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La loi CO2 risque ou chance pour l’économie ?

A une semaine de la votation, je jette un dernier coup d’oeil dans le rétroviseur de la campagne et que voit-on ?

Le flot des nouvelles, internationales pour la plupart, concluant à la nécessité impérieuse d’aller vers la décarbonation de nos sociétés n’arrêtent pas.

On y trouve aussi des nouvelles plus directement en lien avec notre pays, comme celle-ci :

Dans la masse, j’ai noté une annonce dont on pourrait croire qu’elle a été produite juste pour l’article de ce jour :

Ce n’est bien sûr pas le cas, mais elle situe idéalement l’enjeu du débat, et donc posons-nous vraiment la question sans tabou, la loi CO2 proposée représente-t-elle une entrave ou un soutien à l’économie ?

Aujourd’hui, notre économie nationale tourne globalement avec un mix constitué majoritairement de fossile. Entre les combustibles pétroliers (=mazout), les carburants (essence, diesel), le gaz, et la part d’électricité produite à partir d’uranium, nous atteignons une part fossile ou non-renouvelable de l’ordre de 75 %. (source : statistique globale suisse de l’énergie 2019, OFEN).

Vouloir sortir du fossile représente donc objectivement une révolution, le nier n’apporte pas une contribution utile au débat.

Oui, mais voilà nous ne sommes pas les seuls à le faire. D’autres pays, très proches de nous aussi bien géographiquement qu’en terme de développement économique ont annoncé des objectifs encore plus ambitieux que nous, comme par ex. l’Allemagne.

L’exemple du câble ci-dessus est très significatif : il y a un énorme marché à prendre et les premiers seront les mieux servis !

Pour paraphraser le slogan de la première crise pétrolière : en Suisse, on n’a pas de pétrole, mais on a de la valeur ajoutée !

Et effectivement, notre économie génère l’essentiel de sa richesse par des services à forte valeur ajoutée (comme le monde de la finance), ou de l’industrie incluant également une telle composante (ex. les pharmas, ou Nespresso, …).

Conséquemment, l’image de notre pays à l’étranger est le premier poste du bilan à l’actif de l’entreprise “Suisse SA”.

Endommager cette image pour un gain à court terme relève du très mauvais calcul stratégique.

Le câble allemand montre que les autres économies n’attendent pas, tout spécialement nos concurrentes directes.

Notre pays vit, au sens littéral du terme puisque notre agriculture n’arrive qu’à nourrir à peine 50 % de la population, de la valeur ajoutée et donc de l’innovation. L’attitude de repli cherchant à bloquer ou au minimum ralentir la transition énergétique correspond à un pur et simple auto-goal.

Par ailleurs, l’étude des statistiques de l’OFEN, des rapports de l’Union Pétrolière Suisse, et quelques autres sources complémentaires montre que le total de la vente des produits fossiles dérivés du pétroles se situe à environ 12 milliards de CHF / an. Une part essentielle de cette somme part à l’étranger et ne retourne pas dans nos circuits économiques locaux.

Si on admet que seulement la moitié de cette somme pourrait rester en Suisse, soit donc 6 milliards de CHF/an, nous recevons donc “gratuitement” (puisqu’il s’agit d’argent qui ne serait plus dépensé) un stimulus de notre économie à hauteur de 0.75 milliard par million d’habitant par an.

Cela mérite d’être comparé, par ex. avec le plan de relance de la Commission Européenne à hauteur de 750 milliards EUR = 825 milliards CHF pour 446 millions d’habitants, et donc un stimulus total de 1.84 milliards CHF par million d’habitants à répartir sur les années 2021 à 2023, soit 0.61 milliards CHF par million habitants-an.

La loi CO2 va donc créer un stimulus dans notre pays supérieur à celui du plan de relance de la Commission Européenne avec en plus l’avantage que celui-ci ne fera pas appel à de l’endettement (et donc un fardeau pour les générations futures), mais sera gagné par une économie permanente et se renouvellera donc au fil du temps.

Rajouter à tout ce qui précède le risque que je vous mentionnais dans l’article “Loi CO2, nécessaire versus insuffisante pour l’environnement ? ” de subir une pénalisation via une taxation CO2 pour nos entreprises exportatrices et le lecteur raisonnable ne peut que conclure à l’impérieuse nécessité de mettre en œuvre la loi prévue.

En réalité toute cette campagne de votation n’existe que par la volonté et l’argent d’un groupe économique défendant son pré-carré au détriment de l’intérêt de tous !!! On pourrait presque parler de traîtres à la patrie !

Il faut voter OUI à la loi aussi CO2, aussi bien pour garantir notre indépendance de l’étranger, que pour protéger les plus démunis de notre société, que pour préserver notre environnement pour les générations futures, et aussi pour positionner nos entreprises de la meilleure façon face à la concurrence mondiale.

Laurent-David Jospin

Loi CO2, nécessaire versus insuffisante pour l’environnement ?

Avant d’attaquer notre sujet du jour, jetons vite un petit coup d’œil dans le rétroviseur de la campagne et cette fois plutôt que s’intéresser aux tendances des sondages, élargissons notre point de vue et observons ce qui se passe ailleurs.

Dans l’article précédent, je vous parlais du risque pour notre pays de rester dépendant de l’étranger pour nos sources d’approvisionnement énergétique. Or voilà des nouvelles toutes fraîches confortent ce point de vue.

Nous apprenons d’une part que les services secrets britanniques souhaitent vérifier que les autres économies respectent leurs engagements climatiques (voir extrait partiel publication RTS:)

Mais nous avons également l’UE et les USA qui ont des positions claires (extraits idem ci-dessous)

et

Il ressort de ces articles que d’une part une prise de conscience est en train d’opérer au niveau mondial, mais également que la peur de l’inégalité de traitement est bien présente et on cherche à s’assurer que les acteurs importants joueront le jeu. L’UE notamment envisage une taxe carbone aux frontières.

En confirmation de l’article précédent, il apparaît donc de plus en plus évident que rentrer dans un mécanisme de réduction des émissions carbone tel que prévu par la loi CO2 n’est pas une option mais un impératif pour que notre pays et nos entreprises n’aient pas à subir des pressions et des sanctions hautement pénalisantes.

Venons en à notre sujet du jour, l’environnement nécessite-t-il vraiment une telle loi ou respectivement peut-il s’en contenter ?

On peut fixer l’émergence du débat environnemental plus ou moins au rapport du club de Rome (aussi appelé rapport Meadows). En résumé ultra-succinct, ce rapport, principalement centré sur les ressources, concluait que si aucun changement majeur n’était apporté à notre gestion de la croissance, un effondrement de notre civilisation était inéluctable. Ce rapport a depuis toujours été fortement critiqué, mais force reste de constater que les courbes prédites en 1972 se révèlent jusqu’à aujourd’hui toujours étonnamment exactes.

Quand on parle CO2, on pense climat et donc GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat). Fondamentalement, le rapport du Club de Rome cherche à intégrer l’ensemble des facteurs significatifs alors que le GIEC se concentre sur l’aspect climat.

Depuis 1990, le GIEC a produit 5 rapports. Une constante se dégage avec une masse de critiques vociférant à l’exagération lors de la parution, puis lors de la version suivante, le constat qu’en réalité les prévisions étaient encore trop optimistes.

Lorsque vous étudiez la météorologie en tant que futur pilote d’avion, on vous apprend qu’une prévision météo ayant divergé va logiquement continuer à diverger. En clair, il faut partir de l’idée qu’une péjoration récente par rapport à la prévision initiale aura encore tendance à se renforcer dans l’intervalle de temps suivant.

Si on applique cette règle empirique au climat dans son ensemble, on peut légitimement craindre que les prochains rapports du GIEC continueront sur cette lancée d’être toujours plus graves qu’attendu.

On pourrait donc entendre le discours des opposants à la loi du côté Grève du Climat. Toutefois, la composante politique ne peut-être négligée.

Si, par catastrophe, la loi venait à être refusée, il faudrait alors remettre l’ouvrage sur le métier. La loi qu’on nous propose aujourd’hui puise son fondement dans un débat qui avait déjà commencé bien avant la votation de la loi que nous proposions en 2015 (et qui soit-disant devait être plus rapidement appliquée si notre projet était refusé). Précisément, suite à l’adoption en 2013 de la révision de 2011 de la loi adoptée en 1999, la question s’était déjà imposée comme nécessaire.

Mais voilà, la froide réalité est que de 2013 à 2021, 8 années se sont passées, et que dès lors si nous rajoutons 8 années pour refaire une nouvelle mouture de la loi, nous arrivons précisément à cette date butoir de 2030 prévue par le rapport du Club de Rome.

Nous n’avons simplement pas le choix. La loi actuelle, même avec toutes ses imperfections, doit être appliquée de toute urgence. Et une nouvelle loi améliorée doit être mise en travail pour pouvoir être disponible aussi vite que possible, ce qui en temps politique signifie quelque chose entre 5 et 10 ans !

Laurent-David Jospin

L’enjeu géo-stratégique sous-jacent à la loi CO2

Suite du post Loi sur le CO2 : turbulences en vue !

En préambule à ce post, jetons un rapide coup d’œil sur la campagne qui a démarré sur les chapeaux de roue. Comme le post précédent le présentait, nous avons eu droit à un communiqué de presse d’un comité de campagne formellement aux couleurs de l’UDC, mais dont franchement il ne semble pas déraisonnable de penser qu’il a été dicté par des cadres de l’Union Pétrolière Suisse / SwissOil / Avenergy. Je vous laisse juger sur la base de la copie d’écran ci-dessous (partielle) :

Nous avons eu aussi droit à une avalanche de réactions sur les réseaux sociaux, par exemple lors de la promotion d’un lien FB sur l’article précédent par un ami, Alain Farrugia, dont la plupart ne font répéter le message d’une manière outrancière. On a vu aussi lors de l’émission Infrarouge du 14 avril sur la RTS le secrétaire de l’UDC Vaud instiller ce même discours d’une façon particulièrement retorse “si si nous voulons aussi sauver la planète, mais pas comme ça“. C’est précisément ce discours qui a jusqu’à présent réussi à tromper la population, car mis à part le “pas comme ça” aucune proposition suffisante n’est jamais venue.

