Monthly Archives: July 2013

Tout ça pour ça

Le 5 juin je vous ai fait part de mes importants doutes sur le bien-fondé d’une taxation des modules solaires “made in China”, notamment compte tenu des effets sur toute la filière photovoltaïque en aval de la production des panneaux.

Le résultat final est connu depuis cet après-midi, soit un tarif minimum et un volume total maximum par année. Pour un coup d’épée dans l’eau, c’est un très joli coup, ceci mis à part, dans le genre autogoal on aura difficilement fait mieux.

En quelques points clefs :

  • Le tarif minimum imposé est insuffisant pour réellement permettre aux fabricants de modules solaires européen de s’en sortir financièrement
  • Il est par contre déjà suffisamment élevé pour générer des difficultés supplémentaires aux intégrateurs et autres développeurs de projets
  • Cerise sur le gâteau, l’accord conclu entre la Communauté Européenne et la Chine rend illusoire, au minimum dans le court terme, de pouvoir espérer imposer des standards environnementaux minimum pour la production des dits panneaux

La motivation originelle de cette tentative puisait sa source dans une volonté de protectionnisme mal avisé. Il devait également trainer en arrière-plan un espoir pour certains politiciens européen de se profiler sur leurs “marchés” intérieurs comme des sauveurs. Résultat des courses, une fois que le train était lancé, plus personne ne savait ou ne voulait l’arrêter, histoire ne pas perdre la face voir de sauver ses fesses.

Dans l’optique de réaliser une transition énergétique réelle, et non pas alibi, et ce, si possible dans un horizon de temps acceptable pour donner une chance à notre planète, le but ultime du photovoltaïque reste de produire des kWh compétitifs en terme de coûts directs avec le fossile. Pour ce faire, le prix des modules solaires doit diminuer encore un peu. J’estime que le but à atteindre dans un horizon le plus bref possible devrait être fixé à quelque chose comme (en prix ex-factory) 0.4 CHF /Wp soit environ 0.3 EUR/Wp permettant schématiquement d’obtenir des kWh à 0.08 CHF. On va bien rigoler quand ils devront se dépatouiller avec cette loi imposant un tarif d’importation minimum!!

Laurent-David Jospin

Liberté chérie

Les systèmes de vote par internet devaient être inviolables. Or toute personne ayant un peu trempé ses mains dans le cambouis informatique ne peut ignorer qu’il n’y a jamais eu un seul système inviolable, y compris les ordinateurs de la CIA! Alors pensez-donc.

J’ai été surpris que l’on veuille passer au vote électronique, surpris que l’on le fasse réellement, surpris que la (première) faille apparaisse au jour si tardivement, et enfin surpris que les gens fassent semblant d’être surpris. Surpris, vous avez dit surpris? Comme c’est surprenant!

Et enfin de compte, on peut résumer toute l’histoire ainsi : plus le système sera sécurisé, plus il faudra des moyens conséquents pour le contourner, et plus la probabilité sera élevée que l’instigateur d’une telle démarche soit puissant et mal intentionné.

Oui j’aime la liberté et la démocratie authentique. L’expérience vécue par certains pays, pas si loin de chez nous finalement montre que la pseudo démocratie se révèle presque pire qu’une dictature assumée.

Le Souverain, soit le peuple!, nous fait quelque fois râler lorsqu’il prend une décision que nous ne souhaitons pas, mais dans l’ensemble force est de constater que jusqu’à présent notre pays a été largement mieux géré que nos voisins, qui eux-mêmes ne sont déjà pas forcément les pires.

Dès lors, nous devons préserver et chérir ce trésor reçu en héritage de ceux qui nous ont précédés. Cela doit impliquer un œil très critique sur toutes failles, fussent-elles seulement potentielles, sur la pierre angulaire de toute cette construction unique : la liberté et le secret du vote personnel!

Laurent-David Jospin

Soyons pervers mes frères!

