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La loi CO2 risque ou chance pour l’économie ?

A une semaine de la votation, je jette un dernier coup d’oeil dans le rétroviseur de la campagne et que voit-on ?

Le flot des nouvelles, internationales pour la plupart, concluant à la nécessité impérieuse d’aller vers la décarbonation de nos sociétés n’arrêtent pas.

On y trouve aussi des nouvelles plus directement en lien avec notre pays, comme celle-ci :

Dans la masse, j’ai noté une annonce dont on pourrait croire qu’elle a été produite juste pour l’article de ce jour :

Ce n’est bien sûr pas le cas, mais elle situe idéalement l’enjeu du débat, et donc posons-nous vraiment la question sans tabou, la loi CO2 proposée représente-t-elle une entrave ou un soutien à l’économie ?

Aujourd’hui, notre économie nationale tourne globalement avec un mix constitué majoritairement de fossile. Entre les combustibles pétroliers (=mazout), les carburants (essence, diesel), le gaz, et la part d’électricité produite à partir d’uranium, nous atteignons une part fossile ou non-renouvelable de l’ordre de 75 %. (source : statistique globale suisse de l’énergie 2019, OFEN).

Vouloir sortir du fossile représente donc objectivement une révolution, le nier n’apporte pas une contribution utile au débat.

Oui, mais voilà nous ne sommes pas les seuls à le faire. D’autres pays, très proches de nous aussi bien géographiquement qu’en terme de développement économique ont annoncé des objectifs encore plus ambitieux que nous, comme par ex. l’Allemagne.

L’exemple du câble ci-dessus est très significatif : il y a un énorme marché à prendre et les premiers seront les mieux servis !

Pour paraphraser le slogan de la première crise pétrolière : en Suisse, on n’a pas de pétrole, mais on a de la valeur ajoutée !

Et effectivement, notre économie génère l’essentiel de sa richesse par des services à forte valeur ajoutée (comme le monde de la finance), ou de l’industrie incluant également une telle composante (ex. les pharmas, ou Nespresso, …).

Conséquemment, l’image de notre pays à l’étranger est le premier poste du bilan à l’actif de l’entreprise “Suisse SA”.

Endommager cette image pour un gain à court terme relève du très mauvais calcul stratégique.

Le câble allemand montre que les autres économies n’attendent pas, tout spécialement nos concurrentes directes.

Notre pays vit, au sens littéral du terme puisque notre agriculture n’arrive qu’à nourrir à peine 50 % de la population, de la valeur ajoutée et donc de l’innovation. L’attitude de repli cherchant à bloquer ou au minimum ralentir la transition énergétique correspond à un pur et simple auto-goal.

Par ailleurs, l’étude des statistiques de l’OFEN, des rapports de l’Union Pétrolière Suisse, et quelques autres sources complémentaires montre que le total de la vente des produits fossiles dérivés du pétroles se situe à environ 12 milliards de CHF / an. Une part essentielle de cette somme part à l’étranger et ne retourne pas dans nos circuits économiques locaux.

Si on admet que seulement la moitié de cette somme pourrait rester en Suisse, soit donc 6 milliards de CHF/an, nous recevons donc “gratuitement” (puisqu’il s’agit d’argent qui ne serait plus dépensé) un stimulus de notre économie à hauteur de 0.75 milliard par million d’habitant par an.

Cela mérite d’être comparé, par ex. avec le plan de relance de la Commission Européenne à hauteur de 750 milliards EUR = 825 milliards CHF pour 446 millions d’habitants, et donc un stimulus total de 1.84 milliards CHF par million d’habitants à répartir sur les années 2021 à 2023, soit 0.61 milliards CHF par million habitants-an.

La loi CO2 va donc créer un stimulus dans notre pays supérieur à celui du plan de relance de la Commission Européenne avec en plus l’avantage que celui-ci ne fera pas appel à de l’endettement (et donc un fardeau pour les générations futures), mais sera gagné par une économie permanente et se renouvellera donc au fil du temps.

Rajouter à tout ce qui précède le risque que je vous mentionnais dans l’article “Loi CO2, nécessaire versus insuffisante pour l’environnement ? ” de subir une pénalisation via une taxation CO2 pour nos entreprises exportatrices et le lecteur raisonnable ne peut que conclure à l’impérieuse nécessité de mettre en œuvre la loi prévue.

En réalité toute cette campagne de votation n’existe que par la volonté et l’argent d’un groupe économique défendant son pré-carré au détriment de l’intérêt de tous !!! On pourrait presque parler de traîtres à la patrie !

Il faut voter OUI à la loi aussi CO2, aussi bien pour garantir notre indépendance de l’étranger, que pour protéger les plus démunis de notre société, que pour préserver notre environnement pour les générations futures, et aussi pour positionner nos entreprises de la meilleure façon face à la concurrence mondiale.

Laurent-David Jospin

L’enjeu géo-stratégique sous-jacent à la loi CO2

Suite du post Loi sur le CO2 : turbulences en vue !

En préambule à ce post, jetons un rapide coup d’œil sur la campagne qui a démarré sur les chapeaux de roue. Comme le post précédent le présentait, nous avons eu droit à un communiqué de presse d’un comité de campagne formellement aux couleurs de l’UDC, mais dont franchement il ne semble pas déraisonnable de penser qu’il a été dicté par des cadres de l’Union Pétrolière Suisse / SwissOil / Avenergy. Je vous laisse juger sur la base de la copie d’écran ci-dessous (partielle) :

Nous avons eu aussi droit à une avalanche de réactions sur les réseaux sociaux, par exemple lors de la promotion d’un lien FB sur l’article précédent par un ami, Alain Farrugia, dont la plupart ne font répéter le message d’une manière outrancière. On a vu aussi lors de l’émission Infrarouge du 14 avril sur la RTS le secrétaire de l’UDC Vaud instiller ce même discours d’une façon particulièrement retorse “si si nous voulons aussi sauver la planète, mais pas comme ça“. C’est précisément ce discours qui a jusqu’à présent réussi à tromper la population, car mis à part le “pas comme ça” aucune proposition suffisante n’est jamais venue.

Retournons à notre sujet du jour, les enjeux géostratégiques liés à cette fameuse loi CO2

Sans mauvais jeu de mot, l’énergie, surtout l’énergie bon marché, est le moteur de l’économie. Un nombre incalculable de guerres puisent leurs causes justement dans le besoin de contrôler les ressources énergétiques. L’inextricable situation du Proche-Orient s’exhibe devant nos yeux jour après jour avec ses tombereaux de noirceurs et drames humains pour le rappeler à ceux qui voudraient l’oublier.

Tout naturellement, les opposants à la loi CO2 brandissent dès lors les pertes d’emploi pour justifier leur volonté de statu quo.

Il vaut la peine de se plonger dans la logique économique des énergies fossiles pour réellement comprendre où se cachent les risques.

Il existe une réflexion sur les limites du parallélisme en économie “Si une femme fait un bébé en 9 mois, 9 femmes ne font pas un bébé en un mois”, qui trouve une application dans le domaine de l’énergie avec une très large portée :

Soit 8 puits de pétroles produisant du pétrole à un prix de revient de 30$ et un puit produisant à 60$, si la consommation est égale ou inférieure à la production des 8 puits, le pétrole se vendra à 30$+une marge, si la consommation est égale ou inférieure aux 8+1 puits, tout le pétrole se vendra à 60$+une marge, si la consommation devrait dépasser la production totale des 8+1 puits alors le prix du pétrole n’aura plus de limite vers le haut.

Ce premier élément nous offre un bon début d’explication de la volatilité des prix du pétrole :

Mais cela ne suffit clairement pas. En effet, avec une volatilité pareille devenir riche devrait être d’une facilité déconcertante : il suffit d’acheter sur les zones basses, garder, et vendre sur les périodes hautes. Oui, mais voilà garder signifie ici stocker et stocker une matière aussi dangereuse que le pétrole coûte, et coûte même beaucoup.

On peut comparer le pétrole aux yoghurts pour les supermarchés dont les lots de production perdent de la valeur en fonction de l’approche de la date de péremption. Ceci explique d’ailleurs pourquoi nous avons vu récemment des prix négatifs pour le pétrole.

La conjonction de ces deux caractéristiques essentielles explique la situation que nous connaissons au Proche-Orient et dans une majorité des pays producteurs de pétrole : des dictatures épouvantables, et d’autant plus épouvantables que le dit pétrole représente une part importante des richesses produites dans le pays, le tout arrosé d’une copieuse ration d’ingérence voir carrément de prise de contrôle totale occulte, car nos économies, un peu comme des patients devenus accrocs à la morphine, se vautrent dangereusement dans une dépendance aux énergies fossiles mortifère.

La volonté de contrôle sur la durée pour garantir la sécurité de l’approvisionnement en premier lieu, mais aussi des rentes de situation pour certains, pousse à toutes les compromissions et autres jeux troubles. Le conflit syrien pourrait bien puiser sa vraie source dans le refus de Bachar d’avoir laissé transiter un gazoduc à travers son pays.

A ce sujet, je vous suggère de prendre quelque minutes pour visionner l’excellente vidéo réalisée par un mathématicien anglais et youtubeur CGP Grey “The rules for rulers”, vous y verrez pourquoi vous pouvez abandonner ces idées romantiques de population se soulevant pour chasser le tyran. Quelqu’un se cachait au commande et il faut juste se demander à qui cela profite (le fait que Bachar soit un abject dictateur ne change rien à l’affaire).

Dépendre des énergies fossiles correspond donc à dépendre de l’étranger. Si vous êtes un grand pays avec une influence internationale réelle et des services spéciaux à la hauteur, vous pouvez peut-être vous le permettre, même si j’en reste persuadé, à long terme vous finirez par le payer un jour. Toutefois, un petit pays, qui souhaite de surcroît se comporter de manière conforme au droit, se met en situation de dépendance élevée face à des pays voyous, qu’ils en portent le titre ou non.

Instaurer une taxe CO2 visant à infléchir notre consommation de carburants fossiles contribue donc directement à protéger notre indépendance nationale.

En politique étrangère, on rappelle souvent que nous n’avons pas d’amis uniquement des intérêts. Si ceux-ci convergent, tout va bien. Dans le cas contraire, un petit pays doit se faire du souci.

Il semble utile de rappeler que le contrat-cadre avec l’UE donne une fâcheuse impression de bébé mort-né. L’UE pourrait s’énerver quelque peu, pas beaucoup juste un peu, mais de manière à mettre une pression telle que nous devrons céder sur un point ou l’autre.

Au final, je n’aimerais pas jouer les Cassandres, mais nous rendre indépendant des énergies fossiles protège aussi notre système politique et donc notre démocratie directe.

Pour le prochain article, nous passerons en revue les points essentiels de la question environnementale.

Laurent-David Jospin

Crowdfunding et autoroute solaire

La finance moderne s’est construite au fil du temps et pour une part importante en réaction à des événements subits et inattendus. On peut citer par exemple la faillite de la banque Lehman aux USA, qui a failli lancer une réaction en chaîne évitée de juste et a conduit à l’adoption du concept “too big to fail”.

Les règles en question présentent assurément quelques vertus, mais en revers de la médaille elles amènent également une lourdeur, notamment bureaucratique, créant des difficultés pour les projets sortant quelque peu des “cases habituelles”

La plupart des grands projets historiques du passé ne pourraient vraisemblablement plus se réaliser aujourd’hui, ou tout au moins pas de la manière dont ils avaient été réalisés à l’époque, car plus finançables. Et on peut penser aussi bien à la découverte des Amériques qu’à la réalisation de nos barrages helvétiques.

Toujours avec l’idée de vous laisser apercevoir un bout du futur, voici encore un tronçon en cours d’étude du fameux projet A4-KW devant suivre le démonstrateur de Fully :

autoroute-knonau-renders-images-5.4

C’est ce genre de réalisation qu’il devient complexe de financer pour la première fois.
(note : la paroi anti-bruit est pré-existante et n’appartient pas à notre solution)

La nature ayant horreur du vide, un mécanisme s’impose progressivement pour pallier à ce manque : le crowdfunding.

On peut d’ailleurs souligner que le crowdfunding tel que nous le connaissons aujourd’hui sur des plateformes informatiques les plus diverses n’est que l’aboutissement d’un mode de financement ancestral souvent déployé dans des communautés soit faibles soit malmenées. On peut citer en exemple la communauté émigrée chinoise en Europe au début des années 1960 qui n’avait à peu près rien, mais qui par un mécanisme de solidarité intelligent a réussi un décollage économique de première force.

Tong Xiang Hui

Le Tong Xiang Hui en traduction littérale : association de même pays natal.

A la base, un projet tel que le notre peut trouver son financement via les canaux suivants :
– institutionnels type caisse de retraite souhaitant un rendement pas trop élevé mais ultra-stable sur le très long terme,
– fonds bancaires type emprunt,
– ICO discuté dans le post du 6 mai 2019 ici,
– crowdfunding ,
– programmes de subventions étatiques verts et/ou de soutien à l’innovation,
– prévente de la production électrique.

Les institutionnels nous tiennent en général un des deux discours suivants : “votre concept est génial, dès que vous en avez réalisé un, nous finançons les suivants …” ou “amenez une part de financement complémentaire assimilable à des fonds propres et nous vous suivons“.

Dès lors, envisager un financement partiel par la foule devient une option qui ne peut être négligée et peut servir de formidable accélérateur pour le projet.

Pour ne pas enfreindre les lois financières, nous devons soit nous tenir à l’écart de la vente de simples actions à l’attention du public soit nous faire accompagner par un institut autorisé à le faire. Par contre, nous pouvons proposer en toute liberté :
– la pré-vente d’une contre-prestation future (typiquement des tranches de kWh),
– de la vente de produits dérivés, aussi appelé goodies,
– la participation à la composante philosophique du projet.

La démarche crowdfunding ne se limite pas à chercher du financement. Associer le public à la démarche, permet de mieux appréhender les souhaits du plus grand nombre et contribue aussi à assurer la diffusion de la solution à une plus large échelle.

Il faut garder à l’esprit que le Solar Highway Project de Fully possède aussi comme objectif d’être un démonstrateur et que donc le vrai but visé était, reste et sera de remplacer à une échelle mondiale des centrales nucléaires et/ou à charbon.

Le processus peut être assez joliment visualisé. Nous vous proposons cette variante pour illustrer le propos de ce post :

crowdfunding-banner-sunPour rappel, si vous souhaitez être informé du lancement de cette démarche de crowdfunding, c’est ici qu’il faut s’inscrire : http://www.energypier.ch/index.php/fully-ch-project-overview/crowdfunding-and-equity/
Et pour répondre à une question récurrente : nous ne partageons pas vos adresses courriels avec quiconque

Le prochain article apportera un éclairage sur le concept fondamental du Solar Highway Project, à savoir la permaculture de panneaux solaire.

La série d’articles sur notre Solar Highway Project se décline maintenant comme suit :
Introduction à la série ici,
Liens avec la blockchain,
– Crowdfunding et autoroute solaire (vous y êtes justement),
– Permaculture de panneaux solaires,
– Nouveau : Autoroute solaire et durabilité,
– et d’autres encore à suivre …

En me réjouissant d’échanger avec vous prochainement …

Laurent-David JOSPIN

De l’autoroute solaire et ses relations inattendues avec la blockchain

Résumé : Dans ce post, nous continuons de vous informer sur nos réflexions en cours dans le cadre du projet “Solar Highway” et plus précisément des liens croisés entre la blockchain, notre futur énergétique, et bien évidemment notre projet d’autoroute solaire.

Très accessoirement nous vous donnerons, peut-être, l’opportunité de devenir millionnaire gratuitement, mais sans garantie cela va de soi.

L’article précédent vous avait annoncé notre sujet du jour : la blockchain comme option possible pour financer totalement ou partiellement des tronçons d’autoroute solaire.

Par quel cheminement tortueux en sommes-nous arrivés à voir un lien entre notre projet et le monde des cryptomonnaies ?

Il se trouve qu’un projet anglais connu sous le nom du KWATT a attiré notre attention, car il avait levé exactement la somme dont nous avons besoin (et en plus, pour un projet sincèrement non comparable avec le notre en terme de durabilité, au minimum au moment de la levée de fonds) et de surcroît avec une facilité déconcertante via une émission de cryptomonnaie.

