Category Archives: Politique Générale

Une fois pour toute, non le nucléaire ne peut pas être une solution!

Les débats liés à la votation sur l’éolien dans le canton de Neuchâtel ont fait ressortir du bois quelques personnes voulant, ouvertement ou sournoisement, un retournement de la décision de sortir du nucléaire avec presque toujours les trois mêmes arguments :
– Les renouvelables sont trop chers
– On n’arrive pas à gérer l’intermittence
– Il n’y aura pas assez d’énergie pour tous

De manière regrettable, ces personnes refusent, à l’encontre du bon sens, cette sortie du nucléaire et cherchent, en torpillant toute autre alternative (le solaire hier, l’éolien aujourd’hui, et qui sait la bio-masse demain?), à nous mettre dans une impasse énergétique pour contraindre la population à un choix qu’elle ne souhaite manifestement pas.

Mes convictions sont connues et je ne céderai pas à la tentation de refaire tout le débat pro et anti nucléaire.

Un seul argument, indépendamment des questions des déchets laissés aux générations futures, du démontage impossible des centrales en fin de vie, des coûts sous-évalués, des problèmes sanitaires, …. permet de démontrer une fois pour toute que le nucléaire ne nous garantit certainement pas, d’avoir assez d’énergie, et encore moins de l’avoir bon marché.

Nous avons actuellement sur la planète 435 centrales nucléaires en fonctionnement ainsi que 72 en construction effective. Il y a également un certain nombre de projets à des stades plus ou moins avancés. La notion même de projet ne permet pas d’en déterminer le nombre exact, toutefois les experts de la branche reconnaissent qu’environ 100 projets sont crédibles et soutenus par une volonté réelle d’aboutir à relativement court terme. Théoriquement, nous pourrions donc atteindre 600 réacteurs nucléaires sur la planète. (note : les chiffres ci-dessus sont vrais à la date de rédaction, pour avoir des chiffres exacts lors de votre lecture, il faut consulter les sources mentionnées en fin de post).

En 2012, 54’610 tonnes d’uranium ont été produites, et très étrangement presque 70’000 tonnes consommées. Cette anomalie dure, de plus, depuis de très nombreuses années (au minimum 2005 et très vraisemblablement depuis 1991 selon certaines sources). Bien évidement, la différence est comblée par l’utilisation de stocks disponibles. Et c’est là que la chose se corse, car on parle ici de stocks militaires déclassifiés relativement limités. Un stock aussi profond soit-il,  ne pourra jamais rivaliser avec une corne d’abondance, et un jour, “l’entrepôt” sera vide.

Or ce jour est déjà là, depuis ce printemps 2014, dans le cadre de l’accord UHE-UFE, autrement appelé mégatonne contre mégawatt, sur 20 ans signé en 1994 entre les USA et la Russie, cette dernière a cessé d’envoyer de l’uranium à usage civil provenant du recyclage de son uranium militaire excédentaire.

En imaginant donc que nous montions à ces 600 réacteurs nucléaires au plan mondial, nous aurions une consommation annuelle approchant 100’000 tonnes (prenant en compte que la mise en première charge d’un réacteur nucléaire est 3 fois plus importante que la consommation annuelle, et également que les nouveaux réacteurs potentiels auraient des puissances moyennes supérieures à celles du parc installé).

On en vient donc rapidement à la seule vraie question : sera-t-il possible de doubler la production mondiale pour satisfaire la demande dans un délai de quelques courtes années? Je me permet d’en douter fortement pour ne pas dire plus.

Les pro-nucléaires ont beau jeu de nous dire qu’il y a encore de l’uranium pour x centaines d’années sur la planète. La réalité de base est tout autre, car personne ne veut une mine chez soi! Un regard sur le cas d’Arlit au Nigeria donne un éclairage particulièrement brutal sur la question. Les poussières radioactives dégagées par l’exploitation de la mine tuent (par des cancers des voies aériennes prioritairement) à des dizaines si ce n’est des centaines de km à la ronde. En réalité l’exploitation d’Arlit est imposée aux populations locales par un pouvoir central tout sauf démocratique. Sans cette contrainte, vous pouvez très certainement oublier cette mine faisant partie des plus productives au monde.

D’autres aspects rentrent en ligne de compte, comme par exemple le taux de concentration dans la source considérée. On nous dit souvent qu’il suffit de s’adresser aux vendeurs de phosphates, car il y a de l’uranium dans cette ressource hautement exploitée actuellement pour les besoins de l’agriculture intensive. Oui, mais voilà, en imposant à l’ensemble des producteurs mondiaux de phosphate les équipements nécessaires pour concentrer cet uranium (avec pas mal de difficultés et coûts à la clef), on arrive péniblement à 3’100 tonnes par année, soit même pas 10% de la quantité supplémentaire recherchée.

Ces problèmes de concentration touchent aussi des mines classiques potentielles qui ne sont absolument pas rentables compte tenu du besoin énorme en énergie pour réaliser une concentration à 5% d’U235 nécessaire pour la plupart des réacteurs civils.

En conclusion, la loi de l’offre et la demande s’appliquant avec force ici conduira tout naturellement à une explosion des coûts du “carburant” uranium, qui compte aujourd’hui pour environ 5% du coût officiel du kWh généré par une centrale nucléaire. Comme une centrale existante représente en premier lieu un montant initial d’investissement bloqué colossal (ordre de grandeur 6 mia d’EUR et + pour les EPR actuellement en construction), l’exploitant sera prêt à payer son combustible presque n’importe quel prix, pourvu qu’il ne soit pas obligé de mettre à l’arrêt son équipement.

Si l’on prend en compte un coût potentiel de l’uranium à 1000 US$/kg au lieu des 40 actuels, et sans même inclure les coûts liés à une réparation du problème sanitaire généré sur les lieux de production, on peut s’attendre jusqu’à un triplement du coût de l’énergie produite.

On constate dès lors clairement que, dans les années à venir, le nucléaire ne nous garantit ni de l’énergie en quantité ni même un prix bas.

Les personnes croyant qu’en sabotant tout ce qu’elles peuvent du coté des ENR, elles permettront un retour en force du nucléaire, sont tout simplement de dangereux irresponsables!

Le peuple neuchâtelois a la chance de pouvoir montrer la voie, je veux croire qu’il saura prendre cette opportunité. Nous avons urgemment besoin des 20% que les éoliennes peuvent nous offrir pour aller en direction de notre autonomie énergétique. Non à l’initiative “Avenir des crêtes”, Oui au contre-projet du Grand Conseil!

Laurent David Jospin

Sources :
Agence internationale de l’énergie nucléaire, www.iaea.org/pris/
Commissariat à l’Energie Atomique, http://www.cea.fr/content/download/4853/28969/file/clefs55_p017_022_Capus.pdf
International Physicians for the Prevention of Nuclear War, http://www.ippnw-students.org/Japan/Arlit.pdf

La confiance ne se décrète pas, elle se mérite jour après jour!

Une petite pause dans notre série sur l’équation de Kaya, dictée par l’actualité brûlante, cela va de soi! La conclusion de notre série Kaya est agendée pour le milieu de la semaine prochaine, sauf imprévu.

La grande majorité de nos contemporains n’ont pas eu l’occasion d’étudier la théorie de la création monétaire, et c’est bien dommage.

On oublie en effet trop souvent que nos monnaies actuelles ne sont que fiduciaires et qu’elles ne doivent leur existence que grâce à la confiance que nous plaçons en elles. Le citoyen lambda croit souvent qu’une réserve d’or existe quelque part qui couvre l’argent en circulation. Or, c’est majoritairement faux!

Pour mettre juste un rappel de clarification sur la table, en 2012 l’ensemble des numéraires en circulation avoisinait les 56 milliards et la BNS possède environ 1000 tonnes d’or soit au cours actuel 35 milliards. Si l’on élargit le regard à, non plus seulement les numéraires, mais toutes les formes de monnaie (dépôts, comptes bancaires, emprunts, …), on arrive à un total de 813 milliards pour des actifs de la BNS (Banque Nationale Suisse) à hauteur de globalement 450 milliards. La plus grande partie de ces actifs sont d’ailleurs des réserves de change (euro, US$, …) qui sont elles-mêmes des monnaies fiduciaires donc également basées sur la confiance (et accessoirement nettement moins solides que notre bon vieux franc suisse).

L’ensemble de la construction tient, car nous avons confiance! C’est le principe même de la monnaie fiduciaire. C’est pourquoi le législateur s’est efforcé de créer une entité censée garantir la stabilité de la monnaie et totalement à l’abri de toute influence politique, soit la BNS.

Lorsque certaines autorités cantonales se lamentent de ne pas pouvoir toucher ce qu’elles avaient espéré comme dividende de la dite BNS, indirectement elles exercent une pression qui contrevient à la règle de l’indépendance.