Non, ce post ne traitera pas de déviance sexuelle, désolé pour ceux qui espéraient se délecter de turpitudes néo-freudiennes. Nous allons naviguer dans un espace bien plus austère, et parlerons donc de la relation entre l’érosion du capital générée par la fiscalité et son rapport à la vertu (respectivement au vice comportemental) du contribuable-investisseur lambda.

Pour que le tout soit le plus frappant possible, nous retiendrons comme cas d’école celui de la France et sa très célèbre Incitation à Sortir de France plus communément appelée ISF. Le comportement cohérent , oups excusez-moi, lâche de la fuite ne nous intéressant pas, nous partirons de l’idée simple que le dit investisseur va chercher en premier lieu à compenser simplement le dit impôt par le rendement.

Ce premier objectif de base ne suffit bien évidemment pas du tout, car il doit également compenser le renchérissement, s’il souhaite que son capital conserve la même valeur réelle et non pas nominale. Il s’ajouterait encore à ceci un montant adéquat pour couvrir les risques en fonction du type d’investissement retenu, aspect négligé dans les chiffres ci-dessous.

C’est tout cette fois? Et bien non, car les revenus nécessaires pour atteindre l’objectif ci-dessus deviennent eux-mêmes objets à fiscaliser et sont donc taxé au taux marginal des divers impôts et taxes sur le revenu. En conséquence, la formule permettant de déterminer le rendement minimal pour atteindre un simple équilibre possède l’aspect suivant :

Rmin = (Tisf + Trench +Crisq) / (1 – Tmarg)

Avec Tisf = Taux de l’impôt sur la fortune, Trench = taux du renchérissement, Crisq = couverture du risque lié à l’investissement, Tmarg = taux marginal de l’impôt sur le revenu s’appliquant sur la tranche considérée, le Rmin ici calculé correspond au point d’équilibre en dessous duquel le capital s’érode et en dessus duquel il y a une croissance réelle du patrimoine.

En langage courant, tout ceci signifie simplement que plus les divers impôts en question sont élevés, plus le rendement en dessous duquel le capital perd de sa valeur au fil du temps est élevé, ou encore que si le taux marginal devient très élevé, le rendement nécessaire se met lui carrément à galoper sans limite aucune (un mathématicien aurait dit que la valeur limite de Rmin si Tmarg s’approche de 100%  diverge vers l’infini). Très concrètement dans le cas de notre grand voisin, on apprend dans la revue capital de juillet 2013 page 81 que, hors niche fiscale, il faudrait atteindre un rendement de 9% pour avoir l’équilibre en terme de pouvoir d’achat. Et encore ceci ne concerne pas un assujetti à une tranche à 75% en cours d’instauration, car sinon Rmin est bien plus élevé encore (diverge vers l’infini, on vient de vous le dire).

Or un rendement net de 9% sur des investissements patrimoniaux ne s’obtient pas juste en claquant des doigts. Vous pouvez essayer les effets de levier (ex. l’immobilier), ou la spéculation sur une valeur attendue en hausse mais alors vous prenez des risques.

Une comparaison de quelques rendements nets possibles dans divers type de placement est éloquente :

Pétrole et produits assimilables : des 30% et plus annuels sont usuels
Transport maritime, location de container : 15% annuel
Exploitation minière : selon le type jusqu’à 100%
Fabrication de pesticides : Monsanto 2013 estimé >16%
Industrie plastique (qui nous crée tant de soucis de micro-polluants) : supérieur à 10%

Tandis que dans le même temps, vous obtiendrez des rendements nets de l’ordre de 4-6% sur la majorité des projets en énergie renouvelable, voir sur le projet d’une connaissance visant à faire de la reforestation dans divers pays du tiers-monde, un rendement initial de 2% pendant une grosse dizaine d’années puis une lente croissance vers un 6-7% au bout de 20 ans. Ce dernier exemple est éloquent. Le concept prévu permet d’intégrer les populations locales en les associant à la démarche ab initio; et à très long terme, la création de valeur, et surtout de valeur durable, est exceptionnelle, car la forêt reconstituée est exploitable pour elle-même, mais elle permet également un renouveau de l’agriculture locale en protégeant les sols. Mais voilà, le rendement initial financier apparent est de 2%!