Retournons à notre sujet du jour, les enjeux géostratégiques liés à cette fameuse loi CO2

Sans mauvais jeu de mot, l’énergie, surtout l’énergie bon marché, est le moteur de l’économie. Un nombre incalculable de guerres puisent leurs causes justement dans le besoin de contrôler les ressources énergétiques. L’inextricable situation du Proche-Orient s’exhibe devant nos yeux jour après jour avec ses tombereaux de noirceurs et drames humains pour le rappeler à ceux qui voudraient l’oublier.

Tout naturellement, les opposants à la loi CO2 brandissent dès lors les pertes d’emploi pour justifier leur volonté de statu quo.

Il vaut la peine de se plonger dans la logique économique des énergies fossiles pour réellement comprendre où se cachent les risques.

Il existe une réflexion sur les limites du parallélisme en économie “Si une femme fait un bébé en 9 mois, 9 femmes ne font pas un bébé en un mois”, qui trouve une application dans le domaine de l’énergie avec une très large portée :

Soit 8 puits de pétroles produisant du pétrole à un prix de revient de 30$ et un puit produisant à 60$, si la consommation est égale ou inférieure à la production des 8 puits, le pétrole se vendra à 30$+une marge, si la consommation est égale ou inférieure aux 8+1 puits, tout le pétrole se vendra à 60$+une marge, si la consommation devrait dépasser la production totale des 8+1 puits alors le prix du pétrole n’aura plus de limite vers le haut.

Ce premier élément nous offre un bon début d’explication de la volatilité des prix du pétrole :

Mais cela ne suffit clairement pas. En effet, avec une volatilité pareille devenir riche devrait être d’une facilité déconcertante : il suffit d’acheter sur les zones basses, garder, et vendre sur les périodes hautes. Oui, mais voilà garder signifie ici stocker et stocker une matière aussi dangereuse que le pétrole coûte, et coûte même beaucoup.

On peut comparer le pétrole aux yoghurts pour les supermarchés dont les lots de production perdent de la valeur en fonction de l’approche de la date de péremption. Ceci explique d’ailleurs pourquoi nous avons vu récemment des prix négatifs pour le pétrole.

La conjonction de ces deux caractéristiques essentielles explique la situation que nous connaissons au Proche-Orient et dans une majorité des pays producteurs de pétrole : des dictatures épouvantables, et d’autant plus épouvantables que le dit pétrole représente une part importante des richesses produites dans le pays, le tout arrosé d’une copieuse ration d’ingérence voir carrément de prise de contrôle totale occulte, car nos économies, un peu comme des patients devenus accrocs à la morphine, se vautrent dangereusement dans une dépendance aux énergies fossiles mortifère.

La volonté de contrôle sur la durée pour garantir la sécurité de l’approvisionnement en premier lieu, mais aussi des rentes de situation pour certains, pousse à toutes les compromissions et autres jeux troubles. Le conflit syrien pourrait bien puiser sa vraie source dans le refus de Bachar d’avoir laissé transiter un gazoduc à travers son pays.

A ce sujet, je vous suggère de prendre quelque minutes pour visionner l’excellente vidéo réalisée par un mathématicien anglais et youtubeur CGP Grey “The rules for rulers”, vous y verrez pourquoi vous pouvez abandonner ces idées romantiques de population se soulevant pour chasser le tyran. Quelqu’un se cachait au commande et il faut juste se demander à qui cela profite (le fait que Bachar soit un abject dictateur ne change rien à l’affaire).

Dépendre des énergies fossiles correspond donc à dépendre de l’étranger. Si vous êtes un grand pays avec une influence internationale réelle et des services spéciaux à la hauteur, vous pouvez peut-être vous le permettre, même si j’en reste persuadé, à long terme vous finirez par le payer un jour. Toutefois, un petit pays, qui souhaite de surcroît se comporter de manière conforme au droit, se met en situation de dépendance élevée face à des pays voyous, qu’ils en portent le titre ou non.

Instaurer une taxe CO2 visant à infléchir notre consommation de carburants fossiles contribue donc directement à protéger notre indépendance nationale.

En politique étrangère, on rappelle souvent que nous n’avons pas d’amis uniquement des intérêts. Si ceux-ci convergent, tout va bien. Dans le cas contraire, un petit pays doit se faire du souci.

Il semble utile de rappeler que le contrat-cadre avec l’UE donne une fâcheuse impression de bébé mort-né. L’UE pourrait s’énerver quelque peu, pas beaucoup juste un peu, mais de manière à mettre une pression telle que nous devrons céder sur un point ou l’autre.

Au final, je n’aimerais pas jouer les Cassandres, mais nous rendre indépendant des énergies fossiles protège aussi notre système politique et donc notre démocratie directe.

Pour le prochain article, nous passerons en revue les points essentiels de la question environnementale.

Laurent-David Jospin

La raison des lobbies est-elle toujours la meilleure ? Petit discours sur l’intérêt général

Préambule :

Courant septembre 2016, la plupart de mes lecteurs s’en souviennent certainement encore, nous nous étions associés avec René Longet pour dénoncer les mécanismes utilisés par une minorité agissante pour bloquer toute avancée réelle dans l’ensemble des domaines concernés pour la mise en place d’une économie durable. Trois articles avaient été rédigés et aimablement publiés par Le Temps les 16, 20 et 21 septembre 2016 (vous trouvez les liens sur les publications originales à la fin de l’article). Nous avions prévu de regrouper ces 3 parties pour en faire une publication web propre. La votation sur la stratégie énergétique 2050 s’approche et le moment semblait donc opportun de concrétiser ce projet. La version que vous trouverez ici a été légèrement remaniée notamment pour mieux coller à l’actualité du jour.

Les deux auteurs de la présente réflexion, tout deux fortement engagés sur les questions environnementales mais appartenant à des familles politiques différentes, souhaitent apporter un regard nouveau sur la problématique liée à la constitution d’une majorité stable permettant de transcender les clivages et les manipulations contraires à l’intérêt général provenant d’une minorité très agissante.

Cette collaboration avec une personnalité d’une autre famille politique représente à la fois un challenge autant qu’un exercice salutaire, mais elle force à approfondir sa pensée, ce qui en cascade permet de mieux défendre les vrais points fondamentaux. Avec mon co-rédacteur, nous gardons nos convictions personnelles, un peu plus de régulation pour mon alter ego, un peu moins pour moi, mais au final notre légitime inquiétude commune nous réunit pour essayer d’aller plus loin. Vous pouvez certainement vous attendre à ce que nous récidivions . peut-être même pour la campagne qui s’annonce tout soudain .

Lutter contre la manipulation !

Aujourd’hui sur la plupart des thèmes liés à l’environnement incluant par exemple la bio-diversité, le réchauffement climatique, ou l’épuisement des ressources naturelles, il devient de plus en plus clair qu’une réelle majorité existe souhaitant une action efficace des décideurs économiques et politiques. Or manifestement, les propositions concrètes subissent trop fréquemment des échecs en votation populaire ou passent la rampe avec d’énormes difficultés et compromis les vidant souvent d’une part importante de leurs substances. Comprendre le mécanisme sous-jacent est essentiel, si l’on veut arriver à un résultat suffisant dans des délais permettant à l’humanité d’éviter les conséquences les plus graves.

Health_effects_of_pollutionEt si population prenait conscience qu’elle joue sa propre vie?

 Diviser pour régner ?

Une observation attentive de cette majorité montre qu’elle transcende les clivages partisans. Schématiquement, on pourrait répartir la population en trois tiers, dont un premier tiers s’oppose à toute idée de changement, et deux tiers souhaitent le changement mais sont répartis en deux moitiés dont une à sensibilité de droite voudrait faire peser, tout au moins majoritairement, l’effort sur l’engagement volontaire tant des producteurs que des consommateurs, et l’autre au contraire dite plutôt de gauche, préconisant de passer par la législation et la prescription étatique.

La minorité niant la nécessité de l’action a dès lors une autoroute devant elle en opposant les deux composantes de la majorité. L’effort risque d’impacter les ménages les plus faibles ? Les opposants au changement en prennent prétexte pour saper la proposition. Dans le scénario inverse, on brandit la menace d’un affaiblissement de l’économie et d’une montée du chômage. Quelle que soit la variante, nous nous retrouvons au final avec une majorité négative obtenue par une véritable manipulation de l’opinion.

Cette construction à la fois artificielle et de circonstance bloque ou ralentit gravement tout progrès significatif. Lors de deux votations récentes, sur l’économie verte et la sortie du nucléaire, les adversaires ont joué la double partition en affirmant simultanément que les ménages et les entreprises allaient être lourdement impactés alors que cette affirmation, matraquée à coup de millions dépensés en affichage mensonger, occultait la nécessité urgente de changer de modèle de développement et oubliait que le bilan en termes d’emplois non délocalisables se révèle nettement meilleur dans une économie dite verte ou à travers les économies d’énergie, la réparabilité et les énergies renouvelables et décentralisées. Ainsi les changements indispensables et bénéfiques à tous points de vue, mais qui ne trouvent pas grâce devant les lobbies du court terme et à courte vue, sont systématiquement bloqués.

continent plastique 1Le fameux continent de plastique, bien connu, désastreux pour les chaînes alimentaires, et pourtant négligé au détriment de la nature jusqu’à et y compris notre propre santé

En arrière-plan : les intérêts économiques particuliers et le pouvoir

Malheureusement, les acteurs économiques dont le rôle et l’importance pourraient le plus être remis en question sont aussi ceux qui détiennent la plus grande capacité financière pour s’opposer à tout changement. On sait depuis plusieurs années que les énergies fossiles bénéficient en réalité de subventions et d’investissements plus élevés que ceux accordés aux renouvelables notamment compte tenu des conséquences dommageables non assumées. Un tel constat aurait dû conduire à une action immédiate. Allant exactement dans le sens contraire de ce qui semblerait être de la simple logique, on a même entendu récemment un ex-conseiller fédéral, prétendument partisan d’une autonomie accrue du pays face à l’étranger, réclamer que l’énergie nucléaire, énergie non suisse par excellence, soit subventionnée puisque pas rentable… Le meilleur commentaire que nous puissions proposer repose sur le diagramme ci-dessous : ceux qui affirment que les énergies renouvelables coûtent trop chères mentent éhontément, car c’est bien le contraire qui est vrai.

transparencyL’exemple américain est éloquent : si on exclut les bio-carburants tirés du maïs car très problématiques, on constate que les allégements ou aides directes privilégient les énergies sales d’un facteur supérieur à 4 et ceci toujours sans prendre en compte les dommages générés!

