Les débats liés à la votation sur l’éolien dans le canton de Neuchâtel ont fait ressortir du bois quelques personnes voulant, ouvertement ou sournoisement, un retournement de la décision de sortir du nucléaire avec presque toujours les trois mêmes arguments :
– Les renouvelables sont trop chers
– On n’arrive pas à gérer l’intermittence
– Il n’y aura pas assez d’énergie pour tous
De manière regrettable, ces personnes refusent, à l’encontre du bon sens, cette sortie du nucléaire et cherchent, en torpillant toute autre alternative (le solaire hier, l’éolien aujourd’hui, et qui sait la bio-masse demain?), à nous mettre dans une impasse énergétique pour contraindre la population à un choix qu’elle ne souhaite manifestement pas.
Mes convictions sont connues et je ne céderai pas à la tentation de refaire tout le débat pro et anti nucléaire.
Un seul argument, indépendamment des questions des déchets laissés aux générations futures, du démontage impossible des centrales en fin de vie, des coûts sous-évalués, des problèmes sanitaires, …. permet de démontrer une fois pour toute que le nucléaire ne nous garantit certainement pas, d’avoir assez d’énergie, et encore moins de l’avoir bon marché.
Nous avons actuellement sur la planète 435 centrales nucléaires en fonctionnement ainsi que 72 en construction effective. Il y a également un certain nombre de projets à des stades plus ou moins avancés. La notion même de projet ne permet pas d’en déterminer le nombre exact, toutefois les experts de la branche reconnaissent qu’environ 100 projets sont crédibles et soutenus par une volonté réelle d’aboutir à relativement court terme. Théoriquement, nous pourrions donc atteindre 600 réacteurs nucléaires sur la planète. (note : les chiffres ci-dessus sont vrais à la date de rédaction, pour avoir des chiffres exacts lors de votre lecture, il faut consulter les sources mentionnées en fin de post).
En 2012, 54’610 tonnes d’uranium ont été produites, et très étrangement presque 70’000 tonnes consommées. Cette anomalie dure, de plus, depuis de très nombreuses années (au minimum 2005 et très vraisemblablement depuis 1991 selon certaines sources). Bien évidement, la différence est comblée par l’utilisation de stocks disponibles. Et c’est là que la chose se corse, car on parle ici de stocks militaires déclassifiés relativement limités. Un stock aussi profond soit-il, ne pourra jamais rivaliser avec une corne d’abondance, et un jour, “l’entrepôt” sera vide.
Or ce jour est déjà là, depuis ce printemps 2014, dans le cadre de l’accord UHE-UFE, autrement appelé mégatonne contre mégawatt, sur 20 ans signé en 1994 entre les USA et la Russie, cette dernière a cessé d’envoyer de l’uranium à usage civil provenant du recyclage de son uranium militaire excédentaire.
En imaginant donc que nous montions à ces 600 réacteurs nucléaires au plan mondial, nous aurions une consommation annuelle approchant 100’000 tonnes (prenant en compte que la mise en première charge d’un réacteur nucléaire est 3 fois plus importante que la consommation annuelle, et également que les nouveaux réacteurs potentiels auraient des puissances moyennes supérieures à celles du parc installé).
On en vient donc rapidement à la seule vraie question : sera-t-il possible de doubler la production mondiale pour satisfaire la demande dans un délai de quelques courtes années? Je me permet d’en douter fortement pour ne pas dire plus.
Les pro-nucléaires ont beau jeu de nous dire qu’il y a encore de l’uranium pour x centaines d’années sur la planète. La réalité de base est tout autre, car personne ne veut une mine chez soi! Un regard sur le cas d’Arlit au Nigeria donne un éclairage particulièrement brutal sur la question. Les poussières radioactives dégagées par l’exploitation de la mine tuent (par des cancers des voies aériennes prioritairement) à des dizaines si ce n’est des centaines de km à la ronde. En réalité l’exploitation d’Arlit est imposée aux populations locales par un pouvoir central tout sauf démocratique. Sans cette contrainte, vous pouvez très certainement oublier cette mine faisant partie des plus productives au monde.
D’autres aspects rentrent en ligne de compte, comme par exemple le taux de concentration dans la source considérée. On nous dit souvent qu’il suffit de s’adresser aux vendeurs de phosphates, car il y a de l’uranium dans cette ressource hautement exploitée actuellement pour les besoins de l’agriculture intensive. Oui, mais voilà, en imposant à l’ensemble des producteurs mondiaux de phosphate les équipements nécessaires pour concentrer cet uranium (avec pas mal de difficultés et coûts à la clef), on arrive péniblement à 3’100 tonnes par année, soit même pas 10% de la quantité supplémentaire recherchée.
Ces problèmes de concentration touchent aussi des mines classiques potentielles qui ne sont absolument pas rentables compte tenu du besoin énorme en énergie pour réaliser une concentration à 5% d’U235 nécessaire pour la plupart des réacteurs civils.
En conclusion, la loi de l’offre et la demande s’appliquant avec force ici conduira tout naturellement à une explosion des coûts du “carburant” uranium, qui compte aujourd’hui pour environ 5% du coût officiel du kWh généré par une centrale nucléaire. Comme une centrale existante représente en premier lieu un montant initial d’investissement bloqué colossal (ordre de grandeur 6 mia d’EUR et + pour les EPR actuellement en construction), l’exploitant sera prêt à payer son combustible presque n’importe quel prix, pourvu qu’il ne soit pas obligé de mettre à l’arrêt son équipement.