Il serait bon, à mon avis, d’introduire une règle dans les finances cantonales interdisant de budgéter quelques revenus que ce soit provenant de dividende de la BNS premièrement, et deuxièmement obligeant à utiliser tout versement de cette source pour le désendettement dans le cas où le canton présenterait une dette dans son bilan. Ce n’est que libéré de toute dette, que le montant pourrait être utilisé librement.

Une telle solution présenterait comme avantage, en plus de libérer la BNS de toute pression malvenue, de gérer les dividendes de la BNS au bénéfice de plusieurs générations et non pas seulement de celle qui reçoit le versement.

Laurent Jospin

Source : Office Fédéral de la Statistique, “Politique monétaire – Données, indicateurs Masses monétaires M1, M2 et M3 – Valeur annuelle”

Une équation prédit l’enfer sur terre? Et si le réchauffement climatique n’existait pas?

Ce post est la suite de notre série sur l’équation de Kaya. Nous prolongeons ici la réflexion entamée dans le post une équation prédit l’enfer sur terre? Comment changer?  par la vision contrarienne imaginant que le réchauffement climatique n’existe tout simplement pas ou ne pose aucun problème réel.

Peu importe que cette posture soit consciente et explicite, ou implicite de par notre attitude de laisser aller, cela ne change rien à la réflexion qui suit.

Il va de soi que je ne crois pas une seconde que nous puissions réellement faire l’impasse sur le réchauffement climatique, mais encore une fois le résultat de la réflexion qui suit pourrait surprendre plus d’un.

L’augmentation de CO2 dans l’atmosphère provient en premier lieu de la combustion soit de tout type combustible fossile, soit de bois dans une quantité dépassant celle générée par la croissance naturelle de la forêt (en terme exact, on dit que le prélèvement dépasse le taux de renouvellement).

Bref, l’augmentation du CO2 provient de la consommation d’un non-renouvelable, car même le bois de la forêt cesse d’être une ressource renouvelable si l’on prélève plus que le taux de croissance naturelle. Donc, si le stock est non renouvelable, il est par définition fini.

Dès lors, et c’est là la grande surprise, même si vous êtes climato-sceptique et que vous ne souhaitez absolument pas vous soucier du taux de vos émissions de CO2, un jour vous les verrez diminuer, que vous le vouliez ou non, et ce précisément lorsque les stocks disponibles de fossile ne suffiront plus pour répondre à la demande dans la même quantité que précédemment.

Très concrètement, et pour prendre l’exemple du pétrole, le graphique présente à priori un aspect dit de “courbe en cloche”, comme celui-ci qui montre que la production augmente de manière quasi continue puis passe par un maximum pour entamer une descente inexorable (note : les courbes des découvertes et de production effective ont exactement le même aspect mis à part un décalage temporel d’environ 30 ans) :

La date exacte du “peak oil” ainsi que celles des autres échéances sont sujets à débat, mais il demeure admis dans les milieux les plus compétents que ces échéances ne pourront être évitées et que pour certaines la date butoir est relativement proche (de l’ordre d’une génération). Les dernières prévisions à ce sujet de l’AIE (Agence Internationale de l’Energie) sont inquiétantes pour nos économies. Il en ressort notamment que les réserves dans les schistes ont été sur-évaluées (pressenti dans le post du 2 juillet 2013 Gaz de schiste et ça continue…  vers la fin du paragraphe sur l’indépendance énergétique) et que l’augmentation de la consommation effective fortement soutenue par une demande non encore satisfaite conduit à un épuisement plus rapide que prévu aussi bien du stock que de la capacité de production instantanée. En clair, on peut s’attendre à ce que dès 2025 on vive dans un monde sous-doté en pétrole (au vu des souhaits actuels de l’économie et non des considérations climatiques naturellement). La vision alternative consiste à dire que la courbe est lissée par l’addition de nombreuses courbes régionales ayant toutes un sommet décalé. On parle ici d’un plateau de production  plutôt que d’un sommet clairement défini. Monsieur Sadad Al-Husseini ancien responsable de l’exploration de la compagnie nationale saoudienne partisan d’une telle vision estime que le plateau, agrémenté de quelques ondulations non significatives, a démarré aux alentours de 2005 et perdurera jusque vers 2020 suivie d’une forte diminution de la production.

Vous allez me dire, mais c’est très bien alors, car de cette façon tôt ou tard, nous allons arrêter d’émettre du CO2 et tout le monde sera content. L’erreur se situe ici, car si la baisse provient d’une baisse de la disponibilité en énergie et non d’une baisse de la quantité de CO2 par unité d’énergie, les autres facteurs ne restent pas silencieux, bien au contraire.

En premier lieu, le facteur Etot/PIB, représentant peu ou prou la capacité d’innovation, aura tendance à se figer, car en période de pénurie de ressources le peu disponible sera affecté prioritairement à la production de biens essentiels plutôt qu’à la recherche. Tiens, comme la nourriture par exemple, dont on oublie trop souvent qu’elle dépend aujourd’hui presque totalement de la disponibilité d’énergie bon marché.

Dans une phase initiale, le facteur PIB/POP va diminuer car la population restera stable, mais le PIB lui diminuera inexorablement en suivant la courbe descendante des ressources fossiles. L’environnement économique correspondra alors à une récession majeure sans espoir de relance puisque notre moteur essentiel réel, soit l’énergie abondante, aura de plus en plus tendance à se raréfier.

Assez vite toutefois, des émeutes massives puis des guerres civiles éclateront. Rappelez-vous c’était le peuple affamé qui avait pris la Bastille. A ce stade, l’effondrement structurel de nos sociétés ne sera plus qu’une question d’années. L’histoire nous montre comment des grands empires, imaginés indestructibles, se sont quasiment auto-anéantis en l’espace d’une génération. Et donc le facteur POP sera amené au tapis par des famines, épidémies et autres guerres. Rappelez-vous dans la première partie de la démonstration, je vous parlais de “l’option génocide”, et bien si nous n’y prenons pas sérieusement garde, le ou plutôt les génocides viendront spontanément sans même avoir eu besoin d’un carton d’invitation. On ne parle pas ici d’un conflit majeur opposant deux blocs se comportant de manière dite “civilisée” (soit en respectant plus ou moins les lois de la guerre), mais d’une multitude de conflits officiels ou non entre des populations désespérées luttant pour leur survie au jour le jour, comme par exemple la guerre en Irak dont la seule vraie origine est le désir de l’Oncle Sam de contrôler une ressource qu’il jugeait stratégique. Si vous pensez que je noircis le tableau, permettez-moi de vous détromper, car, mis à part le cas de l’Irak, les prémices sont déjà visibles aujourd’hui! Ce n’est pas moi qui le dis, mais Monsieur Ban Ki Moon secrétaire général des Nations Unies en personne. Bien évidemment, cela touche les populations déjà les plus fragilisées qui soient, et dans des régions qui nous semblent tellement mais alors tellement lointaines!!! Mais ne vous y trompez pas, ce que vous pouvez voir là-bas, nous pend assez également au bout du nez simplement avec un décalage temporel plus ou moins important selon les cas!

Faux me direz-vous, car il sera alors temps de passer aux énergies renouvelables. J’ai effectivement entendu ce discours dans la bouche d’un ami climato-sceptique. Ce raisonnement ne tient malheureusement pas la route, car lorsque la courbe descendante aura été entamée, nous n’aurons alors plus les moyens de réaliser la transition énergétique. Cela découle notamment des facteurs Etot/PIB et PIB/POP qui seront amenés au tapis par le manque d’énergie et ne permettront plus d’envisager autres choses que de la simple survie. Passer aux énergies renouvelables représente dans le court terme un effort ou autrement dit un investissement, et il faut être en mesure de le faire, aussi bien en termes économiques, sociaux, que de ressources à disposition..

Le DOE (Department of Energy) américain ne dit pas autre chose quand il annonce qu’il faut compter au minimum 20 années pour se préparer au peak oil, et qu’il invite le gouvernement américain à agir de toute urgence. Citation : ” sans une atténuation appropriée, les coûts économiques, sociaux et politiques seront sans précédent“. Si on quitte mentalement le niveau “pays” et qu’on monte au niveau “planète”, il est manifeste que ces 20 années ne seront pas suffisantes.

Nous en resterons là comme conclusion de cette analyse climato-sceptique en nous permettant de rappeler que toute cette réflexion a été menée en imaginant que le réchauffement climatique ne pose aucun problème et que donc il ne se rajoute pas des complications supplémentaires générées par exemple par des dommages insupportables de très grande ampleur.

Dans notre prochain post nous conclurons ces discussions sur l’équation de Kaya en regardant si une réconciliation des deux points de vue climato-sceptiques contre “climato-convaincus” n’est pas possible.

