Big pharma : pour clarifier quelques malentendus

Le présent post est une extension non initialement prévue à la série santé (ici) et complète l’article sur la relation malsaine au profit des grandes pharmas (ici).

Notre article commun avec Blaise Courvoisier qui questionnait sur la légitimité des méthodes employées pour la recherche de profit par les grandes pharmas semble avoir été mal compris par une partie de nos lecteurs.

Deux principales incompréhensions semblent avoir accaparé la majorité des discussions ayant suivi, soit a. le fait que nous aurions préconisé de renoncer à tout médicament, et b. que nous nous opposions aux vaccins.

Il s’agit dans les deux cas d’une lecture superficielle manifestement influencée par une forte émotionnalité avec une tendance du style « si vous n’êtes pas à 100 % avec nous , alors vous êtes contre nous ».

Cette compréhension erronée nous attriste beaucoup, car justement, notre message se voulait dans la nuance. Affirmer qu’il y a sur-consommation ne veut surtout pas dire qu’il ne faut plus rien accepter du tout.

Laurent-David aimerait rappeler ici cette maxime pleine de sagesse et pourtant si souvent oubliée : « Quand tous pensent la même chose, alors plus personne ne pense ».

Sur le thème de la surconsommation générale de médicaments

Nous pourrions bien sûr nous répéter tout en essayant de détailler plus notre propos, mais au final il y a plus simple et surtout plus tranchant. Il se trouve que des médecins de référence ont défendu des points de vue extrêmement proches du notre et nous allons donc rapidement en passer en revue quelqu’uns parmi les plus significatifs :

Dr. Richard J. Roberts, Prix Nobel de médecine 1993 : « Les médicaments qui guérissent complètement ne sont pas rentables » [1].

Et bien voilà une affirmation encore bien plus violente que ce que nous nous sommes permis d’avancer, provenant d’un prix Nobel en médecine, permettez-nous de dire que c’est de la dynamite à l’état pur (sans jeu de mot avec le prix Nobel!).

Prenez donc le temps de lire l’interview, cela en vaut vraiment la peine. L’accusation dépasse largement en intensité tout ce que l’on imaginerait d’une telle personne, citation : « Because drug companies often are not as interested in healing you as in getting your money, so that investigation, suddenly, is diverted to the discovery of drugs that do not heal completely, but chronify the disease and make you experience an improvement that disappears when you stop taking the drug. ». Soit en traduction libre : « Les entreprises pharmaceutiques sont fréquemment plus intéressées à prendre votre argent plutôt que vous guérir. Ainsi, la recherche est subitement détournée vers des médicaments qui ne vous guérissent pas complètement mais font évoluer la pathologie vers un mal chronique, conduisant à ce que vous ressentiez une amélioration lorsque vous prenez le médicament, et qui disparaît lorsque vous cessez de le prendre. »

9097506.imageC’est manifestement à juste titre qu’une partie grandissante de la population se sent dans la peau d’une vache à traire, source : RTS, “Des centaines de Genevois dans la rue contre la hausse des primes maladies”

Dr. Aseem Malhotra cardiologue NHS (National Health Service) , Sir Richard Thompson ancien Président du Royal College of Physicians et médecin traitant personnel de la Reine d’Angleterre pendant 21 années, ainsi que 4 autres : « La rapacité des grandes pharmas tue des dizaines de milliers de personnes à travers le monde : Les patients sont sur-médicamentés et fréquemment traités avec des médicaments très rentables mais offrant peu de bénéfice thérapeutique prouvé »[2a et 2b].

export mail onlineSir Richard Thompson et le Dr. Aseem Malhotra, source Mail Online

Sur ce 2ème exemple, encore plus dur, nous vous proposons deux liens mais une recherche avec les mots clefs du titre vous permettront d’approfondir encore cet aspect.

Si vous ne deviez retenir qu’une information, nous vous proposerions la conclusion du Dr. Malhotra à la fin de l’article du Dailymail : “For the sake of our future health and the sustainability of the NHS it’s time for real collective action against ‘too much medicine’.“, soit en traduction libre « Pour la sauvegarde de notre santé future et la durabilité de notre système de santé, il est grand temps d’agir de manière groupée contre les excès médicaux ».

Et si vous doutez encore de l’utilité de lire ces deux articles, voici ce que nous dit The Independent : “Pharmaceutical companies cause doctors to receive biased information about drugs ‘costing hundreds of thousands of lives’”, soit en traduction libre « Les entreprises pharmaceutiques se sont organisées pour que les médecins reçoivent des informations biaisées sur les médicaments conduisant à des centaines de milliers de morts ».

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Ces deux articles méritent définitivement d’être lus de bout en bout. À se demander même si une traduction en français ne s’imposerait pas.

Sur le thème des vaccins

Bon là, il faut avouer que notre choix d’exemple aurait pû être plus simple. Manifestement, le simple fait de prononcer le mot “vaccins” génèrent une avalanche de réactions hyper-émotionnelles et un sain débat devient tout simplement impossible.

Laurent :

J’ai cité dans une de mes réponses sur Facebook, un autre exemple qui eut été infiniment moins sujet à controverse, à savoir le mauvaise usage des antibiotiques. Aujourd’hui cela semble trivial tellement la presse, même grand public, s’en fait l’écho [exemple : 3]. Toutefois, si l’on se donne la peine de regarder dans le rétroviseur, ne serait-ce que 20 ans en arrière : un médecin de famille qui ne prescrivait pas systématiquement des antibiotiques était considéré comme un mauvais médecin. Or cette pratique, que nous savons aujourd’hui être gravement dommageable, n’est pas apparue spontanément dans la tête de nos médecins. Dans les nombreux facteurs de pression responsables de ce comportement, on trouve justement ces fameux visiteurs médicaux n’ayant qu’un seul but pousser à la consommation et donc pousser à la prescription.