En outre, la question ne se résume pas à ses aspects économiques. Celui qui livre l’énergie détient un pouvoir évident. Or voilà, une partie de la solution passe également par plus de production et consommation autonome. Cette auto-responsabilisation n’arrange pas certains bénéficiaires des monopoles actuels qui dès lors profitant de leurs positions présentes  influencent les lois et les règlements pour freiner ce mouvement. On peut certes citer des exemples qui contredisent ce qui précède, mais il n’en reste pas moins que ceux des acteurs majeurs de l’énergie s’engageant dans une telle voie portent une immense responsabilité dans les retards pris sur la nécessaire transition énergétique. Dans certains cas, les collectivités publiques deviennent elles-mêmes complices, plus ou moins malgré elles, de ce phénomène, car elles sont souvent des actionnaires majoritaires de ces entités (ex. EDF en France).

Prendre conscience des manipulations

Ceux qui entendent défendre l’environnement au sens large, peu importe que la motivation soit de laisser une terre viable à nos descendants ou une préoccupation plus locale et individuelle, doivent prendre conscience de cette manipulation répétée à de multiples fois, qui dénature profondément notre démocratie directe dont nous sommes à juste titre fiers.

Un coup d’œil dans le rétroviseur nous montre que ces mécanismes de manipulation ont fonctionné à plein régime lors de deux dernières votations liées à cette thématique. Les débats ont été pollués par force contre-vérités et on a instillé la peur auprès des citoyens. Ceci doit nous inquiéter tous. En effet, le référendum sur la stratégie énergétique 2050 a abouti et on peut s’attendre à nouveau à un déferlement de moyens pour influencer citoyennes et citoyens à voter contre leur propre intérêt, notamment par un authentique matraquage au niveau publicité payante. Les défendeurs d’une évolution, encore insuffisante pour éviter la dérive du climat selon la majorité des scientifiques, seraient bien avisés de se préparer à une bataille peut-être plus rude que celle attendue.

a vous de choisirC’est à vous de choisir

Si nous voulons, ne serait-ce que tenir nos engagements minimaux comme celui de l’Accord de Paris récemment entré en vigueur (4 novembre 2016) et plus récemment encore ratifié par le Conseil national, nous devons dénoncer avec force l’achat massif des voix du peuple et à défaut de pouvoir exiger un contrôle voir un plafonnement du financement des campagnes politiques, une vraie transparence sur qui finance quoi doit devenir la règle. Il n’est pas acceptable que des lobbies puissent par des artifices créer des majorités de circonstance pour rejeter une transition énergétique si urgemment nécessaire. La réunion de toutes les composantes de la majorité plurielle appelant à la vraie prise en compte du problème climatique sera la clef des votations à venir.

Sans éthique l’action collective ne mène à rien

L’éthique dans l’exercice du pouvoir politique ou économique a préoccupé les penseurs et philosophes dès l’Antiquité, et la notion de justice, de juste part des ressources a été formulée au Moyen Age. Peu à peu, l’idée d’égalité de droits et de chances s’est imposée, à travers la philosophie dite des Lumières.

Une compréhension déficiente de l’économie pervertit l’action publique

D’autres courants de pensée ont popularisé le libéralisme sous ses multiples variantes y compris le concept de la main invisible du marché. Selon ce dernier, l’intérêt général résulterait quasi automatiquement de l’addition des intérêts individuels, et au bout du compte, aucune régulation collective ne serait nécessaire, voire deviendrait illégitime. Malheureusement, l’expérience vécue montre que cet idéal ne fonctionne guère mieux que les illusions étatistes qui se sont effondrées en même temps que le Mur. Le nœud du problème tient à un élément fondamental : la réalité des coûts doit inclure toutes les externalités soit les dommages infligés à autrui, y compris les générations futures, faute de quoi les prix sont dramatiquement faussés et donc l’ensemble du marché ; des subventions ou autres taxes incitatives ne sont que des contributions à une compensation de ce calcul tronqué de rentabilité.

Il est patent que certains trouvent confortable de privatiser les gains mais étatiser les pertes, et ce tout particulièrement en relation avec les questions environnementales relevant fréquemment du moyen et long terme. On voit justement que cette fameuse minorité régnant en divisant, s’agite précisément le plus fortement face à toute initiative cherchant à rétablir cette fameuse vérité des coûts.

Cette illusion s’est trouvée renforcée par un Occident ayant profité d’une période appelée les 30 Glorieuses, où pour la première fois l’on a connu la consommation de masse, dont nous commençons seulement à payer vraiment les conséquences environnementales. Ce modèle présentait le grand avantage de substituer à la lutte pour la répartition l’augmentation quasi automatique du gâteau, suggérant une possibilité de paix sociale par la croissance quasi infinie des biens matériels. Que cette croissance n’est pas de nature à satisfaire, une fois les besoins de base assurés, les humains (qui ne vivent pas que de pain…) et présente de graves risques environnementaux est connu au moins depuis le Rapport du Club de Rome de 1972 ! (voir image ci-dessous)

prévi club de Rome

Alors même que la compréhension du réchauffement climatique n’en était qu’à ses tout premiers balbutiements, que la diffusion à large échelle des polluants dans la chaîne alimentaire relevait encore de la science fiction, ou encore que la fuite du phosphore épandu massivement en agriculture restait superbement ignorée – mécanismes qui peuvent tout trois conduire à l’extinction de l’humanité telle que nous la connaissons –, malgré cette ignorance, ainsi que les limitations de la science de l’époque, le Club de Rome en 1972 a établi des prédictions qui se confirment décennie après décennie. Nous suivons actuellement la courbe baptisée “standard run” ou autrement dit “business as usual” avec une précision étonnante et elle nous laisse entrevoir un futur peu enviable si nous ne modifions pas radicalement notre façon de gérer les ressources planétaires.

Une nécessité reconnue : changer de cap

Depuis, les conférences internationales n’ont pas cessé, insistant à la fois sur le droit au développement (mais pas n’importe quel développement), l’universalité des droits économiques, culturels et sociaux des hommes et des peuples, et sur une autre orientation de la consommation et de la production. La notion de développement durable consignée en 1992 au Sommet de la Terre vise à inscrire les activités humaines dans les capacités de charge de la nature, reconnues comme limitées. Des analyses approfondies nous donnent indiscutabement un état de situation non réjouissant, comme le rapport bisannuel Planète vivante, édité par le WWF, la Société zoologique de Londres, le Réseau empreinte écologique globale et le Centre de résilience de Stockholm1. Et depuis deux mois maintenant un pays parmi les plus grands pollueurs de la planète a un président qui interdit à son administration d’évoquer le changement climatique (décret de Trump du 23 janvier 2017). Nous ne sommes plus dans le domaine du souhaitable mais dans un véritable combat entre irresponsabilité et fuite en avant, contre gestion des intérêts communs de l’humanité.

Les engagements des États demeureront-ils lettre morte ?

Un nouveau paradigme, un changement de cap est largement réclamé, et en principe acquis à travers diverses déclarations internationales et de nombreux textes de droit, sur les mers, la biodiversité, le climat, la désertification, l’atmosphère, etc.. Mais quelle difficulté pour passer à l’acte !

Pour quasiment chaque substance polluante, comme le mercure qui s’accumule dans la chaîne du vivant, les pesticides, dont les plus toxiques ont fini par être interdits, les PCB, ou le plomb dans l’essence, ce fut un combat homérique, du même genre que celui qui a fini par faire reconnaître le droit des non fumeurs à ne pas être intoxiqués par les fumeurs dans les lieux fermés.

A chaque fois, les lobbies économiques achetaient des experts, faisaient peur aux décideurs politiques, invoquaient la défense d’emplois qu’ils étaient les premiers à détruire quand cela les arrangeait financièrement. Peu à peu, la pollution de l’air et des eaux a pu, du moins dans les pays industrialisés, être réduite. La couche d’ozone se régénère, un des plus importants succès de la coopération environnementale internationale.

Mais sur le plan quantitatif, l’essentiel reste à faire. Des études comme celles déterminant l’indice planète vivante nous démontrent que nous surexploitons la biodiversité (forêts tropicales, océans, espèces) au point qu’on évoque une 6e grande extinction, due, pour la première fois, à une seule espèce. Le climat dérape, mettant en péril des régions entières, et causant des dommages économiques croissants. Les sols sont en danger et les ressources non renouvelables s’épuisent inéluctablement. Si bien que la question est: voulons-nous vraiment détruire les bases de notre vie, ce qui ne pourrait qu’aboutir à la lutte de tous contre tous ? A travers l’écologie, ce sont bien les valeurs humaines qui sont en jeu.

Les solutions sont connues, mais on ne les applique pas

Collectivement, les agendas sont clairement définis. Les 17 Objectifs de développement durable retenus en septembre 2015 par l’assemblée générale des Nations unies donnent une cible aux efforts et actions des humains, et en particulier au secteur privé. Y affecter 5% du PIB mondial suffirait pour relever les principaux défis de l’humanité.