Laurent JOSPIN

Sources :
US Department of Energy (DOE), “peaking of World Oil Production : Impacts, Mitigation, and Risk Management
Journal Le Monde 16.11.2007, “la production d’or noir n’augmentera plus, selon l’ex n°2 du pétrole saoudien
Organisation de Coopération et de Développement Économique (OCDE), mars 2013, “Le baril de pétrole à 270 US$ en 2020
Annuaire suisse de politique de développement, Claude Serfati, 2006, “Économies de guerre et ressources naturelles : les visages de la mondialisation
Le Grand Soir, 28 mars 2006, Michael Klare, “Les prochaines guerres auront pour enjeu les ressources naturelles
Et avec la collaboration d’Amanda pour le dessin

une équation prédit l’enfer sur terre? Comment changer?

Ce post est  la suite notre série sur l’équation de Kaya “Une équation prédit l’enfer sur terre, mais que dit-elle au juste?“.

Aujourd’hui, nous cherchons à répondre à la question suivante : Si vous n’appartenez pas à la catégorie des climato-sceptiques et que conséquemment vous souhaitez réduire les émissions carbone de l’humanité, comment allez-vous vous y prendre?

Il convient en premier lieu de déterminer votre objectif en terme quantitatif! En effet, il ne suffit pas de réduire un peu le CO2 pour avoir un effet suffisant. Les dernières prévisions des climatologues peuvent se résumer en deux points principaux. Premièrement, même si l’on stoppe toute émission de CO2, le réchauffement va se poursuivre encore plusieurs centaines d’années avant que l’environnement ait pu re-capturer tout le carbone en excès. Deuxièmement, le réchauffement apparent récent est anormalement faible, toute une série de facteurs se sont conjugués (dont le cycle solaire faible dont je vous parlais dans mon post du 19 juillet J’enlève et il y a plus ???), il est impossible de prédire précisément quand ce freinage va disparaître, mais deux choses demeurent, soit que l’on parle ici de dizaines d’années tout au plus, et qu’une fois le “frein” enlevé, nous devons nous attendre à un véritable emballement.

Donc, si nous voulons rester cohérents, il ne s’agit pas de diminuer quelque peu le côté CO2 de l’équation, mais bien de l’approcher le plus possible de zéro (oui 0=0!). Et pour mettre la formule à zéro qui est une suite de multiplication, il “suffit” de tirer un facteur vers zéro sans qu’un autre facteur diverge vers l’infini.

Dans une approche plus modérée, le consensus des climatologues décrit une nécessité de diminuer d’au minimum un facteur 3 nos émissions d’ici 2050. Il semble utile ici de rappeler que ce consensus date d’avant l’étude de l’EPFZ conjointe avec l’université de Princeton et que régulièrement les prévisions sont révisées vers le pire. La réflexion qui suit sera imaginée sur soit aller franchement vers le zéro ou alternativement diviser par 5 (substitution au facteur 3 ci-avant et déterminé insuffisant) nos émissions totales, ce qui, dans l’état de la technique et de l’économie mondiale, revient pratiquement au même.

Pour une fois, changeons nos habitudes et lisons de droite à gauche l’autre côté de l’équation. Donc si nous voulons faire tendre vers 0 le terme CO2, nous avons comme première possibilité de faire tendre vers 0 également la population mondiale. Je ne sais pas pour vous, mais pour moi cette perspective n’est pas du tout réjouissante, mais alors pas du tout.

Ils sont fous ces humains, aurait dit Obélix!Ils sont fous ces humains, aurait dit Obélix!

En poussant un peu plus la réflexion sur cet aspect précis, nous avons deux sous-options à disposition. On peut envisager d’introduire un contrôle strict des naissances pour réduire la population en quelques générations avec à la clef une conséquence vraisemblablement insupportable sur la pyramide des âges et donc notre système de prévoyance vieillesse, sans même parler des horreurs générées par un tel contrôle politisé des naissances.

L’autre variante consisterait à s’organiser un petit génocide de derrière les fagots pour ridiculiser Hitler, Staline, Pol Pot, et quelques autres abominables que j’oublie, une bonne fois pour toute. Cette solution présenterait un avantage d’efficacité évident, mais encore une fois je ferai tout ce qui est dans la mesure de mes modestes moyens pour éviter l’ouverture des portes de l’enfer. Je sais bien qu’envisager une telle option n’est pas drôle du tout, et je m’excuse auprès des lecteurs choqués, mais vous comprendrez en lisant la réflexion symétrique pour les climato-sceptiques que cela n’est pas anodin du tout.

En clair, il nous faut admettre que la population mondiale ne va pas baisser. Au contraire les prévisions des démographes nous annonçant une population mondiale en croissance jusque vers 10 milliards d’individus environ avant stabilisation doivent être prises en compte dans notre équation. Le corollaire est que comme résultat intermédiaire, nous n’avons pas une baisse du total de la formule et donc du C02,  mais au contraire une hausse d’environ 40% (nouveau CO2 = ancien CO2 divisé par 7 milliard d’habitants mais multiplié par 10 milliards de nouveaux habitants 7 + 40% de 7 ==> 10).

Passons maintenant au terme PIB/POP. Pour mettre ce terme à zéro, le PIB doit tendre vers zéro également. Donc en clair et français, le niveau de vie moyen de la planète devrait s’effondrer pour s’approcher autant que possible du “à peu près rien”. Soyons clairs, personne ne souhaite cela, et même si un “despote éclairé” cherchait à imposer une telle évolution, tout le monde sait que cela générerait des émeutes puis une guerre civile totale.

A l’heure actuelle, les économistes, de gauche comme de droite, affirment tous qu’une croissance est nécessaire pour maintenir nos équilibres sociétaux.  A nouveau, nous n’avons rien réussi à perdre mais sommes de nouveau en train de “gagner”, ce qui pour une fois ne nous arrange pas du tout.

Ensuite, nous pouvons travailler sur la quantité d’énergie nécessaire pour générer chaque unité de PIB. Sur cet aspect précis, il y a matière à gagner quelque chose, cela s’appelle l’efficience énergétique. Malheureusement, il y a une limite à ce qui est possible ici. L’expérience des années passées nous montre qu’il a été possible d’obtenir une réduction d’environ 30% en à peu près 40 ans.

Nous pouvons essayer une prévision très optimiste, mais alors vraiment très optimiste, en disant que nous allons réussir l’exploit de diminuer ce facteur du même ordre de grandeur que l’évolution spécifique du passage des ampoules à filament à celles à basse consommation soit un facteur 5 en ordre de grandeur. Non seulement, cette prévision, transcrite sur l’ensemble de toute la technique, est à ce point si optimiste qu’elle en devient peu crédible, surtout si l’on prend en compte qu’usuellement les premiers gains d’efficacité sont les plus faciles à obtenir, mais quoiqu’il en soit, il se rajoute un méchant effet pervers qui va bien nous embêter.

En effet, plus une technologie devient efficiente plus elle a tendance à se démocratiser. Dès lors chaque unité individuelle consomme effectivement moins voir beaucoup moins, mais comme il y en a de plus en plus, la multiplication de l’un par l’autre ne représente pas une diminution mais une augmentation! On pourrait citer l’exemple des téléphones portables en faisant la comparaison avec la valise de 1990 contre le smartphone de 2013. La consommation doit bien avoir été divisée par un facteur 20 (à l’œil), mais comme de l’autre côté le nombre de téléphones portables a augmenté d’un facteur 1000 (au bas mot) /20 * 1000 représente toujours une consommation supplémentaire d’un facteur 50!!!

Dès lors, il est difficilement contestable que ce facteur Etot/PIB ne nous offrira aucun secours non plus, ou alors si faible qu’il en sera presque négligeable.

Au final, il nous reste donc que le facteur CO2 / Etot pour réussir à tirer l’ensemble de notre équation vers zéro. En première lecture, on ne voit pas d’impossibilité absolue à tirer rapidement en bas ce dernier facteur de notre formule. Simplement, si l’on met en relation l’importance de l’effort à fournir pour réellement limiter au moins les dégâts les plus graves, avec la réalité de l’évolution des ENR (énergies renouvelables) sur le terrain, on se rend très vite compte que nous faisons complètement fausse route à l’heure actuelle.

Si comme imaginé plus haut, nous devrions viser, en ordre de grandeur, de diviser par 5 nos émissions d’ici 50 ans maximum, et de nous approcher de zéro d’ici 2100 pour être crédible dans une démarche visant à sauver le climat de la planète voir la planète tout simplement; et comme au vu des explications données ci-dessus, il faut s’attendre à une péjoration cumulée des autres facteurs d’environ 2*, il faudrait donc, pour obtenir notre diviseur final de 5,  en réalité diminuer notre ratio carbone/kWh d’un facteur 10 d’ici 2050. En clair et français, en partant de la supposition qu’il restera quelques domaines offrant des facteurs de résistance importants pour des raisons techniques ou autres, cela signifie que nous devons planifier de passer au quasiment tout renouvelable d’ici 40 ans au maximum.