On s’attendrait dès lors à ce que les gouvernements de pays à fiscalité (trop (beaucoup trop)) élevée s’efforcent de créer des niches fiscales incitant à des comportements vertueux. Dans la pratique, et de ce que je vois, c’est loin d’être le cas, la plupart des niches fiscales étant basées soit sur des aspects sociaux, ou carrément sur du clientélisme électoral. Mais à mon avis, le pire du pire se cache dans l’instabilité du système avec la crainte affichée que le mécanisme mis en place soit remis en question à la législature suivante suite à une alternance politique. Ce manque de confiance conduit naturellement à des calculs à très court terme et donc  une prise en compte à peu près nulle des facteurs environnementaux qui appartiennent tous au long terme.

Vous voulez un exemple concret? Tout simple! La grande majorité des niches fiscales françaises liées à la construction de logement ont été occupées par des programmes “industrialisés” à grande échelle à base notamment d’élément préfabriqués. La plupart de ces constructions ont été réalisées à des coûts imbattables  pour garantir un rendement immédiat optimisé mais au détriment de la durée de vie ou même parfois de la performance énergétique immédiate. Il suffit de penser aux très nombreux HLM construit à la fin des années 60 que l’on rase déjà à partir des années 90 / 2000! On pourrait quasiment parler d’obsolescence programmée, si l’on considère qu’un immeuble bien construit d’avant 1900 peut espérer rester debout et en exploitation largement plus de 200 ans dès lors qu’un entretien normal est appliqué!

Sur ces questions de voracité fiscale et insécurité du droit, notre grand voisin peut certainement prétendre à une place sur le podium, et vous me direz que la situation n’est pas si grave chez nous. Pas faux! Mais attention une glissade incontrôlée survient rapidement et sans crier gare, remonter la pente est alors nettement plus long et douloureux. Et puis un principe reste un principe, peu importe qu’il soit utilisé à outrance ou modérément. Dans le deuxième cas, les conséquences mettent juste plus de temps à être visibles. La situation de notre beau canton de Neuchâtel est emblématique à ce sujet.

On peut aisément tirer une  conclusion simple de ce post, pour préserver notre capital soyons pervers ou irresponsables ou tout ce que vous voudrez pour autant que le rendement à  court-terme dépasse ce seuil minimal en dessous duquel le capital s’érode de lui-même.

Nous pouvons bien sûr  aussi proposer d’autres conclusions comme

  • révisons notre fiscalité de façon à la rendre incitative de comportements durables plutôt que l’inverse, il est notamment essentiel de faire payer les coûts externes du pillage des ressources non renouvelables ou de la pollution à ceux qui les génèrent
  • maintenons une fiscalité raisonnable voir douce, car plus l’état est gourmand plus il incite à des comportements “courts-termistes” et donc très fréquemment avec des dommages à la clef sur le long terme
  • ne mettons pas en péril la confiance dans l’état de droit en créant une incertitude juridique elle-aussi mère de la “courte vue”
  • il est fortement vraisemblable qu’une bonne part de l’explication du comportement général plus vertueux sur le plan environnemental des pays du nord avec une fiscalité habituellement plus douce puise aussi sa source dans cette question (OK, c’est pas la seule explication, OK il y a un contre-exemple, mais dans l’ensemble c’est quand même très  frappant)
  • si la fiscalité est lourde, l’état devra mettre en place de savants et complexes montages pour conduire à de meilleurs comportements, ces montages étant par essence lourds et coûteux, ils auto-entretiennent la charge étatique et donc la fiscalité punitive

Voilà deux chemins de conclusions possibles pour la même constatation de base, et vous, vous choisissez quoi?

Laurent-David JOSPIN

J’enlève et il y a plus ???

Juste une petite remarque toute bête :

Vous avez certainement remarqué les communiqués de presse de ces derniers jours comme quoi la dernière décennie était la plus chaude depuis le début des mesures climatiques, ou le fait que le mois de juin est le 5 ème le plus chaud au niveau de la planète.