Les techniques existent

Les techniques pour mieux gérer les ressources planétaires sont connues. De l’agro-écologie à la maison positive, une multitude de solutions s’offrent à nous. Tirer sa plus-value de l’entretien et non de l’obsolescence : des objets réparables, réutilisables (soit l’économie de la fonctionnalité) est aujourd’hui un modèle éprouvé. Le commerce équitable existe et montre comment concilier économie et développement social. Mais les bonnes pratiques ne se généralisent pas. Alors qu’elles créent infiniment plus d’emplois que le modèle obsolète des 30 Glorieuses qui laisse de plus en plus de monde au bord du chemin.

Les comportements ne changent pas suffisamment

In fine, la solution se retrouve dans les mains de l’individu, en tant que citoyen-ne ou consommateur/trice. Mais en même temps, cet individu hésite à changer. Il recycle, mais cela n’empêche pas le volume des déchets de croître. Il prend plus le train, mais achète des véhicules toujours plus puissants. Il fait quelques économies d’énergie, mais se réjouit de partir en week-end en vol low cost. Il parle d’environnement, mais ne veut pas redéfinir son rapport aux ressources naturelles. Les produits bio plafonnent à 8% du marché agro-alimentaire, le commerce équitable à moins encore, les énergies vertes sont à la peine, personne ou presque ne veut d’éoliennes.

Bref, sans la pression d’un fort mouvement de base, pas grand chose ne se passe. Et tant que le citoyen n’est pas informé ou vraiment contraint par la loi, un peu comme c’est le cas avec les règles de la circulation routière, rien de substantiel ne change. Pour sortir de ce cercle vicieux, nous avons en Suisse les droits populaires. Régulièrement des propositions de régulation intelligente sont soumises au peuple. Mais chacun sait qu’une votation s’achète. Et c’est là que les lobbies étouffent l’innovation dont ils ne cessent de se réclamer.

Les fausses oppositions

On oppose progrès et conservation de la nature. Or il faut les deux : le vrai progrès respecte ce qui nous fait vivre. On oppose marché et régulation. Or il faut à la fois un marché pour que consommateurs et producteurs s’ajustent à travers la rencontre de l’offre et la demande, et une régulation quand les conditions cadres sont faussées. Encore une fois, le marché ne peut fonctionner que s’il est sincère, c’est à dire qu’il intègre toutes les conséquences d’une action ou transaction. Or, comme pour les questions environnementales certains effets soit se reportent dans le temps, ou se diffusent auprès d’un grand nombre de personne le marché ne peut fonctionner à satisfaction, car le bénéfice immédiat de l’un devient des pertes multiples auprès des autres.

L’intégration des externalités doit représenter le cœur des mécanismes de régulation. Prenons comme exemple le prix de l’essence, car il semblerait bien que la population suisse soit très sensible sur cette question. Les lobbies de l’industrie pétrolière se gardent bien d’expliquer qu’en réalité le consommateur paye au minimum 2 fois son essence, une première fois à la pompe, mais ensuite une deuxième via les coûts induits sur la santé (donc des primes maladie plus élevées), ainsi que via les frais d’entretien des bâtiments qui se dégradent plus rapidement dans une atmosphère polluée (donc ici les loyers).

Au final le vrai prix complet du litre d’essence doit se situer pas si loin du double du prix apparent payé par les automobilistes. Il faut comprendre qu’une augmentation du prix de l’essence représente rapidement des économies substantielles sur les conséquences externes (santé, entretien du bâti), et le surcoût se compense également par la baisse de la consommation. Au final, le citoyen – consommateur – payeur retrouve plus que sa mise avec une qualité de vie améliorée en prime.

Occulter les externalités correspond clairement à un report de charge sur autrui et/ou sur les générations à venir. Profiter de manière abusive du libre marché pour réaliser du dumping écologique ou social relève de la même logique “que les autres payent à ma place !”. A partir de ces comportements biaisés, on oppose croissance et décroissance, alors que la part des énergies renouvelables doit massivement croître, de même celle de l’agriculture biologique, des coopératives de logement, des transports publics, ou encore de l’autoconsommation, pour que puisse décroître la part de l’économie non durable.

Pour le meilleur ou le pire ?

Une votation se gagne sur la peur, sur la diabolisation de l’adversaire, sur le refus du changement. Ce sont des victoires à la Pyrrhus, car fondées sur la philosophie de l’Autruche : nier les problèmes, mettre la tête dans le sable, n’a jamais fait avancer une société. Les périls sont connus et tout retard à les empoigner ne fera qu’augmenter les coûts financiers, énergétiques, humains et pour la biosphère. On sait maintenant de manière certaine que les climato-sceptiques ont, durant bien plus de 20 ans, empêché toute action efficace en matière climatique. La société pétrolière Exxon notamment avait été informée par ses propres scientifiques en 1977 sur la mécanique du réchauffement climatique. Shell dénonçait publiquement en 1991 via un film éducatif mis à disposition des écoles les risques et conséquences liés au réchauffement climatique. Ces deux sociétés se sont d’une part abstenues d’entreprendre quoique ce soit contre la menace qu’elles avaient identifiée, mais, bien plus grave encore, ont délibérément choisi d’utiliser leurs connaissances pour induire le public en erreur afin de préserver leur modèle d’affaire à court terme. On peut déjà prédire que les générations futures accuseront les climato-sceptiques de crime contre l’humanité.

exxonshell responsables

Alors sommes-nous capables de changer un peu notre perception du confort, notre mode de vie ultra-matérialiste pour gagner un avenir serein et vivable, ou faisons-nous comme le président Bush père, qui, en 1992, déclarait au Sommet de Rio le mode de vie américain non négociable ? Si chaque humain voulait vivre comme l’Américain moyen, il nous faudrait 5 planètes, ou alors accepter l’inégalité comme règle fondamentale du genre humain. Ce serait définitivement prendre congé de ce qui a fondé la notion de progrès : l’égalité de chances et de droits et la capacité d’innover de l’être humain.

Les scientifiques le clament de manière unanime : nous devons prendre maintenant un virage résolu pour éviter des conséquences insupportables. Alors refusons de nous laisser diviser par une minorité manipulatrice et prenons maintenant les décisions nécessaires pour assurer un avenir sur cette planète à nos enfants. Alors cessons de nous laisser berner par les lobbies du court terme et de la vue étroite qui nous mènent droit dans le mur.

René LONGET  & Laurent-David JOSPIN

Post-Scriptum : certains d’entre vous l’ont remarqué, nous avons eu un problème avec la promotion sur Facebook. Le problème résidait dans le message tagué sur l’image utilisée pour rendre le teaser attractif. Facebook se considère autorisée à définir ce qui est bien et ce qui ne l’est pas. Nous contournons le problème avec une variante alternative de l’image que vous pouvez trouver ci-dessous, si elle vous plaisait (cliquer sur la miniature pour obtenir la pleine résolution).

pollueur menteur tueur

Comment démolir tout en faisant semblant de soutenir (ou presque)

Pour ceux qui me suivent sur ces pages depuis le début, le titre de ce post doit vous rappeler quelque chose. Effectivement, en juin 2013, je vous avais proposé une réflexion intitulée “Comment tuer … tout en faisant semblant de soutenir les énergies renouvelables“. On parlait à l’époque de considérations architecturales et de règles dramatiquement contre-productives imposées par diverses “hautes” autorités (si hautes qu’elles en viennent à être déconnectées de la réalité du terrain d’ailleurs).

On aimerait croire que le type de problème mentionnés ci-dessus ne concerne que le monde parfaitement subjectif de l’esthétique, mais voilà tel n’est malheureusement pas le cas, car du côté, en principe parfaitement objectif et rationnel de la physique et des mathématiques, on peut aussi trouver des faux amis particulièrement dangereux. Aujourd’hui, j’aimerais vous proposer de décortiquer le message d’une personne réellement très influente dans les milieux de l’énergie francophone, à savoir Monsieur Jean-Marc Jancovici (abrégé dans le texte en JMJ ) .

OK, vu le coté assez aride de ce texte, exceptionnellement je m’autorise à vous expliquer, ou plutôt proposer, comment lire ce présent post et aussi pourquoi je me suis attelé à une tâche aussi peu gratifiante pour le citoyen lambda. Il se trouve que le discours de JMJ possède un coté très péremptoire voir même paternaliste. Je soupçonne de nombreux élus s’étant référés à celui-ci de ne pas l’avoir compris réellement, mais du moment que la conclusion les arrangeait à court terme pourquoi se priver d’en faire usage.  En conséquence, idéalement vous devriez lire l’article de JMJ dont on parle plus loin, ensuite seulement lire ce post, et enfin comparer point par point voir m’envoyer vos meilleures questions. Comme tout le monde n’est pas ingénieur, je vais également vous proposer une lecture simplifiée qui court-circuite l’ensemble des calculs techniques et autres “détails” abstraits : si vous vous contentez de lire les passages en gras+vert, vous obtiendrez l’information essentielle en un rien de temps, libre à vous d’approfondir tout point qui vous intéresserait plus particulièrement. En fait, c’est comme dans un bon restaurant soit à la carte, et donc libre à vous de prendre entrée et dessert seulement, ou d’avaler tout le plat de résistance. Et pour être concret, on commence tout de suite : Ce post a été écrit et existe pour corriger des affirmations soit déformées soit franchement mensongères n’ayant que pour seul but de ralentir le déploiement des énergies renouvelables respectivement de favoriser artificiellement des énergies fossiles diverses. Il faut encore préciser que la présente réflexion pourrait être menée de manière tout à fait parallèle sur d’autres auteurs et d’autres types d’énergie. JMJ ne doit donc pas se sentir visé personnellement, car mon viseur affiche bien le mode de pensée qui se cache dans l’arrière-plan et non pas une personne plutôt qu’une autre.