La réalité du terrain diverge malheureusement très fortement de cet objectif. Des freins immenses et de toutes natures existent encore aux renouvelables d’un côté,  de l’autre des groupes de pression cherchent, par exemple, à faire passer le gaz de schiste comme une solution pour défendre le climat (si, si !!),

Dès lors, sans une prise de conscience réelle, rapide et de grande ampleur, nous pouvons sans risque de nous tromper annoncer des catastrophes climatiques toujours plus graves avec toujours plus de morts et dévastations à la clef. Selon la banque mondiale les pertes dues aux catastrophes naturelles ont quadruplé en 30 ans, alors bien que les effets du réchauffement actuel ne sont qu’un pâle avant-goût de ce qui nous attend!

Dans notre prochain post, nous poursuivrons la réflexion en posant comme postulat que le réchauffement climatique n’existe pas ou ne représente pas un problème.

Laurent-David JOSPIN

Sources :
Science & Vie, janvier 2014 N° 1156, “on sait quand le climat basculera dans l’inconnu
Science & Vie, Décembre 2013 N° 1155, “Réchauffement, mais où est-il donc passé?
Nature Climate Change, Swiss Federal Institute of Technology Zürich + Princeton University, “continued global warming after CO2 emissions stoppage
ETHZ, 25.11.2013, Fabio Bergamin, “Underestimated future climate change?
Banque Mondiale, Novembre 2013, rapport dans le cadre de la conférence sur le climat à Varsovie.
ainsi qu’un emprunt à Astérix et les jeux olympiques dans le cadre du droit de citation

Une équation prédit l’enfer sur terre, mais que dit-elle au juste?

Ce post est une suite au post Une équation prédit l’enfer sur terre, voulez-vous jeter un coup d’oeil? (série à suivre) du 9 décembre 2013

Ceci étant rappelé, que découvrons-nous dans cette fameuse équation? Que le CO2 émis par l’humanité est égal à une multiplication de facteurs dont :

En premier lieu la quantité de CO2 par quantité d’énergie consommée. Cette valeur dépend notamment du type d’énergie mise en œuvre, le charbon représentant la source la plus émettrice, les renouvelables les sources les moins émettrices (note : le renouvelable généré à partir d’équipements fabriqués sur base d’énergie fossile contient encore du CO2 implicite de par son énergie grise, le renouvelable de deuxième cycle partant d’énergie elle-même déjà renouvelable pour la fabrication des équipements nécessaires n’en contient plus du tout.). On reste dans le très intuitif ici, plus mes sources d’énergies sont émettrices plus je vais en émettre toutes choses restant égales par ailleurs.

Symétriquement, on prend aussi en compte, la quantité d’énergie nécessaire par unité de PIB. On peut assimiler, de manière très simplifiée, le PIB total de la planète au revenu disponible à partager entre tous ses habitants. Une économie très peu efficiente va nécessiter beaucoup d’énergie pour chaque création de richesse, alors qu’à l’inverse une haute efficacité énergétique permettra de limiter ce besoin en énergie pour le même résultat final (on peut prendre comme exemple la comparaison des situations avant et après l’introduction de la redevance poids lourd, à l’initial il était fréquent que des camions réalisent des courses à vide, une fois la RPLP mise en place cette pratique avait complétement disparu alors que la quantité de marchandise transportée n’avait pas baissé).

En toute logique, il faut considérer également le rapport du PIB total à la population totale (soit plus ou moins le revenu disponible pour chaque habitant de la planète), étant donné que, toujours toutes choses restant égales par ailleurs, si le PIB par tête augmente, on obtiendra une augmentation du PIB total et donc une augmentation de la production de CO2. On peut relever ici qu’il s’agit d’une relation éminemment politique objet de tout les débats ou projet de société. Si on descend du niveau planète au niveau pays, on peut observer la très forte corrélation entre cette valeur, qui ne représente ni plus ni moins que le niveau de vie d’un pays, et l’importance des émissions de CO2 (note : la corrélation n’est évidemment pas parfaite car certains pays en phase de rattrapage polluent proportionnellement plus que leurs niveaux de vie réels car ils souffrent d’équipements désuets ou sur-utilisent des sources très polluantes comme le charbon, mais la relation reste globalement vraie et dans tous les cas vraie toutes choses restant …..).

Au final, il reste bien sûr la population totale, car plus nous sommes, plus nous aurons tendance à polluer. A nouveau toutes choses restant égales par ailleurs, plus de population doit représenter une émission totale de CO2 supérieure.

On constatera enfin, que peu ou prou, cette équation met en relation les valeurs les plus fréquemment mentionnées dans les analyses politiques, démographiques, ou encore économiques.

Tout ceci étant posé, nous attaquerons dans notre prochain post l’analyse du point de vue du “climato-convaincu” avec un post “une équation prédit l’enfer sur terre? Comment changer?“.

Laurent-David JOSPIN

Une équation prédit l’enfer sur terre, voulez-vous jeter un coup d’oeil? (série à suivre)

Bien disséquée, j’affirme que cette équation annonce potentiellement un effondrement brutal de la population et donc des milliards de morts, si les décisions nécessaires ne sont pas prises maintenant.

Le but de cette série sera de vous démontrer que peu importe que vous soyez convaincu de l’urgence d’agir contre le réchauffement climatique ou au contraire climato-sceptique, il faut dans les deux cas, de toute urgence, décarbonner notre société.

Pour que l’ensemble soit pertinent, il nous faudra descendre à un niveau de détails conduisant à ce que la longueur du message dépasse nettement ce que la forme de communication par post dans un blog autorise pour rester lisible. Tout tourne autour de notre dépendance à l’énergie, de l’impact de notre sur-consommation sur les équilibres planétaires, ainsi que des conséquences d’une baisse de la disponibilité de cette énergie même de peu d’importance.

Entrée en matière, présentation de cette fameuse équation

Pour ceux qui la connaissent, vous avez reconnu l’équation dite de Kaya, ici présentée dans sa forme simplifiée, Monsieur Yoichi Kaya étant un distingué scientifique japonais étudiant les questions énergétiques.

On peut en premier lieu s’interroger si cette formule est bien correcte mathématiquement. Sans vouloir prétendre créer un cours de mathématique, on constate néanmoins de manière instantanée que les termes suivants se simplifient

Car si je multiplie et divise par le même chiffre, je puis tout aussi bien ne rien faire mathématiquement parlant, toutefois écrire bêtement, après simplification, que

n’apporte pas grand chose mis à part que tout le monde devrait être d’accord sur le fait que la quantité de CO2 totale émise par l’humanité est égale à la quantité de C02 totale émise par l’humanité. Nous en resterons donc à la première égalité présentée, que nous savons maintenant être vraie, car elle nous permet de mettre en évidence différents facteurs clefs  influant  directement la production totale de CO2 par l’humanité et ainsi de les discuter, respectivement de clarifier dans quelle mesure nous pouvons les manipuler pour obtenir ce que nous souhaitons de l’autre coté de l’égalité.

Le fil rouge de notre discussion, au long des posts qui suivront, passera en revue chacun des facteurs constitutifs de l’équation dans une logique “nous voulons lutter contre le réchauffement climatique“, puis réalisera en réflexion miroir la dissection de l’option “le réchauffement climatique ne nous pose pas de problème particulier“. Au final, la réconciliation des deux points de vue conduira à une vraie surprise pour beaucoup.

A suivre dans un prochain post “Une équation prédit l’enfer sur terre, mais que dit-elle au juste?

Laurent-David JOSPIN

Source : Gilbert M. MASTERS & Ela P. WENDELL, Introduction to Environmental Engineering and Science (third Edition), Prentice Hall, pages 531 et ss.

Réduire les subventions aux énergies renouvelables? Très bonne idée!

Mais non, je n’ai pas tourné ma veste! Il faut juste attraper le problème par le bon bout. Un article de la Frankfurter Rundschau sous le titre Dramatisches Missverhältnis va éclairer nos lanternes.

Au niveau mondial, le subventionnement annuel des énergies fossiles vient d’atteindre 523’000’000’000 US$ (oui, bien 523 milliards soit plus de 7 fois le budget total de la Confédération Suisse), et soit surtout 6 fois plus que le montant correspondant subventionnant les énergies renouvelables.

En 2009, le G20 s’était engagé à réduire de toute urgence toutes les subventions aux énergies fossiles. De toute évidence, cette décision est restée lettre morte.