Vous n’avez, par contre, peut-être pas prêté toute l’attention voulue (et si vous l’avez fait vous avez bien sûr droit à mes plus plates excuses) à une autre information parue dans la presse scientifique : le soleil vient de terminer un cycle de faible activité. (par ex. Science et Vie édition juillet, et d’autres). En mots simples, le soleil nous a nettement moins chauffés que d’habitude.

Impressionnant n’est-ce pas? J’enlève et il y a plus! C’est génial, et cela serait encore plus génial si cela pouvait aussi fonctionner ainsi sur mon compte bancaire, chaque fois que je tire de l’argent au bancomat, ma fortune augmenterait! Le rêve non?

Bon, pour tout vous dire, nous sommes loin du rêve et il faut que nous nous activions pour que cela ne tourne pas au cauchemar. Car cela signifie simplement que lors du prochain cycle solaire, nous devons nous attendre à une accélération des manifestations du réchauffement climatique. Zut alors!

Laurent-David JOSPIN

Aucun lien … mais ….

Le 3 juillet, 2 communiqués de presses ont plus particulièrement attiré mon attention.

Le premier intitulé “La décennie 2001-2010 marquée par des conditions climatiques extrêmes” peut être trouvé par exemple sur le site de la Radio Télévision Suisse Romande. Rien de nouveau sous le soleil me direz-vous. Exact, mais au moins si l’information vient à être relayé de manière plus large, cela ne peut que favoriser la nécessaire prise de conscience.

Le deuxième “Combustibles rendus plus cher par les émissions excessives de CO2” décrit le mécanisme politique mis en place en Suisse pour inciter de manière forte à diminuer notre consommation de combustibles fossiles et notamment l’augmentation destinée à rendre ces produits moins compétitif sur le marché. On y découvre également, que, oh grande surprise, nous n’avons pas réussi à diminuer autant que souhaité nos émissions.

Forcément, si le moindre projet d’énergie renouvelable se heurte à certains fonctionnaires incapables de se projeter un minimum dans l’avenir et abusant de leur position privilégiée pour tout refuser; nous allons avoir des difficultés insurmontables pour la réaliser cette transition énergétique!

Il n’y a bien sûr aucun lien de cause à effet entre ces deux communiqués… encore que… Et bien si, le voilà justement le nœud du problème : Presque plus personne de sérieux ne nie la réalité du réchauffement climatique aujourd’hui, mais, de manière incompréhensible, un nombre très élevé de personnes, assez souvent bien placées comme les responsables évoqués ci-dessus, agissent exactement comme si cela n’existait pas, ou n’avait aucune conséquence vraiment importante. Un peu comme si, il ne s’agissait que d’une vue de l’esprit, n’impactant pas le monde réel.

C’est le pas mental à réaliser par l’humanité, évoluer d’une compréhension intellectuelle de la menace devant nous, à une volonté d’agir réelle et concrète.

Nous n’avons pas réellement le choix, plus tard nous agirons, pires seront les conséquences et plus élevés les coûts! Alors allons y franchement avec courage et lucidité, votons les lois nécessaires dès maintenant pour déblayer la route des énergies renouvelables, et protégeons tout ce qui peut encore l’être de notre climat au plus grand bénéfice des générations futures!

Laurent Jospin

Gaz de schiste et ça continue…

Mon dernier post sur les gaz de schiste m’a valu une avalanche de réactions, commentaires et autres questions, jusqu’à et compris un téléphone très énervé au bureau (si,si!). Pour ce dernier, la clarté du discours étant inversement proportionnelle à l’énervement, je n’ai pas vraiment réussi à en tirer la substantifique moelle, mais en toute sincérité cela ne me dérange pas plus que cela.

Globalement, il m’est clairement apparu que tout n’est visiblement pas clair, si j’ose ainsi m’exprimer. Cela mérite dès lors un petit complément.