Cette parenthèse faite, nous n’avons pas dit qu’il fallait renoncer aux vaccins, mais que la politique de “big pharma” cherchant à imposer une obligation vaccinale maximale par la force n’était simplement pas admissible. Les droits de l’Homme étendus dans leur variante des droits des patients stipulent de manière très claire qu’au grand jamais qu’un traitement thérapeutique quel qu’il soit ne peut être imposé contre la volonté du patient, et que par ailleurs, le dit patient possède le droit inaliénable d’être informé sans aucune réticence des risques et bénéfices d’un traitement donné afin qu’il puisse prendre sa décision en pleine connaissance / conscience.

La nouvelle loi française sur la politique vaccinale des jeunes enfants ne remplit pas ces critères. Elle a été imposée par la force du lobby pharmaceutique pour des questions bassement financières, ce qui ne veut toujours pas dire qu’il faille dire systématiquement non aux vaccins. Simplement le choix doit rester un choix.

Certains des commentaires laissés sur la page Facebook soutenaient une position extrêmement dogmatique pro-vaccin et sans aucune nuance. Pour la bonne forme et redonner un peu d’équilibre au débat, j’aimerais attirer l’attention de nos lecteurs sur les publications suivantes :

 A. La compilation faite par Lorenzo Accera en 2001/2002 sur un gros millier de publications sur des complications ou échecs vaccinaux, ici. À noter qu’en 2011, des américains ont voulu contredire cette compilation en réalisant une autre compilation d’études prouvant elles que les accidents sont rares, puis en 2016 un certain Jeff Prager a réalisé une nouvelle compilation doublée d’une étude statistique sur la période 1915 à 2015 qui elle tendrait à prouver que les accidents sont beaucoup plus fréquents qu’admis par l’industrie. Cette dernière synthèse fait plus de 1000 pages et se réfère aux données statistiques des USA.

B. Beaucoup plus lisible (seulement l’équivalent d’une trentaine de page, y compris le débat ayant suivi dans la partie commentaire!), le site ChildHealthSafety a publié une étude comparative fouillée sur l’évolution des taux de mortalité liés à toute une série de pathologies diverses avant et après introduction des vaccins relatifs, voir pas de vaccins du tout pour certaines. Je n’ai pas vérifié personnellement la/les source(s) des données, mais elle semble difficilement contestable. Cette étude a manifestement énervé l’industrie aux USA qui s’est évertuée à la décrédibiliser et même de manière assez maladroite. Les premières contestations publiées sur le site même dans la partie commentaire sont toutes répondues de manière très claire. Au final, il semblerait qu’il existerait aux USA/Canada de nombreux témoignages de médecins ayant révisé leurs positions sur la politique vaccinale nord-américaine suite à cette étude.
PDF (résumé sans la partie commentaires) ici, lien original ici.

C. Nous avons aussi eu des commentaires sur la relation vaccin sur l’hépatite et la sclérose en plaque, alors là c’est tout simple et désolé pour ceux à qui cela ne plairait pas, les tribunaux ont admis maintenant à plusieurs reprises la très haute vraisemblance de la cause à l’effet (deux exemples) :

Arrêt de la cour Européenne de Justice du 21 juin 2017 dans l’affaire C-621-15, communiqué de presse ici https://curia.europa.eu/jcms/upload/docs/application/pdf/2017-06/cp170066fr.pdf ,

Cour Administrative d’Appel de Nancy: 2,4 millions d’euros d’indemnisation pour une sclérose en plaques post-vaccinale, texte du jugement ici :https://www.legifrance.gouv.fr/affichJuriAdmin.do?idTexte=CETATEXT000029040513

D. Et enfin pour faire plus court et plus proche de chez nous, un article intéressant paru dans Migros Magazine, dans lequel le Dr. Jean-Paul Ecklin défend un point de vue assez critique sur la vaccination systématique contre la rougeole. Je citerai une seule phrase de l’article (en espérant que vous preniez quand même le temps de le lire) : « Nous ne sommes pas des anti-vaccinalistes, mais des médecins favorables à la réflexion critique, nuancée et indépendante sur la question des vaccins. Encore un tabou en médecine. »[4]

En espérant avoir permis une ouverture d’esprit d’un public le plus large possible et contribué ainsi à un débat sans tabou et surtout sans à priori.

Rédigé par Laurent-David Jospin, relecture par Blaise Courvoisier

[1] : “The Drugs that completely cure are not profitable”, Interview with Dr. Richard J. Roberts, Nobel Prize in Medicine 1993, lien en anglais ici, original en espagnol ici

[2a] : DailyMail MailOnline, “EXCLUSIVE: How Big Pharma greed is killing tens of thousands around the world: Patients are over-medicated and often given profitable drugs with ‘little proven benefits,’ leading doctors warn”, Anna Hodgekiss et Ben Spencer, 23 février 2016, lien ici

[2b] : The Independent, “Pharmaceutical companies cause doctors to receive biased information about drugs ‘costing hundreds of thousands of lives”, Loulla-Mae Eleftheriou-Smith, 24 février 2016, lien ici

[3] : RTS, “Le phénomène de résistance aux antibiotiques inquiète en Suisse”, Emission On en parle ,10 novembre 2017, lien ici

[4] : Migros Magazine online : https://www.migrosmagazine.ch/cette-semaine-la-rougeole-divise-le-corps-medical

One thought on “Big pharma : pour clarifier quelques malentendus

  1. Michel Berrino

    Merci Laurent et Blaise très intéressant, le business santé existe bel et bien, à telle enseigne que les maladies orphelines par exemple ne sont jamais traitées ou presque…. bonne journée

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