L’absurde le dispute au pathétique! Car, l’annonce de l’Agence Internationale de l’Energie tombe quasiment en même temps qu’un rapport du très respecté Fraunhofer Institut  démontrant que le solaire et l’éolien sont déjà compétitifs dès aujourd’hui et le seront encore plus à futur.

 

Pour ceux dont les bronches ne sont pas encore complètement saturées, je vous offre volontiers un peu de rab, du moment que vous le gardez chez vous, cela va de soit :

 

 

Le constat est limpide, si nous arrêtons de subventionner les énergies fossiles, le cercle vertueux des énergies renouvelables s’enclenchera de lui-même.

Par contre, je vous avoue mon inquiétude, par exemple, quant aux recherches sur l’enfouissement du CO2 ou des idées du même acabit. Les fanatiques du charbon, n’arrivant pas à imaginer faire autre chose, nous parlent du charbon “propre” via cette technologie ou d’autres. Certes, mais ils “oublient” de nous parler des coûts de l’enfouissement qui va, en ordre de grandeur, tripler le coût de l’énergie produite. Le danger se cache précisément là! Si on les laisse faire, une fois que l’argent aura été dépensé, il faudra bien le justifier en maintenant la filière coûte que coûte. Et un jour on découvrira que le subventionnement aux énergies fossiles a encore doublé, ou pire, tarissant d’autant plus les moyens à disposition pour les renouvelables.

Espérons que les citoyens de notre planète se réveillent et exigent un changement de vision de leurs diverses autorités élues! Ou alors, peut-être au contraire, qu’il ne faut plus espérer que cette prise de conscience démarre au niveau de nos élites éclairées, et que la solution passe par une prise en charge au niveau des individus se déconnectant du réseau et se rendant le plus autonome possible.

Sur le thème de l’énergie renouvelable, l’Allemagne a très souvent montré la voie au niveau mondial. Or l’on constate justement que depuis plusieurs mois tout les fournisseurs à la pointe de la branche de ce pays déplacent le centre de gravité de leurs assortiments vers l’auto-consommation. Dans ce cas, je ne pourrai pas croire au hasard!

Pas de problème, supprimons les subventions aux énergies renouvelables, mais alors en toute cohérence faisons simultanément de même avec les subventions,  apparentes ou cachées, au fossile! Ainsi du jour au lendemain, le renouvelable augmentera sa compétitivité face au fossile de plus de 400 milliards US$ par an sur le plan mondial. Croyez-moi, on verra très vite la différence!

Laurent Jospin

Source : site du Fraunhofer Institut,  ise.fraunhofer.de, “Stromgestehungskosten erneuerbare Energien Studie November 2013

C’est l’heure on ferme! Et n’oubliez pas l’addition, ni la marche en sortant!

Bien sûr que nous pouvons nous réjouir, mais il faut garder la tête froide, car les enchaînements ultérieurs seront aussi important que ….

Ah oui, dans mon excitation, j’ai oublié de vous dire de quoi je souhaitais vous parler, de la fermeture de notre antédiluvienne centrale nucléaire de Mühleberg, bien sûr!

Entre la franche satisfaction d’une décision pleine de bon sens, même si un peu tardive, d’un coté et de l’autre les inquiétudes face tout à la fois au démantèlement à planifier ainsi qu’aux divers groupes de pression cherchant à s’opposer aux renouvelables, mon cœur balance sur ce qu’il faut retenir de cette décision historique.

Alors comme pour un grand festin, prenons un peu de tout dans le bon ordre.

L’apéro s’est bien présenté, nous avons beaucoup bu sans trop nous soucier ni du coûts des bouteilles et encore moins de la solide gueule de bois à venir. Lorsque nous avons consommé les kWh de la centrale de Mühleberg, nous avons fait semblant de sortir l’argent “des bouteilles” de notre porte-monnaie, mais aujourd’hui presque plus personne ne fait semblant d’y croire et il est notoire que l’on commence seulement maintenant de tipper l’addition.

Pour le plat de résistance, et comme dans l’intervalle nous sommes devenus dépendants à cette consommation effrénée, la tentation a surgi de faire payer les autres, par exemple en allant chercher ces kWh qui nous manquaient si fort chez les autres. Tiens, chez les allemands par exemple avec leurs nombreuses centrales à charbon sous-exploitées. Très mauvaise idée! Si nous persistons dans cette voie, nous allons commencer une nouvelle addition ailleurs, qui n’allégera surtout pas notre première note.

Au puis au dessert, au lieu de se rabattre sur des fruits (quelque chose de sain, pour changer), une pelée d’inconscients cherche par tout les moyens à nous en empêcher et implicitement donc tente de nous faire retomber dans notre vice.

Arrêter de s’enivrer était et reste la seule bonne décision, mais oui, maintenant nous devons de toute urgence mettre en place une ligne claire, un peu comme pour un sevrage, et il faut donc
– re-planifier la vie de fin des réacteurs ainsi que le traitement des déchets d’une manière crédible et responsable pour les générations futures (payer l’addition donc);
– ainsi que lever les obstacles artificiels de toute nature dressés contre les énergies renouvelables (attention la marche!).

Ne pas payer son addition au restaurant vous crée de gros problèmes. Si vous manquez la marche en sortant, cela peut faire très mal. Alors puisque nous avons pris une bonne résolution, ne nous arrêtons pas en si bon chemin!

Laurent-David JOSPIN

Réalité des coûts? Oui! mais comment faire la transition?

Le nœud du triple problème géo-politique, énergétique, mais surtout environnemental est résumé dans ces trois petits mots “réalité des coûts”.

Dans les faits, les énergies fossiles, nucléaire compris, ou une chimie outrancière, ou encore une agriculture intensive, …  n’ont un avantage concurrentiel apparent contre le durable, que grâce au fait qu’elles n’assument pas les coûts induits (pollution, déchets persistants, problèmes de santé publique, épuisement des sols, ….) . Aujourd’hui, presque plus personne de sérieux ne nie cette réalité de base.

Ainsi des taxes ciblant spécifiquement cet aspect semblent être la panacée, surtout, si bien pensées, le produit des dites taxes est affecté autant que possible à la “réparation” du coût induit visé et non pas versé à un pot général. Malheureusement, les tentatives d’instaurer de telles solutions font faces à des résistances si fortes qu’il est illusoire d’espérer pouvoir avancer suffisamment vite pour sauver notre planète, car, est-il nécessaire de le rappeler, nous faisons face à une urgence extrême. Les manifestations de ce samedi 26 octobre en Bretagne contre une taxe ciblant les poids lourds avec à la clef un blessé grave sont une preuve parmi d’autres de ce déplorable état de fait.

Mais alors pourquoi, puisque “tout” le monde reconnait l’importance et l’urgence d’agir???

Tout simplement, car nos États occidentaux sont devenus dépendants à la dépense publique et lorsqu’une telle taxe est introduite, il n’y a la plupart du temps aucun dégrèvement ailleurs. Dès lors, et c’est ma foi compréhensible, la population se révolte et s’oppose frontalement au nouveau prélèvement.

La façon dont l’opposition se manifeste peut prendre des formes les plus variées et inattendues. Ma meilleure moitié aime beaucoup jardiner, et espérait beaucoup pouvoir trouver du terreau auprès du centre ad hoc de la Commune. Elle a renoncé, comme d’autres que nous connaissons, tant il était (est?) bourré de déchets plastiques et autres. Visiblement, certaines personnes n’ont pas accepté pleinement notre taxe au sac poubelle et font du sabotage en utilisant les bennes de compostage comme substitut de poubelle.

J’aime bien rappeler que lorsque notre ville a introduit la taxe déchet (ancêtre de la taxe au sac), elle aurait dû baisser les impôts en proportion puisque cette tâche sortait du budget communal. A l’époque, il nous a été sorti l’argument que normalement la Commune aurait du augmenter les impôts vu sa situation financière et que donc ne pas les augmenter correspondait en réalité à une baisse. Brillant, vraiment! Malheureusement, avec ce genre d’argument à la noix, on “fabrique” à la pelle des climato-sceptiques et autres défenseurs d’une consommation débridée et irresponsable.

Oui les faits sont têtus, pour pouvoir amener la création d’un monde durable nous devrons baisser les impôts courants pour pouvoir transférer la charge fiscale vers un ensemble de taxes ne visant plus en priorité la création de richesse mais bien plus la façon dont elles ont été obtenues vis-à-vis de l’environnement.

Laurent Jospin

Réf. : site de la Radio Télévision Suisse Romande 27.10.2013 “http://www.rts.ch/info/monde/5325727-une-taxe-controversee-cause-de-violents-heurts-en-bretagne.html
Revue Flash de l’EPFL, éd. 17.04.13, interview Raymond Bradley “Même si l’heure est sombre, il reste des possibilités d’agir

Ne pas exporter ses problèmes…

Affirmation : Le début de l’écologie bien comprise consiste à ne pas exporter ses problèmes chez les autres mais à les traiter chez soi.