De là à imaginer possible de financer le Solar Highway Project via une émission de token ou quelque chose de ce genre, il n’y a qu’un pas que nous avons allègrement franchi avec mon équipe.

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Mais voilà le temps où n’importe qui, en faisant n’importe quoi, n’importe comment, levait n’importe quelle somme est bien révolu. Aujourd’hui la majeure partie des ICO échouent. Ce fait pris en compte, nous sommes arrivés à la conclusion que seul un partenariat avec un acteur réellement performant/compétent sur le créneau justifierait d’engager du temps et des ressources sur cette voie.

Les partenaires potentiels rencontrés se tâtent encore. Le problème se résume en peu de mots : les vraiment bons, débordés de sollicitations, se concentrent sur les gains immédiats facilement réalisables et hésitent à investir avec nous. Les perspectives exceptionnelles à moyen/long terme de notre projet poussent d’un coté, tandis que l’effort à fournir immédiat entraîne à regarder de l’autre.

Mes compétences personnelles en blockchain ne dépassant pas vraiment la compréhension des principes généraux, j’avais pris la décision ferme de pas engager notre équipe seule sur cette voie, soit un partenaire du monde crypto au niveau du projet Solar Highway s’engageait avec nous, soit nous renoncions à cette piste.

Mais voilà un article dans Science & Vie de mars 2019 sur le thème de la consommation électrique générée par la blockchain a montré que la relation allait clairement dans les deux sens : Oui la blockchain pourrait éventuellement être une solution de levée de fonds pour le Solar Highway Project, mais de l’autre coté les besoins énergétiques prévisibles de la blockchain nécessitent impérativement la mise en place de moyens de productions d’énergie propre à une échelle telle que notre solution semble parfaitement taillée pour y répondre

Dans le cadre du droit de citation, voici le scan de la première page de l’article ci-dessus :

science vie blockchain énergieAu surplus, vous êtes encouragés à vous le procurer (site de Science&Vie ici : https://www.science-et-vie.com/ ) ou éventuellement à aller le consulter dans votre bibliothèque municipale préférée.

Du coup, j’ai commencé à investiguer un peu plus ce monde des cryptomonnaies et autres blockchains. Les experts du domaine s’amuseront certainement beaucoup d’apprendre ma surprise lorsque j’ai découvert le phénomène des distributions gratuites.

Voilà bien quelque chose de totalement contre-intuitif : des porteurs d’un projet (créer une nouvelle cryptomonnaie, un outil basé sur la blockchain, etc etc ) et donc souhaitant lever des fonds, commencent par donner gratuitement un nombre, souvent important, des monnaies ou autres jetons aussi appelé token au public.

Bien sûr, il existe une explication parfaitement rationnelle. Et à nouveau celle-ci trace un certain parallèle avec notre projet Solar Highway !

Dans les démarches évoquées dans l’article précédent, nous avons mentionné le crowdfunding. Alors voici notre dilemme le plus douloureux : pour le démonstrateur à Fully du Solar Highway, nous pourrions sans doute relativement facilement trouver le financement via l’émission d’un grand nombre de petites actions, car vu l’attrait de notre projet et la prise de conscience de l’urgence de décarboner notre économie, il est presque certain qu’un nombre suffisant de petits porteurs souhaiteraient devenir co-actionnaires et le projet serait ainsi financé.

Mais voilà, une telle démarche tombe quasiment à coup sûr sous le coup de la loi. En effet, le législateur assimilera le processus à de l’appel à l’épargne (privilège des banques) et/ou à de la vente de produit financier sans autorisation de mise sur le marché.

Voilà pour la problématique de base, et nous nous étendrons plus sur le crowdfunding dans le prochain post.

Pour revenir à la question des ICO, les porteurs d’un projet “crypto” rencontrent globalement la même difficulté. Tant qu’un objet à caractère essentiellement financier n’existe pas encore, toute tentative de le faire souscrire contre payement à un nombre indéterminé de petits porteurs tombe également sous le coup de la loi presque obligatoirement. Or, pour fonctionner respectivement devenir une réussite un système crypto doit impérativement présenter une liquidité significative. Dans certains cas, il est possible de réaliser l’émission de token contre un droit non assimilable à un produit financier (presque comme dans le crowdfunding ci-dessus, ex le bitcoin pour lequel vous recevez des BTC contre le travail de minage) et dans d’autres pas. Dans ce deuxième cas, la distribution gratuite “e-coins” ou autre token devient une solution élégante pour lancer l’écosystème du projet.

En effet, prenons l’exemple théorique d’un groupe de personnes voulant lancer un projet de token donnant droit à un part de quelque chose (non déterminé ici, mais on peut par exemple penser à une solution facilitant l’e-commerce) devant exister essentiellement par la liquidité des token. Si le groupe en question décide d’émettre 1 M de token et les propose un prix quelconque (disons 1.– le token), comme ils n’ont aucune liquidité à la création, ils n’ont conséquemment qu’une valeur spéculative sur les perspectives futures. La réussite de l’opération semble donc bien incertaine d’une part, et en outre, à moins d’être assimilé à une banque et enregistré comme tel auprès de l’autorité de régulation des marchés financiers de chaque pays dans lequel la promotion du nouveau e-coin est réalisée, la démarche sera sanctionnée par l’autorité mentionnée.

Par contre, si le même groupe décide de créer non pas 1 M mais 2 M et donner ce deuxième M dans le cadre d’une distribution gratuite à un nombre élevé de personnes, il évitera l’écueil juridique (il est toujours permis de donner!) et il créera spontanément un écosystème dans lequel certains bénéficiaires vont décider de revendre assez vite leurs tokens reçus gratuitement et d’autres au contraire voudront capitaliser sur le montant initial reçu en achetant des parts complémentaires. Il “suffit” ensuite que le token en question ait une vraie utilité pour créer une hausse de la valeur et partant garantir la réussite du projet.

Au stade actuel, il semble à peu près certain que le financement du Solar Highway Project à Fully ne se réalisera pas avec une part de blockchain. Toutefois, on peut raisonnablement penser que cela deviendra le cas pour les tronçons ultérieurs. Il deviendra impératif que notre équipe augmente ses compétences en blockchain, car à trop dépendre de partenaires externes pour des sujets stratégiques, on prend des risques fondamentaux d’une part, et non clairement identifiés d’autre part, la combinaison des deux facteurs étant strictement insupportable au sens premier du terme.

Vous l’avez compris, pour préparer le futur, j’ai commencé de m’investir un peu plus dans l’étude du monde crypto.

La création d’une nouvelle crypto ou token passant par cette phase ICO, il vaut la peine de concentrer ses efforts sur la compréhension des divers mécanismes impliqués. J’ai donc décidé de sélectionner une dizaine de distributions gratuites et y participer pour prioritairement gagner de l’expérience.

Bien évidemment, votre rédacteur préféré reste toujours le même, totalement convaincu de l’urgence de créer un monde durable entre autres. Le choix de cette dizaine de cibles se fera donc en mettant en avant quelques critères de base dont
a/ l’utilité réelle du nouvel écosystème prévu,
b/ l’absence d’effet délétères sur la durabilité générale,
c/ et nous exclurons tout système à visée purement spéculative.

Comme un nombre important des lecteurs pourraient être intéressés à participer aussi à l’une ou l’autre de ces distributions gratuites (cela a déjà commencé bêtement avec les relecteurs avant publication, donc on peut imaginer pour les lecteurs ….), il convient de préciser les points suivants :
– ces distributions sont gratuites dans le sens qu’aucune somme ne doit être payée pour obtenir les cryptos en question, mais un effort plus ou moins important est demandé dont au minimum inscription dans le monde de la crypto concernée, et éventuellement des démarches accessoires comme publier un lien sur vos comptes de médias sociaux, …
– ensuite les cryptos reçues ainsi sans bourse délier peuvent éventuellement prendre une valeur considérable (allez, on va tous souhaiter devenir multi-millionnaires), mais il se peut également que cela fasse plop et que la crypto disparaisse purement et simplement.

Pour mon cas personnel, il y a un but clair : gagner une meilleure compréhension de l’univers de la blockchain, et ainsi si les quelques heures (au total) que j’aurai investies ne donnent rien, cela ne me fera ni chaud ni froid car le sens initial de la démarche était autre.

Alors, voilà la première “distribution gratuite” qui a attiré notre attention :

Aussie Digital

Il s’agit d’un projet visant à faciliter le e-commerce pour des petits acteurs et donc rendre ceux-ci moins dépendants des mastodontes tels Amazon ou Alibaba. Il y a clairement une vertu sociale à ce projet en cherchant à renforcer les “petits” qui sont souvent pieds et poings liés face aux “gros” ou au minimum leur offrir une alternative. Je n’ai pas le temps de faire toute une étude prospective pour essayer de déterminer les chances de succès de cette démarche, mais au minimum le but visé correspond à un besoin et ne s’oppose pas frontalement aux valeurs défendues par ce blog.

Voici le lien pour ceux qui souhaiteraient s’intéresser à ce projet spécifique : https://www.aussiedigital.io/referral/laurentdavidjospin  (s’ouvre dans une nouvelle fenêtre)

Je vous tiendrai au courant de mes découvertes dans ce monde crypto, tout en sachant que cela reste un sujet secondaire et que mon/notre but principal demeure le décollage de l’autoroute solaire, si l’on ose ainsi s’exprimer.

Et puis pour rester dans notre sujet principal, voici cette fois une nouvelle image provenant du cadre de nos études pour le projet Knonauer Amt :

autoroute-knonau-renders-images-3 Le prochain article se rapportera au crowdfunding, et pour rappel vous pouvez vous inscrire ici http://www.energypier.ch/index.php/fully-ch-project-overview/crowdfunding-and-equity/ et vous recevrez les annonces du projet en priorité. Votre aide, même si elle se limite à relayer nos articles, fera la différence !

La série d’articles sur notre Solar Highway Project se décline maintenant comme suit :
Introduction à la série ici,
– Liens avec la blockchain (vous y êtes),
Dito avec le Crowdfunding,
– Permaculture de panneaux solaires,
– Nouveau : Autoroute solaire et durabilité,
– et d’autres encore à suivre …

En espérant que nous pourrons ensemble contribuer à un monde plus durable.

Laurent-David JOSPIN

L’autoroute solaire avance … (sans jeu de mot!)

Les lecteurs d’ouvrirlesyeux le savaient déjà : les forces mobilisées pour le blog se sont quelque peu déplacées pendant quelques temps pour notre projet d’autoroute solaire, plus connu sous son acronyme anglais « Solar Highway Project » du coup le rythme des parutions sur le blog s’en ressent fortement.

Nous nous concentrons de manière essentielle sur plusieurs fronts simultanés, dont la préparation de la demande de permis de construire, les recherches de projets pour assurer le futur, la constitution d’une équipe solide, et enfin voir surtout celui de la recherche de la meilleure solution de financement possible.

Au sujet de la recherche des projets futurs, je suis très heureux de pouvoir vous informer qu’un partenariat se met gentiment en place avec la “Standort Förderung” du Knonauer Amt. L’intérêt de cette région pour disposer également rapidement d’une autoroute solaire semble être vraiment fort. Sur cette région le projet possède même un nom A4-KW qui est un jeu de mots avec AKW (centrale nucléaire en allemand) et A4 qui est le numéro de l’autoroute concernée.

Voici où se situe le Knonauer Amt sur une carte Suisse : posi approx knonauer amt

Et voici le tracé de ce fameux A4-KW, 6 tronçons sont envisagés pour un total supérieur à 5 km :

tracé approx A4KW

Nous avons donc offert de démarrer les études à compte d’auteur pour accélérer autant que faire se peut le déploiement à large échelle dans notre pays.

Voici en avant première une des premières images de synthèses générées dans le cadre de nos études préliminaires.

knonau_1

Pour revenir au sujet le plus chaud du moment, soit le financement du projet vitrine sur Fully, plusieurs pistes sont actuellement suivies pour cette levée de fonds dont des négociations complexes avec des institutionnels spécialisés dans le financement d’infrastructures à long terme, des fonds verts, des business angels, du crowdfunding, l’utilisation des possibilités offertes par la blockchain, …

Il y aura forcément des possibilités pour tout un chacun de participer à titre individuel. Si vous souhaitez être informé du lancement concret de la campagne c’est ici : http://www.energypier.ch/index.php/fully-ch-project-overview/crowdfunding-and-equity/
Vous laissez vos coordonnées et vous serez informés en avant-première de chacune des étapes.

Tout va s’accélérer très prochainement, si vous souhaitez avoir la chance de vous positionner en temps utiles, il vaut vraiment la peine de prendre les 30 secondes pour vous inscrire.

Les prochains articles toujours en rapport avec le projet d’autoroute solaire traiteront par ordre chronologique :
– de la blockchain, publié le 6.5.2019 ici
– du crowdfunding, publié le 18.5.2019 ici
– de la permaculture de panneaux solaires,
– et d’autres encore à suivre …

En me réjouissant d’échanger avec vous prochainement …

Laurent-David JOSPIN

No-Billag ? Attention ! On se trompe de cible !

En tant que bon libéral, je suis bien forcé d’avouer être mal à l’aise avec le système Billag tel qu’actuellement en vigueur. Du coup, même si No-Billag présente manifestement toutes les caractéristiques d’une initiative extrémiste, je n’avais pas imaginé m’investir dans cette campagne.

Mon revirement, tout à fait déterminé n’en doutez pas, trouve son origine dans un récent sondage montrant que, contrairement à toutes attentes, cette initiative représentait un vrai danger.

La question naturelle est bien celle-là : comment peut-on avoir une pareille dichotomie entre une population qui exprime une très grande satisfaction, à juste titre d’ailleurs, sur la qualité des programmes offerts par nos chaînes de radio et télévision nationales, et une même population ne souhaitant manifestement plus payer ?

L’explication puise sa source ici :

portemonnaie videLes statistiques du renchérissement représentent une réalité, et le disponible des ménages une autre manifestement bien différente !

Regardez les médias récents : plus d’un suisse sur 5 est incapable de faire face à une dépense imprévue de CHF 2’500.– ! Récemment, nous avons eu droit à un Temps Présent sur le thème « Épargner ? On n’y arrive plus ! ».

Il ne faut pas chercher plus loin le problème. Une frange importante de notre population ne supporte plus l’idée de recevoir encore et encore des factures non sollicitées mais à caractère obligatoire. Rajoutez à ce qui précède une dose substantielle de personnes manipulées et ainsi que quelques libertariens non raisonnés et vous obtenez les sondages que nous avons vus.

Il faut le dire haut et fort : malgré ses imperfections, condamner à une mort certaine notre meilleure source d’informations pour un débat démocratique réellement ouvert et sain conduira inéluctablement à une aggravation de la situation !

Imaginons donc, juste pour se faire un peu peur, un monde sans Billag, ni autre système de subventionnement à des médias neutres et indépendants comme le veut cette initiative, dans le cadre d’une votation visant à accroître encore et de manière outrancière le pouvoir des caisses d’assurance maladie. La campagne de votation serait inévitablement complètement biaisée vu que la seule voix qui disposerait des moyens de se faire entendre via des médias privés, vendant au plus offrant sa visibilité, serait celle des compagnies d’assurance. Or on le sait, face à un matraquage trop lourd, les meilleurs arguments ne peuvent plus rien. Les campagnes électorales aux USA le démontrent de manière très claire : l’argent ne fait pas tout en politique ; mais lorsque la différence devient trop importante, les arguments même les plus pertinents se révèlent inopérants.

Dès lors, dans le scénario imaginé ci-dessus les caisses maladies renforceraient très certainement aisément leur position au détriment du plus grand nombre. En fait, à chaque fois qu’une votation concernerait un sujet impliquant un acteur disposant d’une force de frappe économique en dessus de la moyenne, il faudrait légitimement craindre que la décision populaire soit manipulée par des campagnes de désinformation. Avec comme résultat final que l’argent économisé sur la facture Billag se retrouverait perdu un multiple de fois pour les citoyens concernés. En cascade, nous verrions au fil des années une perte de confiance dans notre système politique et nous subirions les dysfonctionnements que l’on peut observer dans de nombreux pays comme la France ou les USA pour ne citer que quelques exemples.