Donc JMJ présente incontestablement tous les signes d’une intelligence supérieure à la moyenne. Ses analyses, avec lesquelles je suis souvent d’accord, sur de nombreux aspects des difficultés environnementales, auxquelles l’humanité doit faire face, prouvent une capacité analytique élevée et ce tout spécialement relativement à la problématique CO2 versus climat. Mais voilà, JMJ est de toutes évidences un pur produit de la filière nucléaire française et à un moment ou l’autre de ses réflexions, il ne peut s’empêcher de basculer du côté obscur de la force (électrique bien sûr).

Sur son blog Manicore, JMJ développe un point de vue sur l’impossibilité d’obtenir une contribution réellement significative à notre consommation énergétique avec le solaire et notamment le photovoltaïque. Cette réflexion, suivant un fil cohérent, semble imparable. Et pourtant, truffée de petites imprécisions, oublis,  et autres erreurs de principe, elle conduit à une conclusion totalement erronée. Le diable se cache dans les détails, et donc on ne peut pas faire confiance à une explication aussi si bien construite soit-elle, si elle provient d’une source non parfaitement neutre (rare!).  J’ai enregistré la version actuelle du document qui date de 2012 (disponible ici et sinon vous trouverez la version en cours sur le site Manicore), et quoique très adoucie par rapport à la première version que j’avais découvert il y a quelques années,  nous allons nous évertuer à remettre l’église au milieu du village.

Alors voilà, on attaque et commence directement par la plus grande erreur de principe de la réflexion de JMJ, extrait  :

En effet, poser la question ainsi semble parfaitement innocent voir même naturel, mais il s’agit bel et bien d’une erreur fondamentale. Dans le monde moderne, hyper connecté, ne s’arrêtant jamais et excessivement peu tolérant à la panne, surtout électrique, aucune source d’énergie, quelle qu’elle soit ne peut prétendre à couvrir le 100% des besoins de l’économie et des ménages. Même le nucléaire présente des faiblesses importantes, qui rendraient impossible la mise en place d’une hégémonie au bénéfice de cette filière, si l’on était tout de même tentés par un tel chemin. Il suffit par exemple de se souvenir de la canicule de 2003 durant laquelle de très nombreuses centrales nucléaires européennes ont dû être ralenties voir arrêtées faute de pouvoir les refroidir avec suffisamment de sécurité ou sans impacter gravement les cours d’eau réceptionnant les rejets d’eau chaude (soit-dit en passant ce genre d’épisodes est amené à se multiplier dans les années à venir compte tenu du réchauffement climatique).  On pourrait débattre éternellement de la part optimale du marché électrique qui devrait être couverte par le photovoltaïque, mais la réalité la plus simple et incontestable reste que cette part idéale évolue à la hausse en fonction des progrès technologiques. Aujourd’hui, sur la base de mes expériences de terrain concrètes, il me semble qu’une part de l’ordre de 20-25% ne devrait poser aucun problème majeur. Nous allons passer en revue une série d’aspects liés aux affirmations de JMJ dans ce post et nous verrons bien ce sur quoi nous arrivons. En bref, toute politique saine dans le domaine de l’énergie doit obligatoirement reposer sur des sources variées.

Passons à la suite de la réflexion, le point suivant m’avait fait très fortement réagir lorsque j’avais lu pour la première fois le document de JMJ, car en tant qu’ingénieur je savais pertinemment qu’il s’agissait d’une grave déformation de la réalité. Dans la première version, lue en 2008 je pense, les chiffres étaient encore plus outranciers, mais dans la version actuelle, ils ont été légèrement corrigés et  JMJ part grosso modo de l’idée qu’il sera possible de produire 100-110kWh/an par m² de panneau solaire installé et ce pour autant que le panneau solaire ne souffre pas d’un handicap limitant comme un ombrage ou une orientation défavorable. Graphe à l’appui de l’explication de JMJ :

Ici, je pourrais vous expliquer qu’en réalité les taux d’efficience ne sont pas de 5 à 10% comme mentionnés par JMJ, que les difficultés qu’il mentionne n’ont pas forcément un impact aussi grave que …, que les exemples de calculs dans des scénarios moyens …. ,  que … Mais je choisirai une voie bien plus simple, la preuve par l’acte! La centrale solaire que nous nous sommes installés comme démonstrateur pour les clients de notre entreprise à Onex (Genève) fin 2010 (donc sensiblement avant la version discutée ici du site Manicore puisque datant de 2012), et alors bien qu’elle souffre de plusieurs handicaps dont orientation non plein sud (-20° au lieu de 0°), inclinaison non idéale (24° au lieu de 35°), masque d’horizon par les immeubles au sud très défavorable en hiver, suies urbaines que nous avions sous-estimées, et enfin zone quasi non ventilée en été de par les barres d’immeubles latérales conduisant à des pertes importantes par effet Joule, produit bon an mal an 165kWh / m² installé (relevé de production ici). Aujourd’hui dans le même site grâce aux quelques progrès constatés dans la filière PV, je serais prêt à signer pour 190 kWh/m² et notre usine de référence m’indique que d’ici 2-3 ans, ils pourront nous fournir en gamme standard des produits avec une efficacité augmentée des 17-18% actuels d’efficience à environ 21-22% soit une augmentation relative de +20%, ce qui pousserait les 190 ci-dessus à un 220+. Les adversaires des ENR, et en particulier du solaire, sous-estiment systématiquement, et le plus souvent très largement, la capacité contributive de ce type d’énergie à la mise en place d’un approvisionnement fiable et conforme à nos attentes.

Vue depuis le nord de notre fameuse centrale sur google avec l’immeuble au sud lui limitant l’horizon :

On peut donc bien constater qu’elle présente plusieurs des inconvénients mentionnés dans la réflexion de JMJ et pourtant nous dépassons malgré tout d’un facteur d’au moins 1.6 les chiffres avancés sur Manicore.

JMJ nous parle ensuite de la faible amplitude de la consommation électrique jour nuit (selon le graphe)

Soyons clair, ici je n’arrive tout simplement pas à croire que l’oubli, qui se cache ici, puisse être involontaire. En effet, l’invention des tarifs différenciés HP-HC (soit heures pleines versus heures creuses) provient justement de la filière nucléaire qui avait désespérément besoin d’un débouché pour écouler l’énergie de son ruban constant y compris la nuit. Même le nucléaire présente des faiblesses pour lesquelles des adaptations du réseau respectivement de la consommation ont été, ou sont encore, nécessaires.

Or c’est bien évident, plus l’amplitude jour-nuit tend vers une valeur faible, plus vous aurez besoin de stocker l’énergie électrique générée en journée par le photovoltaïque pour en disposer la nuit. Comme le stockage de l’électricité présente une foule d’inconvénients importants (ici nous sommes assez d’accord avec JMJ, avec le bémol que si vous considérez la variante pompage-turbinage les taux d’efficiences sont tout de même un peu meilleur), vous pouvez assez aisément tuer la filière photovoltaïque en argumentant sur ce seul aspect. Mais voilà, si l’on se donne  la peine d’imaginer que les tarifs HP-HC soient supprimés ou encore mieux réaménagés pour coller à la courbe en cloche du PV, on comprend bien qu’il n’y a aucune fatalité à ce que le paysage énergétique ne présente pas un visage bien plus adapté à l’énergie solaire. Le paysage énergétique actuel n’est pas une fatalité mais relève d’un choix essentiellement politique. Il n’y a aucune impossibilité prendre un chemin différent.  JMJ nous parle d’une amplitude de 15 à 20 GW, or sur la base de l’exemple vécu en Allemagne, on peut envisager un triplement de cette amplitude (à noter : l’exemple allemand est pollué aussi bien au sens propre que figuré par la faiblesse des prix du charbon en date de la rédaction de ce post, mais contrairement à ce que certains cherchent à faire croire, ceci n’a rien à voir avec le déploiement des ENR en Allemagne et pourrait faire l’objet d’un post à lui seul). Dès lors, si on retient une amplitude conservatrice de 50 GW et modelée par des tarifs variables collant à la production solaire, on arrive à une production solaire absorbable directement par le réseau se situant entre 50 et 80 TWh (selon si la majorité des dits panneaux solaires étaient installés en PACA ou au contraire vers Lille), soit entre 10 et 15% dans le cas de la consommation électrique française. Le mode de fonctionnement et gestion du réseau électrique a été pensé pour les énergies fossiles actuellement utilisées. Il est faux de vouloir adapter les ENR au système présent, car il est infiniment plus aisé de modifier la stratégie du réseau en fonction des ENR que l’inverse.

Juste pour se donner une idée : la quasi totalité des cumulus (ou ballons d’eau chaude, ou boiler en Suisse romande) démarrent la nuit leur cycle de chauffe au moment du passage en mode HC. L’INSEE nous dit qu’il y 25.5 M de ménage en France multipliés par une puissance de 2000W (postulat 1 cumulus par ménage en moyenne), nous donne une puissance totale consommée la nuit de 50 GW (nous avons simplifié le calcul, en oubliant les résidences secondaires qui chauffent souvent quand même leur eau pour des questions sanitaires, et bien sûr toute l’industrie), qui pourrait dont être décalée à n’importe quel autre moment du cycle de 24h. Le calcul que nous proposons ci-dessus, conduisant à cette valeur de  80 TWh sans aucune nécessité de stockage, est donc très conservateur et la réalité pourrait certainement être bien plus favorable encore et correspondrait le plus vraisemblablement à mon estimation intuitive au début de ce post (grosso modo le double soit 150 TWh).

Il se rajoute à ce qui précède que si l’électricité se stocke mal, plusieurs de ses effets peuvent eux être très bien stockés notamment le froid et le chaud sur des périodes allant de quelques heures à quelques jours. L’exemple de couplage d’une grosse centrale PV avec un entrepôt frigorifique à Neuendorf proche de Soleure en Suisse (à trouver ici, désolé c’est en allemand) montre les immenses possibilités qu’une simple organisation différente de son mode de consommation permet.