Prenons un exemple concret et simple : nous ne voulons pas d’éolienne chez nous, donc nous trouvons comme solution “géniale” d’aller les mettre chez les autres. Si on veut bien y réfléchir un peu, nous proposons à d’autres d’accepter ce que nous considérons comme inacceptable chez nous (bravo pour le message implicite!), puis nous imposons à des habitants les plus divers sur environ 2000 km la présence de lignes électriques  THT (concrètement des pylônes presque du même ordre de grandeur que les éoliennes que nous ne voulons pas chez nous).

N’en doutez pas, un jour cela se paye, même cher le plus vraisemblablement! Dans ce cas, essayez d’imaginer la faiblesse de nos diplomates lorsqu’il y aura quelque chose d’un peu sensible à négocier dans un domaine même sans aucun lien avec le sujet!!

Un autre exemple mérite notre attention. Lorsque nous consommons, à l’excès, du pétrole sous n’importe laquelle de ses formes, nous exportons nos problèmes de société (soit notre besoin immodéré, voir incontrôlé, d’énergie pour soutenir notre croissance, elle-même indispensable pour palier à nos problèmes politiques et sociétaux)  vers d’autres pays qui sont ensuite dévastés soit environnementalement soit socialement voir les deux tant qu’à faire. (voir par exemple La malédiction de l’or noir sur Arte).

D’ailleurs d’une manière générale, lorsque nous contribuons au réchauffement climatique, nous exportons un problème (le même que ci-dessus) en le diluant sur l’ensemble de la planète. Donc un pays qui se contenterait de brûler son énergie fossile chez lui sans exporter un goutte d’or noir aurait malgré tout un comportement contraire à la règle énoncée ici.

Il en va de même lorsque nous soutenons une sur-consommation localement tout en pillant les ressources de pays tiers généralement pauvres.

Je ne suis surtout pas contre le commerce mondial, et j’avoue à titre personnel apprécier assez souvent déguster quelques fruits tropicaux divers (en hiver aussi d’ailleurs). Toutefois, mon plaisir est double si je puis être certain de payer un prix garantissant un traitement équitable du producteur local ET également un respect identique des normes environnementales à celles que je souhaite voir appliquées ici chez nous, y compris cela va de soit la compensation carbone nécessaire au transport. Bien évidemment, dans ces conditions le prix de la mangue monte quelque peu. Mais il s’agit bien du prix de la durabilité, car dans le cas contraire tôt ou tard les conséquences fâcheuses sauront se manifester envers le consommateur irresponsable, qui, au final, la trouvera bien amère sa fameuse mangue!

Les conséquences peuvent prendre des formes multiples, comme par exemple celle d’une misère locale insoutenable, mais qui soutient très bien la germination spontanée du terrorisme (et hop un petit IED – Improved Explosive Device – chez ces consommateurs de mangue irrespectueux). Ou alors à l’autre bout de la gamme des conséquences, nous découvrons avec un faux étonnement les conséquences du réchauffement climatique, ou encore de la déforestation galopante au niveau de la planète, etc.

En réalité, c’est tout simple et cela fonctionne comme en économie financière la plus basique, ce qui ne se paye pas aujourd’hui, se paye plus tard, avec de copieux intérêts et frais en plus, cela va de soit!!

Les grandes choses étant finalement que la somme des petites, il en va de même pour notre société : si nous choisissons l’attitude responsable et assumons donc des coûts un peu plus élevés aujourd’hui, nous découvrirons demain que “ne pas exporter ses problèmes mais les traiter chez soi” ne devait pas être assimilé à de la dépense supplémentaire mais bien de l’investissement, qui dès lors nous offrira un rendement bien réel à futur comme tout investissement qui mérite son titre!

Laurent-David JOSPIN

Des irresponsables aux commandes????

Fâché, très fâché, vraiment très fâché, je suis!

Nous venons de vivre un nouveau drame de récidive par un délinquant sexuel reconnu comme dangereux, que j’estime impardonnable.

Pour un bref rappel des faits, une éducatrice devait accompagner hier jeudi un condamné purgeant une longue peine suite à un viol accompagné de violences pour une sortie de type éducative et/ou thérapeutique. Le corps de la malheureuse a été retrouvé ce matin dans un petit bois.

Le débat n’est pas nouveau! S’opposent d’un coté et de l’autre les tenants de l’enfermement sans distinction ni mesure et les partisans de la thérapie visant la réintégration à tout prix. Une chose néanmoins demeure : la réalité des drames multiples que nous venons de vivre récemment.

Or la grande majorité de ces drames auraient pu être évités avec une mesure coûtant trois francs six sous! Aujourd’hui, les fameux smartphones envahissant nos vies permettent de télécharger des applications, gratuites en plus!, offrant une fonction de type webcam/audiocam permettant, sans devoir prévoir un seul franc de matériel qui ne soit pas déjà à disposition, d’assurer un suivi et un contrôle permanent à distance.

Le plus fort étant qu’en plus de servir de caméra et micro espion, l’outil peut aussi transmettre les coordonnées GPS du porteur en temps réel. Si les choses commencent à tourner mal, la patrouille de police sera sur place en 5 minutes.

Si une mesure aussi simple avait été prévue, l’éducatrice, dont nous parlons aujourd’hui, serait, avec la plus grande probabilité, encore en vie. Et dois-je le rappeler aux responsables de l’organisation de ces sorties, son enfant ne serait pas orphelin!!

Non vraiment je ne comprend ni n’admet une telle légèreté voir incompétence de personnes sensées être au fait du problème beaucoup mieux que le simple quidam.

Si les spécialistes persistent et confirment que les approches dites thérapeutiques ou re-socialisantes sont à préserver (n’étant pas expert du domaine, je leur laisserai à eux cette responsabilité), alors qu’ils prennent les mesures élémentaires pour assurer la sécurité de la population, car sinon ils  sont complices des crimes à venir.

Laurent-David JOSPIN

Tout ça pour ça

Le 5 juin je vous ai fait part de mes importants doutes sur le bien-fondé d’une taxation des modules solaires “made in China”, notamment compte tenu des effets sur toute la filière photovoltaïque en aval de la production des panneaux.

Le résultat final est connu depuis cet après-midi, soit un tarif minimum et un volume total maximum par année. Pour un coup d’épée dans l’eau, c’est un très joli coup, ceci mis à part, dans le genre autogoal on aura difficilement fait mieux.

En quelques points clefs :

  • Le tarif minimum imposé est insuffisant pour réellement permettre aux fabricants de modules solaires européen de s’en sortir financièrement
  • Il est par contre déjà suffisamment élevé pour générer des difficultés supplémentaires aux intégrateurs et autres développeurs de projets
  • Cerise sur le gâteau, l’accord conclu entre la Communauté Européenne et la Chine rend illusoire, au minimum dans le court terme, de pouvoir espérer imposer des standards environnementaux minimum pour la production des dits panneaux

La motivation originelle de cette tentative puisait sa source dans une volonté de protectionnisme mal avisé. Il devait également trainer en arrière-plan un espoir pour certains politiciens européen de se profiler sur leurs “marchés” intérieurs comme des sauveurs. Résultat des courses, une fois que le train était lancé, plus personne ne savait ou ne voulait l’arrêter, histoire ne pas perdre la face voir de sauver ses fesses.

Dans l’optique de réaliser une transition énergétique réelle, et non pas alibi, et ce, si possible dans un horizon de temps acceptable pour donner une chance à notre planète, le but ultime du photovoltaïque reste de produire des kWh compétitifs en terme de coûts directs avec le fossile. Pour ce faire, le prix des modules solaires doit diminuer encore un peu. J’estime que le but à atteindre dans un horizon le plus bref possible devrait être fixé à quelque chose comme (en prix ex-factory) 0.4 CHF /Wp soit environ 0.3 EUR/Wp permettant schématiquement d’obtenir des kWh à 0.08 CHF. On va bien rigoler quand ils devront se dépatouiller avec cette loi imposant un tarif d’importation minimum!!

Laurent-David Jospin

Liberté chérie

Les systèmes de vote par internet devaient être inviolables. Or toute personne ayant un peu trempé ses mains dans le cambouis informatique ne peut ignorer qu’il n’y a jamais eu un seul système inviolable, y compris les ordinateurs de la CIA! Alors pensez-donc.

J’ai été surpris que l’on veuille passer au vote électronique, surpris que l’on le fasse réellement, surpris que la (première) faille apparaisse au jour si tardivement, et enfin surpris que les gens fassent semblant d’être surpris. Surpris, vous avez dit surpris? Comme c’est surprenant!