Pour les résumer sommairement les thèmes évoqués par mes interpellants tombaient essentiellement dans les catégories suivantes :

  • Le gaz de schiste est bon pour lutter contre le réchauffement climatique
  • Le gaz de schiste est bon pour l’économie
  • Le gaz de schiste nous permettrait de garantir notre indépendance énergétique
  • Les techniques d’extraction sont aujourd’hui sûres

 Bon pour le réchauffement climatique??

En apparence seulement, car un problème vient se greffer sur l’équation de base. Les pro gaz de schiste mettent en avant que 1 kWh généré par du méthane (composé principal des gaz dit naturel y compris le gaz de schiste) génère nettement moins de CO2 que le même kWh généré par exemple lors de la combustion de charbon.

Cette affirmation est vraie à priori, mais elle ne prend pas en compte en tout premier lieu les fuites de méthane lors de la récolte du gaz. Or le méthane possède un pouvoir GES (gaz à effet de serre) entre 25 et 50 fois supérieur (selon la période de temps observée) à celui du CO2. Il en découle que si seulement 3% du gaz produit est perdu en fuite, le bilan GES est au mieux neutre, au pire nettement plus mauvais. Les données disponibles sur diverses sources internet (commencez par Wikipedia anglais Shale gases et suivez les liens de la bibliographie) indiquent des taux de perte entre 5% et 15%. Et donc un bilan GES réellement mauvais.

Il se rajoute à ceci que nous n’avons parlé que de la période en “exploitation”. Il y a encore une vie pour les gaz après la vie du puits. Lorsqu’un puits est foré, le taux de récupération des gaz est initialement très élevé. Après 6/12 mois, l’efficience du puits commence de s’effondrer et il faut aller forer un peu plus loin à brève échéance. Oui, mais voilà, la roche a été fracturée et elle est donc devenue en quelque sorte “poreuse” et les gaz continuent de migrer insidieusement et des quantités très appréciables de gaz finissent par être relâchées au fil du temps.

La conclusion est sans appel, les gaz de schiste n’apportent aucune amélioration à notre problème de réchauffement climatique bien au contraire.

Bon pour l’économie??

En apparence peut-être, mais cela dépend de l’échelle de temps observée. Si l’on se décide à prendre en compte a) les conséquences du réchauffement climatique (voir mon post l’aveu), b) la mise en péril des ressources aquifères  (voir plus bas), et c) les dommages au paysage infiniment supérieur à de l’éolien ou du photovoltaïque par ex. ainsi qu’à l’environnement proche par un trafic de camions de très haute intensité, il est manifeste que cette affirmation n’est plus vraie.  Pour faire écho au point c), la vue google d’une zone exploitation au Texas est éloquente.

Dans un petit pays comme la Suisse, où le territoire possède une très haute valeur dû à sa rareté, un tel type d’exploitation ne pourra jamais être considéré comme rentable, car la perte de valeur paysagère se multiplie par le nombre des années.

En réalité la production de gaz de schiste n’est intéressante que pour les primo exploitants. Pour tout ceux qui viendront après, il ne restera plus qu’une charge et personne en face pour l’assumer.

Bon pour l’indépendance énergétique??

Dans une vision court-termiste peut-être, mais à nouveau ceci n’est vrai que si l’on occulte les aspects négatifs dans la balance comptable. Deux aspects principaux doivent être examinés :

A. Les dommages générés par l’exploitation du gaz de schiste nécessiteront des réparations. Qui dit réparation, dit transformation. Et voilà toute re-transformation nécessitera de l’énergie. On citera ici comme exemple, le fait que dans des régions entières, les compagnies gazières doivent venir livrer de l’eau potable aux habitants qui disposent pourtant de puits et autres forages, mais dont l’eau est devenue impropre à la consommation. Sur le long terme, j’estime plus que probable que l’énergie récupérée lors de l’exploitation sera reperdue dans de telles nécessités de réparation.