Une autre réflexion possible tourne autour de la question des futures voitures électriques. Par politesse autant que cohérence, nous continuerons celle-ci sur le cas français. Au 1er janvier 2015, le parc automobile français était constitué de 38’408’000 véhicules. Si on se réfère au discours de Carlos Ghosn  lorsqu’il a défini la mobilité électrique comme axe stratégique pour le groupe Renault-Nissan ou à l’exemple  de Tesla qui a  enregistré 400’000 commandes pour son futur modèle livrable au mieux en 2017, il ne semble pas déraisonnable d’estimer que d’ici quelques années la part de véhicules électriques puisse atteindre 10% de ce parc. (note : selon l’INSEE la moyenne d’âge des véhicules est de 8.7 ans, compte tenu de la croissance du parc, il en découle que le taux de renouvellement est égal ou supérieur à 11.5%. Dès lors, dès l’instant où le pourcentage des ventes de nouveau véhicule en mode électrique dépassera légèrement le 1% du parc existant (soit schématiquement le 10% des ventes de véhicules neufs), cet objectif sera rapidement atteint. On roule en moyenne 25’000 km /an à une moyenne de peut-être 60 km/h (évaluation entre autoroute à 130 et bouchon en ville à 0), et donc 416 heures par an. Une année civile contient (plus ou moins selon qu’elle est bissextile ou non) 365 * 24 H soit 8760 heures. En admettant que les véhicules électriques ne roulant pas pourraient être connectés à une station de recharge environ 50% du temps non roulant, nous obtiendrons ici une capacité modulable de consommation de 10% * 38.4 M * 50% ((8760-416)/8760)*2000W soit 3.6 GW en arrondi. Et si nous faisons le postulat, qui semble relativement raisonnable, que plus l’usage de l’énergie photovoltaïque sera répandu plus notre mobilité tendra vers l’option électrique, les figures deviennent tout simplement spectaculaires. En imaginant que 100% ou approchant du parc des véhicules soit converti à l’électrique et que par obligation légale ou incitation tarifaire forte, il soit attendu des usagers qu’ils se connectent soit sur une borne de recharge individuelle en privatif, soit sur des bornes collectives dans les parkings publics de manière systématique, nous obtiendrions alors un volant supplémentaire de flexibilité de la puissance consommée instantanée de 0 à 72GW.

On pourrait même pousser le raisonnement encore un stade plus loin en permettant aux véhicules de refluer temporairement dans le réseau si certaines conditions critiques venaient à se matérialiser. Ceci permettrait théoriquement d’atteindre un volant de flexibilité supérieure à la consommation maximale démontrée, car passant de -72GW à +72GW soit 144GW. Bien évidemment, ce qui est imaginé ici ne devrait rester qu’une solution de dernier recours, car autrement nous devrions prendre en compte les pertes pour charger les batteries des véhicules et repuiser dedans. La marge de progression de la capacité à intégrer des ENR dans le réseau est en réalité presque illimitée, car elle suit le déploiement d’autres technologies indispensables à la décarbonation de nos économies. 

Quoiqu’il en soit, en restant à la version 0-72, tout ceci ne coûte, en simplifié, qu’une puce électronique à 50 centimes par borne de recharge et quelques lignes de code informatique pour adapter la charge en fonction de la sollicitation instantanée du réseau électrique!

N’oublions pas enfin que le réseau électrique européen est interconnecté. La France malgré son “invincible armada nucléaire” se doit fréquemment d’importer du courant, historiquement plutôt dans les gros froids de l’hiver, mais le risque s’approche de voir cela également en été avec les besoins croissants des climatisations. Déterminer de quelle manière, l’interconnexion des diverses sources d’énergie renouvelable permet de se passer de stockage complémentaire nécessite une étude statistique comparative incluant tous les acteurs significatifs et potentiellement significatifs (solaire, éoliens des divers gisements de vent européens, bio-masse, hydro-électricité, …). En effet, savoir quand il fait suffisamment mauvais temps pour que la production du PV tombe à zéro, mais en l’absence de vents forts aussi bien dans le sud (Espagne) que le nord (Allemagne, Danemark) empêchant de se rabattre sur l’énergie éolienne ne se déduit pas d’un simple raisonnement logique et dépasse le cadre de ce post. Il n’empêche que le fait, de combiner les diverses sources d’énergies renouvelables entre elles les rendent plus compétitives respectivement tolérantes à la défaillance, ne peut pas être contesté sur le principe, même si nous le chiffrons pas ici. Mais, juste pour vous donner une idée, le Fraunhofer Institut confirme dans son rapport sur le photovoltaïque allemand qu’il existe une corrélation fortement négative entre l’ensoleillement et le vent, c’est à dire que dans ce pays les deux sources d’énergie présentent un profil de complémentarité très favorable, car s’il y a beaucoup de soleil, le vent ne souffle pas (ou pas fort), alors que l’inverse est aussi généralement vrai. Voir graphe :

Concrètement, on peut le résumer ainsi : en 2014 alors que la puissance installée PV allemande se situait à 38GW et que celle de l’éolien allemand à 36GW, la puissance totale injectée dans le réseau par la somme de ces deux type d’énergie n’a qu’exceptionnellement dépassé les 30GW, et on voit bien que la production cumulée mois après mois, même si pas parfaitement stable, reste le plus souvent dans des plages de valeurs proches. En refaisant la même analyse, non plus au niveau “régional” allemand, mais sur l’ensemble du continent européen, puis en incluant également d’autres sources d’ENR comme l’hydro-électricité en version “simple” ou avec pompage-turbinage, la bio-masse, la géothermie, …. , imparablement nous obtiendrons des figures encore plus favorables. La combinaison de plusieurs type d’ENR rend celles-ci plus performantes et également plus simple à intégrer dans le réseau.

Le fait de savoir si oui ou non du stockage coûteux, aussi bien en terme énergétique qu’économique, devra être mis en œuvre, est fondamental, car le dit stockage coûte en pertes de rendement, qui peuvent être très importantes selon les scénarios, ainsi qu’en énergie grise supplémentaire à amortir. Au vu des explications qui précèdent, il semble réellement non contestable qu’une puissance crête livrée maximale de photovoltaïque de 50GWp peut être absorbée par le réseau électrique français sans mise en place de solution de stockage autre qu’une gestion différente de la consommation qu’actuellement. Passer au solaire ne signifie nullement que nous devrons remplir nos caves de batteries.

Je relève enfin que les indications sur l’énergie grise à compenser des modules solaires ne correspondent simplement pas à la réalité technique. Le Fraunhofer Institut a calculé qu’en Allemagne, disposant donc d’une insolation incomparablement plus faible qu’en France, un module solaire de SiC (Silicium cristallin) regagnait l’énergie grise nécessaire à le fabriquer en 2 ans maximum. En France, et notamment sur la moitié sud, on doit donc se situer assez proche d’une année. Toujours selon le Fraunhofer Institut, la majorité des panneaux solaires produits depuis 2010 ont une espérance de vie de l’ordre de 40 ans (note : pour les premiers panneaux solaires construits dans les années 60, on estimait qu’ils auraient une durée de vie 10 ans et regagneraient seulement 1/3 de l’énergie nécessaire à leur fabrication. La réalité est que la majorité de ces panneaux historiques ont de tout même fonctionné une trentaine d’année et ainsi ont malgré tout réussi à atteindre l’équilibre. Dès lors l’affirmation du Fraunhofer Institut semble parfaitement cohérente avec l’évolution attendue de la technologie respectivement l’amélioration des méthodes de construction). Depuis les premières installations de panneaux photovoltaïques dans les années 60, les pronostics ont toujours été dépassés!

Ceci étant, si nous retenons les valeurs suivantes sans excès d’optimisme bien au contraire :
50GW absorbables par le réseau sans stockage supplémentaire,
durée de vie de 30 ans,
compensation de l’énergie grise en 2 ans (histoire d’inclure tout les à-cotés),
nous trouvons que
50GW absorbables ==> 55 à 56 GWp installables (différence perdues dans les onduleurs + câbles)
56GWp ==> 70 TWh produits (nous obtenons ce ratio de productivité avec notre centrale d’Onex ci-dessus datant de 2010!) dont nous retranchons 2/30 pour la compensation de l’énergie grise soit un résultat net disponible de 65TWh
65TWh net ==>  65/520 soit 12.5% (approchant, à voir la consommation actuelle)
55GWp ==> 55’000’000’000 Wp/170Wp/m² ==> 324 km² soit 0.06% du pays seulement soit moins que 6% des toits des bâtiments construits!

En conclusion, en dédiant 6% des toitures de France au photovoltaïque, on recevra en retour 12.5% de l’énergie électrique consommée, en réitérant que cette proportion pourra à futur être sensiblement augmentée.

A titre personnel et pour faire écho à mon affirmation intuitive initiale de 20-25%, je reste persuadé qu’elle est bien réelle. Toutefois, peu importe car dans tous les cas de figure, ces 12.5% ne resteront qu’une étape provisoire pour aller plus loin.

En résumé, le texte de JMJ conduit à penser qu’avec une couverture solaire de 4% du territoire national français, il serait possible  d’obtenir une production nette d’énergie électrique disponible du même ordre de grandeur que la consommation actuelle alors qu’il faudrait retenir qu’avec quelque chose de l’ordre de 0.06%, on peut obtenir une production nette disponible de l’ordre de 12% de la consommation actuelle. La différence entre les deux scénarios ne relève pas du détail anecdotique, car la variante JMJ implique un coût du kWh livré à l’usager environ 10 fois plus élevé et une consommation de surface simplement impossible (4* la surface de tous les bâtiments de France!). En réalité, JMJ nous dit à peu de chose près que le photovoltaïque est condamné à rester confiné dans un rôle quasiment décoratif ou en tout cas très secondaire, alors que la réalité est toute différente. 12% du mix énergétique électrique d’un pays est tout sauf négligeable, sans même rappeler qu’il s’agit d’une énergie 100% indigène et qui ne finance donc pas des régimes politiques tout sauf recommandables (pour rappel le nucléaire demande de l’uranium qu’il faut bien aller chercher quelque part, et les journaux nous relatent jour après jour les conséquences de cette dépendance!!).