Et enfin de compte, on peut résumer toute l’histoire ainsi : plus le système sera sécurisé, plus il faudra des moyens conséquents pour le contourner, et plus la probabilité sera élevée que l’instigateur d’une telle démarche soit puissant et mal intentionné.

Oui j’aime la liberté et la démocratie authentique. L’expérience vécue par certains pays, pas si loin de chez nous finalement montre que la pseudo démocratie se révèle presque pire qu’une dictature assumée.

Le Souverain, soit le peuple!, nous fait quelque fois râler lorsqu’il prend une décision que nous ne souhaitons pas, mais dans l’ensemble force est de constater que jusqu’à présent notre pays a été largement mieux géré que nos voisins, qui eux-mêmes ne sont déjà pas forcément les pires.

Dès lors, nous devons préserver et chérir ce trésor reçu en héritage de ceux qui nous ont précédés. Cela doit impliquer un œil très critique sur toutes failles, fussent-elles seulement potentielles, sur la pierre angulaire de toute cette construction unique : la liberté et le secret du vote personnel!

Laurent-David Jospin

Soyons pervers mes frères!

Non, ce post ne traitera pas de déviance sexuelle, désolé pour ceux qui espéraient se délecter de turpitudes néo-freudiennes. Nous allons naviguer dans un espace bien plus austère, et parlerons donc de la relation entre l’érosion du capital générée par la fiscalité et son rapport à la vertu (respectivement au vice comportemental) du contribuable-investisseur lambda.

Pour que le tout soit le plus frappant possible, nous retiendrons comme cas d’école celui de la France et sa très célèbre Incitation à Sortir de France plus communément appelée ISF. Le comportement cohérent , oups excusez-moi, lâche de la fuite ne nous intéressant pas, nous partirons de l’idée simple que le dit investisseur va chercher en premier lieu à compenser simplement le dit impôt par le rendement.

Ce premier objectif de base ne suffit bien évidemment pas du tout, car il doit également compenser le renchérissement, s’il souhaite que son capital conserve la même valeur réelle et non pas nominale. Il s’ajouterait encore à ceci un montant adéquat pour couvrir les risques en fonction du type d’investissement retenu, aspect négligé dans les chiffres ci-dessous.

C’est tout cette fois? Et bien non, car les revenus nécessaires pour atteindre l’objectif ci-dessus deviennent eux-mêmes objets à fiscaliser et sont donc taxé au taux marginal des divers impôts et taxes sur le revenu. En conséquence, la formule permettant de déterminer le rendement minimal pour atteindre un simple équilibre possède l’aspect suivant :

Rmin = (Tisf + Trench +Crisq) / (1 – Tmarg)

Avec Tisf = Taux de l’impôt sur la fortune, Trench = taux du renchérissement, Crisq = couverture du risque lié à l’investissement, Tmarg = taux marginal de l’impôt sur le revenu s’appliquant sur la tranche considérée, le Rmin ici calculé correspond au point d’équilibre en dessous duquel le capital s’érode et en dessus duquel il y a une croissance réelle du patrimoine.

En langage courant, tout ceci signifie simplement que plus les divers impôts en question sont élevés, plus le rendement en dessous duquel le capital perd de sa valeur au fil du temps est élevé, ou encore que si le taux marginal devient très élevé, le rendement nécessaire se met lui carrément à galoper sans limite aucune (un mathématicien aurait dit que la valeur limite de Rmin si Tmarg s’approche de 100%  diverge vers l’infini). Très concrètement dans le cas de notre grand voisin, on apprend dans la revue capital de juillet 2013 page 81 que, hors niche fiscale, il faudrait atteindre un rendement de 9% pour avoir l’équilibre en terme de pouvoir d’achat. Et encore ceci ne concerne pas un assujetti à une tranche à 75% en cours d’instauration, car sinon Rmin est bien plus élevé encore (diverge vers l’infini, on vient de vous le dire).

Or un rendement net de 9% sur des investissements patrimoniaux ne s’obtient pas juste en claquant des doigts. Vous pouvez essayer les effets de levier (ex. l’immobilier), ou la spéculation sur une valeur attendue en hausse mais alors vous prenez des risques.

Une comparaison de quelques rendements nets possibles dans divers type de placement est éloquente :

Pétrole et produits assimilables : des 30% et plus annuels sont usuels
Transport maritime, location de container : 15% annuel
Exploitation minière : selon le type jusqu’à 100%
Fabrication de pesticides : Monsanto 2013 estimé >16%
Industrie plastique (qui nous crée tant de soucis de micro-polluants) : supérieur à 10%

Tandis que dans le même temps, vous obtiendrez des rendements nets de l’ordre de 4-6% sur la majorité des projets en énergie renouvelable, voir sur le projet d’une connaissance visant à faire de la reforestation dans divers pays du tiers-monde, un rendement initial de 2% pendant une grosse dizaine d’années puis une lente croissance vers un 6-7% au bout de 20 ans. Ce dernier exemple est éloquent. Le concept prévu permet d’intégrer les populations locales en les associant à la démarche ab initio; et à très long terme, la création de valeur, et surtout de valeur durable, est exceptionnelle, car la forêt reconstituée est exploitable pour elle-même, mais elle permet également un renouveau de l’agriculture locale en protégeant les sols. Mais voilà, le rendement initial financier apparent est de 2%!

On s’attendrait dès lors à ce que les gouvernements de pays à fiscalité (trop (beaucoup trop)) élevée s’efforcent de créer des niches fiscales incitant à des comportements vertueux. Dans la pratique, et de ce que je vois, c’est loin d’être le cas, la plupart des niches fiscales étant basées soit sur des aspects sociaux, ou carrément sur du clientélisme électoral. Mais à mon avis, le pire du pire se cache dans l’instabilité du système avec la crainte affichée que le mécanisme mis en place soit remis en question à la législature suivante suite à une alternance politique. Ce manque de confiance conduit naturellement à des calculs à très court terme et donc  une prise en compte à peu près nulle des facteurs environnementaux qui appartiennent tous au long terme.

Vous voulez un exemple concret? Tout simple! La grande majorité des niches fiscales françaises liées à la construction de logement ont été occupées par des programmes “industrialisés” à grande échelle à base notamment d’élément préfabriqués. La plupart de ces constructions ont été réalisées à des coûts imbattables  pour garantir un rendement immédiat optimisé mais au détriment de la durée de vie ou même parfois de la performance énergétique immédiate. Il suffit de penser aux très nombreux HLM construit à la fin des années 60 que l’on rase déjà à partir des années 90 / 2000! On pourrait quasiment parler d’obsolescence programmée, si l’on considère qu’un immeuble bien construit d’avant 1900 peut espérer rester debout et en exploitation largement plus de 200 ans dès lors qu’un entretien normal est appliqué!

Sur ces questions de voracité fiscale et insécurité du droit, notre grand voisin peut certainement prétendre à une place sur le podium, et vous me direz que la situation n’est pas si grave chez nous. Pas faux! Mais attention une glissade incontrôlée survient rapidement et sans crier gare, remonter la pente est alors nettement plus long et douloureux. Et puis un principe reste un principe, peu importe qu’il soit utilisé à outrance ou modérément. Dans le deuxième cas, les conséquences mettent juste plus de temps à être visibles. La situation de notre beau canton de Neuchâtel est emblématique à ce sujet.

On peut aisément tirer une  conclusion simple de ce post, pour préserver notre capital soyons pervers ou irresponsables ou tout ce que vous voudrez pour autant que le rendement à  court-terme dépasse ce seuil minimal en dessous duquel le capital s’érode de lui-même.

Nous pouvons bien sûr  aussi proposer d’autres conclusions comme

  • révisons notre fiscalité de façon à la rendre incitative de comportements durables plutôt que l’inverse, il est notamment essentiel de faire payer les coûts externes du pillage des ressources non renouvelables ou de la pollution à ceux qui les génèrent
  • maintenons une fiscalité raisonnable voir douce, car plus l’état est gourmand plus il incite à des comportements “courts-termistes” et donc très fréquemment avec des dommages à la clef sur le long terme
  • ne mettons pas en péril la confiance dans l’état de droit en créant une incertitude juridique elle-aussi mère de la “courte vue”
  • il est fortement vraisemblable qu’une bonne part de l’explication du comportement général plus vertueux sur le plan environnemental des pays du nord avec une fiscalité habituellement plus douce puise aussi sa source dans cette question (OK, c’est pas la seule explication, OK il y a un contre-exemple, mais dans l’ensemble c’est quand même très  frappant)
  • si la fiscalité est lourde, l’état devra mettre en place de savants et complexes montages pour conduire à de meilleurs comportements, ces montages étant par essence lourds et coûteux, ils auto-entretiennent la charge étatique et donc la fiscalité punitive

Voilà deux chemins de conclusions possibles pour la même constatation de base, et vous, vous choisissez quoi?