Définitivement No-Billag est une initiative trompeuse, et il faut la refuser sèchement.

Laurent-David Jospin

Prochainement : No-Billag à qui profite le crime

Il a bon dos le vieillissement !

Troisième article de la série estivale “politique de santé”

On nous répète à longueur de débat que la hausse des coûts de la santé proviendrait essentiellement voire presque exclusivement du vieillissement de la population, car les 2 dernières années seraient celles de tous les coûts à défaut d’être celles de tous les dangers.

Appliquant un peu de logique à cette affirmation, nous restons alors bien songeurs. En effet, si ce sont bien les deux dernières années qui coûtent si chères, en quoi la prolongation de l’espérance de vie peut-elle changer quelque chose ici ? Les deux dernières années restent bien les deux dernières, que l’on vive 70, 80 ou 100 ans. Comme de surcroît, on nous bassine que nous vivons mieux plus longtemps pour rendre les hausses de prime moins insupportables, on voit mal comment on pourrait encore réconcilier l’incohérence entre ces deux affirmations et la froide réalité des hausses massives de prime au fil du temps.

vieille et prince LamalMerci à Amanda pour sa participation

Il suffit d’ouvrir un peu les yeux pour voir que cette posture tient plus du mantra martelé pour cacher ce qui gêne que de quoi que ce soit d’autre.

En discutant avec des oncologues en fin de carrière, ils nous avouent leur désarroi de voir des patients de plus en plus jeunes dans leur salle d’attente. Les jeunes femmes payent un tribu très lourd au cancer du sein alors qu’auparavant cette pathologie, si cruelle, se concentrait sur la classe d’âge au-delà de 50 ans. Chaque grand hôpital universitaire possède maintenant une section d’oncologie pédiatrique, ce qui aurait paru inconcevable il y a seulement 30 ans. Une étude publiée sur The Lancet en 2004 déjà montrait que l’on trouve la plus forte progression des cancer auprès des enfants et adolescents [1]. Une autre étude plus récente encore démontre une accélération de cette tendance [2].

On commence maintenant de trouver dans les EMS des patients n’ayant même pas encore atteint l’age de la retraite. Une exploitante d’EMS ayant chargé un des deux présents co-auteurs de lui organiser la remise de son commerce lui expliquait qu’il s’agissait d’une nouvelle réalité encore jamais expérimentée et que les structures devaient être repensées pour la prise en charge de ces nouveaux cas.

Pour paraphraser Lénine « les faits sont têtus », manifestement quelque chose ne fonctionne plus correctement au niveau de notre société, et notre santé générale s’en ressent.

On suspecte la pollution sous toutes ses formes d’avoir une part de responsabilité importante ici. l’OFSP estime que le coût induit de la seule pollution de l’air sur la santé pourrait atteindre 6 milliards de CHF soit quasiment 10% du coût total de la santé. On peut également imaginer que la masse de molécules chimiques variées que l’on retrouve dans l’eau ne doit pas être innocente non plus.

Citons comme exemple un tabou pour lequel maintenir un débat serein et non partisan s’avère vite très difficile : les hormones dérivées des pilules consommées par nos compagnes impactent gravement la vie aquatique. Or cette eau, nous la consommons jour après jour. Imaginer qu’elles puissent avoir des effets aussi visibles sur la santé de la faune aquatique et que, sans jeu de mot, nous passerions entre les gouttes ne peut être considéré comme crédible.

Définitivement non ! Ceux qui se cachent derrière le vieillissement de la population pour tenter de justifier la frénésie haussière des primes LAMAL, refusent juste de voir la réalité en face. Le problème se révèle beaucoup plus global et de nombreux tabous, comme la pollution sous toute ses formes, les industries irresponsables (malbouffe, tabac, …), la surconsommation médicale, et tant d’autres devront impérativement tomber, faute de quoi, et quelque soit les mesures cosmétiques prises, le système ira vers une implosion à brève échéance.

 Blaise Courvoisier et Laurent-David Jospin

Table des matières de la série : ici
Prochain article : Des “patients” impatients aux attentes irréalistes ?

[1] Geographical patterns and time trends of cancer incidence and survival among children and adolescents in Europe since the 1970s (the ACCIS project): an epidemiological study, Dr. Eva Steliarova-Foucher et all, The Lancet, décembre 2004

[2] Cancer cases in children leap by 40% in 16 years, K. Spencer, Sky News, septembre 2016

Santé : une catastrophe programmée?

Deuxième article de la série estivale “politique de santé”

La dernière augmentation des primes d’assurance maladie en 2016, doublée d’une annonce de hausses potentielles encore plus lourdes en 2017, nous oblige à certaines réflexions. En effet, depuis l’introduction de la LAMAL en 1992, les primes ont été multipliées par un facteur de l’ordre de 4 à 5 alors que le renchérissement selon l’OFS (Office Fédéral de la Statistique) durant la même période n’indique qu’une hausse de 1.17. Ce dernier facteur, presque insignifiant par rapport celui de la LAMAL seule, intègre paradoxalement également celui-ci pour une part. On en conclut facilement que la hausse LAMAL est réellement en train de capter une part toujours plus importante du revenu des ménages.

Au niveau global, les coûts totaux ont récemment dépassé les 70 milliards par année dont schématiquement 50% sont couverts par les primes et le solde par l’État au travers de l’impôt, et par les patients eux-mêmes avec leurs payements de franchise et de quote-part.

Il semble que pour la première fois nous sommes entrés dans une zone douloureuse car des sondages ont montré que jusqu’à 30% des citoyens exprimaient à présent le désir que la LAMAL cesse d’être obligatoire, alors que jusqu’à récemment encore cette fraction de la population restait parfaitement négligeable.

prob croiss primesSource : OFSP + OFS + Bon à Savoir

Cette nouveauté ne puise sans doute pas seulement son explication dans le montant des primes, mais également dans le fait qu’un nouveau discours s’est fait jour. En effet, depuis l’introduction de la LAMAL, ses promoteurs ont toujours affirmé haut et fort que celle-ci allait permettre de juguler “bientôt” la hausse des coûts de la santé. Or, de promesses non tenues en dépassements massifs répétitifs, il a bien fallu l’admettre : l’évolution des coûts ne va pas vers une stabilisation, mais au contraire vers une aggravation des hausses annuelles. Entre le moment où nous avons commencé la rédaction de ce texte et celui de sa parution, soit quelques petites semaines, de nombreux événements publiques sont survenus et montrent que l’enjeu principal se situe maintenant à ce niveau du coût supportable par les ménages. On citera l’annonce de la prochaine hausse des primes prévisible pour 2018 par SantéSuisse de vendredi dernier, ou encore celle de la prochaine initiative du PDC pour tenter de juguler quelque peu la dite hausse.

Le monde politique se borne le plus souvent à expliquer cet état de fait par le vieillissement inexorable de la population ainsi que par les excessives prétentions salariales des prestataires de soins. Ainsi, les principales mesures politiques ont-elles tout simplement cherché à baisser le revenu des médecins : depuis son introduction, en 2002, la valeur du point Tarmed n’a pas augmenté, au contraire, elle a baissé dans plusieurs cantons alors que dans le même temps l’IPC croissait, lui, de 4,7%. Cela ne suffisant bien entendu pas, l’attaque suivante a ciblé le laboratoire de ce même praticien dont le prix du point a été laminé, puis ce fut la marge bénéficiaire des pharmaciens, la valeur à la baisse du point des physiothérapeutes, sans oublier l’introduction des forfaits hospitaliers par cas qui n’ont abouti qu’à une augmentation considérable de la part des soins effectuée en ambulatoire, soins qui sont payés eux, faut-il le rappeler, uniquement par les assurances maladie et les patients eux-mêmes… Ces mesures de « rationalisation » n’ont eu jusqu’à présent aucune efficacité sur la spirale inflationniste des coûts helvétiques de la santé. Il convient donc de chercher d’autres causes, dans des domaines beaucoup plus incorrects politiquement parlant : tant sociologiques que philosophiques.

Dans cette réflexion, nous voulons parcourir dès lors des thèmes aussi sensibles que la peur de la mort, les raisons profondes des scandales médicaux à répétition, les conflits d’intérêts existant entre l’industrie et ceux sensés la contrôler, les motivations à court terme des carriéristes politiques les conduisant à privilégier des mesures cosmétiques, et enfin le rôle trouble des caisses maladie.

A l’heure actuelle, notre pays mobilise plus de 11% de son PIB annuel pour la santé. Au vu de son caractère obligatoire, on peut comparer ce coût à un supplément de fiscalité, or on sait par l’expérience qu’à partir d’un certain seuil de prélèvement, les rouages de l’économie se grippent. Nous ne pourrons dès lors pas faire l’impasse d’une remise en cause de certains aspects qui nous semblent pourtant aujourd’hui non négociables. Ce sujet appartenant simultanément aux plus clivants du paysage politique ainsi qu’à la sphère intime de chacun, le débat est régulièrement pollué par des positions dogmatiques, sans même parler de l’influence toujours grandissante des acteurs économiques de la santé.

Par ailleurs, la question ne se limite pas aux seuls aspects économiques. En effet, on l’oublie trop souvent mais quand on parle du rapport coût – bénéfice d’une thérapie, on ne pense pas prioritairement argent dépensé et/ou investi, mais bien effets secondaires et qualité de vie versus amélioration recherchée de l’état du patient.

Les réactions épidermiques à certaines études récentes (comme par ex. l’évaluation critique du rapport coût-bénéfice du dosage PSA systématique – cancer de la prostate – ou en parallèle chez la femme celui d’une politique de mammographie intensive dès un certain âge – cancer du sein -) prouvent que certains thèmes relèvent du tabou absolu, alors qu’une analyse non partisane des éléments démontrés par ces études permettrait de corriger le tir maintenant plutôt que devoir « jeter le bébé avec l’eau du bain » plus tard.

Aujourd’hui, nous aimerions établir que seule une analyse en profondeur des responsabilités propres à chacun des divers acteurs impliqués peut permettre une avancée réelle à même d’éviter une arrivée dans une impasse économique, médicale, politique, ainsi que philosophique.

Blaise Courvoisier et Laurent-David Jospin

Table des matières de la série : ici
Prochain article : Il a bon dos le vieillissement de la population!

Stratégie énergétique 2050? Nous avons déjà perdu trop de temps!

La stratégie énergétique 2050 soumise au vote à la population helvétique représente le minimum absolu du point de vue protection de l’environnement pour nous-mêmes et nos descendants. Les expériences des campagnes récentes ont montré que certaines forces s’opposent par principe à tout ce qui pourrait rendre nos sociétés un peu plus durables. D’une certaine manière, nous ne serons dès lors pas tellement surpris des mensonges proférés par les adversaires du changement. On doit toutefois malgré tout s’étonner de la courte vue de certains qui prônent l’indépendance de notre pays ou la santé de son économie, et qui foulent ici joyeusement leurs propres principes.

Il semble bon de remettre en pleine lumière quelques vérités essentielles.

En premier lieu, nous savons aujourd’hui que les modifications nécessaires pour maintenir le réchauffement de la planète sous les 2°C devront aller sensiblement plus loin que ce qui nous est proposé aujourd’hui. Une palette de chercheurs internationaux vient de publier une étude démontrant que, non seulement il conviendra de décarboner nos économies, mais également de créer des puits de carbone colossaux, pour réussir à tenir les engagements pris lors de la COP21 à Paris. La Suisse faisant définitivement partie des pays les plus riches de la planète, elle ne saurait se soustraire à sa juste part du problème. Dans le cas contraire, nous verrons d’ici quelques années une répétition du scénario du secret bancaire, où faute d’avoir agi à temps, la douloureuse grimpera à bien plus qu’il n’eut été nécessaire.

str 2050 étapes

Les énergies renouvelables se produisent en premier lieu localement. Elles représentent une richesse indigène et garantissent notre autonomie et partant contribuent à notre indépendance. Chacun comprendra aisément que si les négociateurs des relations avec nos voisins les plus directs doivent en plus intégrer dans leur cahier des charges que notre approvisionnement énergétique doit être assuré par ou à travers nos voisins, leur tâche, déjà fort complexe, le deviendra encore plus. Ceci conduira donc inévitablement à devoir lâcher du lest là où on ne l’aurait pas voulu. Préserver notre capacité à nous auto-satisfaire sur le plan énergétique équivaut à défendre aussi notre liberté.

On ne délocalise pas une centrale solaire, une éolienne ou une centrale à biomasse ! Le travail induit par ces diverses activités reste donc chez nous. On parle ici de proportions réellement significatives dans la chaîne de valeur. On pense bien sûr à l’installation, mais il ne faut pas oublier la conception, la maintenance, ainsi qu’une part importante des composants comme les câbles, les transformateurs, et autres équipements certes périphériques mais néanmoins indispensables.

En outre, les marchés liés aux énergies vertes ou encore l’efficience énergétique explosent littéralement sur le plan mondial. Nos universités et écoles d’ingénieur ont longtemps monopolisé la pointe de la recherche dans ces domaines. Mais voilà, faute d’avoir un marché domestique suffisamment dynamique, nous prenons actuellement du retard notamment sur nos concurrents les plus directs comme l’Allemagne ou encore l’Autriche.

L’Allemagne profite d’ailleurs immensément de son fameux EEG – Erneuerbare Ernergie Gesetz. C’est totalement à tort que les détracteurs de tout progrès environnemental vilipendent, sous prétexte de coûts trop élevés, la politique menée en Allemagne, car non seulement l’effet stimulus a permis à ce pays de présenter d’excellents chiffres sur sa croissance depuis son introduction, mais de surcroît les industries vertes allemandes trustent actuellement, et sans doute pour longtemps encore, les marchés d’exportation du domaine. En réalité, notre grand voisin s’offre une transition énergétique largement payée par sa clientèle internationale.

Opposer le fossile comme soi-disant source de prospérité aux énergies renouvelables prétendument synonyme de privation et autre douche froide prouve juste le peu de sérieux de l’argumentaire. Dans le pays de Donald Trump, grand apôtre de la relance économique par les subventions au charbon, on constate simplement que le nombre d’emploi dans le solaire représente déjà le double de ceux du charbon justement !

Autant pour le bien de l’environnement, de notre économie, et de notre indépendance, il faut espérer que la population enverra un signal clair en votant oui le 21 mai à la stratégie énergétique.

Laurent-David JOSPIN

Source(s) :
SCIENCE AAAS, A roadmap for rapid decarbonization, Johan Rockström, Owen Gaffney, Joeri Rogelj, Malte Meinshausen, Nebojsa Nakicenovic, Hans Joachim Schellnhuber, Stockholm University, The Royal Swedish Academy of Sciences, International Institute for Applied Systems Analysis, ETH Zurich, Potsdam Institute for Climate Impact Research, Australian-German Climate and Energy College, School of Earth Sciences, University of Melbourne
WWW.FORTUNE.COM, In U.S., there are twice as many solar workers as coal miners, Kirsten Korosec

Politique hospitalière neuchâteloise : le projet du Conseil d’État nous mène à une catastrophe financière

En lisant le titre de mon post, une idée s’est déjà imposée à vous : ça y est, Laurent-David nous attire dans le conflit haut-bas. Alors de toute urgence avant que vous ne stoppiez votre lecture, je vous le dis tout net, non, pas du tout et même bien au contraire, c’est la santé économique de l’ensemble du Canton qui m’inquiète grandement.

Si vous vous intéressez à la question hospitalière neuchâteloise, vous aurez certainement lu une ribambelle d’expertises (ou leurs résumés dans les médias) se contredisant toutes les unes les autres. Chaque camp choisit celles qui lui conviennent et la possibilité d’une union sacrée a été enterrée, il y a fort longtemps déjà.

Nous ne parlerons pas ici de l’initiative lancée par les deux villes du haut du canton, car en réalité cela n’a aucune, ou plus précisément n’a plus aucune, incidence sur le point essentiel qui déterminera les conséquences découlant de l’éventuelle acceptation par la population neuchâteloise du projet du Conseil d’État, à savoir le facteur humain.

