estimées comme exagérées avec à la clef de potentielles grosses désillusions.

Techniques d’extraction sûres??

Grotesque!! Je pourrais bien sûr vous décrire par le menu tout la procédure de la fracturation hydraulique avec les quantités monstrueuses d’eau gaspillée, la cohorte de produits chimiques tous plus nocifs les uns que les autres injectés dans le sous-sol, les boues radioactives ressortant du puits avec le gaz,  et ainsi de suite; mais je ferai beaucoup plus simple par une simple démonstration logique. Si cette technologie était sûre comme prétendument, au grand jamais les compagnies pétrolières n’investiraient tout ce qu’elles investissent pour trouver de toute urgence une technique alternative!

Pour ceux qui souhaiteraient étudier le processus plus en détails, je vous propose le rapport sur les gaz et huiles de schiste établi à l’attention de l’assemblée nationale française sous http://www.assemblee-nationale.fr/13/rap-info/i3517.asp cela vous donnera une bonne première idée.

Sur un autre plan, il faut insister sur le fait que la question de la sécurité ne s’arrête pas à la vie du puits en exploitation, mais que le sous-sol rendu ainsi “instable” ou “poreux” reste un challenge pour un nombre d’années totalement inconnu. Le recul sur la filière est actuellement presque inexistant. Dans mon post précédent je mentionne le rapport de la Duke University qui établit clairement l’existence d’une contamination. SI vous cherchez sur Internet, vous verrez que cette université avait publié de très nombreux rapports par le passé, tous éminemment favorables à la filière gaz de schiste. C’est donc bien le temps écoulé qui a fait ressortir le problème.

Non, cette technologie n’est pas sûre dans l’état actuel de la technique, et très vraisemblablement elle ne peut pas l’être pour une raison fondamentale liée au fait que déstabiliser un sous-sol stable depuis des millions d’années implique des conséquences allant au delà de notre capacité de contrôle.

Au final, et indépendamment des points évoqués ci-dessus, rechercher à tout prix du fossile et encore du fossile, équivaut à nier la réalité et la gravité du réchauffement climatique. Pour vous donner une idée de la question allez sur le site de l’Agence Internationale de l’Énergie et téléchargez le dernier rapport sur l’évolution prévisible du climat : http://www.iea.org/publications/freepublications/publication/name,38764,en.html. Sur ce, nous avons réunis nos forces avec mon fils pour essayer de vous résumer le devenir du dernier climato-sceptique :

Si vous ne voulez pas le suivre sur son chemin infernal, ne lui laissez pas le pouvoir !!!!

Laurent-David JOSPIN

Mouvement

En anglais motion signifie le mouvement. En français, et plus précisément dans la pratique parlementaire suisse, une motion décrit l’acte d’un député qui propose une loi ou la modification d’une loi existante.

Giovanni T. m’a transmis le texte de pas moins de 3 motions destinées à faciliter la pose de panneaux solaires pour relecture. Et bien en voilà du mouvement!

On va garder la primeur des interventions de mon collègue pour les députés, mais tout de même une indication : on vise large pour obtenir un effet positif en faveur du plus grand nombre.

On va faire changer les choses, je vous dis!

Laurent-David Jospin