Laurent-David JOSPIN

Aucun lien … mais ….

Le 3 juillet, 2 communiqués de presses ont plus particulièrement attiré mon attention.

Le premier intitulé “La décennie 2001-2010 marquée par des conditions climatiques extrêmes” peut être trouvé par exemple sur le site de la Radio Télévision Suisse Romande. Rien de nouveau sous le soleil me direz-vous. Exact, mais au moins si l’information vient à être relayé de manière plus large, cela ne peut que favoriser la nécessaire prise de conscience.

Le deuxième “Combustibles rendus plus cher par les émissions excessives de CO2” décrit le mécanisme politique mis en place en Suisse pour inciter de manière forte à diminuer notre consommation de combustibles fossiles et notamment l’augmentation destinée à rendre ces produits moins compétitif sur le marché. On y découvre également, que, oh grande surprise, nous n’avons pas réussi à diminuer autant que souhaité nos émissions.

Forcément, si le moindre projet d’énergie renouvelable se heurte à certains fonctionnaires incapables de se projeter un minimum dans l’avenir et abusant de leur position privilégiée pour tout refuser; nous allons avoir des difficultés insurmontables pour la réaliser cette transition énergétique!

Il n’y a bien sûr aucun lien de cause à effet entre ces deux communiqués… encore que… Et bien si, le voilà justement le nœud du problème : Presque plus personne de sérieux ne nie la réalité du réchauffement climatique aujourd’hui, mais, de manière incompréhensible, un nombre très élevé de personnes, assez souvent bien placées comme les responsables évoqués ci-dessus, agissent exactement comme si cela n’existait pas, ou n’avait aucune conséquence vraiment importante. Un peu comme si, il ne s’agissait que d’une vue de l’esprit, n’impactant pas le monde réel.

C’est le pas mental à réaliser par l’humanité, évoluer d’une compréhension intellectuelle de la menace devant nous, à une volonté d’agir réelle et concrète.

Nous n’avons pas réellement le choix, plus tard nous agirons, pires seront les conséquences et plus élevés les coûts! Alors allons y franchement avec courage et lucidité, votons les lois nécessaires dès maintenant pour déblayer la route des énergies renouvelables, et protégeons tout ce qui peut encore l’être de notre climat au plus grand bénéfice des générations futures!

Laurent Jospin

Not in my backyard

Aujourd’hui la population de Daillens et Oulens dans le cadre d’un vote consultatif a refusé l’implantation de 10 éoliennes le long de l’autoroute.

C’est toujours la même histoire, tout le monde est pour les énergies vertes mais chez les autres! Cette façon de procéder nous conduit droit dans le mur, il faut en être conscient. La conséquence la plus prévisible est que nous serons contraints d’aller acheter l’énergie chez nos grands voisins, par exemple auprès des grands parcs éoliens du nord de l’Allemagne (avec tout de même à la clef une montagne de pylônes sur 2500 km pour amener l’énergie chez nous). Il en résultera en cascade une dépendance de notre pays envers l’étranger, qui tôt ou tard nous coûtera cher, si ce n’est très cher, sur le plan politique et de notre indépendance en général.

On ne peut certainement pas m’accuser d’être un pro-éolien puisque notre entreprise développe spécifiquement des projets photovoltaïques (comme l’autoroute solaire), mais voilà je ne peux pas m’empêcher de penser que tout cela est dramatique pour nos générations futures. Un peu moins d’égoïsme et un peu plus de lucidité, est-ce trop demander?

L’image est célèbre, mais voilà elle résume tout mieux que je ne saurais le faire ici :

Allez, il faut juste remettre l’ouvrage sur le métier (et d’ailleurs nous n’avons pas le choix)…

Bonne semaine

Laurent-David JOSPIN

Comment tuer …

Comment tuer les énergies renouvelables tout en prétendant les soutenir bien sûr! Si je voulais être méchant, je vous dirais qu’il suffit d’en déléguer la gestion au service d’urbanisme de La Chaux-de-Fonds et que cela va aller tout seul….. Il faut dire qu’ils accumulent entre une stratégie d’opposition sournoise contre les éoliennes, des contraintes urbanistiques réduisant de plus de 50% la capacité totale d’énergie verte sur notre ville, et jusqu’à une demande de mettre les panneaux solaires en toiture nord pour qu’on les voie moins!!! Ben voyons, pourquoi pas directement à la cave, comme cela c’est sûr plus personne ne les verra. Le soleil non plus, mais pourquoi s’arrêter à des détails anecdotiques….

Le but de ce post est de vous rendre attentif aux petits détails derrière lesquels se cache le diable en personne, comme chacun le sait.

Premier exemple intégrer le photovoltaïque dans la toiture :

Pas tout le monde le sait, mais cela induit une perte de production d’au minimum 15% annuellement sous nos climats, perte provoquée par l’échauffement plus élevé des cellules solaires et l’effet joule lié.

Il y a aussi bien sûr les coûts supplémentaires générés par l’intégration, supplément de coût qui devient toujours plus élevé proportionnellement au fur et à mesure de la baisse des coûts du photovoltaïque. Les coûts ne sont pas tout, il faut aussi penser à l’énergie grise supplémentaire injectée dans le projet péjorant l’ensemble du bilan environnemental du projet.

Il y a quelques mois un des ingénieurs de l’usine avec laquelle nous collaborons dans mon entreprise pour la fourniture de panneaux solaires m’indiquait ceci ” tout laisse à penser que les installations intégrées auront une durée de vie beaucoup plus faible que les installations simplement ajoutées“. L’explication de ceci serait à trouver du coté des deltas thermiques plus conséquents pour une installation intégrée conduisant à des efforts de dilatation-contraction plus forts sur l’ensemble des composants mis en œuvre (vous ouvrez votre tiroir une fois rien ne se passe, vous l’ouvrez 10’000 fois la poignée casse, et si vous le faites violemment la poignée cassera plus vite).

En conclusion, lorsque les autorités cherchent à obliger l’intégration cela conduit à plus d’énergie grise sollicitée, plus d’argent investi, une moins bonne performance du système, le tout couronné par une durée de vie plus courte.

Autre variante mettre le solaire à plat :

Au propre comme au figuré bien sûr! C’est assez tordu comme combine je dois l’avouer! Le gentil architecte communal / responsable de l’urbanisme / expert de la commission des monuments hystériques ou qui vous voulez vous dira “en les mettant à  plat sur votre terrasse/garage/autre ils ne gênent plus personne et vous n’avez qu’une perte minime de rendement“.

La réalité est tout autre. Les pertes sont très conséquentes. Pour ceux qui n’habitent pas au sud la France, il y a en premier lieu la neige qui stagnera sur les panneaux et vous fera perdre quasiment toute la production des mois d’hiver. Il y aussi la question de l’autonettoyage des panneaux par la pluie. Pour que celle-ci soit assurée, l’angle d’inclinaison doit se situer à 20° si possible un peu plus. Les espaces urbains sont particulièrement concernés par cette problématique avec les suies du trafic automobile et des chauffages. Si la crasse ne part pas complétement lors des pluies, elle aura tendance à s’incruster toujours d’avantage et au fil des années vous verrez le rendement de vos panneaux solaires diminuer compte tenu de l’effet opacifiant. On peut rappeler ici que le nettoyage “forcé” est un non-sens écologique et économique.

En conclusion, j’encourage chacun à se poser les bonnes questions et à approfondir les réflexions avant d’accepter des conditions indiquées sur des permis de construire ayant potentiellement plus de conséquences induites que l’intuition ne le laisserait penser.

Laurent-David JOSPIN

Une fausse bonne idée

Ainsi malgré l’opposition de l’Allemagne, la Communauté Européenne se décide à taxer les panneaux solaires produits en Chine. En apparence cela servira à protéger les fabricants de panneaux solaires européen. En réalité cela va freiner toute la filière, c’est à dire les concepteurs, les installateurs, les entreprises fournissant des produits annexes ou connexes, ….

L’explication est simple. L’augmentation de prix des modules conduira à un ralentissement des réalisations. Donc pour chaque emploi qui sera hypothétiquement préservé dans les usines de panneaux solaires, 4 ou 5 seront mis en péril soit chez les fabricants de machine à produire les panneaux solaires, soit chez les installateurs, soit …. !

La vraie bonne idée aurait été d’imposer des droits sélectifs en fonction du respect des normes environnementales à tous les fabricants du monde entier. Ainsi un fabricant vertueux, chinois ou pas chinois, verrait ses efforts récompensés à leur juste valeur, tandis que le bandit de grand chemin focalisé sur le profit à court terme se verrait contraint de compenser ses manquements.