J’ai personnellement assisté à l’une des conférences de JMJ (au Club 44 de La Chaux-de-Fonds, si cela lui rappelle quelque chose), et il me semble bien me souvenir qu’il a utilisé l’expression que “tant que la part de l’énergie photovoltaïque ne dépassait pas l’épaisseur du trait de la courbe” (en langage clair qu’elle était complètement négligeable) “elle ne poserait pas problème et qu’elle était destinée à rester à ce niveau.”

Monsieur Jancovici, vous êtes un homme écouté. Une classe de personnes que l’on appelle les politiciens et qui ne dispose manifestement pas du bagage de l’ingénieur (en général vrai, mais c’est quand même mieux en Suisse sur ce plan aussi) tire des conclusions et prends des décisions sur la base de vos réflexions. Soyons honnête, votre message ne vise qu’à une chose : démolir proprement, et surtout sans en avoir l’air, les énergies renouvelables pour préserver la part du nucléaire. Le but de ma réflexion n’est pas de faire ici le débat du nucléaire, mais la lucidité doit nous forcer à conclure qu’en agissant ainsi on ralentit bel et bien les ENR, mais comme cela n’accélère pas le nucléaire de l’autre côté, la population ayant clairement exprimé son refus, cela nous confine dans une impasse qui fait le beau jeu des énergies les plus sales à court terme comme le lignite par exemple et crée un front de blocage sur la nécessaire taxation du CO2 pour permettre enfin de donner une chance à l’humanité d’éviter les conséquences les plus graves du réchauffement climatique (pour les “seulement” graves, c’est malheureusement vraisemblablement déjà trop tard). Il y a une urgence réelle à agir mille fois prouvée maintenant. Faire des calculs fallacieux pour tenter de conserver des parts de marché en faveur des énergies sales envers et contre toute logique ne fait qu’augmenter les conséquences que l’humanité subira. 

Dans notre civilisation judéo-chrétienne, cher Monsieur Jancovici, le péché est synonyme de mort. Ici, votre péché à vous ne signifie pas votre prochaine combustion à vous dans les flammes de l’enfer des pollueurs (tiens au fait, flammes alimentées par quelle source d’énergie primaire?), mais celle de nos descendants, bref nos enfants et donc aussi vos enfants. Par contre, bonne nouvelle, la rédemption reste possible en tout temps. Quittez les forces sombres des énergies fossiles arrachées à la terre, et utilisez votre grande intelligence pour la lumière (du solaire par ex. ), votre rédemption sauvera beaucoup de vies à moyen et long termes, et j’en suis persuadé vous le savez!

Laurent-David JOSPIN

PS : bien évidemment, Monsieur Jancovici a été informé de l’existence de cette publication.

Remerciements à Giovanni, Florence, Joanne, Laurent-Valentin, Amanda, Pascal et tout les autres pour les précieux conseils, commentaires, et bien sûr encouragements.

Sources :
Fraunhofer ISE, Dr. Harry Wirth, “Aktuelle Fakten zur Photovoltaik in Deutschland“, Fassung 22.4.2016
Ainsi que celles mentionnées dans le texte

Conférence de presse du comité neuchâtelois NON au Gothard

La campagne bat son plein et aujourd’hui nous avons tenu une conférence de presse au nom du comité neuchâtelois Non au 2ème tunnel au Gothard. Comme intervenant vous trouviez, par ordre d’apparition Monsieur le Conseiller aux Etats Didier Berberat, votre blogueur préféré (enfin, je l’espère), et Monsieur le Député au Grand Conseil Pierre Hainard.

Vous trouvez ci-dessous le texte de mon intervention  incluant les images projetés lors de ma présentation.

N’oubliez pas d’aller voter !!!

Laurent-David Jospin

Mesdames et Messieurs,

Lorsqu’un ménage ou une entreprise réfléchit à un investissement respectivement une dépense, l’élément déterminant reste de savoir s’il n’y a pas une autre dépense plus importante ou plus urgente à traiter avant.

Dans le cas du deuxième tunnel au Gothard cette réflexion élémentaire n’a clairement pas été faite. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder la liste des points noirs du réseau routier en terme d’accidentalité telle que publié par l’Office Fédéral des Routes (OFROU). Le Gothard n’y apparaît qu’en 33ème positions sur la période 2012-2014, ou n’y apparaît en général pas. Concrètement, cela signifie que des dizaines d’endroits du réseau sont plus dangereux et devraient être améliorés de manière plus urgente.

Si vous vous intéressez plus strictement à la question de la mobilité, vous découvrirez que le Gothard voit passer en moyenne de l’ordre de 17’000 véhicules par jour plaçant clairement ce tronçon parmi les routes secondaires. L’axe Neuchâtel – La Chaux-de-Fonds lui-même en voit passer bien davantage avec 22’000 véhicules selon comptage OFROU de 2012.

Or voilà l’argent qui aura été dépensé au Gothard ne pourra pas l’être ailleurs. Aujourd’hui plusieurs signaux virent clairement au rouge au niveau de nos finances. Des exercices sont annoncés déficitaires. Les discussions sur le fonds FORTA sensé couvrir ces dépenses viennent à peine de commencer et déjà le total des projets proposés représente environ 3 fois l’argent qu’il a été prévu d’y injecter.

Gaspiller 3 milliards au Gothard implique obligatoirement que de l’argent manquera ailleurs. C’est entre autre notre région qui en fera les frais avec le nouveau projet de RUN ainsi que le contournement des villes du Locle et de La Chaux-de-Fonds qui passeront tous à la trappe. Il est complètement illusoire de croire que le fait de voter oui assurerait un retour d’ascenseur. Premièrement comme déjà dit car l’argent manquera, mais également de par le fait que la création de ce 2ème tunnel conduirait à une aggravation des conditions de trafic sur l’ensemble du plateau par l’effet d’appel d’air et partant mobiliserait encore davantage les ressources pour traiter les difficultés nouvellement créées.

L’argent dépensé au Gothard, même s’il eut pu être plus utile ailleurs, est-il au moins investi utilement ? Il nous est permis d’en douter sérieusement.

 

En effet, même si la douteuse promesse de n’ouvrir qu’une seule piste par tube venait à être tenue malgré tout, le simple fait d’avoir 2 tubes séparés permet d’injecter plus de camion au vu des règles du « compte-goutte » filtrant les dits camions.

Or ces camions viendront de l’Europe cela ne fait pas l’ombre d’un doute. L’axe du Brenner est d’une part saturé mais représente également une rallonge en terme de parcours pour l’ensemble des camions provenant d’Allemagne, Hollande ou encore du Danemark. Les autoroutes du plateau suisse sont à la limite de la congestion, rajouter ne serait-ce que 30 % de camion en plus garantit le bouchon quasi permanent sur nos axes les plus essentiels pour notre économie.

Nos concitoyens à qui l’on fait croire de manière sournoise qu’ils éviteront les bouchons lors de leurs départs en vacance sont doublement trompés, car non seulement ils ne gagneront rien à ce niveau mais seront perdants dans leurs déplacements ordinaires au jour le jour.

Et si la fameuse promesse n’est pas tenue, alors c’est bien pire encore. Oubliez les 30 % de camion supplémentaires, pensez simplement à un doublement avec des conséquences dramatiques pour notre mobilité. Doubler la capacité du Gothard conduirait à devoir rajouter une 3ème voie sur la grande majorité de l’axe autoroutier Bâle-Chiasso, ce qui est tout simplement irréalisable.

L’autogoal serait ici de toute première force. En plus des simples citoyens, les milieux économiques seraient particulièrement impactés.

 

La cerise sur le gâteau se situe au niveau des conséquences pour la santé humaine. La question ne prête plus à débat, les particules fines provoquent une série de maladies dont certaines mortelles en commençant par l’asthme chronique et en finissant par le cancer de la plèvre pulmonaire.

On ne peut admettre aujourd’hui que cet aspect ne soit pas pris en compte dans la réflexion globale qui doit être menée sur cet axe de transit important. Il est bon de rappeler que si l’ensemble de la Suisse subissait les conditions de pollution prévalant au Tessin, les primes d’assurance maladie grimperaient de 10 à 15% , soit un coût à la charge de la collectivité s’approchant des 5 milliards par année !!

Tout ceci sans dire que nous parlons ici froidement d’argent, alors qu’il se cache derrière une immense souffrance humaine.

En résumé, l’option proposée par le Conseil Fédéral consiste à dépenser un montant considérable sur un endroit non prioritaire, induisant de facto l’effet contraire recherché en terme de sécurité ou même de mobilité, et générateur de coûts indirects colossaux sur notre système de santé publique déjà fortement sous pression. Nous recommandons à l’ensemble des citoyens suisses et de ce canton de mettre un non résolu dans l’urne pour ce 28 février.

TOP21 ou FLOP21 telle est la question …

La fameuse COP21 vient à peine de s’achever et déjà les chroniqueurs et analystes de tous bords s’en donnent à cœur-joie. Comme vous devez forcément l’imaginer, votre blogueur impénitent pourfendeur des hérésies environnementales n’échappe pas à la règle (voir dans la partie “sources” pour le texte complet).

Pour faire court, l’abominable côtoie le sublime. Et pour faire un peu plus long, essayons de démêler l’écheveau.

Un regard strictement pessimiste nous force à constater plusieurs faits indiscutables :
– l’accord est soi-disant contraignant, mais il ne comporte aucun mécanisme de sanction ni même de contrôle réel. Dès lors, on peut légitimement s’interroger sur le concept de contraignant.
– les promesses ou annonces volontaires de réduction carbone transmises par l’ensemble des pays concernés ne permettent d’espérer qu’au mieux de tenir une hausse de 3°C des températures mondiales, et encore seulement si nous n’avons pas mis en route un phénomène auto-enclencheur  comme par ex. des relargages massifs de méthane de l’arctique ou de la toundra après fontes des glaces polaires ou respectivement du pergélisol.
– on pourrait même parler de schizophrénie assumée quand le préambule de l’accord inclut une référence à un taux de 1.5°C qu’il vaudrait mieux ne pas dépasser, que le texte de l’accord lui-même se réfère à un objectif de 2°C, mais que l’état des lieux constate en langage diplomatique – j’allais écrire en langue de bois – qu’il existe un écart significatif entre les annonces cumulées de réductions carbone et l’objectif climatique minimum.