B. En ce qui me concerne, je suis hautement favorable à l’indépendance énergétique et je prépare un post sur cette question exclusive. Mais alors, pourrait-on faire autrement? OUI et encore OUI! Notre pays regorge de sources d’énergie les plus variées qui peuvent très bien se combiner entre elles pour obtenir un pays complètement autonome et renouvelable. La base hydraulique installée couvre environ 60% de nos besoins en électricité. Il sera difficile de réaliser encore beaucoup de grands barrages, mais il existe une ressource extrêmement importante via de l’hydraulique souterrain. Le photovoltaïque pourrait, à terme, nous assurer à lui seul 50% et plus de la consommation électrique du pays. Il suffirait de mettre en place une politique volontariste à ce sujet. Le solaire thermique peut diminuer nos besoins en chauffage d’environ 50%. La génération de biogaz ainsi que d’autres utilisations de la biomasse offrent un gisement considérable, d’un ordre de grandeur de 20 à 30% des besoins du pays. Et puis bien sûr, il y a l’éolien. Géré de manière responsable, notamment en se tenant à une distance suffisante des habitations, il y a de nouveau ici une opportunité équivalente à une tranche de nucléaire moderne. Et au final, cerise sur le gâteau, l’efficience énergétique devrait nous permettre d’économiser facilement 30% de notre consommation totale sans perte de prestation (certains auteurs vont jusqu’à 50%, pour ma part je considère plus conservateur d’en rester à un raisonnable 30%). OUI à une vraie indépendance énergétique, pas un simulacre qui nous laissera dans une situation pire qu’initialement lorsque les réserves convoitées se tariront. A ce sujet, on peut signaler que de nombreux scientifiques jugent les réserves estimées comme exagérées avec à la clef de potentielles grosses désillusions.

Techniques d’extraction sûres??

Grotesque!! Je pourrais bien sûr vous décrire par le menu tout la procédure de la fracturation hydraulique avec les quantités monstrueuses d’eau gaspillée, la cohorte de produits chimiques tous plus nocifs les uns que les autres injectés dans le sous-sol, les boues radioactives ressortant du puits avec le gaz,  et ainsi de suite; mais je ferai beaucoup plus simple par une simple démonstration logique. Si cette technologie était sûre comme prétendument, au grand jamais les compagnies pétrolières n’investiraient tout ce qu’elles investissent pour trouver de toute urgence une technique alternative!

Pour ceux qui souhaiteraient étudier le processus plus en détails, je vous propose le rapport sur les gaz et huiles de schiste établi à l’attention de l’assemblée nationale française sous http://www.assemblee-nationale.fr/13/rap-info/i3517.asp cela vous donnera une bonne première idée.

Sur un autre plan, il faut insister sur le fait que la question de la sécurité ne s’arrête pas à la vie du puits en exploitation, mais que le sous-sol rendu ainsi “instable” ou “poreux” reste un challenge pour un nombre d’années totalement inconnu. Le recul sur la filière est actuellement presque inexistant. Dans mon post précédent je mentionne le rapport de la Duke University qui établit clairement l’existence d’une contamination. SI vous cherchez sur Internet, vous verrez que cette université avait publié de très nombreux rapports par le passé, tous éminemment favorables à la filière gaz de schiste. C’est donc bien le temps écoulé qui a fait ressortir le problème.

Non, cette technologie n’est pas sûre dans l’état actuel de la technique, et très vraisemblablement elle ne peut pas l’être pour une raison fondamentale liée au fait que déstabiliser un sous-sol stable depuis des millions d’années implique des conséquences allant au delà de notre capacité de contrôle.

Au final, et indépendamment des points évoqués ci-dessus, rechercher à tout prix du fossile et encore du fossile, équivaut à nier la réalité et la gravité du réchauffement climatique. Pour vous donner une idée de la question allez sur le site de l’Agence Internationale de l’Énergie et téléchargez le dernier rapport sur l’évolution prévisible du climat : http://www.iea.org/publications/freepublications/publication/name,38764,en.html. Sur ce, nous avons réunis nos forces avec mon fils pour essayer de vous résumer le devenir du dernier climato-sceptique :

Si vous ne voulez pas le suivre sur son chemin infernal, ne lui laissez pas le pouvoir !!!!

Laurent-David JOSPIN