Le dit projet présente une immense faiblesse, car il se trouve déjà à l’extrême limite inférieure du volume minimal nécessaire pour garantir la viabilité d’un centre hospitalier sensé pouvoir régater avec ceux de Genève, Lausanne, ou encore Berne ! Or, le refus de la population du haut conduit à ce qu’aujourd’hui déjà une part toujours plus importante des patients du haut du canton privilégient l’hôpital de Saint-Imier. Sans hôpital sur le haut, vous pouvez sans risque parier pour au minimum un doublement de cette part et certainement bien davantage en réalité.

 S’il n’y avait que les (mauvaises) raisons de la frustration voir colère, on pourrait jouer le pari risqué d’un apaisement au fil du temps, mais ici l’objectivité force à constater les, cette fois très bonnes, raisons comme la proximité (10 min contre 30), facilité d’accès (parcage aisé notamment), qualité d’accueil et d’autres, qui garantissent l’échec d’une volonté centralisatrice sur le site de Pourtalès (déjà saturé soit rappelé en passant, voir image d’actualité).

grippe pourtalès

 Les défendeurs de la vision centralisatrice inhérente au projet du Conseil d’État seraient bien avisés d’écouter le très haut taux de satisfaction des patients qui ont tenté l’expérience de “s’expatrier” chez nos voisins bernois.

 Si le projet porté à bras le corps par le Conseiller d’État Laurent Kurth et son égérie en la personne de la présidente de HNE Pauline de Vos Bolay, vient à être accepté par la population neuchâteloise, le canton se chargera d’un énorme fardeau financier supplémentaire, alors même que nos finances flirtent déjà avec la double ligne rouge.

 Le phantasme proposé aux citoyens de notre canton ne pourra jamais être rentabilisé. Les quelques 170’000 neuchâtelois ne suffisent déjà pas. Il faudrait plutôt taper dans les 250’000 pour atteindre le seuil inférieur de rentabilité. Si nous devons encore soustraire ne serait-ce que 30 % des habitants du haut, nous pouvons certifier à la fois une augmentation massive des primes d’assurance maladie et de la fiscalité à moyen terme.

 Laurent Kurth a prouvé à de multiples occasions son habileté manipulatrice (j’en connais des camarades du haut qui regrettent de l’avoir soutenu en son temps!!!). Je n’arrive pas à croire qu’il ne soit pas conscient de ce qui précède. En vérité, il flatte l’électorat du bas du canton pour réunir une majorité maintenant, obtenir la médaille qu’il se souhaite pour garnir son blason, et au final sait très bien qu’au moment où la vraie addition de ces errements sera présentée à la population, soit dans 15 ans environ, il coulera une heureuse retraite d’ex-conseiller d’état, payée par les citoyens de ce canton.

 Peu importe que l’initiative pour 2 hôpitaux soit acceptée ou non, l’urgence consiste à refuser ce projet dont la réelle motivation se cache dans l’ego de deux personnes voulant favoriser leurs carrières respectives et se moquant éperdument des difficultés des petites gens à boucler leurs budgets familiaux, tout particulièrement la classe moyenne inférieure trop riche pour être aidée mais quand même pas assez pour ne pas être à la peine mois après mois.

 Laurent-David JOSPIN

Endgültig weg mit den obsoleten AKW! Sus aux centrales nucléaires obsolètes!

Version allemande du texte paru sur Le Temps le samedi 22 octobrefile6s004b7u2bswsdob0z

Kaum haben die Grünen die Initiative „Für einen geordneten Ausstieg aus der Atomenergie“ lanciert, strotzt es in der medialen Diskussion bereits wieder vor Unwahrheiten! Hervorgehoben wird, dass bei einem angeblich „überhasteten Ausstieg“ die Bevölkerung „kolossale Schadenersatzkosten“ im Umfang von mehreren Millionen an die Kraftwerkbetreiber zahlen müssten. Dabei wird verschwiegen, dass diese gleiche Bevölkerung aktuell alle Risiken trägt und die weit höheren Aufwände für den Rückbau vollumfänglich wird berappen müssen – ganz zu schweigen von den äusserst langfristig anfallenden Entsorgungskosten.

Wie hoch sind die Rückbaukosten?

Die europäische Kommission nannte Anfangs 2016 Kosten von 250 Milliarden Euro, um die aktuell betriebenen 123 Reaktoren abzuschalten. Der Finanzhof unseres, notabene notorisch pro-nuklearen Nachbarstaates Frankreich hat den Rückbau für die eigenen Anlagen soeben auf 100 Milliarden beziffert. Soweit die aktuellsten Zahlen. Die das ungute Gefühl hinterlassen, dass da noch mehr nachkommt – mussten die Zahlen doch nach jeder Analyse massiv nach oben korrigiert werden. Das Bundesamt hat bis Ende Jahr Zeit, vergleichbare Zahlen für die Schweiz zu errechnen. Neutrale Experten befürchten das Schlimmste – dies obwohl die Finanzaufsicht bereits bei der letzten Revision im 2011 eine Erhöhung von 30% einfordern musste.

Die Branche tanzt(e) uns auf der Nase herum!

Diese harte Realität müssen auch die AKW Befürworter anerkennen. Deshalb versuchen sie – ganz nach altem Muster – den Betrieb zu verlängern, indem sie anführen, man müsse die Reaktoren noch einige Jahre länger laufen lassen, um die bisher ungenügenden Reserven aufzustocken.

Die Bürgerinnen und Bürger werden die reell anfallenden Kosten übernehmen müssen. Dabei ist ganz egal wie man sie nennt, ob „Schadenersatz für die vorzeitige Schliessung“ oder „Ausgleich der ungenügenden Deckung der Rückbau und Entsorgungskosten“. Über Jahre wurde Strom viel zu billig verkauft, indem keine Gebühr für die Entsorgung erhoben wurde. Das Prinzip „je grösser die Anlage, desto besser“ war also nichts als eine sehr erfolgreiche Lüge. Und vielleicht klappt es ja ein weiteres Mal, voller Überzeugung wider besseres Wissen zu argumentieren.

Bis repetita!

Diesmal hat man sich für die Strategie entschieden, die Diskussion möglichst so zu steuern, dass in Vergessenheit gerät, dass die AKW aktuell mit Verlust produzieren – egal ob man den billigen Preis ohne Entsorgungsgebühr annimmt oder eine Vollkostenrechnung anstellt. Je länger die AKW produzieren, desto höher wird das Loch, das sie in unser Budget reissen!

Ein Reaktorunfall? Eine Million Personen wären umzusiedeln

Bei einem Reaktorunfall im Schweizer Mittelland müsste 1 Mio Menschen umgesiedelt werden. Die Schadenhöhe wird auf zehn Jahre BIP beziffert. Dies käme für die Schweiz einem Konkurs gleich. Im Bestreben, Atomstrom trotzdem weiterhin als „sicher“ zu verkaufen, wird ab sofort mehr für die Wartung der AKW investiert, was dessen Wettbewerbsfähigkeit zusätzlich schwächt. Während die Kurve des Ökostroms genau umgekehrt verläuft.

Warum die Vehemenz?

Um zu verstehen, warum man sich so vehement für diesen Kadaver wehrt, muss man sich die Bilanzen der Betreiber genauer anschauen. Viele von ihnen führen noch immer hohe Beträge unter den Aktiven, obwohl sie Reserven hätten anlegen sollen, um den äusserst langfristigen Forderungen nachkommen zu können. Fazit: Ein Atomkraftwerk ist kein Vermögenswert, sondern in Tat und Wahrheit auf sehr, sehr lange Zeit eine Belastung. Die frühzeitige Unterbindung des AKW Mühleberg im Anschluss an eine Kostenexplosion der Wartungskosten zeigt dies auf eklatante Weise.

Sogar wer die Risiken aus den Augen lässt, die die nächste und viele weitere Generationen werden tragen müssen, muss einsehen, dass mit jedem zusätzlichen Betriebsjahr die Rechnung höher ausfällt, die die Einwohner dieses Landes tragen müssen. Diesem Spuk jetzt in geordneter Art und Weise ein Ende zu setzen, hat nichts mit Träumen von Wollsocken-Idealisten zu tun, sondern einzig mit gesundem Finanzmanagement.

Laurent-David JOSPIN

Ursprungliche Artikel auf französisch : https://www.letemps.ch/opinions/2016/10/21/sus-aux-centrales-nucleaires-obsoletes

Herzlichen Dank an Fabienne E. für die Übersetzung

Sortie du nucléaire ? Oubliez la photo-finish !

Mes chers lecteurs devaient bien s’en douter : il semblait inimaginable que je ne prépare pas un petit “quelque chose” pour la campagne sur l’initiative des Verts pour une sortie programmée de l’énergie nucléaire. Tel était bien le cas et nous nous approchions de la publication quand Le Temps m’a sollicité pour leur proposer un texte pour lancer la campagne. Étant dans l’impossibilité temporelle de recréer quelque chose de complètement différent, j’ai choisi d’extraire le chapitre économique/financier que vous pouvez donc trouver soit dans la parution papier du Temps du samedi 22 octobre 2016 ou sur le lien ici. La version complète de ce chapitre sera ré-intégrée sur le blog après la fin de la campagne.

Mon choix s’était porté sur les aspects financiers, car cet argument ultime des pro-nucléaires se révèle dans les faits également faux.

Mais il reste bien sûr des choses importantes à dire comme par exemple sur les thèmes de la sécurité de l’approvisionnement, la gestion des réseaux, la qualité environnementale du courant consommé, les aspects juridiques, les risques, la fin de cycle d’exploitation, ainsi que les considérations morales. Faisons donc un petit passage en revue.

Fukushima Plant

Sécurité de l’approvisionnement

Pour ceux qui ne le sauraient pas encore, Leibstadt et Beznau I ne fonctionnent pas à l’instant où j’écris ces lignes. Le manque en terme de volume se situe tout à fait dans le même ordre de grandeur que ce qui devrait être arrêté en 2017 (en arrondi 8500 Leibstadt + 2500 Beznau I ⇒ 11’000 GWh contre 2500 Beznau I + 3000 Beznau II + 3000 Mühleberg ⇒ 8’500 GWh). Et comme vous l’avez certainement remarqué, il n’y a plus d’éclairage la nuit et nous prenons tous des douches à 16°C!! Sans plaisanter, il ne peut y avoir le moindre problème car nous nous trouvons face à une surproduction au niveau européen provoquée par le coût artificiellement bas du charbon. En outre, rien que les projets solaires en attente pour l’obtention de la RPC permettraient de couvrir ce qui doit être arrêté.
En ce qui concerne le futur prévisible, de plus en plus de citoyens européens choisissant de se rendre partiellement ou totalement autonomes sur le plan énergétique, on peut affirmer avec certitude que la surproduction européenne n’ira qu’en se renforçant.

20150807_xl_P1010973_Erneuerbare_Energien_in_Oberstdorf_Photovoltaik-SolaranlagenExemple d’un village en cours de transition, source Molgreen

Gestion des réseaux

Vous l’avez forcément entendu une fois ou l’autre dans les débats sur la question énergétique “et comment garantirez-vous l’approvisionnement la nuit lorsque le soleil ne brille pas?“. Comme j’ai déjà beaucoup écrit sur la question, je vous propose de vous référer à ma publication « Comment démolir tout en faisant semblant de soutenir (ou presque) » où je traite assez profondément la question. Et pour vous donner juste un aperçu : sachez que le nucléaire souffre exactement du même problème mais symétrique. Une centrale atomique produit en continu et n’arrive pas à s’adapter à la demande. Dès lors, la nuit lorsque la vie économique ralentit fortement (les bureaux et les industries restent les plus grands consommateurs), la production devient totalement excessive et pose problème. C’est notamment pour cette raison qu’il existe des heures creuses la nuit et que l’on fait démarrer les chauffe-eaux électriques la nuit. En réalité, un réseau bâti sur une multitude de sources variées présente une bien meilleure résilience qu’un réseau dépendant pour 40% de centrales nucléaires vieillissantes pour rester modéré dans le propos.

Qualité écologique du courant fourni

Tant qu’à mentir, allons-y franchement!! Les promoteurs du nucléaire helvétique nous bassinent avec cette contre-vérité comme quoi le fait d’arrêter les centrales chez nous conduira à ce que nous importions du courant sale français (nucléaire) ou allemand (charbon). Or, ils le savent parfaitement, c’est déjà le cas maintenant, car nos barrages équipés en pompage-turbinage importent du courant bon marché la nuit pour le revendre plus cher en journée. Pour l’exprimer en chiffres, le courant électrique produit en Suisse se situe du bon côté du bilan carbone avec plus ou moins 10 gr de CO2 par kWh, mais par contre le kWh consommé s’élève lui à un très mauvais 100 gr/kWh.
La seule vraie réponse à cette interrogation légitime consiste à développer nos renouvelables indigènes, pas à s’obstiner dans une voie garantie sans issue.

Juridique

On entend souvent dire que, si une date de fermeture leur était imposée, les exploitants des centrales atomiques pourraient se retourner contre l’Etat et demander un dédommagement. Seule une profonde méconnaissance du contexte global peut conduire à croire une telle sottise.

En effet, avant que les propriétaires aient la moindre chance de gagner une procédure judiciaire, ils devraient démontrer avoir parfaitement rempli toutes leurs obligations et n’avoir aucune responsabilité dans la rupture de contrat. Or comme nous le savons au minimum le problème des déchets n’est pas solutionné de manière pérenne et sans même parler des risques manifestement sous-estimés.

Si par un extraordinaire tour de passe-passe juridique, ils arrivaient à réaliser une telle démonstration, il leur resterait à prouver l’existence d’un dommage. Les centrales atomiques suisses produisant actuellement à perte, démontrer un préjudice économique réel relève plus de la mission impossible que de quoi que ce soit d’autre.

Et même, si, contre toute attente, ils venaient à gagner, cela ne changerait paradoxalement rien du tout pour les citoyens qui sont aussi des payeurs dans le cas d’espèce. Comment ? Nous savons maintenant de manière certaine, que les coûts de démantèlement dépassent très largement les montants épargnés prévus pour cette opération oh combien essentielle. Exploiter lesdites centrales nucléaires encore quelques années n’est d’aucun secours pour les propriétaires puisque nous l’avons vu, ils produisent actuellement à perte et la situation ne risque pas vraiment de s’améliorer au vu des frais de maintenance grandissant sur des centrales largement entrées dans leur troisième âge.

Dès lors si un tel cas de figure, excessivement peu probable au demeurant, se présentait malgré tout, nous compenserions l’un contre l’autre et le résultat comptable net restera strictement le même.

Important : le point de dernière minute (voir à la fin du présent post) clôt cette question exactement dans le sens que je défends depuis le début de la campagne!

Risques

Les centrales nucléaires seraient sensées être les objets les plus sûrs que l’humanité n’aie jamais construit. Bon, un petit coup d’œil dans le rétroviseur et que voit-on ? Three Miles Island (USA) où même si au final aucune conséquence grave n’est survenue, on a frôlé une catastrophe majeure, Tchernobyl (Russie/Ukraine) où on n’ose plus compter les “bébés-monstres” qui naissent encore aujourd’hui, Fukushima (Japon) dont les conséquences ne sont pas encore complètement déterminées aujourd’hui mais graves avec certitude, ainsi qu’un nombre impressionnant d’accidents les plus variés dans les centrales elles-mêmes mais également dans toute la filière comme par ex. les usines de traitement de l’uranium ou autres (voir listes accidents nucléaires ici ). Et pour ceux qui seraient tentés de croire “qu’y en a point comme nous” et nos centrales à nous n’auront jamais d’accident, j’aimerais rappeler le cas Lucens qui lui aussi aurait pu tourner bien plus mal et nécessitera une surveillance continue de la radio-activité, entre autres de l’eau de la nappe phréatique, pour des milliers d’années.