Bref, une analyse du passif de cet accord nous pousse tout droit vers une neurasthénie aiguë.

Néanmoins, tout n’est peut-être pas si noir, car pour ma part, j’ai bien vu une belle lumière au bout du tunnel. Pour mieux me faire comprendre, je vous propose de relire mon post de juin 2013 http://www.famillejospin.ch/ouvrirlesyeux/?p=76 dans lequel je vous annonçais des mises en responsabilité et autres poursuites à l’encontre des gros pollueurs ou même financeurs des pollueurs. A l’époque, la sincérité m’obligeait à vous dire que les mécanismes de mise en responsabilité décrits ne surviendraient peut-être pas si vite que cela. En réalité, très bonne surprise, nous venons de vivre tout récemment le démarrage des, vraisemblablement, deux premières procédures pour crime climatique contre notamment une société aussi importante qu’Exxon. La procédure en question se fonde essentiellement sur le fait qu’Exxon savait et a choisi d’ignorer les avertissements de ses propres scientifiques. Or voilà, depuis ce samedi 12 décembre 2015, suite à la ratification unanime par 195 pays d’un document indiquant de manière non équivoque que l’activité humaine est la source primaire du problème de réchauffement climatique de la planète, et que celui-ci génère des conséquences hautement dommageables sur les plans environnementaux, sociaux, et économiques, plus aucune entreprise ne pourra se défendre en disant “nous savions pas, nous n’étions pas sûrs, ….“.

Si ce fait nouveau tombait du ciel sans aucun signe précurseur, on pourrait imaginer qu’il reste sans lendemain. Toutefois tel n’est pas le cas. On peut bien sûr penser à la procédure mentionnée ci-dessus. Toutefois, même si le cas Exxon présente clairement un aspect spectaculaire, plein de petits signes restés jusqu’à présent relativement confidentiels dans les milieux de la gestion ou finance démontrent l’existence d’une lame de fond beaucoup plus fondamentale. Récemment encore, mais avant le résultat de la COP21, l’Office Fédéral de l’Environnement (OFEV) présentait les résultats d’une analyse sur les risques carbone encourus par les fonds en actions ainsi que les caisses de pension.

J’ai été très surpris de ne pas voir de commentaires ou analyses sur ce point précis, car, croyez-moi, il change TOUT. Dans les mois à venir, les départements risk compliance des majors de l’énergie, de la chimie, du transport, etc etc vont émettre des notices de risque à provisionner. Ces notices vont circuler premièrement au niveau des conseils d’administrations. qui dans un premier temps se dépêcheront de ne pas en faire état. En bref, ils agiront selon toute vraisemblance exactement de la manière qui a valu à Exxon son procès!.

Mais en parallèle, les gros investisseurs institutionnels comme les caisses de pension réaliseront des analyses très similaires globales sur leurs portefeuilles, et conséquemment commenceront à faire pression pour avoir connaissance des analyses liées au risque carbone des entreprises dans lesquelles elles auront investis. Et si elles ne le font pas, les régulateurs se chargeront de leur expliquer! Lorsque les responsables de la FINMA (organe de contrôle des marchés suisse) auront lu le rapport de leur collègue de l’OFEV, le mécanisme se mettra en œuvre, lentement sans doute, mais inexorablement. Dans un premier temps, nous verrons sans doute une simple exigence minimale d’une mention globale de la politique liée au risque carbone, puis progressivement le contexte se durcira avec une contrainte de transparence toujours plus élevée, sans doute l’obligation d’un “rapport carbone” pour chaque investissement. Au final, le couperet tombera en premier pour les caisses de pensions qui devront intégrer une obligation de couverture totale du risque carbone, et conséquemment se détourneront en masse des investissements présentant un profil défavorable sur ce plan.

Typiquement une caisse de pension doit s’assurer qu’elle touchera de manière fiable à très long terme des revenus destinés à couvrir les retraites promises. La sécurité des versements futurs, ne peut être garantie que si la sécurité juridique des entreprises investies est elle-même garantie. Or voilà suite à ce fameux accord décembre 2015, un risque nouveau vient de se créer, dont on pourrait même imaginer, que comme dans le cas de l’amiante, les fauteurs de trouble ne puissent pas se libérer en invoquant une quelconque prescription juridique.

Le timide mouvement de reflux des capitaux des industries à forte connotation carbone constaté récemment montre les prémices d’une fuite panique dans un horizon de temps plus court que certain souhaitent l’imaginer! Dès aujourd’hui, un investissement dans le fossile ou se basant indirectement sur des sources d’énergie fossile est devenu un placement spéculatif de court terme et potentiellement très risqué.

La froide réalité du réchauffement climatique se résume en un jeu de mots et autrement peu de mots : à Paris les Etats ont échoué à mettre en place un mécanisme public réel nous faisant sortir de cette spirale infernale, mais, peut-être sans même s’en rendre compte, ils ont rendu l’économie privée indéfiniment responsable des conséquences à venir à partir de ce 12 décembre. Au final, lorsque la dite économie aura pleinement compris et intégré ce fait, vous verrez des transformations peu imaginables aujourd’hui.

En bref et pour descendre à un niveau très terre à terre, l’accord du 12 décembre, ni TOP21 ni FLOP21, ne sera que ce que nous les citoyens en ferons! Si aujourd’hui en tant que salarié d’une entreprise X vous écrivez un gentil courrier recommandé expliquant à l’organe de surveillance de votre caisse votre inquiétude au vu du nouveau contexte “risque carbone”, vous mettez (ou contribuez à mettre) une pression qui conduira à terme à des désinvestissements massifs dans les sociétés sources de ce problème majeur.

Et tout cela a aussi été rendu possible par cette fameuse marche citoyenne du climat dont je vous ai parlé dans les derniers posts!

Je profite de la transition pour vous dire que la pétition est envoyée ce jour, et personnellement je me permettrai d’espérer que l’un ou l’autre député du Grand Conseil prenne le temps de lire ces quelques lignes, car si notre canton ne modifie pas du tout au tout sa politique face aux énergies renouvelables, le virage technico-économique aura été définitivement perdu pour notre région, et nous aurons alors seulement les charges à assumer sans pouvoir profiter des aspects positifs. Bref, évitons de ressembler par trop à Exxon &Co et tournons-nous vers l’avenir!

Laurent-David JOSPIN

Post-scriptum : lors du démarrage de la rédaction du présent post il y a une semaine précisément, comme mentionné dans le texte je n’avais trouvé aucune analyse similaire ou parallèle. Toutefois, un ami vient de m’indiquer un article paru ce dimanche matin même sur le site de la NZZ complètement dans la cible de ma réflexion. Pour ceux qui apprécient la langue de Goethe, je vous le recommande (ici), il mérite votre attention.

Sources :
Risque carbone : première étude concernant la place financière suisse, OFEV, 29 septembre 2015, https://www.admin.ch/gov/fr/accueil/documentation/communiques.msg-id-59285.html
EXXON : The Road Not Taken, Exxon’s Own Research Confirmed Fossil Fuels’ Role in Global Warming Decades Ago, Inside climate news, 16 septembre 2015, http://insideclimatenews.org/content/Exxon-The-Road-Not-Taken
Convention-cadre sur les changements climatiques, Adoption de l’Accord de Paris, Nations-Unies, 12 décembre 2015, lien
Courrier d’accompagnement de la pétition envoyé aux autorités neuchâteloises, texte ici

Marche pour le climat, nous y étions!

Il ne faisait pas particulièrement beau à Neuchâtel ce dimanche 29 novembre. Des rafales de vent bien fraîches et très humides, pas vraiment de la pluie mais pas si loin non plus, balayaient avec rage le quai Osterwalder, certainement un temps à rester chez soi. Alors que nous rejoignions avec une partie de ma famille la fameuse église rouge lieu du rassemblement de la marche destinée à faire pression sur nos gouvernants, une pensée traversa mon esprit disant que, vu les conditions, si nous étions effectivement les 400 personnes espérées par les organisateurs, on pourrait légitimement en conclure que la prise de conscience commençait à percer auprès de Madame et Monsieur tout le monde. En toute sincérité, le lac déchaîné me laissait craindre une demi réussite ou demi échec selon le point de vue.

Le moral d’une de mes accompagnatrices serait-il défaillant?

En nous rapprochant du départ, une franche note d’optimisme vint réchauffer nos pensées à défaut de nos corps. C’est sûr les 400 personnes devaient forcément être bien présentes.

Finalement le cortège s’est mis en mouvement. Une petite pirouette pour repasser devant le lac, longer les jeunes rives, traverser le port, longer à nouveau le quai Osterwalder pas plus chaud qu’avant mais nettement plus animé, et enfin emprunter le sous-voie pour une arrivée en force sur la place des halles.

Pas le moindre doute, nous étions largement plus nombreux qu’attendu. Le temps pour la foule de reprendre un peu de courage et hop on attaque la montée au Château.

A l’arrivée les organisateurs avaient prévu une fresque composée de dizaines de dessins réalisés par des enfants dont notre petit David.

Avec un résultat final plein de force et d’espoir.

L’estimation transmise par les organisateurs de la marche nous a été communiquée à hauteur d’un gros millier de participants. Au vu de la “photo-finish” cela semble bien crédible.

Tout cela pour vous informer que la lettre pétition de mon post précédent sera transmise en fin de semaine aux autorités ou au pire lundi prochain. Si vous avez encore la possibilité de transmettre quelques signatures, elles seront accueillies avec joie.

Laurent-David JOSPIN