Si l’on prend en compte un coût potentiel de l’uranium à 1000 US$/kg au lieu des 40 actuels, et sans même inclure les coûts liés à une réparation du problème sanitaire généré sur les lieux de production, on peut s’attendre jusqu’à un triplement du coût de l’énergie produite.
On constate dès lors clairement que, dans les années à venir, le nucléaire ne nous garantit ni de l’énergie en quantité ni même un prix bas.
Les personnes croyant qu’en sabotant tout ce qu’elles peuvent du coté des ENR, elles permettront un retour en force du nucléaire, sont tout simplement de dangereux irresponsables!
Le peuple neuchâtelois a la chance de pouvoir montrer la voie, je veux croire qu’il saura prendre cette opportunité. Nous avons urgemment besoin des 20% que les éoliennes peuvent nous offrir pour aller en direction de notre autonomie énergétique. Non à l’initiative “Avenir des crêtes”, Oui au contre-projet du Grand Conseil!
Laurent David Jospin
Sources :
Agence internationale de l’énergie nucléaire, www.iaea.org/pris/
Commissariat à l’Energie Atomique, http://www.cea.fr/content/download/4853/28969/file/clefs55_p017_022_Capus.pdf
International Physicians for the Prevention of Nuclear War, http://www.ippnw-students.org/Japan/Arlit.pdf



En premier lieu, le facteur Etot/PIB, représentant peu ou prou la capacité d’innovation, aura tendance à se figer, car en période de pénurie de ressources le peu disponible sera affecté prioritairement à la production de biens essentiels plutôt qu’à la recherche. Tiens, comme la nourriture par exemple, dont on oublie trop souvent qu’elle dépend aujourd’hui presque totalement de la disponibilité d’énergie bon marché.
Dans une phase initiale, le facteur PIB/POP va diminuer car la population restera stable, mais le PIB lui diminuera inexorablement en suivant la courbe descendante des ressources fossiles. L’environnement économique correspondra alors à une récession majeure sans espoir de relance puisque notre moteur essentiel réel, soit l’énergie abondante, aura de plus en plus tendance à se raréfier.
Assez vite toutefois, des émeutes massives puis des guerres civiles éclateront. Rappelez-vous c’était le peuple affamé qui avait pris la Bastille. A ce stade, l’effondrement structurel de nos sociétés ne sera plus qu’une question d’années. L’histoire nous montre comment des grands empires, imaginés indestructibles, se sont quasiment auto-anéantis en l’espace d’une génération. Et donc le facteur POP sera amené au tapis par des famines, épidémies et autres guerres. Rappelez-vous dans la première partie de la démonstration, je vous parlais de “l’option génocide”, et bien si nous n’y prenons pas sérieusement garde, le ou plutôt les génocides viendront spontanément sans même avoir eu besoin d’un carton d’invitation. On ne parle pas ici d’un conflit majeur opposant deux blocs se comportant de manière dite “civilisée” (soit en respectant plus ou moins les lois de la guerre), mais d’une multitude de conflits officiels ou non entre des populations désespérées luttant pour leur survie au jour le jour, comme par exemple la guerre en Irak dont la seule vraie origine est le désir de l’Oncle Sam de contrôler une ressource qu’il jugeait stratégique. Si vous pensez que je noircis le tableau, permettez-moi de vous détromper, car, mis à part le cas de l’Irak, les prémices sont déjà visibles aujourd’hui! Ce n’est pas moi qui le dis, mais Monsieur Ban Ki Moon secrétaire général des Nations Unies en personne. Bien évidemment, cela touche les populations déjà les plus fragilisées qui soient, et dans des régions qui nous semblent tellement mais alors tellement lointaines!!! Mais ne vous y trompez pas, ce que vous pouvez voir là-bas, nous pend assez également au bout du nez simplement avec un décalage temporel plus ou moins important selon les cas!
Ils sont fous ces humains, aurait dit Obélix!
Passons maintenant au terme PIB/POP. Pour mettre ce terme à zéro, le PIB doit tendre vers zéro également. Donc en clair et français, le niveau de vie moyen de la planète devrait s’effondrer pour s’approcher autant que possible du “à peu près rien”. Soyons clairs, personne ne souhaite cela, et même si un “despote éclairé” cherchait à imposer une telle évolution, tout le monde sait que cela générerait des émeutes puis une guerre civile totale.
Ensuite, nous pouvons travailler sur la quantité d’énergie nécessaire pour générer chaque unité de PIB. Sur cet aspect précis, il y a matière à gagner quelque chose, cela s’appelle l’efficience énergétique. Malheureusement, il y a une limite à ce qui est possible ici. L’expérience des années passées nous montre qu’il a été possible d’obtenir une réduction d’environ 30% en à peu près 40 ans.
Au final, il nous reste donc que le facteur CO2 / Etot pour réussir à tirer l’ensemble de notre équation vers zéro. En première lecture, on ne voit pas d’impossibilité absolue à tirer rapidement en bas ce dernier facteur de notre formule. Simplement, si l’on met en relation l’importance de l’effort à fournir pour réellement limiter au moins les dégâts les plus graves, avec la réalité de l’évolution des ENR (énergies renouvelables) sur le terrain, on se rend très vite compte que nous faisons complètement fausse route à l’heure actuelle.