Ceci étant rappelé, certaines conséquences ne relèvent pas du risque mais de la réalité glauque bien concrète pour les populations concernées. Les mines d’uranium notamment présentent ici un bilan sanitaire catastrophique. Lorsqu’on étudie par ex. le cas de la mine d’Arlit au Niger, on ressent une immense nausée. Les taux de cancer, notamment de la plèvre pulmonaire vu les contaminations par aérosols, explosent jusqu’à plus de 200 km de la mine et condamnent des milliers d’innocents à des morts lentes atroces. En achetant de l’uranium sur les marchés internationaux, nous devenons complices de ce crime à échelle industrielle, car, même si notre uranium provient d’une autre source (pas très propre non plus d’ailleurs), nous soutenons la demande mondiale qui pousse des groupes industriels sans scrupule à continuer cette exploitation.

Rappelez-vous l’histoire du secret bancaire, nous avons fait mine d’ignorer une réalité trop longtemps et cela a fini par nous exploser à la figure. Vous pouvez en être certain, un jour les descendants des populations victimes de nos agissements finiront par venir nous demander des comptes et l’addition promet d’être salée. Il est de notre intérêt primordial de mettre un stop à notre responsabilité dans ce domaine le plus vite possible.

Fin d’exploitation

Aujourd’hui plus personne ne devrait encore faire semblant d’ignorer que les coûts aussi bien de démantèlement que de gestion des déchets ont été totalement sous-estimés.

La meilleure preuve se trouve du côté de la France, notre grande voisine si fortement pro-nucléaire jusqu’à l’aveuglement. Et voilà que même elle par sa Cour des Comptes vient de reconnaître la sous-dotation des fonds destinés au démantèlement et traitement des déchets.

Rajoutez à cela que chaque année de fonctionnement supplémentaire creuse encore plus le trou financier, rien que cette raison pousse à conclure à la nécessité de stopper le plus vite possible l’hémorragie avant que cela ne devienne tout simplement trop grave.

Et l’éthique dans tout cela

On lit souvent cette magnifique pensée : ” nous n’héritons pas la terre de nos parents, nous l’empruntons à nos enfants”. Au vu de l’évolution de l’impact de l’être humain sur son milieu, on devrait peut-être encore compléter l’énoncé avec “et nous la volons à nos petits-enfants“.

Toute la question tourne autour de cet aspect, de quel droit nous permettons-nous de condamner les générations futures pour des milliers d’années à devoir gérer les conséquences de nos actes et ce alors que les alternatives existent ?

Il me semble entendre les voix qui disent “à chaque génération ses problèmes, nos enfants feront ce qu’ils voudront” . Et bien justement pas! Car nous leur imposons un problème lourd aux conséquences potentiellement mortelles, et ce alors même que nous n’avons aucune certitude que le savoir-faire nécessaire sera encore disponible. On l’oublie trop souvent, mais l’histoire de l’humanité est faite d’avancées spectaculaires et de reculs tout autant impressionnants. Les romains connaissaient les bains thermaux, le chauffage au sol, et un système politique assez proche du nôtre. 500 années plus tard, on se retrouve dans le moyen-âge profond avec un recul de civilisation absolument effrayant. Si nous pouvions remonter dans le temps et aller raconter l’histoire à venir aux membres du sénat romain au temps de Jésus-Christ, ils nous riraient au nez voire nous condamneraient pour hérésie. Et pourtant ….

Que feront nos descendants s’ils ne disposent plus de la technologie nécessaire alors que la masse de déchets que nous leur léguerons les condamnera à vivre l’enfer sur terre?

Non, définitivement non, notre attitude n’est moralement pas acceptable! Et l’opportunité unique qui nous est donnée aujourd’hui de changer cela, doit être prise résolument.

L’alternative existe-t-elle?

La liste des possibilités pour réaliser une transition énergétique bénéficiaire à la fois pour notre environnement ainsi que notre économie s’allonge jour après jour. Sans même descendre au niveau des détails, rappelons que nous pouvons gagner en efficience, produire grâce aux énergies solaires, éoliennes, géothermiques, mutualiser nos ressources avec nos voisins européens, …

Nous devons donc prévoir de remplacer à terme 35% de notre production d’énergie électrique. Selon ma publication citée dans la rubrique risque plus haut, nous pouvons facilement trouver 20% avec le photovoltaïque et plus encore à futur. L’éolien peut également nous apporter une contribution du même ordre (20%). Réhausser les barrages contribuerait à hauteur de 10-15%. Une politique volontariste dans l’efficience devrait contribuer à hauteur de 10%. (note : vous trouvez des auteurs bien plus optimistes, mais à mon sens ils ne prennent pas en compte correctement l’effet rebond). En bref, nous disposons d’un volant directement disponible de plus de 50% qui couvre sans la moindre difficulté ces 35%. Et encore, nous ne parlons même pas de l’excédent de production électrique européen qui pourrait lui aussi être mis à contribution.

Tout simplement dit, ma conviction profonde peut se résumer en celui qui ose encore mettre en doute la possibilité de réaliser une transition énergétique prouve en réalité sa mauvaise foi.

Dernière minute – Dernière minute

Selon publication du Sonntagszeitung de ce matin même (repris partiellement par la RTS ici ), un document confidentiel de la commisison de l’énergie du Conseil National montre qu’Alpiq cherche à se débarasser de ses centrales nucléaires à n’importe quelle condition.  On cite en particuliers le Président du Conseil d’Administration M. Jens Halder en ces mots (traduction libre de l’allemand) “J’ai en premier lieu offert nos centrales à EDF gratuitement. Cette offre a été refusée. EDF a elle-même plein de problèmes financiers avec ses propres centrales“. Il a également affirmé qu’Alpiq perdrait de l’argent pour les 10 prochaines années et n’avoir aucune visibilité sur ce qui viendra après.

Copie d’écran du Sonntagszeitung (cliquez sur la miniature et un nouvel onglet s’ouvre avec le texte lisible)

Screenshot from 2016-11-06 17-35-25

Ce fait nouveau devrait logiquement conduire à une acceptation massive de la sortie de l’énergie nucléaire, car il prouve à la fois la véracité des affirmations des initiants tout autant que les mensonges des opposants.

Conclusions

En général, pour toute question politique, il convient de réaliser une pesée des intérêts et on constate fréquemment que chaque variante offre des avantages mais aussi des inconvénients, des chances et des risques, des espoirs contre des craintes. Aujourd’hui la sortie structurée du nucléaire proposée à la population appartient aux rares exceptions qui confirment la règle. Continuer dans la voie sans issue de l’énergie atomique n’apporte que des inconvénients, sans espoir à l’horizon, et avec un risque infini à la clef.

Il faut espérer avec force que les mensonges des opposants, soutenus par une puissance de feu économique importante, n’induira pas la population en erreur une nouvelle fois.

Laurent-David JOSPIN

Remerciements : Giovanni, Amanda, Laurent, et Maika pour les précieuses relectures et autres coups de main

Brexit ? Et si on reparlait de Fonds souverain …

Suite au vote surprise du Royaume-Uni, de nombreux experts, tous plus qualifiés les uns que les autres, ont péremptoirement décrit quelles conséquences se précipiteront sur nous comme le ciel sur la tête des Gaulois. Minuscule problème, parfaitement insignifiant au demeurant, les scénarios des uns et des autres ne présentent aucune cohérence!! La règle disant que si vous prenez 2 économistes vous aurez 3 avis dans un cas théorique simple et beaucoup plus dans le monde réel, s’applique sans aucune réserve manifestement.

La réalité demeure, personne n’est réellement en mesure de prévoir ce qu’il adviendra en pratique, car des options clairement ouvertes aujourd’hui peuvent faire varier du tout au tout ces fameuses conséquences.

Par contre, un fait me semble incontestable : nous sommes rentrés dans une période d’instabilité pendant laquelle les cartes seront redistribuées et la “partie” pourrait bien présenter un visage fort différent d’ici quelques courtes années.

Notre pays pourrait se retrouver du côté des gagnants ou des perdants, nul ne le sait vraiment. Une ancienne Conseillère Fédérale nous affirme avec force son optimisme, tandis que les milieux économiques s’affolent en grande majorité.

Bon, et bien, soyons optimiste et imaginons que nous allons y gagner, juste pour voir …

Dans ce cas, notre franc jouera encore plus fort son rôle valeur refuge et la BNS aura de plus en plus de mal à le maintenir dans un tunnel supportable pour notre économie d’exportation. Le grand paradoxe serait que nous soyons gagnant dans le court terme et que cela induise un grave affaiblissement de notre tissu économique orienté exportation, et donc au final un affaiblissement de notre économie. Pour ceux qui l’auraient oublié 1.– sur 2.– de notre PIB est gagné à l’étranger!


Trop fort Mr. Franc Suisse, vraiment beaucoup trop fort!

Si nous sommes perdants, il n’est par contre pas certain que le mécanisme inverse vienne à notre secours, car cela dépend de quelle manière nous nous retrouvons du mauvais côté de la barre. On peut imaginer, parmi d’autres, un schéma dans lequel Londres, pour sauver sa place financière, se résout à accepter une forte dérégulation et qu’ainsi une part substantielle de cette industrie trouve subitement notre petite Helvétie un peu trop contraignante à son goût et nous adresse un certainement amical mais très pénible “so long baby …”. Cette façon de s’appauvrir ne conduirait pas à un rebond mécanique, mais correspondrait à une grave perte de substance durable.

Nos diplomates et autres négociateurs ont toujours prouvé par le passé savoir habilement tirer la couverture dans notre direction. Cela ne sera certainement pas aussi facile que notre ancienne Conseillère Fédérale le laisse entendre, mais nous serons malgré tout sans doute du côté des vainqueurs (j’ai failli écrire profiteurs … hum il faut que je me surveille un peu plus….).

Paradoxalement, un pan de notre économie a du mouron à se faire et précisément le pan qui gagne son argent à l’étranger tout en dépendant de coûts majoritairement helvétiques, soit donc la partie qui nous assure des emplois ici en Suisse tout en allant chercher ses marchés à l’export. On peut citer en vrac l’industrie des machines, l’horlogerie, la chimie, les pharmas, la gestion de fortune, le trading, …. Tout cela réunit pèse lourd, très lourd même.

L’Europe proche n’est pas près de remonter ses taux. On peut plutôt s’attendre à des actions inverses avec un renforcement des mesures dites non conventionnelles. On entendait récemment parler de nouveau d’ “helicopter money” pour que l’argent distribué, créé ab nihilo en réalité, entre effectivement dans l’économie réelle et ne reste pas coincé dans la finance casino.

Cela ne va certainement pas affaiblir notre franc suisse! Vous avez aimé l’Euro à 1.– CHF, vous allez adorer l’Euro à cinquante centimes!!! Certes vous me direz que cela permettra de faire nos courses encore moins cher de l’autre côté de la frontière. Peut-être, mais si l’entreprise qui paye votre salaire fait faillite, vous ne ferez plus de courses du tout!

En juin 2015, je vous parlais du Fonds Souverain à mettre en place dans notre pays (article à trouver ici). Si vous relisez la réflexion en question avec à l’esprit le nouveau contexte créé par le Brexit, vous comprendrez alors forcément que si on peut imaginer tous les risques du monde à créer un Fonds Souverain National, les risques encourus en ne le créant pas sont en réalité d’un ordre de grandeur plus élevé.

Très concrètement, il faut que le citoyen puisse prendre en compte les vrais risques qu’il encourt dans la configuration actuelle afin de se forger une opinion légitime sur cette question.

Les risques les plus graves se trouvent en premier lieu du côté d’une désindustrialisation version économie 4.0 soit pour oser un néologisme une déséconomication ou exprimé autrement un affaiblissement structurel profond et à long terme du tissu économique créateur de richesse et donc de la prospérité de notre pays, et en second lieu d’une explosion en vol de notre système de prévoyance sociale avec des conséquences difficilement imaginables.

On peut rapidement perdre un avantage concurrentiel, le regagner ira toujours moins vite. Si la situation dégénère sérieusement chez nos voisins proches avec par exemple à choix un ou deux autres pays quittant la CE, des troubles sociaux à peine plus grave que l’usuel en France (tout à fait par hasard), une pression populaire trop forte conduisant au reniement de toute saine gestion budgétaire, etc etc nous pourrions effectivement voir une chute extrêmement rapide de l’EUR et l’envol du CHF jouant encore plus le rôle de monnaie refuge.

Je ne me permets pas d’affirmer que ce scénario est imminent ou même simplement probable. Toutefois, sa simple possibilité suffit pour tirer une conclusion : le risque existe et ne pas le prendre en compte pour des questions de politique politicienne relève de l’aveuglement irresponsable.

En ce qui concerne la problématique de notre filet social, il suffit de savoir que l’entier du modèle a été construit sur des prévisions de croissance et donc des taux moyens de rentabilité des capitaux proche de 3.5%. Or, nous entrons manifestement dans une longue période taux bas. Tous les signes nous montrent que nous réalisons un authentique copié-collé des conditions cadres ayant conduit à la fameuse décennie perdue japonaise, qui rappelons-le encore une fois, roule gentiment vers ses 30 ans!

En fait ici, il ne s’agit déjà plus d’un risque mais d’un authentique crash se déroulant devant nos yeux. Comme tout cela arrive à petite vitesse, presque au ralenti, nous nous laissons bercer un peu comme la grenouille que l’on cuit en la chauffant progressivement. Si nous voulons maintenir notre système de prévoyance tel qu’il a été imaginé, nous devons impérativement avoir des taux plus élevés. Si ceux-ci devaient couler notre économie, une solution alternative devrait être mise en place. Et vite d’ailleurs, car chaque année supplémentaire de cotisations encaissées mais insuffisamment rentabilisables nous rapproche soit d’une sous-couverture généralisée soit d’une contrainte de révision à la baisse des prestations en opposition flagrante aux souhaits de la population. Les débats récents sur l’initiative AVS+ ou le projet du Conseil Fédéral Prévoyance Vieillesse 2020 montrent au moins une chose clairement, si par malheur notre filet social venait à être déstabilisé, il sera quasiment impossible de constituer une majorité consensuelle pour réaliser les ajustements nécessaires. En réalité, l’équilibre atteint au fil des années présente une telle complexité, qu’il vaut mieux ne jamais devoir réaliser des corrections en profondeur.

Et puis j’aimerais attirer l’attention de tous sur un risque fondamental qui se commence sérieusement à se profiler l’horizon : la soudaine panique des décideurs qui, bien forcés de constater que nous avançons à marche forcée vers une impasse, se lancent à hue et à dia dans des mesures hystériques à connotation keynésienne et/ou populiste, ne conduisant qu’à des investissements ni durables ni productifs ainsi qu’en miroir un alourdissement de la charge fiscale doublé d’une aggravation de l’endettement public. Il ne faut surtout pas sous-estimer ce risque. L’histoire nous montre dans de multiples domaines que suite aux manifestations d’un problème trop longtemps négligé, la sur-réaction en découlant pour des raisons électoralistes avait eu des conséquences sur le long terme bien pires que celles du problème qu’elle prétendait solutionner. Pensez simplement par exemple à l’invasion de l’Irak!

Ceux qui s’opposent au Fonds Souverain sur la base de positions dogmatiques mal fondées, ou la défense de leur pré carré, seraient bien avisés de réfléchir au risque qu’ils prennent de se trouver subitement face à un bricolage hystérique nous faisant courir des risques plus grands encore. Pour ceux qui auraient encore le moindre doute, je vous propose d’écouter le débat entre François Savary et Samuel Bendahan du mercredi 10 août sur Forum relatif à la question des taux négatifs pour les petits épargnants (disponible ici). Monsieur Savary qui ne peut certainement pas être taxé de gauchiste primaire ne s’oppose pas, voir même affiche un timide soutien, aux propositions de “relance dite fiscale” de S. Bendahan. Je reste persuadé que si le même débat avait eu lieu ne serait-ce qu’une année auparavant, la réaction de F. Savary aurait été tout autre.

Pour faire écho à mon appel de 2015, la mise en place d’un Fonds Souverain présente un risque contrôlable par le cahier des charges qui serait donné en héritage à cette institution à créer. Ne pas créer un Fonds Souverain représente lui un risque quasiment non gérable, car dépendant essentiellement de la situation économique voir politique de nos voisins les plus proches.

Au vu notamment de ce fameux Brexit, mais également du contexte général prévalant en Europe, j’appelle pour le bien de notre économie, mais également de notre système de prévoyance sociale à rapidement prévoir la mise en place d’un Fonds Souverain selon les modalités, ou des modalités proches, décrites dans mon post introduisant le sujet.

Laurent-David Jospin

Sources :
Celles du post “Mauvaise gestion du Franc fort, double peine pour la population” du 28 juin 2015,
Et celles citées dans le texte directement

Remerciements à Giovanni, Laurent-Valentin, Maïka, Amanda & Co pour les précieux conseils, relectures, et autres coup de main.

Conférence de presse du comité neuchâtelois NON au Gothard

La campagne bat son plein et aujourd’hui nous avons tenu une conférence de presse au nom du comité neuchâtelois Non au 2ème tunnel au Gothard. Comme intervenant vous trouviez, par ordre d’apparition Monsieur le Conseiller aux Etats Didier Berberat, votre blogueur préféré (enfin, je l’espère), et Monsieur le Député au Grand Conseil Pierre Hainard.

Vous trouvez ci-dessous le texte de mon intervention  incluant les images projetés lors de ma présentation.

N’oubliez pas d’aller voter !!!

Laurent-David Jospin

Mesdames et Messieurs,

Lorsqu’un ménage ou une entreprise réfléchit à un investissement respectivement une dépense, l’élément déterminant reste de savoir s’il n’y a pas une autre dépense plus importante ou plus urgente à traiter avant.

Dans le cas du deuxième tunnel au Gothard cette réflexion élémentaire n’a clairement pas été faite. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder la liste des points noirs du réseau routier en terme d’accidentalité telle que publié par l’Office Fédéral des Routes (OFROU). Le Gothard n’y apparaît qu’en 33ème positions sur la période 2012-2014, ou n’y apparaît en général pas. Concrètement, cela signifie que des dizaines d’endroits du réseau sont plus dangereux et devraient être améliorés de manière plus urgente.

Si vous vous intéressez plus strictement à la question de la mobilité, vous découvrirez que le Gothard voit passer en moyenne de l’ordre de 17’000 véhicules par jour plaçant clairement ce tronçon parmi les routes secondaires. L’axe Neuchâtel – La Chaux-de-Fonds lui-même en voit passer bien davantage avec 22’000 véhicules selon comptage OFROU de 2012.

Or voilà l’argent qui aura été dépensé au Gothard ne pourra pas l’être ailleurs. Aujourd’hui plusieurs signaux virent clairement au rouge au niveau de nos finances. Des exercices sont annoncés déficitaires. Les discussions sur le fonds FORTA sensé couvrir ces dépenses viennent à peine de commencer et déjà le total des projets proposés représente environ 3 fois l’argent qu’il a été prévu d’y injecter.

Gaspiller 3 milliards au Gothard implique obligatoirement que de l’argent manquera ailleurs. C’est entre autre notre région qui en fera les frais avec le nouveau projet de RUN ainsi que le contournement des villes du Locle et de La Chaux-de-Fonds qui passeront tous à la trappe. Il est complètement illusoire de croire que le fait de voter oui assurerait un retour d’ascenseur. Premièrement comme déjà dit car l’argent manquera, mais également de par le fait que la création de ce 2ème tunnel conduirait à une aggravation des conditions de trafic sur l’ensemble du plateau par l’effet d’appel d’air et partant mobiliserait encore davantage les ressources pour traiter les difficultés nouvellement créées.

L’argent dépensé au Gothard, même s’il eut pu être plus utile ailleurs, est-il au moins investi utilement ? Il nous est permis d’en douter sérieusement.

 

En effet, même si la douteuse promesse de n’ouvrir qu’une seule piste par tube venait à être tenue malgré tout, le simple fait d’avoir 2 tubes séparés permet d’injecter plus de camion au vu des règles du « compte-goutte » filtrant les dits camions.

Or ces camions viendront de l’Europe cela ne fait pas l’ombre d’un doute. L’axe du Brenner est d’une part saturé mais représente également une rallonge en terme de parcours pour l’ensemble des camions provenant d’Allemagne, Hollande ou encore du Danemark. Les autoroutes du plateau suisse sont à la limite de la congestion, rajouter ne serait-ce que 30 % de camion en plus garantit le bouchon quasi permanent sur nos axes les plus essentiels pour notre économie.

Nos concitoyens à qui l’on fait croire de manière sournoise qu’ils éviteront les bouchons lors de leurs départs en vacance sont doublement trompés, car non seulement ils ne gagneront rien à ce niveau mais seront perdants dans leurs déplacements ordinaires au jour le jour.

Et si la fameuse promesse n’est pas tenue, alors c’est bien pire encore. Oubliez les 30 % de camion supplémentaires, pensez simplement à un doublement avec des conséquences dramatiques pour notre mobilité. Doubler la capacité du Gothard conduirait à devoir rajouter une 3ème voie sur la grande majorité de l’axe autoroutier Bâle-Chiasso, ce qui est tout simplement irréalisable.

L’autogoal serait ici de toute première force. En plus des simples citoyens, les milieux économiques seraient particulièrement impactés.

 

La cerise sur le gâteau se situe au niveau des conséquences pour la santé humaine. La question ne prête plus à débat, les particules fines provoquent une série de maladies dont certaines mortelles en commençant par l’asthme chronique et en finissant par le cancer de la plèvre pulmonaire.

On ne peut admettre aujourd’hui que cet aspect ne soit pas pris en compte dans la réflexion globale qui doit être menée sur cet axe de transit important. Il est bon de rappeler que si l’ensemble de la Suisse subissait les conditions de pollution prévalant au Tessin, les primes d’assurance maladie grimperaient de 10 à 15% , soit un coût à la charge de la collectivité s’approchant des 5 milliards par année !!

Tout ceci sans dire que nous parlons ici froidement d’argent, alors qu’il se cache derrière une immense souffrance humaine.

En résumé, l’option proposée par le Conseil Fédéral consiste à dépenser un montant considérable sur un endroit non prioritaire, induisant de facto l’effet contraire recherché en terme de sécurité ou même de mobilité, et générateur de coûts indirects colossaux sur notre système de santé publique déjà fortement sous pression. Nous recommandons à l’ensemble des citoyens suisses et de ce canton de mettre un non résolu dans l’urne pour ce 28 février.

TOP21 ou FLOP21 telle est la question …

La fameuse COP21 vient à peine de s’achever et déjà les chroniqueurs et analystes de tous bords s’en donnent à cœur-joie. Comme vous devez forcément l’imaginer, votre blogueur impénitent pourfendeur des hérésies environnementales n’échappe pas à la règle (voir dans la partie “sources” pour le texte complet).

Pour faire court, l’abominable côtoie le sublime. Et pour faire un peu plus long, essayons de démêler l’écheveau.

Un regard strictement pessimiste nous force à constater plusieurs faits indiscutables :
– l’accord est soi-disant contraignant, mais il ne comporte aucun mécanisme de sanction ni même de contrôle réel. Dès lors, on peut légitimement s’interroger sur le concept de contraignant.
– les promesses ou annonces volontaires de réduction carbone transmises par l’ensemble des pays concernés ne permettent d’espérer qu’au mieux de tenir une hausse de 3°C des températures mondiales, et encore seulement si nous n’avons pas mis en route un phénomène auto-enclencheur  comme par ex. des relargages massifs de méthane de l’arctique ou de la toundra après fontes des glaces polaires ou respectivement du pergélisol.
– on pourrait même parler de schizophrénie assumée quand le préambule de l’accord inclut une référence à un taux de 1.5°C qu’il vaudrait mieux ne pas dépasser, que le texte de l’accord lui-même se réfère à un objectif de 2°C, mais que l’état des lieux constate en langage diplomatique – j’allais écrire en langue de bois – qu’il existe un écart significatif entre les annonces cumulées de réductions carbone et l’objectif climatique minimum.

Bref, une analyse du passif de cet accord nous pousse tout droit vers une neurasthénie aiguë.

Néanmoins, tout n’est peut-être pas si noir, car pour ma part, j’ai bien vu une belle lumière au bout du tunnel. Pour mieux me faire comprendre, je vous propose de relire mon post de juin 2013 http://www.famillejospin.ch/ouvrirlesyeux/?p=76 dans lequel je vous annonçais des mises en responsabilité et autres poursuites à l’encontre des gros pollueurs ou même financeurs des pollueurs. A l’époque, la sincérité m’obligeait à vous dire que les mécanismes de mise en responsabilité décrits ne surviendraient peut-être pas si vite que cela. En réalité, très bonne surprise, nous venons de vivre tout récemment le démarrage des, vraisemblablement, deux premières procédures pour crime climatique contre notamment une société aussi importante qu’Exxon. La procédure en question se fonde essentiellement sur le fait qu’Exxon savait et a choisi d’ignorer les avertissements de ses propres scientifiques. Or voilà, depuis ce samedi 12 décembre 2015, suite à la ratification unanime par 195 pays d’un document indiquant de manière non équivoque que l’activité humaine est la source primaire du problème de réchauffement climatique de la planète, et que celui-ci génère des conséquences hautement dommageables sur les plans environnementaux, sociaux, et économiques, plus aucune entreprise ne pourra se défendre en disant “nous savions pas, nous n’étions pas sûrs, ….“.

Si ce fait nouveau tombait du ciel sans aucun signe précurseur, on pourrait imaginer qu’il reste sans lendemain. Toutefois tel n’est pas le cas. On peut bien sûr penser à la procédure mentionnée ci-dessus. Toutefois, même si le cas Exxon présente clairement un aspect spectaculaire, plein de petits signes restés jusqu’à présent relativement confidentiels dans les milieux de la gestion ou finance démontrent l’existence d’une lame de fond beaucoup plus fondamentale. Récemment encore, mais avant le résultat de la COP21, l’Office Fédéral de l’Environnement (OFEV) présentait les résultats d’une analyse sur les risques carbone encourus par les fonds en actions ainsi que les caisses de pension.

J’ai été très surpris de ne pas voir de commentaires ou analyses sur ce point précis, car, croyez-moi, il change TOUT. Dans les mois à venir, les départements risk compliance des majors de l’énergie, de la chimie, du transport, etc etc vont émettre des notices de risque à provisionner. Ces notices vont circuler premièrement au niveau des conseils d’administrations. qui dans un premier temps se dépêcheront de ne pas en faire état. En bref, ils agiront selon toute vraisemblance exactement de la manière qui a valu à Exxon son procès!.

Mais en parallèle, les gros investisseurs institutionnels comme les caisses de pension réaliseront des analyses très similaires globales sur leurs portefeuilles, et conséquemment commenceront à faire pression pour avoir connaissance des analyses liées au risque carbone des entreprises dans lesquelles elles auront investis. Et si elles ne le font pas, les régulateurs se chargeront de leur expliquer! Lorsque les responsables de la FINMA (organe de contrôle des marchés suisse) auront lu le rapport de leur collègue de l’OFEV, le mécanisme se mettra en œuvre, lentement sans doute, mais inexorablement. Dans un premier temps, nous verrons sans doute une simple exigence minimale d’une mention globale de la politique liée au risque carbone, puis progressivement le contexte se durcira avec une contrainte de transparence toujours plus élevée, sans doute l’obligation d’un “rapport carbone” pour chaque investissement. Au final, le couperet tombera en premier pour les caisses de pensions qui devront intégrer une obligation de couverture totale du risque carbone, et conséquemment se détourneront en masse des investissements présentant un profil défavorable sur ce plan.

Typiquement une caisse de pension doit s’assurer qu’elle touchera de manière fiable à très long terme des revenus destinés à couvrir les retraites promises. La sécurité des versements futurs, ne peut être garantie que si la sécurité juridique des entreprises investies est elle-même garantie. Or voilà suite à ce fameux accord décembre 2015, un risque nouveau vient de se créer, dont on pourrait même imaginer, que comme dans le cas de l’amiante, les fauteurs de trouble ne puissent pas se libérer en invoquant une quelconque prescription juridique.

Le timide mouvement de reflux des capitaux des industries à forte connotation carbone constaté récemment montre les prémices d’une fuite panique dans un horizon de temps plus court que certain souhaitent l’imaginer! Dès aujourd’hui, un investissement dans le fossile ou se basant indirectement sur des sources d’énergie fossile est devenu un placement spéculatif de court terme et potentiellement très risqué.

La froide réalité du réchauffement climatique se résume en un jeu de mots et autrement peu de mots : à Paris les Etats ont échoué à mettre en place un mécanisme public réel nous faisant sortir de cette spirale infernale, mais, peut-être sans même s’en rendre compte, ils ont rendu l’économie privée indéfiniment responsable des conséquences à venir à partir de ce 12 décembre. Au final, lorsque la dite économie aura pleinement compris et intégré ce fait, vous verrez des transformations peu imaginables aujourd’hui.

En bref et pour descendre à un niveau très terre à terre, l’accord du 12 décembre, ni TOP21 ni FLOP21, ne sera que ce que nous les citoyens en ferons! Si aujourd’hui en tant que salarié d’une entreprise X vous écrivez un gentil courrier recommandé expliquant à l’organe de surveillance de votre caisse votre inquiétude au vu du nouveau contexte “risque carbone”, vous mettez (ou contribuez à mettre) une pression qui conduira à terme à des désinvestissements massifs dans les sociétés sources de ce problème majeur.

Et tout cela a aussi été rendu possible par cette fameuse marche citoyenne du climat dont je vous ai parlé dans les derniers posts!

Je profite de la transition pour vous dire que la pétition est envoyée ce jour, et personnellement je me permettrai d’espérer que l’un ou l’autre député du Grand Conseil prenne le temps de lire ces quelques lignes, car si notre canton ne modifie pas du tout au tout sa politique face aux énergies renouvelables, le virage technico-économique aura été définitivement perdu pour notre région, et nous aurons alors seulement les charges à assumer sans pouvoir profiter des aspects positifs. Bref, évitons de ressembler par trop à Exxon &Co et tournons-nous vers l’avenir!

Laurent-David JOSPIN

Post-scriptum : lors du démarrage de la rédaction du présent post il y a une semaine précisément, comme mentionné dans le texte je n’avais trouvé aucune analyse similaire ou parallèle. Toutefois, un ami vient de m’indiquer un article paru ce dimanche matin même sur le site de la NZZ complètement dans la cible de ma réflexion. Pour ceux qui apprécient la langue de Goethe, je vous le recommande (ici), il mérite votre attention.

Sources :
Risque carbone : première étude concernant la place financière suisse, OFEV, 29 septembre 2015, https://www.admin.ch/gov/fr/accueil/documentation/communiques.msg-id-59285.html
EXXON : The Road Not Taken, Exxon’s Own Research Confirmed Fossil Fuels’ Role in Global Warming Decades Ago, Inside climate news, 16 septembre 2015, http://insideclimatenews.org/content/Exxon-The-Road-Not-Taken
Convention-cadre sur les changements climatiques, Adoption de l’Accord de Paris, Nations-Unies, 12 décembre 2015, lien
Courrier d’accompagnement de la pétition envoyé aux autorités neuchâteloises, texte ici

Quand la Mère Patrie trahit ses enfants

Nous recevons si souvent des nouvelles comme quoi les personnes à l’étranger ont de la difficulté à ouvrir ou même simplement conserver un compte bancaire qu’une de plus ou de moins n’y change plus grand chose. Récemment encore, nous avons eu droit à une nouveauté : plus de carte de crédit pour les personnes à l’étranger auprès de Postfinance, y compris, et c’est là que cela se corse, pour nos compatriotes à l’étranger.

Et pourtant ces dites personnes à l’étranger appartiennent pour la grande majorité à la catégorie des honnêtes citoyens suisses respectueux des lois, qui aimeraient bien pouvoir vivre comme tout un chacun!

Peut-on considérer comme acceptable qu’un suisse de l’étranger ne puisse plus avoir de carte de crédit auprès de Postfinance, qui soit-dit en passant bénéficie d’un soutien étatique certes indirect mais bien réel de part les missions de service public attribuées à la Poste?

Image d’illustration du communiqué de la TSR

Dans cette discussion, on oppose souvent l’aspect moral (malheureusement oui, c’est pas juste!) aux cotés pratiques et financiers (mais c’est nécessaire pour nos banques et notre économie).

Et bien je me permettrai de penser que ce calcul est profondément faux et risque bien de nous coûter très cher à moyen terme! Les Suisses de l’étranger représentent notre première force de représentation face au concert des nations  d’une manière générale. Mais plus précisément encore, un nombre important d’entre-eux appartiennent à la catégorie des expatriés pour raisons professionnelles. En clair et en français, ils défendent les intérêts de nos entreprises à l’étranger et leur travail garantit nos places de travail orientées exportation ici en Suisse.

La trahison que nous leur faisons vivre en les empêchant d’avoir d’accès à des services de base nécessaires voir parfois indispensables pour garantir leur lien avec le pays laissera inévitablement des traces. Et comme l’élastique que l’on tend  et tend encore, lorsque le point de rupture est dépassé, il apparaît subitement un dommage dont tout le monde fait semblant d’être surpris. Maman mon élastique est tout cassééééé! Tu aurais dû être plus soigneux! Il est bon pour la poubelle mon chéri!

Aujourd’hui nous sacrifions l’important au profit de l’urgent. Nous favorisons le court terme au détriment du long terme. La prospérité dont nous bénéficions à l’instant ne s’est pas bâtie sur ce genre de valeur. Bien au contraire, notre histoire regorge de précurseurs voir carrément d’aventuriers qui ont pris des risques pour permettre à la collectivité d’avancer.

Si les règles mises en place dans le domaine financier ne permettent plus à, encore une fois, des honnêtes citoyens de garder un lien économique normal avec leur propre pays, alors ces règles sont mauvaises, et ils est d’urgent de réfléchir à les corriger voir les abolir le cas échéant. Blaise Pascal affirmait “qui fait l’ange fait la bête“, il ne semble pas usurpé du tout de continuer “qui fait le paradis, fait l’enfer”!

Le problème que nous avons avec nos expatriés n’en est qu’une manifestation parmi d’autre, mais si nous continuons à nous crisper sur une position générale ultra défensive, nous préparons une longue glissade qui s’annonce bien douloureuse et surtout difficilement arrêtable une fois entamée.

Les vicissitudes que nous faisons vivre à nos concitoyens expatriés appartiennent clairement à la catégorie des injustices, mais c’est aussi en premier lieu un affaiblissement de notre pays.

La Mère Patrie trahissant ses enfants ne devra pas s’étonner lorsqu’ils s’éloigneront d’elle!

Laurent Jospin

Référence :
Article web TSR :   http://www.rts.ch/info/economie/6949634-postfinance-abolit-les-cartes-de-credit-pour-ses-clients-a-l-etranger.html

Mauvaise gestion du franc fort, double peine pour la population

Depuis août 2011, et oui le temps passe vite, une idée fixe semble diriger toutes les réflexions et décisions aussi bien de nos élus que de la population : ce fameux franc fort apparemment responsable de tous les maux réels ou imaginaires de notre pays.

Subissant de fortes pressions politiques, montrant ici les limites de son indépendance telle que souhaitée par notre constitution, la Banque Nationale Suisse BNS s’est décidée le 6 septembre 2011 à instaurer un taux plancher de CHF 1.2 pour 1 EUR.

Maintenir ce taux plancher a obligé la BNS à acquérir des quantités toujours plus importantes d’EUR faisant monter le stock d’EUR au bilan à un total comparable au PIB national!! Lorsqu’il est apparu (janvier 2015) que la Banque Centrale Européenne BCE risquait de prendre des mesures extrêmes de rachat de créances étatiques douteuses pour garantir essentiellement une paix sociale minimale, et donc partant d’affaiblir de manière encore plus forte, potentiellement incontrôlée, la monnaie européenne, la BNS a pris peur (à juste titre sans doute) et a découplé le CHF de l’EUR provoquant une envolée de notre monnaie nationale qui s’est approchée de la parité.

Il est d’ailleurs vraisemblable que le taux actuel, aux environ de 1.05 CHF pour 1 EUR ne tient que grâce à une autre mesure non conventionnelle, soit le taux négatif sur les avoirs en compte courant dépassant une somme x, qui lui provoque un autre dommage collatéral auprès de nos caisses de retraite. En clair, ce taux négatif n’est pas assez négatif pour conduire à un taux de change satisfaisant pour l’économie (on entend parler de 1.2 auprès du patronat et carrément de 1.4 auprès de certains syndicats), mais déjà trop pour qu’il ne provoque pas une insuffisance de rendement de notre système de prévoyance vieillesse pouvant potentiellement conduire à un atterrissage brutal de notre politique des 3 piliers.

Alors qu’il y aurait eu bien mieux à faire!

Ne lutte pas contre les courants Petit! Utilise-les plutôt! disait Archimède au futur Prince Arthur. (voir Merlin l’enchanteur en dessin animé pour ceux que cela intéresse)

Il est bon ici de rappeler quelques principes de la création monétaire. La majorité de la population croit encore qu’il y a une couverture ou contre-valeur physique pour justifier l’existence de notre monnaie. On pense par exemple à la fameuse couverture or historique. Dans les faits, cela est majoritairement faux, on parle de monnaie fiduciaire soit une monnaie qui existe essentiellement sur la confiance (fiducie en latin signifie bien confiance). Dès lors, pour le dire de manière simplifiée, un billet de CHF 100.– ou un avoir à la banque du même montant ne représentent essentiellement qu’une reconnaissance de dette. La BNS n’existant que par la volonté populaire d’un instant donné et figée dans notre constitution, les ultimes garants des reconnaissances de dette émises, c’est bien nous les citoyens lambda.

L’argent émis par la BNS appartient au final à la population, et cela ne serait que simple justice que cet argent travaille pour le peuple au lieu de lui créer un fardeau supplémentaire. Par ailleurs, l’argent émis étant une reconnaissance de dette, il est fondamental de s’assurer qu’une contre-valeur productive existe pour couvrir à la fois la nécessité d’honorer un jour la dette et le risque lié. Si vous achetez un bien tangible comme un immeuble, il vous sera (très relativement) facile d’emprunter une somme conséquente auprès d’une banque, alors que si vous demandez le même emprunt sans actif tangible à mettre en garantie, cela deviendra simplement impossible. Cette même logique devrait ici être retournée pour dire que si pour des raisons x ou y, il est impératif d’émettre des francs suisses supplémentaires, la contre-valeur doit être investie en faveur de la population. En bon français, cela s’appelle un Fonds Souverain, Citation article Wikipédia Fonds Monétaire International : ” … leur politique d’investissement vise à atteindre des objectifs macroéconomiques précis … “.

La mesure du taux plancher via l’achat massif d’EUR était une mesure acceptable, peut-être la seule possible pour une première mesure d’urgence, toutefois pour être viable à long terme, elle devait obligatoirement être accompagnée d’une mesure complémentaire permettant de générer un flux financier positif. L’objectif macroéconomique précis de la citation ci-dessus est donc bien de mettre le pays dans une situation où ses exportations restent financièrement viables. Le flux financier positif permet lui de couvrir le risque et qui sait de générer un excédent au bénéfice de tous ??

La vraie question n’est pas de savoir s’il faut ou ne faut pas mettre en place un tel mécanisme, mais plutôt de savoir comment. Dans une vision solide, sous-entendu durable notamment, les clefs tournent autour des points suivants :
– Ne pas se limiter à acquérir une seule monnaie (des EUR ici) mais répartir les achats sur une multitude de monnaies et zones économiques différentes (Yuan chinois, Real brésilien, Yen japonais, $ australien, … sont par exemple tous des candidats valables pour recevoir une partie de la fortune du Fonds)
– privilégier les investissements dans des actifs tangibles correspondant à des besoins essentiels durables (énergie (renouvelable de préférence), infrastructures, agro-alimentaire (penser à profiter de faire passer nos acquisitions sous nos normes environnementales – la planète en profitera), entreprises à hauts standards éthiques, un peu d’immobilier bien sûr, …)
– appliquer les stratégies de la gestion prudentielle voulant qu’un maximum de 1%  (voire moins selon l’importance de la masse sous gestion) de la fortune du Fonds soit investi sur un même actif et risque
– découpler la gestion du Fonds de la politique, le parlement ne devant être ici qu’un organe de surveillance, mais la gestion du Fonds mandatée à une institution indépendante sur un modèle assez similaire de celui la BNS

En bref, la politique du Fonds Souverain norvégien s’approche assez de cet idéal, alors que celle du Fonds Qatari représente le quasi exact opposé. Il transparaît ici le fait que la volonté norvégienne est bien de préserver des revenus pour les générations futures, alors que le Qatar cherche entre autres à exporter sa doctrine religieuse.

Le Fonds norvégien “Government Pension Fund Global” GPFG a atteint en 2014 une performance de 7.58% pour une taille de bilan légèrement supérieure à 700 milliards de US$.

Dans le cas qui nous occupe, le bilan de la BNS présentait à fin avril 2015 une position en monnaie étrangère d’un peu plus de 500 milliards de CHF. Nous savons, par l’expérience vécue, que ce montant ne suffit pas pour atteindre le taux de change souhaité proche de 1.2. Par ailleurs, comme la création d’un Fonds Souverain aurait vraisemblablement tendance à apprécier quelque peu la perception de notre monnaie par les investisseurs mondiaux en mal de sécurité, il ne semble pas du tout hors de proportion d’imaginer de devoir inonder le marché du double de ce chiffre pour obtenir un résultat s’approchant du but désiré.

Calculons un peu, juste pour se donner une idée! Soit un Fonds Souverain Suisse doté d’un capital de 1000 milliards, qui n’ont coûté que la volonté de les créer rappelons-le, devrait un atteindre un rendement net d’au minimum 3%, au vu des résultats du GPFG et du fait que nous affirmons disposer en Suisse des meilleures compétences de gestion de fortune au monde. Et bien 3% de 1000 milliards générerait 30 milliards de revenus au profit de la population. Si on imagine restituer cette somme en 3 tranches au Peuple, cela pourrait donner :
– 10 milliards sur nos primes d’assurances maladies, soit en chiffres ronds une diminution d’un tiers, concrètement une prime mensuelle de CHF 450.– se raboterait jusqu’à CHF 300.–.
-10 milliards en allégement de TVA, conduirait à baisser le taux effectif à quelque chose comme 4.1% au lieu des 8% actuels.
– 10 milliards sur l’AVS résoudrait son problème de financement et lui permettrait de reconstituer des réserves  rapidement, et permettrait sans doute même de pouvoir baisser les prélèvements paritaires.

Ceci n’est qu’un scénario parmi de très nombreuses possibilités. Mais quelle que soit la variante retenue, il y a encore une très belle cerise sur le gâteau à savoir qu’une telle stratégie apporterait encore des effets indirects via le stimulus économique généré par :
– une diminution des primes LAMAL contribuerait certainement à une relance de la consommation intérieure,
– une TVA plus basse permettrait à nos entreprises de sauver de la rentabilité à prix finaux nets égaux pour les consommateurs,
– solutionner le problème de l’AVS, c’est aussi protéger le coût du travail en Suisse évitant de lui faire perdre toute compétitivité internationale
– et enfin affaiblir durablement notre monnaie sur les marchés internationaux rend nos produits d’exportation naturellement plus compétitifs.

On peut bien sûr s’interroger sur les risques éventuels d’une telle démarche. Si nous voulions résumer la question sans trop épiloguer, nous pourrions la comparer  à la situation d’un automobiliste qui, voyant un obstacle imprévu devant lui, envisage de ne pas freiner de peur de sortir de la route préférant s’écraser contre le-dit obstacle! Si nous n’agissons pas contre la sur-évaluation de notre monnaie nationale, une chose demeure certaine à terme : une péjoration de nos conditions économiques avec une hausse sensible du chômage.

Les risques d’un tel projet de Fonds Souverain peuvent être catalogués en deux catégories principales soit premièrement les implications au niveau de la création monétaire, ainsi que les risques liés à la gestion d’un Fonds d’investissement.

On pourrait imaginer dans un premier temps que les liquidités fournies au Fonds Souverain, même si émises progressivement, conduisent à un effondrement plus fort que souhaité de notre monnaie nationale. Le Fonds Souverain apporte lui-même la réponse à cette inquiétude! Puisque les investissements réalisés à partir du CHF mais investis dans des monnaies étrangères verraient leur contre-valeur en CHF augmenter mécaniquement, ils permettraient ainsi de rendre à la BNS la somme non seulement sans perte mais avec un profit proportionnel à la chute imaginée du CHF. Exemple : la BNS fournit 100 milliards à notre Fonds Souverain national. Celui-ci investit cette somme selon les règles décrites ci-plus haut. Le CHF perd la moitié de sa valeur, et donc la revente de la moitié seulement des investissements réalisés permet au Fonds de restituer à la BNS ce montant de 100 milliards pour annulation tout en conservant un profit substantiel au nom et pour le compte de la population helvétique.

On peut aussi bâtir le scénario inverse. Les marchés trouvant à ce point si fantastique notre concept, ils décident de se ruer littéralement sur notre monnaie nationale la propulsant à des hauteurs stratosphériques. Un tel déroulement me semble sortir de toute crédibilité. Toutefois, les marchés pouvant réagir de manière quelque fois si irrationnelle, on peut également répondre à cette interrogation. Si notre bon vieux franc suisse national venait à s’apprécier encore, et bien tout simplement nous pourrions répéter l’opération autant de fois que nécessaire, la fortune de notre Fonds Souverain augmentant de même que les revenus qu’il génère. En poussant le raisonnement jusqu’à l’absurde, on pourrait imaginer que les revenus du Fonds soient devenus tels qu’ils suffisent à assurer la prospérité économique de notre pays. Et si les marchés redevenus subitement sensés sortaient brutalement de notre monnaie la faisant s’effondrer, la réponse resterait celle du paragraphe ci-dessus conduisant simplement à un profit résiduel toujours plus important que les marchés seraient allés dans l’excès.

Enfin au niveau du Fonds lui-même, il resterait le risque d’une mauvaise gestion. La première réponse qui me vient à l’esprit : Nous autres suisses affirmons à la planète entière que nous disposons des meilleurs gestionnaires de fortune du monde. Si cela est vrai, nous devrions donc être capable de faire aussi bien que le GPFG norvégien. Ceci étant rappelé, la proposition apportée dans ces quelques lignes décrit bien une gestion prudentielle dans des classes d’actifs tangibles, et par définition peu spéculatifs, avec une répartition des risques poussée à son maximum. Cette façon de procéder garantit au maximum du possible une sécurité et stabilité de la masse sous gestion investie et la vraie question à se poser reste celle des risques que nous courrons si nous ne le faisons pas.

Au moment où j’ai démarré l’écriture de ces lignes (samedi 20 juin), la situation semblait se décanter sur le problème grec, mais personne n’arrive à en prévoir l’effet réel à prévoir sur la monnaie européenne. Dans un interview sur Forum du dimanche soir du 21 juin 2015, le banquier privé Michel Juvet (http://www.rts.ch/audio/la-1ere/programmes/forum/6863711-les-differents-scenarios-envisageables-pour-l-avenir-de-la-grece-21-06-2015.html) soulignait que quand on s’attendait à une crise grecque se finissant mal, l’EUR se renforçait! On peut penser que les marchés considéraient qu’une Europe sans la Grèce était peut-être plus crédible qu’avec et tant pis pour la casse. Dès lors bien malin qui peut prédire ce qui va réellement se passer et il n’est pas idiot d’envisager qu’un accord minimal dans le cadre de ce problème puisse être mal accepté par les marchés, même si accord il y a. De plus, au moment, où je les termine ces fameuses lignes la situation s’est brutalement empirée avec des risques que l’on arrive mal à estimer. Une zone Euro sans Grèce pourrait certes se révéler plus solide, oui, mais si la sortie se passe mal ???  Bien malin qui pourrait exclure de manière certaine un risque systémique!

Par ailleurs, mes lecteurs seront amusés de découvrir que durant le même dimanche soir, où l’on nous a rabâché les points de vues déjà bien connus des uns et des autres sur le problème grec, on a également parlé de notre BNS et de sa politique d’investissement. (voir : http://www.rts.ch/audio/la-1ere/programmes/forum/6883488-faut-il-des-regles-ethiques-pour-les-investissements-de-la-bns-28-06-2015.html ). Le débat entre MM. Feller et Nordmann montre clairement que
– la BNS réalise déjà des investissements à la manière d’un Fonds souverain, mais sans avoir une mission claire ici,
– que la question de l’indépendance de la BNS soulevé par M. Feller pourrait à terme devenir un vrai problème, alors que l’instauration d’un Fonds souverain national indépendant à la fois de notre BNS et de notre parlement garantirait au mieux que la BNS reste réellement indépendante alors que dans le cas contraire les velléités de prise de contrôle politique total ou partiel risquent de devenir difficiles à contenir,
– que les problèmes d’éthiques et durabilités des investissements réalisés au nom du Peuple Suisse mentionnés par M. Nordmann seraient également au mieux traités par la création d’un Fonds souverain avec une mission (cahier des charges) clairement définie par le législateur.

Et pour élever un peu notre point de vue, j’aimerais attirer l’attention de mes chers lecteurs sur un grand pays agissant de manière similaire bien qu’avec des principes infiniment moins responsables (vertueux!) que ceux proposés ici. Ce grand pays finance son déficit structurel en émettant de la monnaie (de singe?) à tire-larigot depuis des dizaines d’années. Les liquidités ainsi créées ne sont pas investies de manière durable (même si les billets sont verts) mais au contraire dépensée dans une politique mondiale aventureuse et pourtant le système perdure depuis des années sans difficulté majeure. Au contraire, l’affaiblissement de la monnaie nationale est vécu comme une chance permettant de renforcer l’industrie d’exportation. La politique infiniment plus vertueuse proposée ici nous offre des perspectives d’avenir sans comparaison.

Priver notre population de “l’opportunité franc fort”  et des profits que l’on pourrait en tirer, conduit aussi à lui faire subir toute une série de désagréments économiques sévères. La double peine est ici une évidence.

Laurent-David Jospin

Sources:
Government Pension Fund Global : https://www.regjeringen.no/en/topics/the-economy/the-government-pension-fund/government-pension-fund-global-gpfg/fund-performance/id696854/
Banque Nationale Suisse : http://www.snb.ch/ext/stats/balsnb/pdf/defr/A3_1_Waehrungsreserven_der_CH.pdf
Site de la TSR : http://www.rts.ch/info/economie/6880174-l-appreciation-du-franc-est-la-rancon-du-succes-de-la-suisse.html
et celles citées dans le texte directement

Réponse à Jacques Bourgeois: arrêtez de propager des mensonges!

Si on croit les opposants à TE-TVA, l’introduction de notre solution conduirait à une catastrophe économique majeure. Je le dis et le redis, cela ne peut être qu’une absurdité puisque la somme prélevée auprès de la population reste la même et qu’au surplus un allégement bureaucratique important permettra une stimulation importante de l’économie.

La réponse entendue est toujours la même : pour les autres peut-être, mais MON entreprise va souffrir ou mourir selon la virulence de l’intervenant.

Sous  http://www.famillejospin.ch/ouvrirlesyeux/?p=738  vous trouvez une réponse claire et confirmée maintenant par plusieurs spécialistes de la branche pour les restaurateurs. Cela se passe de commentaires supplémentaires! Mais alors qu’en-est il des paysans suisses?

Lors de mon débat sur Radio Fribourg avec le Conseiller National Jacques Bourgeois, il a assez clairement insinué que notre initiative représentait quasiment la mort de notre petite agriculture. Je lui ai répondu qu’au contraire il s’agissait d’une opportunité exceptionnelle, et que nous publierions au courant de la semaine prochaine des chiffres clairs le démontrant. Son “j’aimerais bien voir cela” assez sarcastique trouve son juste écho ici! Car voyez-vous, je le confirme avec force pour notre paysannerie suisse, TE-TVA n’est rien de moins qu’un cadeau du ciel permettant d’alléger la souffrance réelle vécue par cette corporation (voir l’émission de Temps Présent “Paysan, une espèce en voie d’extinction” sur la RTS parlant des taux de suicides effarants frappant nos paysans).

En passant, ce post répond également au Conseiller National Jean-René Germanier qui annonçait une catastrophe pour les producteurs de fruits valaisans lors de notre débat sur canal9.

Nous avons collecté passablement de données comptables diverses sur la paysannerie de notre pays. Il en résulte que, du point de vue de notre initiative, on peut ranger ces exploitations en deux catégories différentes soit celles assujetties à la TVA et celles non-assujetties. Le cas le plus défavorable pour notre initiative concerne forcément celles non assujetties, car le volant de compensation de la TE se limite aux dépenses sans inclure la valeur ajoutée. Dans un souci de transparence maximale, nous n’examinerons bien évidemment que cette catégorie.

Si vous allez sur le site de Office Fédéral de la Statistique, vous trouvez un document intitulé “Résultats comptables des exploitations agricoles” qui couvre notamment les années 2003 à 2013. Dans la copie ci-dessous, vous trouvez quelques chiffres qui nous permettront d’y voir beaucoup plus clair, extrait pour 2013 :

Une exploitation agricole, c’est un travail harassant pour son propriétaire, levé très tôt, couché très tard, mais c’est aussi, en proportion du chiffre d’affaire, beaucoup, mais alors vraiment beaucoup d’achats divers. Et donc autant de TVA implicite à récupérer, ou pour être plus précis à ne pas payer puisque celle-ci ne sera plus en vigueur!
Dans l’exemple ci-dessus, nous constatons que cette exploitation moyenne doit acquérir pour son fonctionnement des biens ou prestations externes pour CHF 214’518.–/an. Cette somme inclut de la TVA, que cela soit explicitement ou implicitement, qui ne sera donc plus facturée ou intégrée dans les prix après l’acceptation de notre initiative. 8% de 214’518.– apporterait donc jusqu’à 17’161.– d’allégement pour compenser la nouvelle TE. Toutefois, nous allons admettre que certains prestataires ou certaines marchandises incluent une part de la TE introduite, et nous ne retiendrons que 80% de cette somme.  Il faut relever que cette façon de calculer défavorise clairement notre initiative, car la réalité se situera bien plus vers 90% qu’autre chose, mais soyons irréprochables jusqu’au bout, et donc retenons seulement CHF 13’729.–.

La famille exploitant le domaine récupère également de la TVA sur sa consommation personnelle. Un calcul exact ici relève de la gageure puisqu’il faudrait connaître ce que cette famille acquiert encore comme nourriture auprès des circuits usuels et donc frappés d’une TVA réduite, alors que d’autres aspects incluront eux une TVA à 8%. On voit dans l’exemple ci-dessus que la part du bénéfice dédié à la consommation de la famille s’élève à quelques CHF 80’600.–. Nous proposerons de dire, toujours dans une optique très conservatrice, que la dite famille ne récupère ici que 4% (moyenne entre le taux réduit à 2.5%, le taux normal de 8%, soit 5.25% de nouveau réduit d’un peu de plus de 20%) soit au final CHF 3’224.– à récupérer encore.

En conclusion, notre famille dispose d’un volant de compensation de presque CHF 17’000.–. Lors de notre débat avec le CN Jacques Bourgeois, j’ai effectivement accepté son affirmation de dire que la TE coûterait environ 15’000.– à une exploitation agricole donnée. Seule petite divergence pour ma part, les calculs concernaient alors une exploitation sensiblement plus grosse … Néanmoins, même si on en restait à cette affirmation, on constate déjà que l’agriculture ne peut pas être mise en danger par TE-TVA puisque nous voyons ici déjà un gain de CHF 2’000.–/an.

Toutefois, j’aimerais quand même soutenir ici jusqu’au bout mon affirmation initiale, à savoir qu’il s’agit d’une opportunité unique pour nos paysans d’améliorer leur condition.

Un ami ex-paysan, Laurent D., m’a indiqué que sur une moyenne de 10 ans, il avait consommé 85 litres de diesel/Ha, soit grosso modo CHF 140.– au cours actuel, mais il estimait que ce chiffre était sans doute en dessous de la moyenne et il n’incluait peut-être pas d’autres sources d’énergie. Selon les données de l’OFS la réalité se présente comme ceci :

Si on prend les chiffres globaux ci-dessus on constate un poste total au niveau Suisse de CHF 500’000’000.– (moyenne arrondie, vers le haut encore une fois, années 2013 et 2014) pour énergie et lubrifiants, rapporté aux 45’000 exploitations en activité avec une moyenne de donc 23.6 Ha, cela nous conduit à un montant total pour cette position de CHF 471.– /Ha (500’000’000.–/45’000/23.6). En admettant qu’une part d’énergie ne soit pas comprise ici dans les statistiques de l’OFS (ce qui ne devrait néanmoins pas être le cas!), et en transformant tout en kWh à 15 cts le kWh (énergie + transport énergie), nous arrivons dans le cas de notre famille type à globalement 74’104 kWh que nous arrondirons donc à 80’000 kWh. Multiplié par le taux de 13 cts/kWh, cela nous donne donc comme résultat final une TE de CHF 10’400.– très largement inférieure aux CHF 17’000.– calculés avant.

Toutefois, il ne s’agit toujours pas de la vérité essentielle, car, rappelons-le si nous l’avions oublié, les paysans possèdent ce privilège incroyable de pouvoir devenir des producteurs d’énergie verte de première importance, énergie qui, suite à l’acceptation de TE-TVA deviendra automatiquement compétitive et ce sans un lourd système bureaucratique de taxe + subvention.

Une exploitation agricole peut produire de l’énergie solaire (toiture des bâtiments), du biogaz (à relire le post sur la relation entre la méthanisation et la bio-diversité), et enfin de l’éolien petit ou grand selon les cas. Ce gisement peut représenter en valeur nette plus que le bénéfice de la production agricole elle-même si tout est mis en œuvre. Au minimum, il permet une diversification hautement profitable à nos paysans et ceci sans charger leurs horaires déjà à la limite du possible.

A titre personnel, je ne suis membre d’aucune organisation paysanne, mais j’ai plusieurs amis paysans et notre famille réalise une part de plus en plus importante d’achat direct auprès de producteurs locaux (70% de notre viande et 50% de nos légumes). Pour ceux de mes lecteurs présents depuis le début sur ce blog, vous savez bien l’importance que j’attache à une agriculture saine, durable, et autant que possible de proximité.

Tout ceci me force à m’interroger : comment se fait-il que les élites sensées défendre les intérêts de la paysannerie suisse soient à ce point dans l’erreur?  En tout cas, une chose demeure certaine : mes amis paysans défendent avec conviction TE-TVA!!

Laurent David Jospin

Fiscalité écologique : réponse à un inquiet vraiment très mal informé

Si vous parcourez la page facebook défendant l’initiative TE-TVA vous découvrirez le message d’un Monsieur Yves Métrailler, restaurateur de son état,  manifestement très inquiet des conséquences de  l’acceptation de TE-TVA sur son activité professionnelle. Ses divers messages se terminent par un direct et franc …droit dans le mur
Et bien, j’espère que les quelques lignes qui suivent lui parviendront d’une manière ou d’une autre, car voyez-vous Cher Monsieur vous vous tirez littéralement une balle dans  le pied et une grosse!

Reprenons tout cela bien tranquillement, en peu de mots Monsieur Métrailler a peur que la surcharge sur son essence, le gaz de son “piano” (cuisinière pour les pros), le mazout de son chauffage, et enfin l’électricité de tout le reste ne lui provoque une telle perte financière qu’il doive mettre la clef sous le paillasson.

Monsieur Métrailler fait peut-être 40’000 km par année (chiffre sensiblement plus élevé que la moyenne), en imaginant qu’il consomme 8 litres au 100 km, cela nous donne 3200 litres multipliés par la surcharge réelle attendue de 1.15/ltr CFH 3’680.–, que nous arrondirons à CHF 4’000.– dans un but de simplification.

Nous allons imaginer que le restaurant de Monsieur Métrailler marche assez fort et qu’il doive utiliser son “piano” jusqu’à 10h par jour à une puissance moyenne 5000W (c’est vraiment mettre la barre assez haut!) 6 jours sur 7 pendant 44 semaines par année, Il en découle une surcharge sur ce poste 10h * 5 kW * 6 j * 44 sem * 13 cts soit 1716.– que nous arrondirons à nouveau à CHF 2’000.–.

Nous ne connaissons pas le restaurant de Monsieur Métrailler mais en imaginant qu’il soit relativement important en taille et pas très bien isolé, nous pourrions imaginer qu’il consomme environ 10’000 litres de mazout par année et ainsi nous aurions une surcharge sur cette position de CHF 10’000.– en arrondi (1.–/lit de mazout).

Puis enfin, Monsieur Métrailler consomme de l’électricité pour son éclairage, un peu de musique d’ambiance, la machine à laver et autres. Nous retiendrons 20’000 kWh/an pour une surcharge de CHF 2’600.– sur cette position.

Bref tout compté et en arrondissant  encore une fois vers le haut, Monsieur Métrailler payera environ CHF 20’000.– de TE.

Oui mais il économisera sa TVA ! Et de quoi parle-t-on ici ?

Les chiffres qui suivent ont été contrôlés par un ami restaurateur et sont considérés comme cohérents avec ceux qui précèdent :

Monsieur Métrailler n’est peut-être pas sur le segment du luxe. Nous imaginerons que le prix moyen du couvert servi se situe à CHF 30.– (tout inclus boissons, café, entré, dessert, c’est plutôt modeste).

Il travaille donc 44 semaines de 6 jours avec sans doute 3 services pour un total de 150 couverts / jours (modeste au vu des consommations imaginées ci-avant). Le total des ventes s’élève donc à 150 couverts * 30 CHF * 6 jours * 44 semaines soit CHF 1’188’000.–. On estime que le coût d’achat des marchandises dans la restauration compte pour environ 30 %, ceci signifie que la valeur ajoutée créée par le restaurant de Monsieur Métrailler est de 70 % * 1’188’000 soit CHF 831’600.–.

Or la TVA sur CHF 831’600.– représente CHF 66’528.–, une économie très largement supérieure aux CHF 20’000.– de coût engendré par la TE!!!!!

Monsieur Métrailler, j’ai une bonne nouvelle pour vous : si l’initiative des vert’libéraux pour une taxe sur les énergies non renouvelables à la place de la TVA est acceptée, vous pourrez baisser vos prix de 4% au minimum tout en conservant intégralement votre marge bénéficiaire!! Et encore, j’ai été réellement très prudent dans les estimations (à la hausse quand cela était défavorable à l’initiative et à l’inverse à la baisse quand cela lui était favorable!)

Il me semble que votre corporation réclame à cor et à cri deux choses. Vous souhaitez un taux de TVA unique dans la restauration, et entre nous je vous comprend très bien, or TE-TVA vous apporte la solution en bonus gratuit! Vous estimez également que l’État doit soutenir les branches liées au tourisme pour les rendre plus compétitives face à l’étranger. A nouveau, vous obtenez cela gratuitement de notre initiative.

Gratuit? J’ai dit gratuit? Comme c’est gratuit de dire cela! Car, avec notre initiative, nous vous libérons en sus de l’obligation de remplir vos décomptes TVA, du risque de faire une erreur, et enfin de la lourdeur du contrôle tout les 5 ans !

Monsieur Métrailler, si votre commentaire sur notre page Facebook était sincère et pas une intoxication de politique-politicienne, je pense que vous devriez pouvoir vous engager à nos cotés pour gagner cette votation, n’est-ce-pas ?

Laurent David Jospin

La fiscalité écologique un combat qui en rappelle d’autres

Surprise, l’article sur lequel j’aimerais attirer votre attention n’est pas ici! Le blog Politeia a bien voulu publier ma réflexion sur le parallèle entre la dégringolade vécue dans le cadre du secret bancaire et la lutte pour l’introduction d’une fiscalité écologique.

Vous trouvez l’article en question ici : http://politeia.ch/2015/02/03/les-avantages-dune-taxe-sur-lenergie/

L’enjeu est d’importance, car pour la prospérité de notre pays introduire le concept maintenant de la fiscalité écologique, plutôt que plus tard ou trop tard,  fera toute la différence.

En vous souhaitant une bonne lecture, et pour ceux de mes lecteurs qui se sentent appelés à s’engager dans cette bataille, diffusez, relayez, reprenez, inspirez-vous …..

Laurent-David Jospin